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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.

Classé X

Jeudi 4 avril 4 04 /04 /Avr 18:53

What for 1Les larmes de Bertille se mélangent à l'eau salée. Mon amie s'essuie les yeux en vain. La vague qui déferle sur nous la gifle pour mieux retremper ses paupières.

Je lui tendrais bien un mouchoir, mais que faire d'un mouchoir en plongée ?

Évidemment que je n'en ai pas.

Bertille et moi dérivons dans le courant. Orange délavé, nos marqueurs de surface* s'entrechoquent en crevant à grand peine la masse liquide.

De près comme de loin, on jurerait deux verges à l'érection chancelante.


À l'horizon notre bateau à balanciers n'est qu'un point. Dès la mise à l'eau le courant nous a empoignées et, par 25 mètres de fond, emportées de plus en plus bas.

30 mètres, 31, 32, 33...

Nous luttions pour remonter tandis que le fond sableux s'éloignait à toute allure. Bientôt nous le perdrions tout à fait de vue.

J'ai proposé à Bertille de palmer vers la côte.

Elle a refusé et pointé son pouce vers la surface.

En réponse mes doigts ont dessiné un rond. Le OK des plongeurs.

20 minutes, la plongée la plus courte de notre amitié.

Et nous voilà le ventre douloureux, la poitrine bloquée, la gorge serrée.

Bouche grande ouverte vers le ciel, Bertille hurle.

Je hurle en écho.

Minuscules silhouettes filant dans le bleu sous l'implacable soleil, nous hurlons.

De rire.

 

En attendant que le bateau vienne nous chercher, j'ai parlé à Bertille de Pio. Pio, l'apnéiste dont elle avait remarqué l'arrivée au dive shop.

Vrai qu'il est difficile de ne pas remarquer Pio, ses épais cheveux bruns encadrant son visage de médaille, ses lèvres charnues et sa peau bronzée, ses épaules puissantes et ses fesses musclées.

Où qu'il aille, Pio attire l'attention des femmes.

Dès le premier regard Pio m'a plu.

Dès le premier regard je l'ai voulu sans trop y croire.

J'avais tort puisque la nuit nous trouva dans le même lit. La nuit d'après aussi, entrelardée de deux longues journées.

Deux journées à m'imprégner de Pio, à le regarder jusqu'à plus soif, à le désirer jusqu'à plus faim, à cheminer sur ses muscles et à dessiner son profil.

Au troisième jour son visage m'était presque aussi familier que le mien.

 

What forPio pourrait avoir l'assurance facile des hommes presque trop beaux.

Heureusement il n'en est rien.

Sinon je ne l'aurais plus désiré du tout.

Agaçants, ces hommes-Narcisse en pâmoison devant leur propre reflet.

Irritants, ces bellâtres contemplant les femmes les contempler.

Loin de tirer avantage de ses atouts, Pio est réservé, mesuré, timide, secret. Et Pio a parfois de drôles de réactions. Inattendues. Étonnantes. Déconcertantes.

Candides, même. De celles qui vous font lever les yeux et tomber les bras.

C'est pile pour cette raison que Bertille rit à s'en étrangler, à s'en étouffer, à s'en péter la glotte et le gilet. Et que moi, emportée par ses irrésistibles hoquets, je me comprime les côtes à les briser.


La dernière nuit Pio était en moi lorsque je dis :

- J'ai envie que tu m'encules.

Pio n'a plus bougé.

Pio n'a pas dit "oh yes", ni "no way". Ni "j'adore", ni "je déteste". Ni "ça me dégoûte", ni "oh, quelle bonne idée !". Ni "ce serait ma première fois", ni "c'est mon fantasme", ni "allons donc !".

Non. Pio n'a rien dit de tout ça. 

Pio a simplement dit :

- T'enculer... Mais pour quoi faire ?

 

 

* Marqueur de surface : longue saucisse reliée à une bobine, qu'un plongeur remplit d'air pour lancer à la surface avant de remonter. Ce dispositif indique aux bateaux qui passent que des plongeurs se trouvent en dessous, et permet à notre propre bateau de nous repérer.

 

Photo : Chas Ray Krider.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : les blogs persos
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Lundi 24 septembre 1 24 /09 /Sep 19:03

DjumIl m'a dit que dès la première fois qu'il m'avait vue, il avait eu envie de moi. Qu'il y pensait depuis deux ans. Que ça lui avait manqué.

Aussitôt je me demandai comment ce qu'on n'a jamais connu peut nous manquer.

Un être qui est loin nous manque.

Un être qu'on a perdu nous manque.

Mais un désir physique jamais abouti peut-il nous manquer ?

Erwald avait de quoi être un peu perdu, sans doute. Jusqu'alors je lui avais dit non, préférant repousser d'un sourire ou d'un silence ses avances directes, voilées ou maladroites.

Mais hier, j'ignore pourquoi, ce fut oui.

Pourquoi quelqu'un qui ne nous attirait pas se met un beau jour à nous plaire ?

Là, c'est moi qui baignais dans la confusion. 

 

Après une journée en sa compagnie, j'avais invité Erwald à la maison. Comme une conclusion à nos rires, nos discussions, notre bien-être. Comme un remerciement, aussi, pour son aide ayant transformé une fastidieuse commande de travail en pure rigolade créatrice.

Nous papotions face à face sur la terrasse. C'était déjà le milieu de la nuit mais Erwald n'avait pris aucune réelle initiative. Oh, ses pieds touchaient bien les miens, parfois, et prolongeaient plus que nécessaire ce contact faussement fortuit. Ses doigts venaient bien, souvent, se poser sur mon bras, mes épaules ou mon cou pour souligner ses propos. Mais toujours pieds et doigts finissaient par se retirer, peut-être déçus de ne pas recevoir de réciproque.

En effet je ne l'aidais guère. Je l'écoutais discourir en inclinant la tête, glissant de temps à autre un "yes""for sure", me demandant si cet homme oserait enfin un pas ou quitterait, de guerre lasse, la villa. Comme il y était venu, sans connaître le goût de mes lèvres.

En chemin je perdis le fil de ses mots. La fatigue pesait sur mes paupières. J'étouffai un bâillement discret.

- Je vois que tu es lasse. Tes yeux ne brillent plus. Dommage... Ils sont si beaux quand ils pétillent.

- Mmmh, il est tard, fis-je en m'étirant.

 

Encore un peu et je donnerais à Erwald son congé pour dormir.

Il le comprit sûrement. Et sûrement par réaction face à cet inévitable, encercla mon genou gauche de sa paume. La contracta brusquement.

Je n'esquissai aucun geste, à peine un soubresaut nerveux.

- Étrange, dit-il. Cette zone est une zone réflexe... Tu aurais dû sursauter. Au moins.

Intrigué, il tenta l'expérience du côté droit sans obtenir plus de succès. Il réessaya à gauche, à droite, à gauche encore.

Aussi amusée qu'inerte, je l'observai. Lui et ses imposantes mains en battoirs, son visage en lame de couteau, son nez court et son menton fort, ses yeux sombres aux prunelles obstinées, presque butées.

Erwald a ce qu'on appelle une gueule, et cette gueule était penchée sur mes jambes, penchée et acharnée à tirer d'elles l'ombre d'une réaction.

- Rien, tu ne sens toujours rien ? questionna-t-il.

Not really.

