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En lisant en écrivant

De la relativité de l'amour

 

/David a laissé/ un Post It où il y avait mes numéros de téléphone et une citation :

La littérature nous prouve tous les jours que la vie ne suffit pas.

Ou le contraire ?

J'ai bu un mauvais Nescafé dans son jardin de curé, les coudes sur une table en plastique blanc de camping ; c'est difficile de boire quand on ne peut cesser de soupirer.

Au sortir d'une nuit d'amour comme celle-là - et, malgré mon passé fastueux, des nuits comme celle qui venait de s'écouler je n'en avais pas tellement eu -, on a la sensation de ne plus être maître de soi, de ses lèvres, de ses mains, jusqu'à la respiration qui semble ne plus vous appartenir.

On s'est tellement mêlés, on a si prodigieusement été l'un l'outil du plaisir de l'autre, que reprendre son corps en main semble insensé.

 

Les premiers mots qui suivirent la nuit où on est non seulement tombés amoureux, mais littéralement tombés l'un dans l'autre, ont une singulière saveur de vérité. Plus qu'on ne le voudrait, on se découvre, à l'autre comme à soi.

Ils restent, ces mots-là, comme un écho qui rend tout le reste indécent.

/David/ me dit qu'il m'avait attendue ; il savait que je lui reviendrais, car j'étais faite pour lui de toute éternité ; moi seule pouvait le guérir de sa fracture profonde, de son mal de vivre ; il me dit que j'étais la femme qu'il avait le plus baisée dans sa vie, tout seul ou aux côtés d'autres.

Il me dit que son âme était à moi et qu'elle m'appartenait depuis toujours.


J'étais comme un enfant pauvre qui hérite de la fortune de Rockfeller.

En même temps, je ne pouvais pas, je ne voulais pas le croire. Ç'aurait voulu dire que je trahissais ce que j'étais, ce en quoi je croyais : que rien n'est éternel, qu'on est profondément et définitivement seuls ; et cela, au fond, me convenait parfaitement.

D'ailleurs, tout ce que j'avais vécu me le confirmait.

Mes meilleurs moments sont ceux que je passe en tête-à-tête avec moi-même, à me balader sur la berge d'un fleuve, à écouter le vent dans les feuilles des peupliers. Ou un livre à la main, étendue dans l'herbe. À écouter La Passion seon Saint Matthieu, à parler à un chat, à dormir dans un grand lit vide et un peu froid...

La présence d'un homme a toujours masqué, d'une certaine manière, mon bonheur. Je n'ai d'yeux que pour lui, alors que le reste du monde m'a toujours semblé plus intéressant que l'amour.

Il y a une vieille dame qui habite au fond de moi, une vieille dame agacée par tous ces frottements, toutes ces scènes, par les baisers et les larmes. Elle a les yeux clairs, la peau propre et sèche, et n'aspire qu'au calme pensif d'un matin d'hiver ; le reste, ça la laisse sceptique et un peu navrée.


Simonetta Greggio, Plus chaud que braise extrait du recueil de nouvelles L'Odeur du figuier.


 -----------------------------------------------    

Être d'eau

 

Je bénis l'inventeur des fiançailles. La vie est jalonnée d'épreuves solides comme la pierre ; une mécanique des fluides permet d'y circuler quand même.

Il y a des créatures incapables de comportements granitiques et qui, pour avancer, ne peuvent que se faufiler, s'infiltrer, contourner. Quand on leur demande si oui ou non elles veulent épouser untel, elles suggèrent des fiançailles, noces liquides. Les patriarches pierreux voient en elles des traîtresses ou des menteuses, alors qu'elles sont sincères à la manière de l'eau.

Si je suis eau, quel sens cela a-t-il de dire "oui, je vais t'épouser" ?

Là serait le mensonge. On ne retient pas l'eau. Oui, je t'irriguerai, je te prodiguerai ma tendresse, je te rafraîchirai, j'apaiserai ta soif, mais sais-je ce que sera le cours de mon fleuve ? Tu ne te baigneras jamais deux fois dans la même fiancée.

 

Ces êtres fluides s'attirent le mépris des foules, quand leurs attitudes ondoyantes ont permis d'éviter tant de conflits. Les grands blocs de pierre vertueux, sur lesquels personne ne tarit d'éloges, sont à l'origine de toutes les guerres.

Certes, avec Rinri, il n'était pas question de politique internationale, mais il m'a fallu affronter un choix entre deux risques énormes.

L'un s'appelait "oui", qui a pour synonyme éternité, solidité, stabilité et d'autres mots qui gèlent l'eau d'effroi.

