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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

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  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Samedi 11 septembre 6 11 /09 /Sep 21:28

 

Sous ses mainsRéveil brumeux, mal au gland, mal au crâne. Douche, petit-déjeuner, aspirine.

Vite.

Pas le temps de s'attarder sur les sensations de la veille, sur son orgasme fabuleux. Gabriel est en retard pour ses consultations. Il file.

Le flux et le reflux des giboulées de mars contre les vitres de la voiture répondent en écho à ses pensées. Pluie, éclaircie, grêle… de quoi affoler l’aiguille de ses sensations. Mais pas question de les laisser prendre le dessus. Du moins pour l’instant. Il déboîte, accélère.

 

Alors qu’il franchit la porte de son cabinet, les images se télescopent dans un carambolage assourdissant. Kim, sa jeune secrétaire d’origine chinoise, pianote comme d’habitude sur son ordinateur. Son visage absent lui évoque aussitôt celui, fermé, de l’Asiatique.

La porte d’entrée claque violemment dans son dos. Il s’arrête net. Kim aussi. Surprise, elle relève le menton et esquisse un sourire.

Les lèvres de Gabriel se retroussent en retour, mais ses yeux ne parviennent pas à donner le change. Ils l’observent, surimposant au visage disgracieux de la secrétaire les traits dédaigneux de la belle de nuit.

- Bonjour, docteur ! Comment allez-vous ?

- Pas mal, merci, grommelle-t-il. Apportez-moi le carnet de rendez-vous, s’il vous plaît.

Kim arbore l’expression déçue des gens coupés dans leur élan alors qu’ils désiraient bavarder. Gabriel passe outre pour se ruer dans son bureau. Il se sert un grand verre d’eau, n’en boit que la moitié, desserre sa cravate. Avant le premier patient, il dispose de cinq minutes pour se remettre les idées d’aplomb.

Sûrement pas cinq minutes de trop.

 

Le toc-toc énergique de Kim le fait sursauter.

- Entrez !

Elle s’approche d’un pas léger. Gabriel feint de s’absorber dans une pile de dossiers, guettant par en dessous le bout arrondi des ballerines, l’ourlet du tailleur, le va-et-vient des collants fumés. Tandis qu’elle pose le carnet sur la table, l’encolure de son chemisier bâille, dévoilant la naissance timide des seins. Il s’imagine avancer la main vers l’étoffe, la tirer brutalement. Les boutons de nacre sautent un à un. La soie malmenée cède dans un crissement, révèle les bretelles du soutien-gorge, les épaules nues parsemées de grains de beauté, le renflement contraint de la poitrine.

Kim ne se débat pas. Ne l’encourage pas non plus. Son regard placide rivé au sien, elle attend la suite.

Cette absence de réaction, loin de l’agacer, l’excite. Il se lève, passe de l’autre côté du bureau. Elle ne tourne même pas la tête. Il se poste derrière elle en silence, à l’affût d’un signe d’impatience ou de peur.

En vain. La secrétaire s’est changée en statue de sel. Brusquement, il la bascule contre la table. Elle tombe le nez dans les dossiers, sans un cri, fesses à l’aplomb de l’échine. Il agrippe le bas de sa jupe, la remonte sur les hanches. Le gousset opaque du collant masque sa culotte. Il y plaque la main. Une chaleur moite enveloppe sa paume, mais elle n’écarte pas les jambes.


sous ses mains 2Gabriel se love contre son corps plié, repousse ses cheveux, glisse ses lèvres contre son oreille pour lui assener :

 - Tu n’attends que ça, espèce de garce ! Écarte les cuisses !

Kim est comme sourde. Gabriel, satisfait, se redresse. Ses doigts se fraient un chemin le long du gousset. À travers le nylon, à travers le coton, il sent les lèvres charnues du sexe. Les caresser le lasse vite. Il préfère les pincer, les tirer de plus en plus fort, sentir les poils raides crisser sous ses phalanges.

 

L’employée ne bouge toujours pas. Encouragé par son immobilité, Gabriel l’insulte avec des mots atroces, qu’il n’a jamais dits à aucune femme :

- Salope ! Putain ! Vide-couilles ! Sac à foutre !

Il saisit le collant au niveau de la fesse, le décolle de la chair. Une déchirure se creuse sous son index. Il l’engouffre dans la crevasse qui s’agrandit, s’étend au majeur, au pouce.

Le trou devient gouffre. Gabriel tire encore, violemment. Le nylon se déchire de la taille aux chevilles.

La croupe plate de Kim luit sous la lumière crue de la lampe. Il empoigne sa culotte. La secrétaire se redresse d’un brusque coup de rein. Le verre d’eau se renverse sur la table. Les dossiers tombent avec fracas.

Gabriel, pris de court, se fige.

 

Kim pivote au ralenti. Rajuste son chemiser sur sa poitrine, sa jupe sur ses cuisses. Son visage n’a soudain plus rien de disgracieux. Il est beau. Beau et furieux.

- Qui t’a permis ?, lui crache-t-elle en pleine face.

- Je… ne… sais… balbutie Gabriel, mortifié.

- Excuse-toi. Immédiatement.

- Par… don…

- Je n’ai rien entendu. Recommence.

- Pardon, lâche-t-il dans un souffle. Je… ne voulais pas.

