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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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Samedi 9 février 6 09 /02 /Fév 04:06
Mon ami et moi approchons en voiture du quartier d'une soirée BDSM. Il est au volant (bien qu'ayant décroché mon permis, je me refuse absolument à conduire... sécurité oblige), je joue les passagères - et copilotes - irascibles :
- On arrive bientôt, j'espère ? J'ai mal au cœur !
- Tu es sûr que ton GPS est bien réglé ? Il dit n'importe quoi, là...
- Ras-le-bol... On n'est pas prêts de se garer, tous les parkings sont pleins !

Soudain, dans une rue à sens unique, j'avise une place. Je hurle derechef :
- Là !! Elle est magnifique, elle nous attend !
Mon ami rechigne. C'est une place de livraisons, sûrement trop étroite pour son gros véhicule. Moi, je trépigne :
- Mais pourquoi tu ne la prends pas ? Fais demi-tour, nom de nom !
Il hausse les épaules.
- Bah... Le temps qu'on revienne, elle sera déjà prise...

Je crie, je m'énerve :
- Marche arrière, je te dis ! D'ailleurs, je ne te le dis pas, je te l'ordonne ! Voilà, je te l'ordonne ! Elle est splendide, cette place... Elle est pour nous, j'en ai assez de tourner !
De guerre lasse, il exécute en vitesse le tour du pâté d'immeubles. Par miracle, la place est encore libre... Mais le sens unique nous est devenu sens interdit.
- M'en fous ! Marche arrière, toute !
Sûrement aussi lassé que moi du "jeu" de la place introuvable un samedi soir dans un quartier fréquenté de la capitale, il obéit... En matière de code de la route, tout bon soumis - et amoureux - qu'il soit, il a raison de ne pas m'écouter, mais nécessité fait loi.
Crissement des pneus sur l'asphalte. Je gratifie le panneau d'un bras d'honneur tandis qu'il se gare dans un créneau impeccable.

Ouf, nous voici enfin à bon port.
J'ouvre la portière sans ménagement, jaillis hors de la voiture. Lui dépose notre gros ballot de vêtements fetish et d'accessoires sur l'épaule. Prend la rue en pointe, d'un claquement de bottes aussi décidé que martial. Fouille mon micro sac en vinyle à la recherche d'une babiole et pile net en m'indignant :
- Aaaaaargh, la bride s'est cassée !
Mon brusque arrêt fait que mon ami, attaché à mes pas, me rentre dedans. Derrière lui, le talonnant d'aussi près, un autre homme manque de le percuter. Il oblique sur la rue en pestant entre ses dents.
Je lui jette un regard courroucé et peste à mon tour :
"Quoi, comment ? On n'a même plus le droit de marquer un stop sur un trottoir, maintenant ? Pfff... Et le droit de libre circulation, vous y avez pensé... Non, hein ?"
Mon regard outré le toise de haut en bas. Il s'en fiche, il me tourne le dos. Mais moi, je remarque un détail fort intéressant : sous son manteau de demi-saison, une jupe en vinyle bat ses mollets.
Aussitôt, je comprends que nous nous dirigeons vers le même lieu.

Nous nous y retrouverons plus tard.
Lui en tenue de travesti, avec un corset sanglé au-dessus de la jupe ; moi en Domina, munie d'un paddle pour châtier les insolents.
Il est venu me parler. De sa délectation à se soumettre et des rues en sens interdit de Paris. Je n'ai pas feint de ne point le reconnaître. J'ai même pris un malin plaisir à lui signifier que je l'avais reconnu.
Il m'a confié qu'il adorait qu'une Maîtresse lui maltraite les tétons. Je m'en doutais au vu de l'allongement anormal des siens. Les lui ai pincés et tordus avec joie, de plus en plus fort, en scrutant ses yeux qui se révulsaient de plaisir, en écoutant sa bouche qui m'encourageait à poursuivre, encore et encore, plus que je ne l'aurais osé.

Il s'est mis à genoux pour que je le frappe. Je lui ai administré de bon cœur des coups vigoureux. Peu à peu, ses fesses se mirent à rougir sous mes assauts.

À la fin de la séance, nous avons discuté. Il n'avait pas joui mais m'a remerciée, m'a évoqué sa vie de couple avec une Domina de son âge.
Nous avons commandé un verre, trinqué en poursuivant cet échange respectueux, cordial, détendu.
Vraiment, cet homme mûr était charmant. Mais alors qu'il me parlait, je le revoyais dans la rue, maugréant contre moi, expectorant son mécontentement, et pensais qu'une telle inversion des rôles est très rare... soirées SM exceptées.