L'autre s'appelait "non", qui se traduit par la déchirure, le désespoir, et moi qui croyais que tu m'aimais, disparais de ma vue, tu semblais pourtant si heureuse quand, et autres paroles qui font bouillir l'eau d'indignation, car elles sont injustes et barbares.

 

Quel soulagement d'avoir trouvé la solution des fiançailles ! C'était une réponse liquide en ceci qu'elle ne résolvait rien et remettait le problème à plus tard.

Mais gagner du temps est la grande affaire de la vie.

 

Amélie Nothomb, Ni d'Ève ni d'Adam.


 -----------------------------------------------    

Bonheur

Un seul bonheur, tout d'une pièce, terrestre et céleste à la fois, temporel et éternel d'un tenant : le bonheur d'être au monde, en ce monde-ci, de l'habiter pleinement et de l'aimer tout en le reconnaissant inachevé, traversé d'obscures turbulences, troué de manque, d'attente, meurtri, raviné par d'incessantes coulées de larmes, de sueur et de sang, mais aussi irrigué par une inépuisable énergie, travaillé de l'intérieur par un souffle à la fraîcheur et à la clarté d'autore - caressé par un chant, un sourire.

Le bonheur imparti à Bernadette, comme à tous les hommes et femmes de sa trempe, consistait à avoir reçu un don de claire-voyance, de claire-audience qui lui permettait de percevoir l'invisible diffus dans le visible, la lumière respirant même au plus épais des ténèbres, un sourire radieux se profilant à l'horizon du vide, affleurant jusque dans les eaux glacées du néant.

Le don d'une autre sensibilité, d'une intelligence insolite, et d'une patience sans garde ni mesure.

Le don d'une humilité lumineuse - clef de verre, de vent ouvrant sur l'inconnu, sur l'insoupçonné, sur un émerveillement infini.

 
 

Sylvie Germain, La chanson des Mal-Aimants.

 

-----------------------------------------

Femmes, femmes, femmes...


Je me demande ce qu'aurait été ma vie plus tard si, enfant, je n'avais pas bénéficié de ces petites réceptions chez ma mère. C'est peut-être ce qui a fait que je n'ai jamais considéré les femmes comme mes ennemies, comme des territoires à conquérir, mais toujours comme des alliées et des amies - raison pour laquelle, je crois, elles m'ont toujours, elles aussi, montré de l'affection.

Je n'ai jamais rencontré ces furies dont on entend parler : elles ont sans doute trop à faire avec des hommes qui considèrent les femmes comme des forteresses qu'il leur faut prendre d'assaut, mettre à sac et laisser en ruines.

 

Toujours à propos de mes tendres penchants - pour les femmes en particulier -, force est de conclure que mon bonheur parfait lors des thés hebdomadaires de ma mère dénotait chez moi un goût précoce et très marqué pour le sexe opposé. Un goût qui, manifestement, n'est pas étranger à ma bonne fortune auprès des femmes par la suite.

Mes souvenirs, je l'espère, seront une lecture instructive, mais ce n'est pas pour autant que les femmes auront plus d'attirance que vous n'en avez pour elles. Si au fond de vous-mêmes, vous les haïssez, si vous ne rêvez que de les humilier, si vous vous plaisez à leur imposer votre loi, vous aurez toute chance de recevoir la monnaie de votre pièce.

Elles ne vous désireront et ne vous aimeront que dans l'exacte mesure où vous les désirez et aimez vous-mêmes - et louée soit leur générosité.

 

Stephan Vizinczey, Eloge des femmes mûres.

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Lundi 16 janvier 1 16 /01 /Jan 15:03

EvolutionJe le disais en tête d'un billet : je ne sais pas faire court. Du coup, les articles de ce blog sont généralement longs - plusieurs pages une fois transférés sous Word.

En ce moment, le désir d'écrire est là. Il ne survivra peut-être pas à mon voyage en Indonésie, d'autant que je serai en bonne compagnie.


Parfois je recule devant l'ampleur d'un article. Écrire me réclame beaucoup de temps, de concentration, d'énergie. D'où la nécessité de me fixer quelques règles :

- rédiger d'un seul jet pour aussitôt mettre en ligne ;

- résister à la tentation de réécrire ;

- ne corriger que les maladresses les plus évidentes, les fautes et les coquilles.

Il m'arrive cependant de caler en court de route. Cimetière d'idées, mon dossier "brouillons" est rempli de billets avortés.

J'ai également mes petites manies. Sauf en voyage, faute d'accès facile au net, je ne rédige pas sous Word. Je préfère l'interface du blog pour insérer les photos. Leur choix - maniaque - est une pause dans la rédaction, parfois l'occasion de réfléchir à ce que je veux vraiment dire, au tour imprévu que prend un billet. Certains s'animent d'une vie tellement propre qu'ils m'échappent. Plus qu'auteur, je deviens trancripteur de leur volonté utilisant mon cerveau et mes doigts pour se dire.