- Menteur, sale menteur !

La secrétaire le gifle à toute volée. Gabriel, incrédule, effleure sa joue meurtrie. Une traînée rosâtre s’étend au creux de sa paume.

- Ici, petit chien !

Elle lui désigne sa place d’un geste impérieux. Il se recule. Elle s’avance. Se dresse sur la pointe des ballerines pour le toiser. Ses yeux lui arrive à peine à l’épaule, mais leur mépris glacé est pire qu’un soufflet.

Vaincu, il baisse les yeux.


- Tourne-toi !

Gabriel obéit avec appréhension.

Dans le calme soudain oppressant de la pièce, le voici tout contre le bureau, droit comme un I. Ses mains, deux intruses accrochées à ses poignets. Qu’en faire ? Les serrer, les croiser, les laisser pendre ? Pas le temps de trancher. Kim, l’agrippant par la veste, l’oblige à se courber. Son buste est maintenant collé à la table, mais la secrétaire continue à appuyer sur ses omoplates. La boucle de sa ceinture lui compresse le ventre. Le stylo glissé dans sa poche intérieure lui érafle les côtes. De sa gorge compressée sort un gargouillis plaintif. Loin d’arrêter, Kim accentue encore sa pression. La boucle lui entre dans l’estomac. La pointe du stylo se fiche dans sa chair. Il se mord les lèvres pour ne pas crier.

- Tu aimes ça, hein ?

- N… non.

- Menteur ! On parie ?

Elle faufile une main sur sa braguette. Il bande.

Elle a un gloussement hautain.

- Fini de jouer. Passons aux choses sérieuses.

Elle se penche pour attraper la règle tombée à ses pieds, referme le carnet de rendez-vous d’un coup sec. Un coup qui en laisse présager d’autres.

 

Sous ses mains 4 - Vous vous sentez bien, docteur ?

- Euh… Oui, merci, Kim, bégaye-t-il, le front brûlant.

- Vous n’avez pas besoin du carnet de rendez-vous ?

- Si, si… Bien sûr.

Il l’ouvre à la page du jour en tremblant. Croise le regard préoccupé de sa secrétaire. Rougit.

- Vous avez l’air fiévreux… Je vais ouvrir la fenêtre, on respire mal ici. Ensuite, je vous préparerai un café.


Il acquiesce avec précipitation. Elle lui dirait qu’elle part se jeter aux lions qu’il l’encouragerait à s’y rendre en courant. Honteux du fantasme jailli de son cerveau, honteux de lui-même, il veut la voir débarrasser les lieux au galop. Et d’autant plus vite que son obligeance inquiète sature l’air, bourdonnant à ses oreilles comme un mouche importune. Une mouche qu’il rêverait d’écrabouiller pour qu’elle se taise enfin.

Arrivée à la porte, Kim exécute une volte-face dansante.


- Ah, au fait, docteur…

Il lève un sourcil contrarié.

- Mmmh ?

- Monsieur Leca patiente depuis un  moment dans la salle d’attente. Je l’introduis ?

Gabriel manque d’éclater de rire. Introduire… Il n’y a que sa secrétaire pour employer ce verbe de façon si ingénue. Quoique… Que sait-il d’elle, au juste ? Pas grand-chose, hormis qu’elle est d’une ponctualité d’horloge suisse, qu’elle travaille bien et dur, qu’elle lui prépare le café comme il aime le boire.

Mais après ? Après, rien. Vit-elle seule ou en couple, près de sa famille ou à des milliers de kilomètres ? A-t-elle une sœur, un frère, des enfants ? Probablement non, elle n’en parle jamais. Où habite-t-elle ? À une porte de Paris, de l’autre côté du périph’, lui semble-t-il. À moins que ce ne soit au pied du cabinet, dans l’immeuble voisin.

La vérité est que jamais il ne s’est intéressé à elle. Un meuble, un objet à égalité avec son stéthoscope, qu’il sort de son tiroir et range après usage, voilà ce qu’elle est. Alors, pourquoi sa naïveté ne cacherait-elle pas un double jeu pervers, ses paroles innocentes un message codé ? Incompréhensible pour les autres, mais transparent pour lui, l’initié. Et ce fil ténu qu’elle tend entre eux, il peut le saisir ou le laisser filer…

Gabriel se frotte les tempes.

« Là, je délire. »

- Alors, je l’introduis, docteur ? insiste Kim d’un ton flûté.

- C’est ça, introduisez-le.

Elle incline la tête et sort pour de bon, cette fois.

Ouf.

 

2e  et 3e photos : Frédéric Fontenoy, Helmut Newton.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X
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Commentaires

Où il se confirme qu'à plonger aussi dans les méandres de la fantasmagorie masculine, combien tu domines ton sujet. (Mais n'est-ce pas la condition ?).

commentaire n° :1 posté par : Slevtar le: 17/09/2010 à 16h07

(Toute dominatrice vit aux dépens de ceux qui l'écoutent) :)

Ton commentaire me fait très plaisir, parce que me glisser dans la tête d'un homme était une gageure. Il y a là matière à un roman... un de plus. Mes prochaines années vont être bien remplies, je le sens !

réponse de : Chut ! le: 24/09/2010 à 20h16
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