Je l'avoue, j'en ai ri.
Est-ce un mal ? Je ne crois pas. Plutôt un juste retour de bâton.
Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : xFantasmesx
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Jeudi 24 janvier 4 24 /01 /Jan 04:18
Les relations BDSM suivies ne diffèrent pas, dans le fond, des relations "vanille". Au fil du temps, les partenaires cernent leurs attentes respectives, parlent de leurs fantasmes, en réalisent quelques-uns, en laissent d'autres pour plus tard...
Avec pour ciment la confiance et le respect, le lien d'abord ténu se renforce.
Ce qui ouvre bientôt la porte à d'autres jeux.


Au début d'une relation BDSM, le soumis fait - entre autres - part de ses limites au Dominant. Il n'a en aucun cas à en rougir, elles ne sont pas des tares. D'ailleurs, le malaise serait pour moi d'entendre :
- Mais je n'ai aucune limite, Maîtresse, je suis tout à vous !
Aucune limite ? Cela est sûrement possible, mais sûrement pas souhaitable.

À mesure des séances, les limites annoncées au préalable se déplacent. Le soumis
peut accepter ce qu'il refusait jadis, le désirer et même le demander.
Cette évolution signe peut-être, d'ailleurs, le savoir-faire du Maître : amener celui qui se donne à se donner davantage
encore ; le guider sans le brusquer pour qu'il dépasse ses propres barrières.
Non par volonté de triompher de lui,
mais par désir de le faire progresser sur la voie qu'il a choisie. 
Non par envie de briser ses résistances au prix d'une lutte, mais par souci de le voir s'épanouir.

Ce qu'on oublie parfois, c'est que les limites se situent des deux côtés. Flexibles ou élastiques, le Dominant a aussi les siennes. Par exemple, je refuserais des pratiques :
-
pédophiles, zoophiles, scatologiques. Et le vomi me dégoûte autant que les excréments. Quant à la nécrophilie, je n'en parle même pas !
- dangereuses comme la privation d'oxygène, la torsion des testicules... Pas du tout envie que la séance se termine à l'hôpital !
- médicales comme la pose de sonde(s) ou la mise en place d'aiguilles, qui requièrent un savoir-faire que je n'ai pas. Cela dit, il ne me déplairait pas de l'apprendre avec de bons formateurs.
- mutilantes, parce que je refuse absolument de marquer à vie le corps de l'autre. Les traces de coup s'effacent ; les coupures profondes et les brûlures de cigarettes laissent des cicatrices.

De même, je n'exigerais jamais un tatouage, humiliant ou non. Faire graver sur les fesses de sa soumise Salope à enculer (véridique !) est pour moi tout autant un abus qu'un préjudice social : allez donc chez le médecin ou à la plage avec ce charmant paraphe...
Étonnée, je m'interroge même : est-ce une marque de soumission absolue ou un manque total de discernement ?
Par Chut ! - Publié dans : Classé X
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Jeudi 24 janvier 4 24 /01 /Jan 02:46

Pour nombre de gens qui les envisagent de loin, les rapports SM sont simples : il y a un Dominant qui dicte sa loi au dominé. Le premier a tous les droits, le second surtout celui de se taire.
C'est à mon avis schématiser un lien complexe, réduire à un filin une corde richement tressée.

En premier lieu se pose, encore et toujours, la question des limites.
Normalement,
à tout instant, le soumis (le mien, par exemple...) a le pouvoir de dire "stop".
Si je passe outre, je ne suis plus une Maîtresse mais un tyran ; la séance plus un espace d'échanges mais un abus de pouvoir.
Je possède certes la clef du cadenas, mais mon soumis celle du jeu.

Bien sûr, ma liberté est grande : j'imprime à la séance mon rythme et - je l'espère - ma patte, impose ou interdit ceci ou cela. Mais ce ceci et ce cela n'existent que si la permission m'a été donnée.
En quelque sorte, le soumis alloue un "terrain d'exercices".
À l'intérieur, tout est possible ; à la lisière, le champ d'action se réduit ; au-delà, il est suspendu.