Well...

 

Djum 2bisSoudain il plaqua sa main sur mon sexe.

Je bondis de surprise, soufflée par son brutal culot, cette foudroyante initiative sans prémisses.

- Ah ! triompha-t-il.

Sur ce "ah" j'emprisonnai sa main, m'attirant un sourire presque étonné.

- Aucune idée de comment tu réagirais... Feindrais-tu de ne rien remarquer ? Garderais-tu ton air sérieux ? Te reculerais-tu offensée ? Impossible de deviner...

- Et bien maintenant, tu sais ! dis-je en me trémoussant pour rapprocher ma chaise, cuisses en étau afin de ne pas perdre sa main.

C'est Erwald qui l'ôta pour la faufiler sous mon sarouel, effleurant ma cheville, remontant le long de mon mollet, caressant ma cuisse et s'arrêtant sur ma chatte.

Il se réjouit de la sentir vibrante et, surtout, nue.

À dessein je ne portais pas de culotte.


J'appuyai mes pieds sur ses cuisses. Les pétris de mes orteils. M'arrêtais et reprenais mon massage par à-coups, prunelles insolemment rivées aux siennes. Plus bas se dessinait une éminence ne cessant de s'ériger. La verge d'Erwan prisonnière du tissu qui la retenait, brûlant de s'en échapper pour se ficher en moi.

L'aveu, l'urgence de ce désir me troublèrent.

J'aurais pu, là, de suite, délivrer sa chair gonflée, mais y renonçai. Je voulais encore étirer l'instant, encore me repaître de l'impatience de mon futur amant, encore m'abreuver à ses yeux.

Et jouer, surtout. Jouer avec son envie, m'en jouer aussi. La multiplier, l'étendre, la fortifier pour majorer son plaisir, le célébrer en l'amenant au bord de la défaite. Le contraindre à gémir, à supplier peut-être. L'inciter à m'arracher de mon siège et à déchirer mes habits. Le provoquer afin de l'acculer à la lisière de ce qui ne se fait pas, madame.

En rire parce qu'on l'a fait, monsieur. En se fichant bien de ce qui d'habitude ne se fait pas.


J'écrasai sa verge du pied, la contraignit à se rabattre sur son ventre. Erwald lâcha une brève plainte, plongea sur mes genoux serrés. S'y cala, s'y abandonna, y roula comme bercé par une forte houle, un vertige qui tout entier le ployait, ému, frissonnant, alors que ses doigts fouillaient mon sexe. Avec avidité et sans douceur, mâle autorité contredite par la ligne tremblante de ses épaules.

J'enfouis mes doigts dans ses cheveux, forçant sa tête à osciller contre mes jambes, la relevai pour murmurer :

- Let's go inside...

Nous entrâmes au salon. Je fermai la baie vitrée, tirai les rideaux. Peu de risque qu'à cette heure les voisins nous surprennent, mais cette probabilité, même faible, me déplaisait.

- Where ? s'enquit Erwald.

Je me dirigeai vers la grande chambre avant de changer d'avis. M'arrêtai pour appuyer mes coudes au mur, jambes tendues, échine pliée.


Djum 3Tiré avec vigueur, mon sarouel atterrit en boule au sol, bientôt suivis de mon débardeur et de mon soutien-gorge.

Zip de fermeture éclair, froissements d'habits, légers chocs mats sur le carrelage... J'entendis Erwald se déshabiller dans mon dos. Faillis protester que là était ma tâche, mon rôle, ma joie et mon plaisir.

 

Mettre un homme nu, à nu, a fortiori une première fois m'enivre, m'émeut, m'excite.

Faire apparaître son corps vite ou lentement, d'un coup ou portion après portion pour enfin le dévoiler en entier, différent de ce que j'imaginais. Ou identique car avec impudeur dessiné sous les vêtements dont je viens de le dépouiller.

Le premier déshabillage est comme la première pénétration d'un nouvel amant : un plaisir et une surprise que l'on n'éprouve qu'une seule fois.

Les fois d'après sont déjà autres. Délectables peut-être, mais privées d'un caractère unique qui, défloré, ne reviendra jamais.


Avec Erwald c'était déjà trop tard. Prise de vitesse, je n'imaginai pas lui demander de se rhabiller. Me résignai du coup à cette première fois qu'il m'avait dérobée.

Nu derrière moi il se tenait, énigme de chair dont je percerais le mystère en me retournant. Ce que je fis, découvrant ce qu'il avait brièvement évoqué l'après-midi : un corps de survivant lardé de cicatrices, séquelles d'un gravissime accident de voiture. Corps massif et émouvant à la chair couturée, plaies anciennes depuis longtemps cicatrisées, pâles souvenirs d'un événement ayant changé sa vie en manquant de la lui ôter.

Erwald s'agenouilla en léchant mon dos, mon sexe, mon cul. Écarta mes jambes et creusa mes reins afin de se ménager une meilleure prise. Avança le visage vers ma croupe, y poussa son menton, y plaqua ses lèvres, y darda sa langue, y enfonça ses dents.

Avec la violence d'un désir trop longtemps brimé qui soudain ne se maîtrise plus.

Avec une frénésie proche de l'angoisse, comme s'il craignait que je ne me sauve ou ne m'évapore.

Avec une fureur qui allait croissant, des gémissements, des cris, des mots chuchotés et hurlés, des clappements de langue et des bruits de succion, un emportement tel qu'il me poussa à me raidir pour, en effet, lui échapper.

Erwald avait le souffle court, l'air vague et les yeux flous d'un homme sorti d'un délire. Je faillis l'enjoindre de respirer, le rassurer, lui affirmer que rien ne pressait. Nous avions tout notre temps, la fin de nuit, l'aube, le matin.

Je me tus pour effleurer sa joue.

Erwald m'entraîna dans la petite chambre, m'allongea sur le lit, s'abattit entre mes jambes.

 

Djum 4À nouveau son désir était brûlant, avide, goulu, âpre, presque effrayant.

Mon amant collait tout son visage le long de ma fente, l'y frottait et l'y poussait comme afin de l'introduire en moi. M'assaillais, me pénétrais de sa langue, me déchirais de ses doigts, me choquais de son menton. Sa barbe drue contre mes lèvres, ma vulve, mon clitoris, agaçant, râpant, égratignant ma chair tendre.

Je repoussai sa tête.

Il résista.

Je le tirai par les cheveux.

Il céda pour aussitôt se noyer dans mon sexe, le sucer, l'engloutir, s'y noyer en haletant, jurant, grognant, plaintes de fauve dévorant une proie trop longtemps convoitée.

Ses mâchoires claquaient à s'en décrocher, se refermaient dans un bruit sec.

Ses gestes étaient désordonnés, saccadés, fous.

J'aurais pu, je crois, le gifler qu'Erwald n'aurait pas retrouvé ses esprits.

- Tccchttt... soufflai-je.

Je me redressai, serrai les cuisses pour le déloger. Il avait le même regard qu'au salon. Absent et habité, celui d'un homme se relevant à peine d'une transe, dans laquelle je refusais qu'il replonge.

- À mon tour ! dis-je.

Tandis que je me courbais sur lui, je pensais que le poids d'un désir est parfois encombrant.

Trop lourd pour qui le reçoit et trop pesant pour qui l'éprouve.

 


Photos : Joan Colom, Lucien Clergue,

Paul Outerbridge, Claude Fauville. 

