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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
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L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Jeudi 4 avril 4 04 /04 /Avr 18:53

What for 1Les larmes de Bertille se mélangent à l'eau salée. Mon amie s'essuie les yeux en vain. La vague qui déferle sur nous la gifle pour mieux retremper ses paupières.

Je lui tendrais bien un mouchoir, mais que faire d'un mouchoir en plongée ?

Évidemment que je n'en ai pas.

Bertille et moi dérivons dans le courant. Orange délavé, nos marqueurs de surface* s'entrechoquent en crevant à grand peine la masse liquide.

De près comme de loin, on jurerait deux verges à l'érection chancelante.


À l'horizon notre bateau à balanciers n'est qu'un point. Dès la mise à l'eau le courant nous a empoignées et, par 25 mètres de fond, emportées de plus en plus bas.

30 mètres, 31, 32, 33...

Nous luttions pour remonter tandis que le fond sableux s'éloignait à toute allure. Bientôt nous le perdrions tout à fait de vue.

J'ai proposé à Bertille de palmer vers la côte.

Elle a refusé et pointé son pouce vers la surface.

En réponse mes doigts ont dessiné un rond. Le OK des plongeurs.

20 minutes, la plongée la plus courte de notre amitié.

Et nous voilà le ventre douloureux, la poitrine bloquée, la gorge serrée.

Bouche grande ouverte vers le ciel, Bertille hurle.

Je hurle en écho.

Minuscules silhouettes filant dans le bleu sous l'implacable soleil, nous hurlons.

De rire.

 

En attendant que le bateau vienne nous chercher, j'ai parlé à Bertille de Pio. Pio, l'apnéiste dont elle avait remarqué l'arrivée au dive shop.

Vrai qu'il est difficile de ne pas remarquer Pio, ses épais cheveux bruns encadrant son visage de médaille, ses lèvres charnues et sa peau bronzée, ses épaules puissantes et ses fesses musclées.

Où qu'il aille, Pio attire l'attention des femmes.

Dès le premier regard Pio m'a plu.

Dès le premier regard je l'ai voulu sans trop y croire.

J'avais tort puisque la nuit nous trouva dans le même lit. La nuit d'après aussi, entrelardée de deux longues journées.

Deux journées à m'imprégner de Pio, à le regarder jusqu'à plus soif, à le désirer jusqu'à plus faim, à cheminer sur ses muscles et à dessiner son profil.

Au troisième jour son visage m'était presque aussi familier que le mien.

 

What forPio pourrait avoir l'assurance facile des hommes presque trop beaux.

Heureusement il n'en est rien.

Sinon je ne l'aurais plus désiré du tout.

Agaçants, ces hommes-Narcisse en pâmoison devant leur propre reflet.

Irritants, ces bellâtres contemplant les femmes les contempler.

Loin de tirer avantage de ses atouts, Pio est réservé, mesuré, timide, secret. Et Pio a parfois de drôles de réactions. Inattendues. Étonnantes. Déconcertantes.

Candides, même. De celles qui vous font lever les yeux et tomber les bras.

C'est pile pour cette raison que Bertille rit à s'en étrangler, à s'en étouffer, à s'en péter la glotte et le gilet. Et que moi, emportée par ses irrésistibles hoquets, je me comprime les côtes à les briser.


La dernière nuit Pio était en moi lorsque je dis :

- J'ai envie que tu m'encules.

Pio n'a plus bougé.

Pio n'a pas dit "oh yes", ni "no way". Ni "j'adore", ni "je déteste". Ni "ça me dégoûte", ni "oh, quelle bonne idée !". Ni "ce serait ma première fois", ni "c'est mon fantasme", ni "allons donc !".

Non. Pio n'a rien dit de tout ça. 

Pio a simplement dit :

- T'enculer... Mais pour quoi faire ?

 

 

* Marqueur de surface : longue saucisse reliée à une bobine, qu'un plongeur remplit d'air pour lancer à la surface avant de remonter. Ce dispositif indique aux bateaux qui passent que des plongeurs se trouvent en dessous, et permet à notre propre bateau de nous repérer.

 

Photo : Chas Ray Krider.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : les blogs persos
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Commentaires

C'est vrai, hein, "pourquoi faire...?"

Chère Chut, j'adore cette jolie réponse, qui ne serait pas la mienne, jamais tant j'aime honorer l'huis postérieur de mes compagnes, depuis la nuit des temps (oui, je suis très âgé...) mais quel fou rire en lisant les mots de Pio, si logiques, au fond... (sic)

Et puis j'ai toujours adoré entendre une fille le demander SAS que je ne lui propose.

commentaire n° :1 posté par : Stan/e. le: 04/04/2013 à 21h10

J'avoue que j'ai pensé à vous, Stan. Et me suis bien douté que jamais, jamais cette réponse ne serait vôtre !

Bien d'accord avec vous : c'est excitant lorsque la proposition vient du partenaire, sans même de sollicitations préalables.

Cette question a en effet euh, sa logique : à quoi sert la sodomie ? Même pas à faire un bébé ? Totalement inutile, trop décriée ou vantée, et même surfaite, tiens (je plaisante, bien sûr !).

Bertille rit souvent de ma collection d'anecdotes (et de certains de mes hommes qu'elle juge plutôt étranges) et là, ce fut un rire complètement fou.

Depuis la nuit des temps... N'exagérons pas, vous n'avez rien d'un veillard cacochyme !

réponse de : Chut ! le: 05/04/2013 à 13h01

Mais oui, pourquoi faire?