En second lieu se pose la question des attentes de chacun.
En tant que Maîtresse,
j'humilie verbalement, fesse, gifle, fouette, gode... mais refuse de me laisser réduire à un catalogue. Je ne suis pas un self-service délivrant telle pratique sur commande ; ni une carte de restaurant dans laquelle on pioche pour fixer au préalable le déroulé d'une séance.
Ma liberté d'action, ma fantaisie, mes impulsions, j'y tiens. Mieux, j'estime n'avoir ni à en discuter, ni à les justifier.
Pas envie de te gifler aujourd'hui, alors que tu n'attends que ça ? Tant pis.
Je te dis non à toi, alors que j'ai dit volontiers oui à un autre ? Tant pis également.

Lorsque j'ai commencé à fréquenter les soirées, l'attitude consumériste de certains soumis m'a frappée : ils veulent par exemple lécher vos semelles, mais surtout pas tâter de votre fouet. Là est peut-être leur limite, certes...
J'accède souvent à leur souhait avec plaisir, certes...
Néanmoins, je m'interroge : à leurs yeux, ne suis-je qu'une pourvoyeuse d'un service très particulier ? Parfois, le sentiment d'être utilisée pointe le bout de son nez.

Qui tientÀ ce sujet, une anecdote presque caricaturale me revient : j'ai tapé dans l'œil d'un jeune homme se présentant comme "soumis fétichiste".

Je suis assise sur une chaise, il s'agenouille pour m'honorer les chaussures. Une seule en vérité, l'autre étant déjà occupée à écraser un sexe en érection.
Bref. Ses mains, sa langue caressent le vinyle de mon escarpin surélevé. Mais cela ne lui suffit pas, c'est mon pied tout entier qu'il veut. 
Il entreprend donc, sans me le demander, d'enlever la bride de ma chaussure pour m'attraper le talon.

Le geste me déplaît. Je remets fermement la bride en place.
Se le tenant pour dit, il continue à me lécher le pied.


Mon attention se détourne de lui. Puis y revient, car soudain, je ne sens plus rien. Normal, sa place est vide. Je regarde alors mon collant et y découvre avec surprise... une flaque de sperme.
Il a pris son plaisir, puis est parti. Sans un mot, sans un merci.
Je suis furieuse.
Mon impression ? Au bout du compte, la soumise,
c'était moi. Il m'a instrumentalisée pour satisfaire une pulsion. De fait, une quelconque marque de gratitude (ou de simple politesse...) serait superflue.

Preuve aussi qu'on peut être soumis sans être respectueux.
Sacré paradoxe, non ?

 

 

Pin-up de Gil Evgren.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : xFantasmesx
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Mercredi 23 janvier 3 23 /01 /Jan 04:20

SodomiserLongtemps, j'ai caressé le fantasme de sodomiser un homme. De le voir s'agenouiller devant moi puis se mettre à quatre pattes. Dos cambré etcroupe tendue. Cette croupe, je la tapoterais de plus en plus fort pour qu'elle rougisse. Sa peau frissonnerait bientôt d'excitation sous mes paumes.
M'accroupissant, je l'envelopperais de mes cuisses. Courberais mon corps pour frotter mon ventre contre ses reins en lui griffant les épaules.

À cet instant, sans même le vérifier, je serais sûre qu'il bande.
Ma main descendrait le long de sa poitrine pour enlacer son sexe, le serrer, le comprimer. Mon pouce glissé autour de son gland s'amuserait à le tordre tandis que l'autre main, venue en renfort, lui pincerait les testicules. De sa respiration pressée, mon soumis me demanderait de continuer à le maltraiter encore.
Parce que là est son plaisir, et que là est le mien.

Il serait temps de lentement le préparer à me recevoir. D
'abord avec mes doigts s'attardant sur la zone si sensible du périnée ; ensuite avec un jouet, titillant la petite ouverture qui désire s'ouvrir pour que je la prenne.
J'entrerais en lui avec douceur, attentive à ses crispations, à son souffle.
Femelle dressée en position de mâle, mâle penché s'offrant à la femelle.
Passage consenti de relais, grisante
 inversion des rôles.
Plaisir physique, plaisir cérébral... Une fois la première douleur passée, les deux s'accordent au rythme que j'imprime à notre danse. Délicatement, plus vite, plus doucement, plus fort.
Les mains posées sur ses hanches, courant sur ses flancs ou lui fouettant les fesses.
À la fin, il ne jouirait pas forcément. Mais repu de nouvelles sensations, il n'aurait qu'un souhait : s'abandonner de nouveau à moi pour recommencer.