Par Chut ! - Publié dans : Classé X
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Samedi 2 juin 6 02 /06 /Juin 15:03

Le début ici. Et la folle musique du texte là.

 

 

Hypocrisie- Une douche ? proposai-je.

Adrien acquiesça, me rejoignit dans la salle de bains et se déshabilla sans autre forme de cérémonie, à la façon des gens qui, en parfaite harmonie avec leur corps, n'ont rien à en cacher.

Ses tatouages surgirent. Ceux dont je me souvenais, d'autres que je n'avais pas remarqués.

Entre ses omoplates, d'une écriture penchée, Actions speak louder than words*.

Sur son flanc gauche, un buisson d'épines abritant une rose à peine éclose.

Je l'attirai sous le jet froid.


Adrien m'embrassa. Baiser sans salive qui picora mes lèvres, pile à la bonne distance d'intimité.

Sensuel mais retenu telles des retrouvailles après une longue absence.

Familier mais pas trop, comme validant le discret recul que mon corps affichait.

Adrien manque peut-être d'éducation, mais pas d'intuition ni de savoir-faire.

Or, le voir chez moi m'était décidément bizarre. D'autant plus qu'en ne s'annonçant pas, il m'avait privée de l'attente fébrile, de la joie de l'imaginer traverser ma terrasse, de l'excitation de le recevoir et de tout temps de préparation.

Temps qu'il me fallait pour me rendre disponible à lui.

 

Alors, au lieu de lui rendre son baiser, je le mordis.

Adrien protesta à peine. Souris.

Ma langue creva la barrière de ses canines. Il l'accueillit en m'enlaçant. Peau de soie, épiderme de velours, suave tissu dont l'érection s'immisça entre mes cuisses, frôla mon aine, buta contre ma chatte.

Je serrai sa nuque à la briser. Décochai à Adrien un regard d'avertissement qui ne reflétait, sans doute, que mon brusque égarement. La montée du désir en flèche abrupte, le besoin d'enfouir sa queue dans mon ventre, d'en sentir les soubresauts me river au sommier.

Et, en surimpression, l'envie de tenir Adrien à ma merci, de lui faire tourbillonner la tête et de lui égarer l'esprit. De défaire sur ma couche cet homme trop sûr de lui, de le sonner, inconscient, pantelant, oublieux des mots qui sourdraient de son délire. Poupée de cire et de son livrée, captive, trempée de bave et de mouille, m'enjoignant de cesser et m'implorant de continuer.

Une exaltation mauvaise me picota le cou.

Le banquet des fauves allait débuter.

Mais pas si vite. La table n'était pas encore dressée.


Je lâchai Adrien pour subitement lui tourner le dos, déployant en une parodie de soumission ma colonne courbée et ma croupe tendue. J'actionnai la pompe d'un flacon pour en recueillir la semence.

- Gel douche au cannabis, Monsieur... Vous allez adorer.

J'étalai la mousse sur son buste, en creusant les méplats, en aplatissant les bosses. Douceur zébrée de brutalité, courbes voluptueuses agonisant en griffures, langoureux frôlements en pincements de tétons.

Si Adrien avait mal, il taisait sa douleur. Sourire aux lèvres il se laissait oindre, et ce sourire m'agaçait pire qu'une chatouille. Il me paraissait - peut-être à tort - narquois, ironique, plus cru qu'une moquerie.

J'y lisais un défi, une invite à effacer, à lui faire ravaler, à lui bourrer entre les dents.

 

Le repas des fauves2Ce sourire avait des mines de contentement de soi, de fatuité d'un homme trop beau qui n'a finalement que sa beauté à offrir.

- Ça ne marche pas comme ça, mon petit... me retins-je de le corriger.

Ce sourire avait aussi des poudroiements de victoire. Comme si Adrien savait qu'en débarquant à l'improviste, je ne pourrais que lui ouvrir ma porte.

Ma porte et mon cul.

Qu'il devinait que dans la demi-heure, je serais nue. Triomphe facile de sa volonté sur ma porosité, de sa chair sur mon corps.


Oh, bien sûr, j'aurais pu chasser Adrien de la villa. Prétexter un rendez-vous pour écourter le nôtre. Me prétendre si vexée qu'il devrait remballer dans la minute et ses formules de politesse et son sac et sa personne.

Mais je ne m'étais fixé aucune ligne de conduite. Ni promis de jouer les hautaines, les offusquées, les à cheval sur les conventions.

Surtout, tel n'était pas mon désir.

La jouissance était là, toute frétillante d'être moissonnée. Elle ne se représenterait ni demain ni la veille.

Pourquoi ne pas l'embrasser à pleine bouche ? Me baigner dans sa force, son torrent, sa pulsion de vie ?

Si Adrien voulait abuser de moi, la réciproque était vraie.

Balle au centre du champ de bataille. Un partout aux agapes des fauves.

Le cul comme terrain de reddition et de tous les combats.

- Viens ! ordonnai-je.

Je hâlai Adrien hors de la cabine de douche, le tirai dans le salon, le poussai dans la chambre, en ajustai les rideaux avec soin.

Nul spectateur n'était requis à notre banquet. Vagabond théâtre de plaisirs s'impatientant avant les trois coups, les ripailles se dérouleraient à guichets fermés.

Parce que la maîtresse de cérémonie en avait ainsi décidé.

 

À genoux sur le carrelage, je suçais Adrien. M'arrêtais et le branlais à petites secousses, tour à tour comprimant et relâchant sa hampe. Humectais majeurs et index pour sculpter son gland de pressions liquides. Le séchais à mon souffle tiède. Titillais son frein, pointais ma langue dans son méat. Tapotais puis frappais sa verge contre mes lèvres. L'enfonçais dans mes fossettes, l'en retirais pour m'en gaver encore. Glissais, indolente, jusqu'à ses couilles, noisettes compressées entre mes paumes, aussi chaudes et pépiantes qu'un duo d'oisillons.

Adrien s'agrippait à ma chevelure dénouée. Lâchait une plainte, un grognement contenu.

Dardés derrière mes mèches éparses, mes yeux le narguaient. Oeillades impudiques mais attentives à le mener juste en-deçà du point de non-retour, celui où Adrien signerait de son sperme la fin de notre débauche.

 

Le banquet des fauves 4- Tu as... une... capote ? bredouilla-t-il.

- Oui, mais pas maintenant.

Patience, mon chéri... Nous n'en sommes qu'aux amuse-gueules.

Et sur son sexe je replongeai pour l'engloutir, le dévorer comme si mon salut en dépendait.

Comme si mon appétit pantagruélique jamais ne s'avouerait repu.

Comme si dans l'univers n'existait plus que ce chibre dressé pour la parade, cette bite rougie qui, limitée par sa propre écorce, le long de mon palais voulait encore s'étendre. M'honorer. Me suffoquer.

Aux pupilles d'Adrien je revenais, m'accrochais pour les braver de mon regard de petite salope.

"Non, de grosse salope au meilleur sens du terme", aurait rectifié Pierrig.

Salope, oui. Si vous voulez.

Et femme. Et maîtresse. Et amante. Et conquérante. Et dominatrice.

 

Sur Adrien je m'abattais. De lui me relevais. Sexe serti au sien, plantes des pieds en bascule sur le sommier, tendons vrillés jusqu'à la rupture.

