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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

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Lectures

Jeudi 20 décembre 4 20 /12 /Déc 03:21

Une nuit d'hiver, Agnès perd sa fille Elisabeth et son gendre dans un accident de voiture. Il lui revient désormais de prendre la place vide que lui a assignée cette double mort : celle de sa fille. D'abord dans sa maison, mais pour une courte période, croit-elle ; ensuite et surtout, auprès de ses enfants, dont elle doit assurer l'éducation.
Agnès commence à trier les affaires de la disparue. Ce qu'elle y trouve l'étonne. Elle entre en relation avec le notaire de la famille. Ce qu'il lui apprend décuple son malaise. Avant l'accident, Elisabeth avait réglé sa succession dans les moindres détails, comme si elle avait prévu de mourir avec son mari.
Submergée par la souffrance absolue de la perte, Agnès est aussi renvoyée au mystère de la relation qui l'unissait à sa fille. Depuis des années, celle-ci la tenait à l'écart de sa vie, lui imposant même de ne plus lui rendre visite.

Que cachait cette interdiction ? Qui était Elisabeth, au fond ? Avait-elle un amant ? Se serait-elle suicidée ?

Agnès s'aperçoit que la chair de sa chair lui était devenue une étrangère. À présent, il lui revient d'assembler et de retisser, par-delà sa mort, les liens rompus pour écrire une double histoire : celle qui la relie à sa fille et celle dont sa fille l'a exclue. Sans compter, mais elle l'ignore encore, qu'Elisabeth avait des projets pour elle...

De la douleur du deuil à la musique de Bach, ce roman me touche au plus profond. Peut-être parce qu'il me renvoie à ma propre histoire, à mon obsession du lien, du maillon, de la chaîne. Peut-être parce qu'il sait cerner l'indicible dans une fine résille de mots. Toujours délicats et justes, jamais en deça ni au-delà, comme Les Suites pour violoncelle
interprétées par un virtuose.
Peut-être parce que c'est un grand livre, tout simplement.

Par Chut ! - Publié dans : Lectures
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Mercredi 19 décembre 3 19 /12 /Déc 01:59


Je me souviens à peine de l'histoire. Juste que le personnage principal est un gynécologue, employé dans une clinique spécialisée, qui "fait don" de son sperme aux femmes dites stériles. Que les enfants qui naissent de leur étreinte ont tous le nez de leur papa, c'est même à cela qu'on les reconnaît.
En revanche, je me souviens très bien des circonstances : la bibliothèque du lycée, sous les combles, dans une fin d'après-midi de printemps. Le rayon de soleil qui embrase les rangées de des bouquins. La poussière qui vole, la douceur de l'air, mon doigt qui effleure les tranches des livres. J'emprunterai les yeux fermés celui sur lequel il s'arrêtera, même s'il ne me plaît pas.

Ça a été ce livre-là. J'ai rempli la petite fiche qui me donnait le droit de l'emporter à la maison. J'ai commencé à le lire, davantage par obligation envers moi-même que par envie.
C'était le pacte.

Dès le premier chapitre, j'ai senti que je basculais dans une contrée inconnue. Un territoire s'ouvrait à moi. Celui du mot et de la phrase justes, mais surtout de l'émotion, de la grâce. De la littérature, pour parler grandiloquent. J'y ai fait mes études et mon nid, mais rarement j'ai retrouvé cet embrasement du début.
La même sensation m'a prise à la gorge en voyant ado, au ciné, Les Ailes du désir.

Je n'ai relu ni revu ni l'un ni l'autre. Sauf pour le sexe, je préfère les premières fois.

Par Chut ! - Publié dans : Lectures
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Mercredi 19 décembre 3 19 /12 /Déc 01:18

undefined Ce livre, je l'ai dévoré. Je le gardais dans un coin de ma tête, pas forcément pour de bonnes raisons : Nicolas Fargues est un ancien condisciple, je l'ai toujours trouvé beau à pamer un couvent de bonnes sœurs (au lycée, déjà...), les magazines féminins en avaient beaucoup parlé à sa sortie.

Une amie m'avait dit : "Tu verras, c'est une autobiographie sans complaisance, une rupture disséquée au scalpel, un bouquin qui te prend pour ne plus te lâcher."
Vu son bon goût, je n'en doutais pas une seconde. Et vu mes affinités particulières avec les liens et nœuds de toute sorte, le résumé ne pouvait que m'allécher.

J'étais derrière toi, c'était le livre que je lirais forcément un jour, lorsque je tomberais dessus par hasard, que je serais d'humeur à m'infuser une histoire triste, ne serait-ce que pour penser que je suis mieux lotie que le voisin. Le genre de livre qui me fixe un rendez-vous dont j'ignore encore la date.


Le pitch ?
Un homme marié, deux enfants, prisonnier de son couple à la dérive. Son histoire part en lambeaux mais il veut y croire encore. Enfin, il voudrait, parce qu'à bien y regarder, ils sont déjà en bout de course et qu'une autre femme s'en mêle. Atermoiements, revirements, mensonges et petites trahisons... le lot de l'infidélité, mais poussé à l'extrême. Car entre eux, pas de demi-mesure : on fouille dans les affaires de l'autre, on l'oblige à jurer sur la tête des gosses, on le pousse à la violence, à la folie. Madame oblige monsieur à ouvrir devant elle sa correspondance avec sa rivale, elle le rosse avec un tuyau d'aspirateur, lui déchiquette le visage à coup de cable électrique.
Elle l'humilie, il se prosterne.
Elle en fait son esclave, mais il finira par en devenir le maître en la quittant pour (re)vivre enfin.

À mesure de ma lecture, une question m'a taraudée : comment peut-on en arriver là, se déchirer à ce point ? C'est la matière même de la tragédie, mais pas celle, lointaine et figée, des Grecs. Celle qui se joue à notre insu, dans l'appartement d'à côté, derrière la porte fermée.

Quand les histoires d'amour ne finissent pas mal en général... elles finissent terriblement mal.

Par Chut ! - Publié dans : Lectures
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