À mes yeux, les images n'accompagnent pas seulement le texte mais font corps avec lui.


Souvent, j'ai envie de raconter de brèves histoires, de petits faits qui m'ont réjouie ou attristée, des moments décrochés du quotidien. Souvent je m'abstiens en pensant qu'ils n'auraient pas leur place ici. Ces anecdotes, je les réserve à mon journal de bord, avatar de mes carnets intimes.

Bientôt sa couverture cartonnée s'avachit aux coins, s'orne des cicatrices de bords de table trop aigus, d'empreintes de cailloux, de taches de café, de graisse et de doigts sales. 

 Ses pages noircies dans différents pays me rappellent comment c'est, le voyage. Comment c'était, cette époque. Si je l'avais oubliée, les tickets de transport ou de sites touristiques, les cartes de visite, les factures, les mots griffonnés en hâte, tous collés en un apparent désordre, m'y ramèneraient.


Ces derniers jours, j'étais à Cebu pour Sinulog. Hier, avant de quitter la ville, une de mes plus précieuses possessions manquait à l'appel : mon dernier journal de bord. J'ai dû l'oublier quelque part et quelqu'un le ramasser. Quelqu'un qui probablement n'en aura jamais l'usage et ne comprend pas le français, mais a été attiré par le défilé coloré des vignettes encollées.

Neuf mois d'écriture entre la France, la Thaïlande, Taïwan et les Philippines partis en fumée. 

J'ai fouillé de fond en comble mon étroite chambre d'hôtel. Soulevé les matelas. Refait pas à pas le chemin parcouru la veille. Stoppé dans tous les lieux où je m'étais arrêtée : une épicerie foutraque, un bar sans serveur, un petit supermarché, un restaurant indien.

Personne n'a aperçu mon cahier. Personne ne l'a trouvé.


Evolution 2Moment d'espoir lorsqu'une serveuse m'a vu le remporter à l'hôtel. Déception : elle l'a confondu avec mon Kindle flambant neuf et sa gaine fuschsia. 

La perte est irréparable. Rien ne me rendra ces souvenirs si ma mémoire vient à flancher. Et ce grand cahier presque achevé était un tel fourmillement d'anecdotes, de juxtaposition d'humeurs et de paroles collectées que j'en perdrai de toute façon la plupart.

Ainsi va la vie, main dans la main avec l'oubli...


L'idée est née de là : faire de ce blog déjà intime un substitut d'un journal de bord. Un reflet plus fidèle de mon quotidien, émaillé d'anecdotes et de faits sans importance. Préférer plus souvent des billets courts à des textes longs.

Cette évolution s'enrichit d'une nouvelle catégorie : "Une vie aux Philippines". Titre dépourvu d'originalité mais parlant de lui-même.

Un petit tournant sur la route de l'écriture.

J'espère qu'il vous plaira.

 

 

 

Photos : DR, William Wegman.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour - Communauté : les blogs persos
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Dimanche 15 janvier 7 15 /01 /Jan 11:00

Magnifique, évocateur, ce poème est de Slev

(un fidèle lecteur de ce blog et surtout un... homme de plume !).

 


Poeme Slev

J'ai la main nous aimant filant une rivière
de chair rose
toute vie éclose rendue à l'aurore
au poids près de la nuit

nous aimant à jamais une première fois si longtemps
de s'endormir en rêve
chaque lumière accostée
dans le tremblement frais du jour

la secrète épaisseur des flots en méandres accomplis
et tes lèvres fouilleuses
aux abords dessillés
de nos sommeils ensemble.



Photo de Wingate Paine.
Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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Mercredi 11 janvier 3 11 /01 /Jan 20:18


Au lit 2Avant, je n'aimais pas dormir avec mes amants. L'intimité du sommeil me semblait bien plus grande et emplie d'enjeux que celle de l'étreinte.
 Si je pouvais m'abandonner entre leurs bras, le véritable abandon était celui du sommeil, de ses heures de complète vulnérabilité.

Je ne me défiais pas de l'homme à mes côtés. Ne supposais pas qu'il mettrait mon repos à profit pour me violenter, fouiller mon appartement ou me dépouiller.

Ce que je craignais - et crains toujours un peu -, c'était l'abolition du contrôle. L'ouverture à mon corps défendant d'un accès à moi non maîtrisé, donc non autorisé.

Une vue, peut-être, sur ma chair, mon visage en proie à l'inconscience. Seins déformés par le contact du matelas, traits relâchés, bouche entrouverte sur un filet de salive.


J'ai d'ailleurs la particularité de souvent dormir les yeux ouverts. Iris révulsés comme si je m'étais évanouie ou droits dans l'axe des paupières, écarquillées sur un regard qui ne voit rien.