Entre mes chevilles il gisait droit et contracté, sans se départir de ce sourire qui me courrouçait.

J'encerclai sa gorge. La serrai à l'étrangler. M'inclinai vers son beau visage pour cracher à sa belle bouche :

- J'ai envie de te faire mal...

Ses prunelles vacillèrent. Je chiffonnai ses traits. De la paume et du revers, des ongles et de la pulpe, résistant à l'impulsion de le gifler, réfrénant le sang qui cognait à mes tempes.

Ma vision se brouillait d'ombres et d'éclairs. Images de chattes écartelées, instantanés de bites giclant leur foutre, fulgurances me transperçant les muscles.


Un foulard sur un meuble. Deux tours et un noeud sec contre les paupières d'Adrien.

Celui-ci eut un sursaut de recul.

- Tu ne me fais pas confiance, peut-être ? susurrai-je.

Je faillis ajouter "tu as raison...". Me tus pour ne pas mentir.

Ma proie aveugle se débattait contre mon ventre. Luttait pour me posséder plus profond encore alors que je lui échappais, ôtais la capote pour le reprendre dans ma bouche.

- Aaaah... Pitié... Je n'en peux plus !

- Mais si ! le grondai-je.

Son entrejambe était moite, son gland brûlant.

C'est une torture ! Une torture !!

- En effet. Une inhumaine, une magnifique, une terrible torture...

Adrien réprima un sanglot. Balbutia que tout son être avait coulé là, au creux de son pieu palpitant, rehaussé de veines si gonflées qu'elles semblaient éclater leur enveloppe. Que jamais encore il ne l'avait senti si excité, réactif, irrité, hésitant entre la douleur et l'orgasme.

Les signaux s'étaient brouillés, les stimuli confondus. Dans ce chaos impossible de déterminer qui était quoi, d'assigner une place à ces contraires fusionnés.

Entre la souffrance et la jouissance, le minuscule intervalle d'un de mes cheveux blonds.


Le banquet des fauves3- L'orgasme, dis-tu, Adrien ? Pas encore.

- Mais...

- Chut !

Ma paume se faufila sur son périnée. L'enflamma à rapides poussées, arquant son échine, électrisant ses fesses.

- Ne jouis pas, ne jouis pas ! ordonnai-je.

Doutant soudain qu'il m'obéisse, je le repoussai. Le calmai telle une monture emballée, le berçant de mots apaisants.

- Tsss... Là... Doucement...


La respiration d'Adrien se fit plus tranquille. Satisfaite, je rampai sur lui pour m'empaler dans un cri.

Et je jouis deux fois.

À en faire trembler les murs.

À en alerter tous les voisins. Si fort qu'Adrien dut me bâillonner et que, rétive, je m'ébrouai pour le chasser.

Quand vint son tour, il cria. Longtemps.

Et quand il se releva, manqua de s'évanouir.

 

Rideau noir sur le festin des fauves.

 

 

La suite ici. 

 

*Actions speak louder than words : les actions parlent plus forts que les mots.

 

Pin-up de Gil Elvgren.

Photos : Arthur Tress, Will Santillo, Hosoe.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : les blogs persos
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Samedi 7 janvier 6 07 /01 /Jan 16:22

MilesMiles aimait autant le jazz que le latex sur la peau des femmes.

Miles aimait davantage le champagne que le vin. Mais un champagne spécial, cuvée unique millésimée aux flancs de celle qui la distille en elle.

Cette boisson était sa griserie à lui, un plaisir d'autant plus enivrant que ses amantes le lui refusaient souvent. Certaines le décrétaient bizarre, pervers, soudain infréquentable. Il s'en désolait sans pouvoir changer leur opinion.

Quand le manque se faisait trop criant, Miles empruntait le raccourci de l'argent. Payait une professionnelle qui, elle, ne le jugerait pas.

Comparé à d'autres, son fantasme était d'ailleurs bien inoffensif.


Miles m'avait conviée à une soirée privée. Fétichiste, SM, bondage... Tous les désirs interlopes y auraient droit de cité. Joyeuse débauche de libertins, Maîtres(ses) et esclaves en cuir, latex, vinyle. Encapuchonnés, cagoulés, nus, héros de scènes lascives brillant tels des joyaux dans la pénombre.

Une nuit de stupre accrochée aux entrailles de Paris.

Un goût de nostalgie sur ma langue.

Depuis huit mois, j'avais rompu avec les soirées du bon vieux temps. Ni la tête ni le coeur à ça, d'autant que dans ma vie avait surgi Andrea d'ébène. Un homme qui, bien qu'ouvert d'esprit, jamais ne comprendrait ce monde à la lisière, cette parenthèse de liberté ouverte au soir pour se refermer à l'aube.

Un amant qui, bien qu'ouvert à d'autres jeux, gardait trop de prévention contre ceux qui mêlaient douleur et jouissance.

Un amoureux qui, bien qu'en couple, me voulait pour lui seul. Moi sa chasse gardée, son territoire d'exclusivité.


À sa façon, cette "party privée" était une rivale qu'il toisait d'un oeil mauvais. Jaloux et inquiet, mais impuissant à s'y opposer, puisqu'en contrepartie il n'avait rien à offrir. Rien à exiger non plus. De toute façon, il se doutait que mieux valait ne rien m'interdire.

Lassée de notre histoire sans issue, je n'étais, de mon côté, pas mécontente de prendre la clef des champs. De faire l'école buissonnière à la faveur d'une invitation tombée par hasard, par jeu ou par curiosité.

Miles ne m'avait en effet jamais vue. De moi il ne connaissait pas grand-chose, mais ce peu lui suffisait.

Forte de mon anonymat, j'avais parié qu'il ne me distinguerait pas parmi la foule des invités. Lui avait parié l'inverse. Ne nous manquait que le gage, qui fut facile à trouver. Si Miles me reconnaissait - mais peut-on reconnaître une inconnue ? -, je lui prodiguerais et le flacon et l'ivresse.

Marché conclu.


Etrange jalousie 3Dans le taxi qui cinglait vers le Marais, je riais toute seule. Si mes cuissardes et mon fouet étaient sagement rangés dans un sac, ma robe en vinyle m'épousait au plus juste. Cachée par un long manteau, elle ne laissait toutefois rien deviner de son indécence.

J'imaginais la tête du chauffeur si, d'un souple mouvement d'épaules, je me dénudais. 

 

Je savais le pouvoir de transformation de ma tenue. La surprise, le désir qu'elles versaient dans les pupilles des hommes - et même des femmes.

Plus tôt, fin prête, j'étais sortie de ma chambre devant mon amie Ether. Celle-ci s'était immobilisée. M'avait fixée stupéfaite, une onde de chaleur traversant ses beaux yeux bruns.

Très court vêtue et très haut bottée, j'étais, plus que femme, créature. De Lilith ou des ténèbres, un moi plastique composé de morceaux juxtaposés. Nulle place pour la tristesse dans cette seconde peau brillante et corsetée. Juste l'éclat d'une femme désirée signant une trêve dédiée au(x) jeu(x).

 

Le taxi s'enfonça dans une ruelle. S'arrêta devant la seule boutique éclairée. J'étais arrivée.

Certaine que Miles se trouvait déjà à l'intérieur, je poussai la porte.

À peine avais-je franchi le seuil qu'une voix cria mon prénom.