C'est à peu près ainsi que ma première fois s'est passée.
Je crois que nous en gardons tous deux un excellent souvenir.

 

 

Photo : Trevor Watson. 

Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : xFantasmesx
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Samedi 29 décembre 6 29 /12 /Déc 02:08

Mot de passe...
L'expression me plaît. Elle évoque l'interdit, le passage, le pouvoir du langage.

Prononcer ce mot, c'est comme réciter une formule magique. Il est le sésame qui ouvre la porte d'un club privé, d'un lieu interlope, d'une réunion de conspirateurs.
Si on le connaît, on entre.

Si on l'ignore, on reste dehors.

Dans l'univers BDSM, il a une signification différente : il n'autorise aucun après, il interrompt.

Lancé par le soumis (ou la Maîtresse), son stop signe la fin de la séance.

Poursuivre serait un manque de respect, une entorse flagrante au contrat de confiance liant les partenaires. De passe, le mot devient de sauvegarde (safe word).

Mais pour jouer son rôle de filet, il doit être choisi avec soin.
Le simple non est déconseillé : il cache trop de "oui". D'un non désireux - et craint - d'être forcé à un non catégorique, seule l'intonation change. Trop pris par le jeu, on en oublie parfois le sens de la nuance.
S'arrêter sur un non qui demande davantage, c'est frustrer le soumis... et soi-même.
Poursuivre en dépit d'un non qui en a plus qu'assez, c'est une catastrophe.

Une fois j'entendis un safe word crié par un "soumis". En vérité cet homme ne l'était pas, ou à certaines conditions que je ne remplissais pas.
Le BDSM ne l'attirait pas plus que ça. Il y avait déjà songé, oui, mais seulement dans le cadre d'une relation installée : son humiliation nécessitait une complicité et un abandon qui excluaient la première Maîtresse venue.
Or, avant qu'il ne se trouve nu devant moi, nous ne nous étions jamais vus.
Avec un homme rompu à ces pratiques, j'ignore comment je prendrais un refus. Peut-être pas très bien. Non à cause de lui (je ne le taxerais pas de faux-soumis-même-pas-motivé-qui-me-les-brise-menu), mais à cause de moi.
Si mon partenaire se dérobe, cela signifie que je suis allée trop loin. Que j'ai, sans le vouloir, outrepassé ses limites. Que j'ai infligé ce qu'il ne pouvait supporter. Que j'ai été trop (dure, exigeante, violente) ou pas assez (prévenante, intuitive, perspicace).
En un mot, que j'ai été mauvaise.

Mot de passe 2Être une bonne Maîtresse est un art complexe. Sûrement parce qu'en idéal, le BDSM est un art tenant autant de l'improvisation maîtrisée, de l'exercice de haute voltige que du funambulisme.
Mon partenaire et moi, nous marchons en équilibre sur la corde tendue de nos désirs, de nos émotions, mais aussi de nos peurs.
Je suis là pour le guider, il m'éclaire en retour le chemin.

Si je trébuche, il me retient.

S'il hésite, je prends sa main pour l'emmener plus loin.

Nous cheminons l'un derrière l'autre, puis l'un devant l'autre, sur la corde qui nous relie. Mais, fragile, elle peut aussi se dérober sous nos pas et nous séparer.

 

 

Photo de Gilles Berquet.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : xFantasmesx
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Vendredi 28 décembre 5 28 /12 /Déc 00:16

Lorsque je dis que pratique les jeux SM, j'ai en général droit à deux types de réaction :

1/ la gêne.
L'autre pique du nez sur sa tasse ou botte en touche d'un poncif :
- Les goûts et les couleurs, hein... Chacun voit midi à sa porte !
Le tout d'une voix docte ou faussement enjouée, laissant peu de place à la réplique.

Je reconnais là le ton de ceux qui brûlent de faire l'économie d'une conversation. Sans doute parce qu'elle les touche de trop près, les embarrasse ou les ennuie.
Par bonheur, cela m'arrive rarement. Je devine,
avec une faible marge d'erreur, à quelles oreilles confier mes secrets.

2/ l'incrédulité talonnée par la curiosité.