Il paraît que c'est impressionnant. Dérangeant aussi. Bien que vivante, je semble morte. Inerte et molle, pire qu'une poupée de chiffons.

Souvent je peine à m'endormir. Me tourne, me retourne jusqu'au moment où j'abdique et me relève. Oiselle de nuit aux horaires depuis longtemps décalés. Insomniaque de nature, un vrai poison pour qui partage ma couche.

Parfois aussi, je parle. Des mots sans suite, des phrases inachevées, semble-t-il. Aucun amant ne m'a jusqu'à présent rapporté mes propos. La raison, je l'espère, est que ceux-ci lui étaient incompréhensibles et non directement adressés. Loin dans les limbes, la couche protectrice du mensonge poli s'efface sûrement pour laisser place à une rude franchise.

Selon le dicton, la vérité sort de la bouche des enfants.

Pourquoi ne sortirait-elle pas des lèvres du dormeur ?

 

J'aime encore moins subir le sommeil de l'autre. Son souffle lourd, ses ronflements, ses bonds de cabri, son acharnement à me délester de ma part de couette. Je suis pour les chambres séparées. Pas toutes les nuits, bien sûr. Mais sans conteste pour celles où l'on préfèrerait sombrer en solitaire et en paix, seul avec nos rêves et tout l'espace pour s'étaler.

Dormir avec quelqu'un, même un compagnon, ne va pas pour moi de soi. Ce qui devrait être un plaisir devient une habitude, si ce n'est une contrainte. S'étendre dans le même lit après s'être disputés, rien de plus détestable sans réconciliation sur l'oreiller. Détestables, aussi, les relents d'alcool d'un homme soûl, tombé dans le sommeil telle une masse foudroyée.

Puis mon désir s'accommode mal de la routine. Capricieux, il goûte les chemins de traverse, les enclaves cachées. Et j'aime l'idée d'être invitée par mon amoureux sur son territoire - ou de l'inviter sur le mien. Ca a des airs de rendez-vous clandestins au sein d'un couple installé.

J'aimerais rendre à la chambre et sa fonction d'abandon et son symbole : l'intimité, le lieu d'alliance par excellence, denrées rares se ternissant d'être trop utilisées. 

Refaire d'une nuit ensemble un cadeau et non une habitude. Un dû, encore moins.


Au lit 3Avant, je fuyais les matins avec mes amants comme un inutile ennui. Aucune envie d'un réveil en vis-à-vis, d'un petit-déjeuner en tête-à-tête. D'une discussion qui, laborieuse, ruinerait l'entrain de la veille. D'un café trop fort ou trop léger servi par un homme pressé. D'un embarrassant au revoir tendu d'un muet "nous reverrons-nous ?".

De mes brumes je voulais émerger en solitaire.

Cet homme étant de passage, qu'il passe donc. Qu'il rentre chez lui ou me laisse rentrer chez moi. Enfin seule après la baise, libre de me mettre à l'aise en vieux tee-shirt, d'ouvrir un bon livre et de me repasser, peut-être, le film de nos ébats.

 

Maintenant, j'aime bien partager la nuit. Pas toujours, certes, mais plus souvent qu'autrefois. Expérience oblige, il m'est facile de repérer les hommes qui étaient comme moi. Ceux qui, à peine comblés, se relèvent, tournoient, rassemblent leurs affaires, cherchent une excuse pour s'éclipser.

Ainsi fut Sean, un Américain doté de Barry, un encombrant copain. Arrivée en avance à notre dîner, j'aperçus les deux hommes au bar. Glissai entre les tables pour les saluer, supposant que seul Sean, son verre terminé, me rejoindrait. Ou que si le duo buvait l'apéritif en ma compagnie, Barry disparaîtrait au moment du repas.

Je me trompais. Barry commanda entrée, plat et dessert. Reprit avec Sean le chemin de l'hôtel situé sur la route de ma maison.

La situation devenait délicate et Sean nerveux. Barry, lui, restait aussi placide qu'une lumière éteinte. Amusée, j'observais Sean qui, confus de fausser compagnie à son ami, s'emmêlait dans ses explications. Hormis bonsoir, il n'y avait pourtant pas grand-chose à dire. À moins d'être aveugle, Barry avait déjà compris l'intrigue nouée en sous-main ce soir-là.


Après une, deux étreintes, Sean s'agitait encore sur le sommier.

- Tu veux que je règle le réveil pour demain ? demandai-je.

- Non, pas la peine... Je... vais y aller, en fait.

Sean était l'image même de l'embarras. Impossible de résister à l'envie de l'asticoter un peu :

- Oh... Et pourquoi donc ?