Plus tard, Miles me dirait ne pas avoir hésité une seconde. Cette femme qui entrait ne pouvait être que moi. Pourquoi ? Il n'en savait rien. C'était peut-être ma démarche, ma robe, l'expression de mon visage. Ceci ou tout cela à la fois.

Je m'inclinai. Il avait remporté son pari, et haut la main.

Nous bûmes du champagne. Du vin. Des cocktails. Au fil de notre conversation, la pression dans mon ventre augmentait. Lorsqu'elle fut insoutenable, je cessai soudain de parler. Me levai. Enfourchai Miles renversé sur les coussins. Et, penchée sur lui, talons au sol et jambes tendues, lui restituai dans un long flot une alchimie dorée.

 

Que, ce soir-là, j'aie aussi fait l'amour avec une femme ne gêna pas Andrea. C'est de cette intimité avec Miles, fugace, muette et sans réel contact physique, qu'il fut jaloux.

 

 

1re photo : Helmut Newton.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X
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Vendredi 24 septembre 5 24 /09 /Sep 20:31

Promesses d'aubeUne bière à la main, Gabriel se cale dans son fauteuil. Le rectangle vierge de la page d’accueil de Google attend ses ordres.

Il hésite.

 Fugitive vision traversant sa conscience, sa secrétaire Kim apparaît, sanglée dans son tailleur. Sans réfléchir, il tape le mot d-o-m-i-n-a-t-i-o-n. En réponse, un article dans une encyclopédie en ligne, des liens vers des forums, des écrits théoriques.

Rien de bien excitant.

 

En milieu de page, un mot éveille son attention : « maîtresses ». Le terme le hérisse. Il fait salle de classe, banc dur et vieux buvard.

« Et puis quoi encore ? , se rebelle-t-il. Je ne suis ni un gamin, ni un chien qui rentre à la niche ! »

Maîtresses… Le mot l’attire, néanmoins. Il évoque les règles, les contraintes, les punitions. L’ordre face au chaos. Ce avec quoi on ne transige pas.

« Pourquoi pas, après tout ? Voir de quoi il retourne ne coûte rien… »

Gabriel active le lien, tombe à sa grande surprise sur un annuaire. Des identités de dominatrices défilent en un vertigineux catalogue d’obligations à remplir, de sévices à venir, d’humiliations à subir.

Certains noms, originaux, se veulent lourds de promesses : Messaline, Phryné, Von Bathory.

D’autres, banals, se résument à un prénom sans rien d’évocateur : Sylvie, Elsa, Judith.

Gabriel s’esclaffe devant un « Maîtresse Chantal » incongru. La tante qu’il déteste surgit en charentaises, le cul lourd, le crâne hérissé de bigoudis.

 

Une Maîtresse Grisélidis attire son attention. Grisélidis… Cela coule en bouche comme du sang et du miel. La mention « photos exclusives ! », clignotant telle une enseigne de bordel, achève de le convaincre.

Il clique sur le lien.

Une écriture pointue agresse son regard.

« Avertissement : pour accéder à ce site, vous devez être majeur dans votre pays de résidence. »

Il sourit avant de soupirer dix lignes plus loin. Non, bien sûr qu’il ne dévoilera pas l’existence de ce site aux mineurs, qu’il n’utilise pas l’ordinateur d’une société, qu’il entre dans un espace strictement réservé aux adultes avertis…

Allez, assez de prêchi-prêcha. Grisélidis est à portée de clavier.

 La touche « Entrée » le précipite dans un boudoir fin de siècle, tendu de pourpre et surchargé de tableaux. Un miroir à dorures reflète une femme grassouillette, rencognée dans un fauteuil qui peine à contenir ses formes. De partout, elle s’étale, se répand, dégouline.

Ses cuissardes trop étroites cisaillent sa peau en y imprimant une vilaine traînée rouge. Son porte-jarretelles trop serré étrangle son ventre rebondi. Son énorme poitrine déborde d’un soutien-gorge lamé, trop petit de deux bonnets. Ses épaules et ses bras dodus, ornés de gaze vaporeuse, évoquent les jambons suspendus aux étals des boucheries.

Gabriel grimace : loin d’être la sublime créature espérée, Grisélidis ressemble à une papillote accouplée à un sapin de Noël.

 

Promesse d'aube 2Dépité, il retourne à l’annuaire. Songe à éteindre l’ordinateur pour rejoindre son lit. Ridicule d’être encore planté là, alors que demain, une rude journée l’attend. Idiot de se comporter en obsédé, alors que du sexe, il peut en avoir à la maison en s’y prenant bien. S’il avait deux grains de jugeote, il rappellerait sa femme, l’écouterait dévider l’écheveau de ses soucis, l’embrasserait tendrement, l’assurerait que les soirées sans elle perdent de leur saveur.

- Rentre vite, je suis impatient de te voir !


Il exagèrerait, et après ? Alice ne souffrirait que de la vérité, pas de ce mensonge auquel elle adhère comme à une évidence. Et lui, bon époux, se garderait de la détromper.

De toute façon, tous les maris trichent tôt ou tard avec leur femme, et toutes les femmes mentent un jour ou l’autre à leur mari. La transparence absolue, Gabriel n’y a jamais cru. Posséder l’autre jusqu’à la moelle, jusqu’au tréfonds, la belle erreur ! Personne, jamais, ne livre tous ses secrets.

L’imbrication des sexes, la fusion des corps, ça, oui, c’est la vérité. Aveuglante et fugace comme toutes les évidences.

 

En bas de page, un insert braille de toutes ses majuscules : nouvelles Dominas sur Paris !

Clic. Une certaine Alba figure en pole position.

Alba, aube… La sonorité plaît à Gabriel. Elle a des réminiscences de matins au début du monde, d’étendues désertes et de soleil dans l’eau froide.

Il effleure le prénom qui l’emmène à sa rencontre.

Avec la lenteur des rêves, Alba surgit d’une brume de pixels, simple silhouette cambrée sans visage. Un corps menu, bien proportionné. Un buste arqué pris dans un corset. Sous l’effet conjugué des liens, des attaches et des baleines, sa taille fine s'amenuise encore, ses hanches s'épanouissent. Gainée de cuir, sa colonne vertébrale s'allonge, son cou se tend et prend la pose. Hiératique, il s’orne d’une discrète chaîne en argent. Y pendent, accrochés tels des trophées, un cadenas et une clef sertis de diamants.

 

Gabriel avale une longue lampée de bière. Encore, il en veut encore. Dans les menus proposés, il choisit la galerie photos.

En plein écran, Alba à nouveau. Princesse guerrière sanglée de vinyle, le visage dissimulé derrière sa chevelure châtain tombant sur ses épaules nues. La bretelle de sa robe coupe sa peau pâle d’un trait sombre. De longs gants gainent ses bras. Rouge cocotte, plissés sur le devant et ajustés à l’arrière, ils mettent en valeur l’os à peine saillant du coude et la finesse des poignets.

Son annulaire droit est rehaussé d'une grosse bague. Or sur satin, chic absolu. Et, sur les cuisses refermées, l’essence même de la féminité : la lisière de ses bas, complexe ouvrage de dentelles entrelacées de perles multicolores.

 

Promesses d'aube 3Mais quel visage a donc cette femme ?

Il veut le voir. Tout de suite.

