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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Samedi 29 décembre 6 29 /12 /Déc 02:08

Mot de passe...
L'expression me plaît. Elle évoque l'interdit, le passage, le pouvoir du langage.

Prononcer ce mot, c'est comme réciter une formule magique. Il est le sésame qui ouvre la porte d'un club privé, d'un lieu interlope, d'une réunion de conspirateurs.
Si on le connaît, on entre.

Si on l'ignore, on reste dehors.

Dans l'univers BDSM, il a une signification différente : il n'autorise aucun après, il interrompt.

Lancé par le soumis (ou la Maîtresse), son stop signe la fin de la séance.

Poursuivre serait un manque de respect, une entorse flagrante au contrat de confiance liant les partenaires. De passe, le mot devient de sauvegarde (safe word).

Mais pour jouer son rôle de filet, il doit être choisi avec soin.
Le simple non est déconseillé : il cache trop de "oui". D'un non désireux - et craint - d'être forcé à un non catégorique, seule l'intonation change. Trop pris par le jeu, on en oublie parfois le sens de la nuance.
S'arrêter sur un non qui demande davantage, c'est frustrer le soumis... et soi-même.
Poursuivre en dépit d'un non qui en a plus qu'assez, c'est une catastrophe.

Une fois j'entendis un safe word crié par un "soumis". En vérité cet homme ne l'était pas, ou à certaines conditions que je ne remplissais pas.
Le BDSM ne l'attirait pas plus que ça. Il y avait déjà songé, oui, mais seulement dans le cadre d'une relation installée : son humiliation nécessitait une complicité et un abandon qui excluaient la première Maîtresse venue.
Or, avant qu'il ne se trouve nu devant moi, nous ne nous étions jamais vus.
Avec un homme rompu à ces pratiques, j'ignore comment je prendrais un refus. Peut-être pas très bien. Non à cause de lui (je ne le taxerais pas de faux-soumis-même-pas-motivé-qui-me-les-brise-menu), mais à cause de moi.
Si mon partenaire se dérobe, cela signifie que je suis allée trop loin. Que j'ai, sans le vouloir, outrepassé ses limites. Que j'ai infligé ce qu'il ne pouvait supporter. Que j'ai été trop (dure, exigeante, violente) ou pas assez (prévenante, intuitive, perspicace).
En un mot, que j'ai été mauvaise.

Mot de passe 2Être une bonne Maîtresse est un art complexe. Sûrement parce qu'en idéal, le BDSM est un art tenant autant de l'improvisation maîtrisée, de l'exercice de haute voltige que du funambulisme.
Mon partenaire et moi, nous marchons en équilibre sur la corde tendue de nos désirs, de nos émotions, mais aussi de nos peurs.
Je suis là pour le guider, il m'éclaire en retour le chemin.

Si je trébuche, il me retient.

S'il hésite, je prends sa main pour l'emmener plus loin.

Nous cheminons l'un derrière l'autre, puis l'un devant l'autre, sur la corde qui nous relie. Mais, fragile, elle peut aussi se dérober sous nos pas et nous séparer.

 

 

Photo de Gilles Berquet.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : xFantasmesx
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