Et il était en vous à ce moment là...

Mais bon sang, pourquoi faire, donc?

commentaire n° :2 posté par : Latis le: 04/04/2013 à 23h06

Ah lala, Latis, misère de misère, je n'ai toujours pas la réponse... Si jamais une vous foudroie, je vous en supplie, dites-la moi : je revois Pio cette semaine à Singapour !

(En attendant, je continue de chercher, hein !)

réponse de : Chut ! le: 05/04/2013 à 13h03

Voilà qui nous laisse en effet sur le c... !!

Quant à imaginer une réponse à sa question dans ce moment précis de la scène !!?? J'hésite.

Allez, ma nature optimiste me fait espérer que ce (très ?) jeune  Apiollon se sera réveillé le lendemain avec une nouvelle corde à son arc. 

commentaire n° :3 posté par : Slevtar le: 05/04/2013 à 06h29

Apiollon, j'adore ! Excellent ! Pour creuser la veine gauloise, il faudrait que je raconte l'histoire de ce gars qui me fit passer un petit mot au restaurant, par serveuse interposée : Cristo le ChyBriote résidant à Bananaland (tout un programme, n'est-ce pas ?).

 

Pour la réponse, eh bien, j'avoue en être restée sans voix, chique coupée, baba comme deux ronds de flan.

Ce qui m'arrive rarement, pipelette que je suis !

 

Très jeune : pas tant que ça (hélas pour lui ?). 26 ans, Pio est sans conteste un homme vert mais plus un tendron... L'Adrien de ce blog (Le Festin des fauves), qui a lui 21 ans, était mille fois plus euh... dégourdi ? Aventureux ?

Non, aucune nouvelle corde à accrocher à son arc pas si bien bandé... Le pouvoir de cette question fut de couper toute vélléité de guider Pio sur les petits sentiers !

réponse de : Chut ! le: 05/04/2013 à 13h13

Excellent ! Je ne m'attendais pas du tout à cette chute.

J'ai un immense retard dans vos textes, il faut décidément que je m'y colle.

Bonne journée.

commentaire n° :4 posté par : R. le: 05/04/2013 à 10h19

Coucou R.,

un plaisir de vous revoir !

Picorez donc, j'ai été bavarde ces derniers temps !

Si j'ai pensé à Stan au moment M puis en rédigeant ce billet, j'ai aussi pensé à vous, à vos réticences et explorations pas si réussies de la face Nord. Pour en conclure que vraiment, il n'y a pas deux femmes identiques : ce que réclame les unes ne fait guère le délice des autres, assurément !

réponse de : Chut ! le: 05/04/2013 à 13h16

Salut Chut,

une histoire qui commence mal et fini en éclar de rire. Sans doute est-ce par ce que je l'ai lu hier au soir de retour de déplacement, mais je nesuis pas sûre de comprendre le liien de cause à effet entre les deux moments: Aurais-tu, par quelque code gestule raconté ta péripétie à Bertille au cours de la plongée et l'hillarité induite vous a obligées à remonter prestement ? Ou as-tu utilisé l'humour de cette situation pour accélerer la décompression due au stress d'une remontée trop rapide ?

 

Xu

commentaire n° :5 posté par : Mon Xu le: 05/04/2013 à 10h51

Bonsoir Xu,

c'est en fait plus simple : Bertille et moi papotions en surface en attendant le bateau. Comme nous étions loin, très loin du rivage, celui-ci a eu du mal à nous repérer - et faut dire qu'une plongée de 20 minutes seulement, ça ne nous arrive jamais ! Du coup, le boatman ne prêtait pas attention aux plongeurs en surface.

En revanche, le sel de l'anecdote a évacué le petit stress de notre plongée. En cas de très fort courant, se faire happer vers le bas est vraiment dangereux. Voilà qui m'a rappelé mes aventures de plongeuse à Komodo (là où l'on peut voir les varans), sauf que là-bas, les courants étaient fous, fous, fous, déferlant sur nous dans tous les sens et nous obligeant à nous tenir bras dessus dessous pour ne pas être séparés...

réponse de : Chut ! le: 05/04/2013 à 13h24

Mais vous voyez comme j'y travaille, à grimper cette face nord ! 

Je ne perds pas espoir, je sais que je suis sur la bonne voie. Sans jeu de mots, je veux dire. 

commentaire n° :6 posté par : R. le: 05/04/2013 à 15h13

Juste de retour de Singapour, enfin prête à reprendre le fil du blog !

J'aime beaucoup l'appellation de "face nord" et toutes les possibles associations qui en découlent : les glaciers, le froid polaire et euh... la frigidité ? Je plaisante !

Le certain est qu'il s'agit d'une face à apprivoiser. Et vu la taille de Monsieur, ça n'aide pas.

Mais vous avez choisi la bonne méthode : désir, patience, lubrifiant qui font toujours bien mieux que force et rage !

réponse de : Chut ! le: 14/04/2013 à 16h45

S'embrasser, se sucer, se caresser, les doigts, la langue, ça ne sert pas non plus. A ce compte là, missionnaire en deux minutes, ça sert à faire des enfants...

 

 

commentaire n° :7 posté par : Coldbear le: 05/04/2013 à 16h03

... sans oublier la chemise de nuit victorienne avec le trou stratégiquement placé, s'il vous plaît ! 

(Et pour la chambre, obscurité complète de rigueur, évidemment.)

réponse de : Chut ! le: 14/04/2013 à 16h46
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