Le cœur battant, il fait défiler les photos de la galerie.

Alba de dos, à même le plancher. Alba lovée sur un canapé en cuir, les lanières d’un martinet ondulant sur sa chute de reins. Alba brandissant une cravache. Alba et ses mains graciles sur l’épais manche d’un fouet, ses pieds cambrés dans des escarpins surélevés, ses fesses moulées dans une gaine de laquelle émerge, triomphant, un faux phallus en érection.


Alba assise, tournée, de profil, de trois quarts…

Alba et ses boucles en cascades, Alba et sa cagoule surmontée d’oreilles de chat…

Mais quel visage a donc cette femme ?

 

Gabriel se surprend à murmurer son prénom.

- Alba…

Talisman invoqué pour la faire jaillir du néant virtuel, l’enjoindre à se montrer, se dévoiler à lui pressé de la découvrir.

Mais Alba, sourde son appel, se dérobe.

 


 Les prénoms ont été choisis au hasard. Toute coïncidence avec des personnes existant réellement serait fortuite.

Photos, respectivement : Aaron Joseph Friedlander,

Ellen Von Unwerth, Germaine Krull.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X
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Samedi 11 septembre 6 11 /09 /Sep 21:28

 

Sous ses mainsRéveil brumeux, mal au gland, mal au crâne. Douche, petit-déjeuner, aspirine.

Vite.

Pas le temps de s'attarder sur les sensations de la veille, sur son orgasme fabuleux. Gabriel est en retard pour ses consultations. Il file.

Le flux et le reflux des giboulées de mars contre les vitres de la voiture répondent en écho à ses pensées. Pluie, éclaircie, grêle… de quoi affoler l’aiguille de ses sensations. Mais pas question de les laisser prendre le dessus. Du moins pour l’instant. Il déboîte, accélère.

 

Alors qu’il franchit la porte de son cabinet, les images se télescopent dans un carambolage assourdissant. Kim, sa jeune secrétaire d’origine chinoise, pianote comme d’habitude sur son ordinateur. Son visage absent lui évoque aussitôt celui, fermé, de l’Asiatique.

La porte d’entrée claque violemment dans son dos. Il s’arrête net. Kim aussi. Surprise, elle relève le menton et esquisse un sourire.

Les lèvres de Gabriel se retroussent en retour, mais ses yeux ne parviennent pas à donner le change. Ils l’observent, surimposant au visage disgracieux de la secrétaire les traits dédaigneux de la belle de nuit.

- Bonjour, docteur ! Comment allez-vous ?

- Pas mal, merci, grommelle-t-il. Apportez-moi le carnet de rendez-vous, s’il vous plaît.

Kim arbore l’expression déçue des gens coupés dans leur élan alors qu’ils désiraient bavarder. Gabriel passe outre pour se ruer dans son bureau. Il se sert un grand verre d’eau, n’en boit que la moitié, desserre sa cravate. Avant le premier patient, il dispose de cinq minutes pour se remettre les idées d’aplomb.

Sûrement pas cinq minutes de trop.

 

Le toc-toc énergique de Kim le fait sursauter.

- Entrez !

Elle s’approche d’un pas léger. Gabriel feint de s’absorber dans une pile de dossiers, guettant par en dessous le bout arrondi des ballerines, l’ourlet du tailleur, le va-et-vient des collants fumés. Tandis qu’elle pose le carnet sur la table, l’encolure de son chemisier bâille, dévoilant la naissance timide des seins. Il s’imagine avancer la main vers l’étoffe, la tirer brutalement. Les boutons de nacre sautent un à un. La soie malmenée cède dans un crissement, révèle les bretelles du soutien-gorge, les épaules nues parsemées de grains de beauté, le renflement contraint de la poitrine.

Kim ne se débat pas. Ne l’encourage pas non plus. Son regard placide rivé au sien, elle attend la suite.

Cette absence de réaction, loin de l’agacer, l’excite. Il se lève, passe de l’autre côté du bureau. Elle ne tourne même pas la tête. Il se poste derrière elle en silence, à l’affût d’un signe d’impatience ou de peur.

En vain. La secrétaire s’est changée en statue de sel. Brusquement, il la bascule contre la table. Elle tombe le nez dans les dossiers, sans un cri, fesses à l’aplomb de l’échine. Il agrippe le bas de sa jupe, la remonte sur les hanches. Le gousset opaque du collant masque sa culotte. Il y plaque la main. Une chaleur moite enveloppe sa paume, mais elle n’écarte pas les jambes.


sous ses mains 2Gabriel se love contre son corps plié, repousse ses cheveux, glisse ses lèvres contre son oreille pour lui assener :

 - Tu n’attends que ça, espèce de garce ! Écarte les cuisses !

Kim est comme sourde. Gabriel, satisfait, se redresse. Ses doigts se fraient un chemin le long du gousset. À travers le nylon, à travers le coton, il sent les lèvres charnues du sexe. Les caresser le lasse vite. Il préfère les pincer, les tirer de plus en plus fort, sentir les poils raides crisser sous ses phalanges.

 

L’employée ne bouge toujours pas. Encouragé par son immobilité, Gabriel l’insulte avec des mots atroces, qu’il n’a jamais dits à aucune femme :

- Salope ! Putain ! Vide-couilles ! Sac à foutre !

Il saisit le collant au niveau de la fesse, le décolle de la chair. Une déchirure se creuse sous son index. Il l’engouffre dans la crevasse qui s’agrandit, s’étend au majeur, au pouce.

Le trou devient gouffre. Gabriel tire encore, violemment. Le nylon se déchire de la taille aux chevilles.

La croupe plate de Kim luit sous la lumière crue de la lampe. Il empoigne sa culotte. La secrétaire se redresse d’un brusque coup de rein. Le verre d’eau se renverse sur la table. Les dossiers tombent avec fracas.

Gabriel, pris de court, se fige.

 

Kim pivote au ralenti. Rajuste son chemiser sur sa poitrine, sa jupe sur ses cuisses. Son visage n’a soudain plus rien de disgracieux. Il est beau. Beau et furieux.

- Qui t’a permis ?, lui crache-t-elle en pleine face.

- Je… ne… sais… balbutie Gabriel, mortifié.

- Excuse-toi. Immédiatement.

- Par… don…

- Je n’ai rien entendu. Recommence.

- Pardon, lâche-t-il dans un souffle. Je… ne voulais pas.

- Menteur, sale menteur !

La secrétaire le gifle à toute volée. Gabriel, incrédule, effleure sa joue meurtrie. Une traînée rosâtre s’étend au creux de sa paume.

- Ici, petit chien !

Elle lui désigne sa place d’un geste impérieux. Il se recule. Elle s’avance. Se dresse sur la pointe des ballerines pour le toiser. Ses yeux lui arrive à peine à l’épaule, mais leur mépris glacé est pire qu’un soufflet.

Vaincu, il baisse les yeux.


- Tourne-toi !

Gabriel obéit avec appréhension.