Sean se refusait à laisser son ami dans leur chambre. Quelques mois auparavant, Barry avait perdu son père. Il pouvait donc être en proie à une insomnie. Ou faire un cauchemar. Ou s'éveiller à l'aube avec le besoin de parler. Se découvrir seul au matin lui serait de toute façon trop douloureux.

J'acquiesçais entre pitié et fou rire.

Sean me mentait-il ? Probable que oui, alors que renoncer au prétexte serait plus simple. Pour tout le monde.

Sous peine de passer pour un sans coeur, la grande force du tragique est d'interdire de remettre une histoire en question. C'était, à mon avis, précisément pour cela que Sean avait choisi celle-ci.

 


Au litLes larmes aux paupières, je le félicitai d'être un si merveilleux ami. La nuit étant d'ailleurs peu avancée, il avait bien raison de rentrer. Désorienté, Sean fixa mon réveil. Trois heures du matin. Me dévisagea pour déterminer si, par hasard, je ne me moquais pas.

Mon sourire lui donna la réponse qu'il préférait. Il se rhabilla apaisé, fermant la porte sur les hoquets d'un rire que je maîtrisais plus.

Le lendemain soir, nous avions rendez-vous. Je ne vins pas.


J'aime aussi observer les petites manies des hommes qui, pour une nuit ou plus, restent chez moi.

Gauche ou droite, certains sont attachés à un côté de lit. Leur endormissement en dépend, paraît-il. Les célibataires endurcis tendent à s'allonger en plein milieu, soudain avares de ce qu'ils ont si généreusement prodigué : l'espace occupé par leurs corps étendus.

Les angoissés du dos tordu ne veulent pas d'oreiller, les soucieux de leur confort "deux, si tu as, bien sûr".

Certains réclament le noir complet ; d'autres, inquiets ou esthètes, une lumière tamisée. Un silence d'église ou une musique douce. Un matelas mou ou ferme comme bois. Ernesto, lui, préférait dormir par terre, sur un matelas aussi mince qu'une gaufrette.

Les prévoyants posent sur la table de chevet un verre d'eau. Les oublieux du temps, leurs montres. Les pratiques, la boîte de préservatifs.

Les réchauffés ne sombrent que nus, les frileux partiellement vêtus. D'autres encore se rhabillent en cachette, tel Habrien qui d'habitude ne quittait pas ses chaussettes. Soucieux de paraître à son avantage, il s'en était débarrassé à peine allongé pour mieux les remettre. Touchante habitude d'émigré qui, dans son pays d'adoption, avait toujours froid aux pieds.

 

Dans le sommeil, certains hommes m'enlacent comme au seuil d'un rêve. D'autres, isolés à l'extrême bord du lit, si loin que pour un peu, ils en chuteraient, veillent à garder leurs distances.

Certains ont le réveil tendre, triomphant ou chagrin. L'atterrissage paresseux ou suractif, café-boulangerie-croissants.

Certains doivent se lever alors que moi, je peux faire la grasse matinée. Ils me laissent en général dormir tout mon soûl avec pour consigne : claquer leur porte en partant. Et je suis touchée, très, de la confiance qu'ils m'accordent.

Pas évident de laisser une inconnue chez soi...

Lorsqu'une histoire s'ébauche, j'aime découvrir au matin, placé en évidence ou scotché sur le frigo, un message. Des mots qui m'accompagneront toute la journée jusqu'à notre prochaine nuit.

 

Au lit 4La prochaine nuit... Si la première avec Paulien était déjà écrite, la deuxième fut une surprise. Nous venions de passer ensemble la soirée, l'obscurité, le matin, le début d'après-midi. Fidèle à mes principes d'alors, je cherchais le moyen de le déloger de mon appartement. Sans réelle motivation, et moins par envie que par absurde conviction : une autre nuit consécutive, c'était déjà le début de quelque chose.

Oh, d'accord, certainement pas une histoire. Un simple flirt. Une bluette tout au plus. Mais quand même...

La journée fila à toute allure. Si vite que le soir nous trouva ensemble. Vaincus par la fatigue, nous nous endormîmes enlacés.

Le lendemain je compris ce qui, jusqu'alors, me semblait incompréhensible : que deux inconnus s'installent sous le même toit, comme ça, emportés par la foulée de quelques nuits partagées.


Paulien avait toutefois des impératifs. Un enfant à récupérer à l'école, un dîner de famille. Je le vis partir à regrets avant de verrouiller, songeuse, les serrures de mon chez moi.

 


3h et demi... L'heure d'aller me coucher, surtout que je me lève tôt demain.
Hop, au lit... et seule !

