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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

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  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Vendredi 28 décembre 5 28 /12 /Déc 00:16

Lorsque je dis que pratique les jeux SM, j'ai en général droit à deux types de réaction :

1/ la gêne.
L'autre pique du nez sur sa tasse ou botte en touche d'un poncif :
- Les goûts et les couleurs, hein... Chacun voit midi à sa porte !
Le tout d'une voix docte ou faussement enjouée, laissant peu de place à la réplique.

Je reconnais là le ton de ceux qui brûlent de faire l'économie d'une conversation. Sans doute parce qu'elle les touche de trop près, les embarrasse ou les ennuie.
Par bonheur, cela m'arrive rarement. Je devine,
avec une faible marge d'erreur, à quelles oreilles confier mes secrets.

2/ l'incrédulité talonnée par la curiosité.

Puis la même question qui revient :
- Mais pourquoi ?
La première fois, elle m'a cueillie par surprise. J'ai bredouillé une explication sans queue ni tête, m'y suis enlisée. L'écran de fumée a fini par m'étouffer et j'ai expectoré :
- Parce que.
Cette question, bien sûr que je me l'étais posée. Aucune évidence n'était venue. Juste des embryons de réflexion, des pistes à peine dessinées.

Petite, déjà, je n'avais aucun penchant pour le maternage.
Mes copines adoraient cajoler leurs poupées, pas moi. Je les jugeais sans intérêt, même celles, sophistiquées, qui fermaient les yeux et mouillaient leurs couches.

Si en plus elles pleuraient, c'était le pompon.

Les nerfs sciés, je brûlais de les fracasser contre le mur.
Je préférais jouer aux voitures ou aux petits soldats. Mettre mon armée en embuscade derrière les cailloux, dégommer les troupes ennemies à coup de lance-pierres, voilà qui me plaisait.
Chez moi, je traînais pieds nus, en short ou pantalon. Je grimpais aux arbres, me déchirais les jambes aux ronces, les mains aux épines, pansais le soir mes blessures de guerre.
Je détestais les robes qui
m’entravaient pour courir. Ma mère me forçait à en porter une pour un mariage ?

Déguisée, ridicule, je tirais la tête et le tissu pour le rallonger.

Aux récrés j'étais violente. Les filles de ma classe minaudaient devant les garçons, je me moquais d’eux. Ils ripostaient, je les battais.
J'aimais être leur terreur, celle qu’ils ne pouvaient voir fondre sur eux sans trembler. J’aimais sentir leur peur, les saisir par les cheveux pour les forcer à s’agenouiller et me demander pardon.
Dans la cour, ils ne m'appelaient pas par
mon prénom - trop doux, probablement -, mais par mon nom de famille. Une seule syllabe achoppant sur une consonne, claquant en bouche comme un coup de trique.
Un compliment à mes oreilles.

PourquoiDans les magasins avec ma grand-mère, j'étais intenable. Me roulais par terre au milieu des rayons, m'accrochais à la caisse. La vendeuse, ahurie, glissait que j'avais "un fort caractère". 
Façon polie de dire que j'étais insupportable.

De retour à la maison, je semais un bordel monstre. Sortais les casseroles des placards, tapais dessus à en ameuter le quartier.

Ma mamie m'ordonnait de cesser.
Je continuais en la défiant du regard.
E
lle menaçait de me dénoncer à mon père. Je lui riais au nez.
J'avais le dessus, j'en abusais. Je la régimentais comme un colonel.
J'étais un tyran fier de ma tyrannie, un dictateur régnant sans partage sur son royaume.
Autour de 10 ans, mes copines rêvaient de premier baiser. Moi aussi, mais attachée, sans soleil couchant, dans un crépuscule de jungle. Livrée aux mains d’une tribu sanguinaire, ficelée sur des pieux, écartelée, mortifiée, je regardais avec effroi le chef s’approcher.
Il me toisait de toute la hauteur de son dédain.
L’humiliation me faisait monter le rouge aux joues et la chaleur au bas-ventre.

Au gré de mes fantaisies, il sortait son coutelas pour me délivrer ou ordonnait à ses guerriers de me laisser seule avec lui. Livrée à ses désirs, contrainte et consentante.

Le lien entre ces fragments épars ?
Le combat, la lutte. Ma volonté qui plie l'autre ou me plie à lui. Les deux faces opposées et imbriquées de la même médaille.
Le cul comme champ de bataille, espace de toutes les redditions et de toutes les alliances.

 

2e photo : Ellen von Unwerth.

Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : xFantasmesx
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