Dans le calme soudain oppressant de la pièce, le voici tout contre le bureau, droit comme un I. Ses mains, deux intruses accrochées à ses poignets. Qu’en faire ? Les serrer, les croiser, les laisser pendre ? Pas le temps de trancher. Kim, l’agrippant par la veste, l’oblige à se courber. Son buste est maintenant collé à la table, mais la secrétaire continue à appuyer sur ses omoplates. La boucle de sa ceinture lui compresse le ventre. Le stylo glissé dans sa poche intérieure lui érafle les côtes. De sa gorge compressée sort un gargouillis plaintif. Loin d’arrêter, Kim accentue encore sa pression. La boucle lui entre dans l’estomac. La pointe du stylo se fiche dans sa chair. Il se mord les lèvres pour ne pas crier.

- Tu aimes ça, hein ?

- N… non.

- Menteur ! On parie ?

Elle faufile une main sur sa braguette. Il bande.

Elle a un gloussement hautain.

- Fini de jouer. Passons aux choses sérieuses.

Elle se penche pour attraper la règle tombée à ses pieds, referme le carnet de rendez-vous d’un coup sec. Un coup qui en laisse présager d’autres.

 

Sous ses mains 4 - Vous vous sentez bien, docteur ?

- Euh… Oui, merci, Kim, bégaye-t-il, le front brûlant.

- Vous n’avez pas besoin du carnet de rendez-vous ?

- Si, si… Bien sûr.

Il l’ouvre à la page du jour en tremblant. Croise le regard préoccupé de sa secrétaire. Rougit.

- Vous avez l’air fiévreux… Je vais ouvrir la fenêtre, on respire mal ici. Ensuite, je vous préparerai un café.


Il acquiesce avec précipitation. Elle lui dirait qu’elle part se jeter aux lions qu’il l’encouragerait à s’y rendre en courant. Honteux du fantasme jailli de son cerveau, honteux de lui-même, il veut la voir débarrasser les lieux au galop. Et d’autant plus vite que son obligeance inquiète sature l’air, bourdonnant à ses oreilles comme un mouche importune. Une mouche qu’il rêverait d’écrabouiller pour qu’elle se taise enfin.

Arrivée à la porte, Kim exécute une volte-face dansante.


- Ah, au fait, docteur…

Il lève un sourcil contrarié.

- Mmmh ?

- Monsieur Leca patiente depuis un  moment dans la salle d’attente. Je l’introduis ?

Gabriel manque d’éclater de rire. Introduire… Il n’y a que sa secrétaire pour employer ce verbe de façon si ingénue. Quoique… Que sait-il d’elle, au juste ? Pas grand-chose, hormis qu’elle est d’une ponctualité d’horloge suisse, qu’elle travaille bien et dur, qu’elle lui prépare le café comme il aime le boire.

Mais après ? Après, rien. Vit-elle seule ou en couple, près de sa famille ou à des milliers de kilomètres ? A-t-elle une sœur, un frère, des enfants ? Probablement non, elle n’en parle jamais. Où habite-t-elle ? À une porte de Paris, de l’autre côté du périph’, lui semble-t-il. À moins que ce ne soit au pied du cabinet, dans l’immeuble voisin.

La vérité est que jamais il ne s’est intéressé à elle. Un meuble, un objet à égalité avec son stéthoscope, qu’il sort de son tiroir et range après usage, voilà ce qu’elle est. Alors, pourquoi sa naïveté ne cacherait-elle pas un double jeu pervers, ses paroles innocentes un message codé ? Incompréhensible pour les autres, mais transparent pour lui, l’initié. Et ce fil ténu qu’elle tend entre eux, il peut le saisir ou le laisser filer…

Gabriel se frotte les tempes.

« Là, je délire. »

- Alors, je l’introduis, docteur ? insiste Kim d’un ton flûté.

- C’est ça, introduisez-le.

Elle incline la tête et sort pour de bon, cette fois.

Ouf.

 

2e  et 3e photos : Frédéric Fontenoy, Helmut Newton.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X
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Samedi 11 septembre 6 11 /09 /Sep 19:34

(Attention, texte très explicite)


 

SoumisGabriel sort un plat cuisiné du frigo. Délicate attention de sa femme, qui sait que ses compétences culinaires s’arrêtent aux œufs au plat carbonisés. Il prend une assiette, un verre, des couverts, les dispose sur la table du salon. Les regarde. Se ravise.

Pourquoi s’embêter avec la corvée de vaisselle ? Puisqu’Alice n’est pas là, il peut se laisser pendre la bride sur le cou, rompre avec le protocole un peu guindé de leurs dîners.

Pour une fois, pour deux jours, ne plus rien préparer, ne plus rien prévoir, ne plus mettre les petits plats dans les grands. Aux orties, les cuillères en argent ouvragé, aux chiottes, le service en porcelaine de mémé.

 

Ce soir, Gabriel veut manger avec les doigts, parce que ça lui chante. Enlever ses chaussures, dénouer sa cravate, se débarrasser de son costume. Enfiler un caleçon trop large pour s’aérer les couilles, en voilà une bonne idée. Ou ne pas mettre de caleçon du tout, en voilà une meilleure.

Et quitte à glisser sur la pente de la révolte, autant reprendre à Alice l’espace qu’il lui cède au quotidien, déranger ses livres, pousser ses dossiers, investir son bureau, réquisitionner son ordinateur ; enlever ses produits de la salle de bains, décrocher sa nuisette en coton, la fourrer dans le panier à linge sale, renifler ses collants, lécher ses petites culottes.

Oui, ce soir, Gabriel est décidé à profiter d’une des rares choses qui ne s’use pas à mesure que l’on s’en sert : sa liberté.

 

Vautré sur le tapis, la télé réglée à plein volume, il engloutit le gratin à même la barquette. La repose rassasié sur le plancher en chêne massif, sans se soucier des traces de graisse. Enfin un peu de travail pour Lucia, leur femme de ménage… Ça la changera.

Il zappe d’une chaîne à l’autre. Devant ses yeux coule un flot ininterrompu de publicités, d’images bariolées, de répliques sans suite. Il s’arrête sur une émission plus idiote que les autres. Sur un plateau en forme de navet géant, un présentateur cuisine une brochette de stars sur le retour. Ses blagues éculées, saluées par les hurlements du public, leur arrachent de pauvres sourires. On dirait que, victimes de ce guet-apens audiovisuel, elles s’excusent d’être là, forcées d’acquiescer au tir d’imbécillités qui les bombarde. Gabriel, lui, rit à gorge déployée en imaginant la moue de sa femme. Elle ne goûterait ni ces grasses plaisanteries ni cette humiliation publique, c’est certain.

 

Il tend la main pour éteindre la télé, mais suspend son geste. Une invitée traverse le plateau à pas menus. Starlette en perte de vitesse, chanteuse en disette de tubes, actrice en manque de séries B ? Aucune idée, il ne l’a jamais vue. Mieux, il s’en fout. C’est à ses vêtements qu’il s’intéresse, ou plutôt à sa minijupe noire qui réverbère l’éclat des spots.

Sans crier gare, des sensations d’enfance resurgissent.

La matière de ses bottes d’enfant, d’abord. Le contact chaud, vivant du plastique quand il tirait dessus pour les enfiler ; leur caresse sensuelle contre ses mollets nus ; leur chuintement lorsqu’en marchant, elles frottaient l’une contre l’autre.

La cape de pluie que portait Marion, la petite voisine qu’il adorait en secret. Une fois, une seule, il avait osé en effleurer la capuche. La fillette ne s’était aperçue de rien, mais Gabriel avait rétracté ses doigts, comme brûlé.