Photos : Frédéric Clément, Brassaï,
Weegee, Eikoh Hosoe.
Par Chut ! - Publié dans : Bribes perso - Communauté : les blogs persos
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Dimanche 8 janvier 7 08 /01 /Jan 17:57

homme femmeJambes effilées de résille et galbées de hauts escarpins, fesses menues au dos filant, arqué, jusqu'aux épaules, carré de jais effleurant un cou gracile, elle se tenait debout dans la demi-pénombre d'une cave. Elle avait la robe d'une professionnelle et la grâce d'une jeune fille.

Je la scrutais effrontément en tirant sur ma cigarette. Songeais que moi aussi, j'aimerais bien avoir des jambes d'allumettes ou de compas, de longs mollets à arpenter le monde. J'étendis mes cuisses comme par réflexe. Les croisai, genou sur genou, délogeant de son plaisir le soumis qui honorait mes bottes.

 

Elle discutait avec un homme cagoulé et bardé de chaînes. Ses mouvements amples étaient hypnotiques, d'une souplesse contenue de félin.

J'écrasai ma cigarette sans cesser de l'observer. Elle dut sentir le poids de mon regard. Se retourna.

Son visage me frappa. Asiatique, sans maquillage, doux mais anguleux aux mâchoires. Les sourcils fins mais broussailleux. Un je-ne-sais-quoi de viril accroché aux pommettes.

Cette femme avait de l'homme en elle. Ou était-elle un homme ?


Quelques pas comblèrent la distance qui nous séparait. Elle me tendit une main dépourvue de bijoux et se présenta :

- Bonsoir. Je suis Kim.

La voix était masculine. Assurément.

Kim était en effet un homme. Un homme qui ne venait aux Nuits Élastiques qu'habillé en femme.

- C'est au moins la moitié de moi, me dit-il. 

Une moitié que Kim tenait plus cachée qu'un secret. Il avait grandi dans la honte d'être différent. D'aimer les habits féminins et surtout, d'aimer les porter.

Enfant puis adolescent, il chipait ceux de sa mère pour s'en vêtir. En cachette, toujours. Seul devant la glace, il s'organisait des défilés, des séances de poses émaillés d'arrêts. Le doux contact des tissus, leurs virevoltes sur sa peau nue, aiguisaient ses sens, réveillaient son sexe.

Dureté contre fluidité, Kim se caressait dans un bruissement d'étoffes. Et jouissait, attentif à ne pas tacher son habit d'emprunt.

Cette précaution le ramenait à sa solitude. Personne - à commencer par sa mère - ne devait se douter, et encore moins savoir. Ainsi, après le plaisir venait toujours le dégrisement. Le sentiment décuplé de ne pas être comme les autres. Et avec lui, ou plutôt à cause de lui, l'impérieuse nécessité de s'amputer de sa part d'ombre.

Kim effaçait ses larcins comme un animal recouvrirait ses traces : avec application et méthode. Il aérait les vêtements altérés par son odeur. Repassait leurs plis au fer. Les rangeait un à un dans la penderie, à leur place exacte, soucieux de placer cols, manches et boutons dans leurs positions d'origine, rectifiant un désordre auquel sa mère n'aurait peut-être vu que du feu.

Peut-être. Ou pas. Kim ne pouvait s'autoriser ce risque.


Homme femme 2Après l'adolescence, la honte s'atténua. S'éteignit à la mi-vingtaine.

Kim avait renoncé à lutter contre cette étrange partie de lui-même. La combattre, c'était finalement se condamner à n'être qu'une demi-personne, un être fissuré, dévoré par une guerre intestine.

D'ailleurs, Kim ne disait jamais "se travestir".

- Parce que ce n'est pas un déguisement, comprends-tu ?

Je hochais la tête. Comme à Venise, le masque s'ouvrait sur la vérité. L'authenticité se gagnait par le détour de l'artifice, et Kim avait l'avantage de son physique androgyne.

D'un sexe à l'autre, le saut n'était pour lui pas si abrupt.


Internet et les forums de discussion l'avaient beaucoup aidé. Kim était revenu de la toile fort d'une apaisante certitude : il n'était pas seul. D'autres que lui aimaient par leurs habits changer de sexe. Sans blessures ni regrets, réconciliés avec leur moitié intime, délivrés de la culpabilité de ne pas s'aligner sur la norme. Duels mais un, comme Kim qui, homme-femme, aimait au lit autant les hommes que les femmes.

Les soirées avaient suivi en bascule dans la réalité. Non, le troisième sexe n'était pas qu'un peuple d'anonymes disséminés sur le net. Ils étaient chairs, présences. Barbes rasées à blanc, bas enfilés sur des jambes musclées, perruques posées sur des coupes en brosse, seins de coton bourré dans un soutien-gorge.