Puis la même question qui revient :
- Mais pourquoi ?
La première fois, elle m'a cueillie par surprise. J'ai bredouillé une explication sans queue ni tête, m'y suis enlisée. L'écran de fumée a fini par m'étouffer et j'ai expectoré :
- Parce que.
Cette question, bien sûr que je me l'étais posée. Aucune évidence n'était venue. Juste des embryons de réflexion, des pistes à peine dessinées.

Petite, déjà, je n'avais aucun penchant pour le maternage.
Mes copines adoraient cajoler leurs poupées, pas moi. Je les jugeais sans intérêt, même celles, sophistiquées, qui fermaient les yeux et mouillaient leurs couches.

Si en plus elles pleuraient, c'était le pompon.

Les nerfs sciés, je brûlais de les fracasser contre le mur.
Je préférais jouer aux voitures ou aux petits soldats. Mettre mon armée en embuscade derrière les cailloux, dégommer les troupes ennemies à coup de lance-pierres, voilà qui me plaisait.
Chez moi, je traînais pieds nus, en short ou pantalon. Je grimpais aux arbres, me déchirais les jambes aux ronces, les mains aux épines, pansais le soir mes blessures de guerre.
Je détestais les robes qui
m’entravaient pour courir. Ma mère me forçait à en porter une pour un mariage ?

Déguisée, ridicule, je tirais la tête et le tissu pour le rallonger.

Aux récrés j'étais violente. Les filles de ma classe minaudaient devant les garçons, je me moquais d’eux. Ils ripostaient, je les battais.
J'aimais être leur terreur, celle qu’ils ne pouvaient voir fondre sur eux sans trembler. J’aimais sentir leur peur, les saisir par les cheveux pour les forcer à s’agenouiller et me demander pardon.
Dans la cour, ils ne m'appelaient pas par
mon prénom - trop doux, probablement -, mais par mon nom de famille. Une seule syllabe achoppant sur une consonne, claquant en bouche comme un coup de trique.
Un compliment à mes oreilles.

PourquoiDans les magasins avec ma grand-mère, j'étais intenable. Me roulais par terre au milieu des rayons, m'accrochais à la caisse. La vendeuse, ahurie, glissait que j'avais "un fort caractère". 
Façon polie de dire que j'étais insupportable.

De retour à la maison, je semais un bordel monstre. Sortais les casseroles des placards, tapais dessus à en ameuter le quartier.

Ma mamie m'ordonnait de cesser.
Je continuais en la défiant du regard.
E
lle menaçait de me dénoncer à mon père. Je lui riais au nez.
J'avais le dessus, j'en abusais. Je la régimentais comme un colonel.
J'étais un tyran fier de ma tyrannie, un dictateur régnant sans partage sur son royaume.
Autour de 10 ans, mes copines rêvaient de premier baiser. Moi aussi, mais attachée, sans soleil couchant, dans un crépuscule de jungle. Livrée aux mains d’une tribu sanguinaire, ficelée sur des pieux, écartelée, mortifiée, je regardais avec effroi le chef s’approcher.
Il me toisait de toute la hauteur de son dédain.
L’humiliation me faisait monter le rouge aux joues et la chaleur au bas-ventre.

Au gré de mes fantaisies, il sortait son coutelas pour me délivrer ou ordonnait à ses guerriers de me laisser seule avec lui. Livrée à ses désirs, contrainte et consentante.

Le lien entre ces fragments épars ?
Le combat, la lutte. Ma volonté qui plie l'autre ou me plie à lui. Les deux faces opposées et imbriquées de la même médaille.
Le cul comme champ de bataille, espace de toutes les redditions et de toutes les alliances.

 

2e photo : Ellen von Unwerth.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : xFantasmesx
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Jeudi 27 décembre 4 27 /12 /Déc 01:41
À 22, 23 ans, pas davantage, je rencontrai Nathan dans le café que je fréquentais.
Je me souviens, c'était en plein mois d'août. Un brusque refroidissement glaçait l'été, me contraignant à ressortir les collants.
- Il n'y a vraiment plus de saison ! plaisanta-t-il en reluquant mes jambes.
Sur le champ, je le soupçonnai de se ficher du climat, tant qu'il permet aux femmes de dévoiler leurs attributs.
Sur le champ, son aplomb me titilla.
Sur le champ, je voulus en faire mon amant.