 

Soumis 2Cette brûlure l’avait poursuivi des mois entiers. Il y pensait le jour, s’étonnant de ressentir une chaleur au bas-ventre. Il y repensait le soir, recroquevillé sous la couette. Il en rêvait la nuit pour se réveiller en sursaut, le pyjama mouillé.

Après Marion était venue Margaux, puis Cécile, puis Sophie, puis d’autres, puis Alice. Mais jamais Gabriel n’avait oublié cette sensation-là. C’était son intensité perdue qu’il recherchait en se frottant à leur corps, en empoignant leurs cheveux, en mordillant leur peau. Douce, soyeuse, satinée, parfumée, leur chair emplissait sa bouche, mais laissait sur sa langue un arrière-goût amer.

Aucune, jamais, n’avait eu la saveur fulgurante de cet instant volé, de cette matière brillante dont la couleur sombre illumine ses souvenirs.

 

- Chers spectateurs, applaudissez !

Sur le plateau, le tapage continue. Gabriel ne l’entend plus, il contemple la femme, ses chevilles enserrées par la bride des escarpins, ses cuisses blanches coupées en biais par le bord de la jupe. Le présentateur lui désigne une chaise haute. Trop petite, elle est obligée de se hausser sur la pointe des pieds pour s’y asseoir. Les muscles de ses mollets saillent sous la peau. Sa jambe droite s’écarte pour se poser sur le cuir de la chaise. Gabriel, fasciné, voit apparaître le renflement du sexe moulé par la culotte.

Brusquement, une matrone brandissant un baril de lessive s’encadre sur l’écran. Gabriel, ahuri, se frotte les yeux. Que s’est-il passé ? Il saisit la télécommande, enfonce tous les boutons, revient à la chaîne de l’émission.

- Vous souffrez de troubles de l’érection ? Parlez-en à votre médecin ! l’enjoint une voix féminine.

- Va te faire foutre ! rugit Gabriel en écho.

Un homme entre deux âges le regarde d’un air attristé.

- Avant, j’étais moche. Ma vie était un enfer…

Gabriel assène un coup de poing sur la télé.

- Vos gueules ! Bande de cons !

Mais le défilé des publicités se moque bien de ses insultes. Sur une musique enjouée, un gamin en couche-culotte prend la place du vieil homme, puis un berger allemand celle du gamin.

C’en est trop. Ivre de rage, Gabriel lance la télécommande contre le mur. Le berger allemand, fauché en plein bond, se désagrège à mesure que le noir envahit l’écran.

- Merde !

Il se rue dans le bureau d’Alice, allume l’ordinateur. Son cerveau surchauffé réclame des images, beaucoup d’images.

Fébrilement, il tape « jupe+cul » dans Google.

 

Une heure est passée.

Affalé sur sa chaise, une canette de bière à la main, Gabriel grille cigarette sur cigarette. La tête lui tourne. Ses yeux le brûlent. Son poignet droit le gêne. Ses testicules le picotent. Son gland rougi se flétrit entre ses cuisses. Il n’en a cure. Il lui faut davantage de nichons refaits, de croupes tendues, de vulves offertes.

Un doigt sur les lèvres en signe de silence, une blonde plantureuse ouvre les cuisses. Sans l’ornement de la toison, son sexe rappelle à la fois un pubis de jeune adolescente et un croupion de poulet.

Très peu pour lui.

Il clique sur le pop-up qui surgit derrière son épaule. Une métisse lui sourit en gros plan. Les doigts luisants de mouille, elle s’enfonce un godemiché dans le vagin. L’instrument, fiché à mi-longueur, sort en oblique de sa chatte aux poils courts et frisés. Virgules sombres sur son entrejambe, que Gabriel agacerait bien de la langue, avant de remonter au creux du nombril et aux tétons, pépites de chocolat sur les seins caramel.

 

Soumis 3Sa verge reprend de la vigueur. Se durcit encore tandis qu’une belle rousse succède à la métisse. Renversée sur le dos, elle écarte pour lui ses jambes résillées de vermeil.

L’intérieur de sa chatte, couleur coquillage, tranche sur celle des ongles laqués de rouge. Le clitoris aussi gros qu’une une fève titille sa gourmandise. Mais c’est son anus qui éveille son appétit : marron clair, dilaté, il est serti d’un plug d’une taille à couper le souffle.

En pensée, Gabriel y introduit un doigt, puis deux, les retire avec lenteur, renifle et savoure l’odeur de son intimité volée.

Un plaisir qu’Alice ne lui autoriserait jamais.

 

À droite de l’écran, une fenêtre clignotante attire son attention. Gabriel s’arrache à la contemplation du petit trou de la rousse pour reluquer une jeune Asiatique. Accroupie sur une bite dressée, elle courbe l’échine dans un gracieux mouvement de tête. Le rideau de sa chevelure de jais masque sa poitrine menue, tout en dévoilant l’oblique de son regard : des yeux en amandes parfaites, énigmatiques, insondables. Son visage lunaire, plus fermé qu’un poing, ne révèle rien de son plaisir.

Gabriel sourit. Cet abandon mâtiné d’indifférence le touche. Non, il l’excite. Même empalée jusqu’à la garde, cette femme frêle a la fierté d’une Amazone. Prisonnier de ses cuisses, son partenaire n’est plus le mâle triomphant, fier de sa virilité, mais un jouet dont elle use à sa guise.

- Remplis-moi plus loin, plus fort, plus profond, mais ne t’avise pas de jouir sans me le demander. Sinon, je te jette.

 

Tout à coup, l’Asiatique disparaît dans un évanouissement de pixels, laissant Gabriel déconfit. Une beurette prise par un mec en rut, un ravissement feint collé sur le visage, la remplace. Frustré, il ferme la fenêtre. La brune potelée qui attendait son tour entre alors en scène. À genoux devant un camionneur, elle le branle en lui léchant les testicules. Au moment où il va éjaculer sur son visage, elle le prend en bouche. Le sperme déborde de ses lèvres entrouvertes, dégouline sur son menton. En extase, elle le suce de plus belle en se tortillant.

Un Black entre dans le champ de la caméra, juste derrière elle. Grand, bâti en athlète, il pousse son énorme sexe en direction de son cul. Elle a un mouvement de recul, qu’il brise d’une claque avant de repartir à l’assaut. Elle se dérobe dans une plainte. Contrarié, il l’attrape par les poignets, les ramène de force dans son dos, les maintient d’une main de fer. Le camionneur, excité de la voir à leur merci, l’empoigne par les cheveux. Il lui enfonce sa bite encore molle au fond de la gorge.

 

Le Black la pénètre d’un grand coup de rein. Mus par le même élan, ses doigts prennent brutalement possession de son vagin. La fille lâche un long râle de douleur et de plaisir. Gabriel, lui, peine à se retenir. Mais dans la scène qui se déroule sous ses yeux, il n’est ni le Black ni le camionneur. Il est la femme soumise et baisée par tous les orifices. Ouvert à l’arrière, défloré par un chibre bien plus gros que le sien ; ouvert à l’avant, forcé de pomper un dard qui bute contre ses amygdales, le contraignant à ouvrir plus grand les mâchoires, à réfréner son envie de vomir. Alors qu’il se caresse, le trio fornique sans retenue.

Il jouit en même temps que la femme.

 

 

Photos : André Kertesz, Jeanloup Sieff, David Sims.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X
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