La tolérance de mise en soirée mettait Kim à l'abri des sarcasmes. Des regards inquisiteurs et malveillants. Des injures qui, sans doute, auraient fusé sur ses pas dans la rue.

Des soirées à la rue, voilà cependant un pas qu'il se refusait à sauter. S'affranchir de la honte n'est pas s'affranchir du secret.

Professionnellement, c'était hors de question. Kim occupait un poste à responsabilité dans une grande entreprise. Que les mondes de la nuit et du grand jour se croisent serait une catastrophe. L'employé modèle craignait le discrédit, les ragots, un possible licenciement. De toute façon, ni patron ni collègues n'avaient à pénétrer en territoire si intime.

Dans son entourage, comme jadis, personne n'était au courant. Trop traditionnels, ses parents auraient sûrement méprisé leur fils unique. Ses amis aux préjugés trop vifs, aux idées trop formatées, tomberaient de trop haut devant ce coming-out. Pas sûr que l'amitié résisterait à une telle chute.

Crainte de l'incompréhension, des moqueries, du jugement, du rejet... Kim n'était pas prêt à faire face et en souffrait.

 

Homme femme 4Il me raconta, par exemple, un voyage à Singapour. Ses amis voulaient visiter les musées, Little India, l'île de Sentosa. Kim, lui, n'aspirait qu'à se retrouver seul pour écumer les magasins de chaussures. Poussé par l'urgence, il savait que c'était là ou jamais. Maintenant ou pas du tout. Pas demain la veille qu'il reviendrait en Asie...

La promenade en groupe vira bientôt au supplice. Kim ne pouvait se détacher des devantures emplies de promesses. Offertes à sa vue, elles ne semblaient attendre que lui et, mues par une connivence secrète, le pointer du doigt dans la foule.


Fasciné, subjugué, il en oubliait presque de donner le change.

Il chercha des prétextes pour se débarrasser de son encombrant cortège : une affaire oubliée à l'hôtel, un malaise, un coup de fil professionnel.

Il pensa à s'inventer une copine à qui offrir des sandales. Se ravisa. Ses amis risquaient de l'accompagner à l'intérieur du magasin. Il faudrait alors demander sa pointure à lui, pointure qui ne manquerait pas d'éveiller des soupçons.

Le dernier jour, la chance lui sourit enfin. Kim grappilla une heure de liberté en solitaire. S'échappa de l'hôtel comme on fuit une prison, courut jusqu'à une boutique repérée avec soin, essaya des dizaines d'escarpins pour n'en acheter qu'une paire.

Ravi mais frustré, opérant malgré lui le décompte des après-midis volées à sa passion.


Passion... Le mot n'était pas trop fort. Kim vouait une véritable adoration aux chaussures. Les collectionnait depuis des années, dissimulées dans le double-fond d'une armoire. Les entretenait avec ferveur au cirage et au chiffon doux.

Bottes, bottines, escarpins, sandales, nu-pieds... Peu importait à condition qu'elles fussent dotées de vertigineux talons. De leurs contraintes il se délectait : le pied cambré, serré comme dans un étau ; la cheville basculée jusqu'à la rupture ; l'allongement forcé de tout le corps, avec les mollets et les cuisses qui tirent, les fesses qui s'arrondissent, le dos qui se creuse ; la démarche qui se ralentit, ondulante, chaloupée, provocante et si féminine.

Le dimanche était son "cadeau pour lui-même". Fétichiste, Kim suivait un rituel précis, dont chaque étape le menait à un stade supérieur du plaisir. D'abord fermer portes et volets. Ouvrir ensuite les étagères aux trésors. Les inspecter en prenant son temps. Caresser ses possessions des doigts et du regard. Choisir ses chaussures préférées du jour. Les enfiler avec lenteur. Ajuster leurs brides. Arpenter de long en large, de large en long son appartement, enivré du cliquetis des talons, comblé de leurs résonances métalliques.

Le désir devait être contenu, maîtrisé. Repoussé au fond du ventre pour ne pas jaillir trop vite. Parce que demain, Kim reprendrait sa vie empreinte du sceau du secret.

En costume-cravate.


 

Photos, dans l'ordre : Jan Saudek,

Elmer Batters, Helmut Newton.

Par Chut ! - Publié dans : Eux
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Samedi 7 janvier 6 07 /01 /Jan 16:22

MilesMiles aimait autant le jazz que le latex sur la peau des femmes.

Miles aimait davantage le champagne que le vin. Mais un champagne spécial, cuvée unique millésimée aux flancs de celle qui la distille en elle.

Cette boisson était sa griserie à lui, un plaisir d'autant plus enivrant que ses amantes le lui refusaient souvent. Certaines le décrétaient bizarre, pervers, soudain infréquentable. Il s'en désolait sans pouvoir changer leur opinion.