Notre premier rendez-vous eut lieu chez moi. Je l'y invitai, persuadée de ne gêner personne : ma colocataire était absente, les voisins sûrement partis en vacances. Je pouvais donc crier tout mon soul sans crainte d'ameuter quiconque.
J'avais préjugé de Nathan - ou de moi-même. Erreur de jeunesse que de croire à la virilité affichée - ou à ma capacité à m'abandonner.
J'attendais un Don Juan qui saurait par son expérience abolir mes résistances. Ou, selon l'expression consacrée, me "faire grimper aux rideaux". Je trouvai un homme certes endurant et motivé, mais impuissant à me faire dépasser le premier carreau de ma porte-fenêtre.
De notre nuit, je me souviens surtout des croissants qu'il ramena à midi passé. Nous les partageâmes à même le sommier, pile à l'endroit de nos ébats. Je devais m'en souvenir le soir, peinant à trouver le sommeil à cause des miettes rassises.

Le deuxième rendez-vous eut lieu sur son territoire. Je ne percevais pas encore la différence, elle allait être de taille. Le seul point commun : lui aussi vivait en coloc, avec un coturne pointant aux abonnés absents. Si je poussais plus loin l'analogie, Nathan avait fait le même calcul que moi.
Le reste fut cependant sans commune mesure.
Dans mon appartement, il m'avait patiemment effeuillée et bécotée. Dans sa chambre, il me défeuilla et m'embrassa à la va-vite. À peine sa bouche eut-elle effleuré mon cou qu'il me glissa :
- J'ai une surprise pour toi.
Je me récriai. Une surprise ? Pour moi ? C'était trop tôt, trop prévenant, trop gentil. Trop tout court.
Nathan me gratifia d'un sourire ambigu.
- Non, non, ce n'est pas trop. Attends de la voir !
Je ne demandais que ça, tiens. Et quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'il jaillit du lit, nu, pour tirer une grosse malle au milieu de la pièce.
Il l'ouvrit pour en extraire un à un ses trésors : une guêpière en vinyle, un godemiché vibrant, une cagoule en cuir, une badine, des pinces à seins, des poids à y attacher...
J'en restai sans voix.

Cette nuit-là, nous avons testé certains de ces accessoires. J'avais du mal à me laisser aller, ils étaient tous nouveaux pour moi. Nathan m'encourageait, m'exhortait à me regarder dans le miroir judicieusement placé.
Je résistais.
D'un côté, je trouvais mon équipement très excitant. De l'autre, harnachée telle une jument de labour, je me sentais ridicule. Pour un peu, j'avais la sensation de tourner un mauvais film porno... s'il en existe de bons.
Sans mauvais jeu de mots, je n'étais pas totalement dedans.


L'aube se profilait entre les volets. Blottis l'un contre l'autre, nous dérivions dans le grand lit.
- Cette malle, je ne l'avais jamais ouverte pour personne... m'a affirmé Nathan.
Je posais alors la question qui me brûlait les lèvres :
- Pourquoi moi ?
- Parce que je savais que tu ne serais pas choquée... que tu l'accepterais... que ça te plairait...
J'ai gardé le silence.
Qui ne dit mot consent. Nathan (m') avait touché(e) juste.

Je suis rentrée chez moi, le corps et l'esprit en vrac. Ma colocataire était là. M'a dévisagée d'un œil acéré. Je me forçais à prendre l'air de rien, ne pouvais briller que d'un éclat suspect. Je tentais de le contenir, mon visage me trahissait.
- Tu as passé une bonne nuit, on dirait ?
Oui, tout compte fait, j'avais passé une bonne nuit. Une excellente, même. Une perturbante, sans précédent. Mais je savais d'instinct, tout comme Nathan savait pour moi, qu'elle ne me comprendrait pas. Me traiterait in petto de pauvre fille, de perverse, de malade, de désaxée. Bref, de tous ces termes commodes qui désignent ce qui nous est étranger.

J'ai esquivé sa curiosité, me suis enfermée dans ma chambre. J'ai repassé avec honte et délice les images de nos corps enchevêtrés.
J'ai voulu les sceller sous une chape de plomb. Mais alors qu'elle coulait sur mes souvenirs, je savais, d'instinct encore, qu'elle n'était pas étanche.
La malle de Nathan était ma boîte de Pandore. Tôt ou tard, je l'ouvrirais à mon tour pour l'explorer, éclairer l'ombre de ses recoins.
Ce n'était qu'une question de temps.
Ça m'a pris dix longues années.
Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : xFantasmesx
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