Quand le manque se faisait trop criant, Miles empruntait le raccourci de l'argent. Payait une professionnelle qui, elle, ne le jugerait pas.

Comparé à d'autres, son fantasme était d'ailleurs bien inoffensif.


Miles m'avait conviée à une soirée privée. Fétichiste, SM, bondage... Tous les désirs interlopes y auraient droit de cité. Joyeuse débauche de libertins, Maîtres(ses) et esclaves en cuir, latex, vinyle. Encapuchonnés, cagoulés, nus, héros de scènes lascives brillant tels des joyaux dans la pénombre.

Une nuit de stupre accrochée aux entrailles de Paris.

Un goût de nostalgie sur ma langue.

Depuis huit mois, j'avais rompu avec les soirées du bon vieux temps. Ni la tête ni le coeur à ça, d'autant que dans ma vie avait surgi Andrea d'ébène. Un homme qui, bien qu'ouvert d'esprit, jamais ne comprendrait ce monde à la lisière, cette parenthèse de liberté ouverte au soir pour se refermer à l'aube.

Un amant qui, bien qu'ouvert à d'autres jeux, gardait trop de prévention contre ceux qui mêlaient douleur et jouissance.

Un amoureux qui, bien qu'en couple, me voulait pour lui seul. Moi sa chasse gardée, son territoire d'exclusivité.


À sa façon, cette "party privée" était une rivale qu'il toisait d'un oeil mauvais. Jaloux et inquiet, mais impuissant à s'y opposer, puisqu'en contrepartie il n'avait rien à offrir. Rien à exiger non plus. De toute façon, il se doutait que mieux valait ne rien m'interdire.

Lassée de notre histoire sans issue, je n'étais, de mon côté, pas mécontente de prendre la clef des champs. De faire l'école buissonnière à la faveur d'une invitation tombée par hasard, par jeu ou par curiosité.

Miles ne m'avait en effet jamais vue. De moi il ne connaissait pas grand-chose, mais ce peu lui suffisait.

Forte de mon anonymat, j'avais parié qu'il ne me distinguerait pas parmi la foule des invités. Lui avait parié l'inverse. Ne nous manquait que le gage, qui fut facile à trouver. Si Miles me reconnaissait - mais peut-on reconnaître une inconnue ? -, je lui prodiguerais et le flacon et l'ivresse.

Marché conclu.


Etrange jalousie 3Dans le taxi qui cinglait vers le Marais, je riais toute seule. Si mes cuissardes et mon fouet étaient sagement rangés dans un sac, ma robe en vinyle m'épousait au plus juste. Cachée par un long manteau, elle ne laissait toutefois rien deviner de son indécence.

J'imaginais la tête du chauffeur si, d'un souple mouvement d'épaules, je me dénudais. 

 

Je savais le pouvoir de transformation de ma tenue. La surprise, le désir qu'elles versaient dans les pupilles des hommes - et même des femmes.

Plus tôt, fin prête, j'étais sortie de ma chambre devant mon amie Ether. Celle-ci s'était immobilisée. M'avait fixée stupéfaite, une onde de chaleur traversant ses beaux yeux bruns.

Très court vêtue et très haut bottée, j'étais, plus que femme, créature. De Lilith ou des ténèbres, un moi plastique composé de morceaux juxtaposés. Nulle place pour la tristesse dans cette seconde peau brillante et corsetée. Juste l'éclat d'une femme désirée signant une trêve dédiée au(x) jeu(x).

 

Le taxi s'enfonça dans une ruelle. S'arrêta devant la seule boutique éclairée. J'étais arrivée.

Certaine que Miles se trouvait déjà à l'intérieur, je poussai la porte.

À peine avais-je franchi le seuil qu'une voix cria mon prénom.

Plus tard, Miles me dirait ne pas avoir hésité une seconde. Cette femme qui entrait ne pouvait être que moi. Pourquoi ? Il n'en savait rien. C'était peut-être ma démarche, ma robe, l'expression de mon visage. Ceci ou tout cela à la fois.

Je m'inclinai. Il avait remporté son pari, et haut la main.

Nous bûmes du champagne. Du vin. Des cocktails. Au fil de notre conversation, la pression dans mon ventre augmentait. Lorsqu'elle fut insoutenable, je cessai soudain de parler. Me levai. Enfourchai Miles renversé sur les coussins. Et, penchée sur lui, talons au sol et jambes tendues, lui restituai dans un long flot une alchimie dorée.

 

Que, ce soir-là, j'aie aussi fait l'amour avec une femme ne gêna pas Andrea. C'est de cette intimité avec Miles, fugace, muette et sans réel contact physique, qu'il fut jaloux.

 

 

1re photo : Helmut Newton.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X
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