Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Décembre 2024 | ||||||||||
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Je le disais en tête d'un billet : je ne sais pas faire court. Du coup, les articles de ce blog sont généralement longs - plusieurs pages une fois transférés sous Word.
En ce moment, le désir d'écrire est là. Il ne survivra peut-être pas à mon voyage en Indonésie, d'autant que je serai en bonne compagnie.
Parfois je recule devant l'ampleur d'un article. Écrire me réclame beaucoup de temps, de concentration, d'énergie. D'où la nécessité de me fixer quelques règles :
- rédiger d'un seul jet pour aussitôt mettre en ligne ;
- résister à la tentation de réécrire ;
- ne corriger que les maladresses les plus évidentes, les fautes et les coquilles.
Il m'arrive cependant de caler en court de route. Cimetière d'idées, mon dossier "brouillons" est rempli de billets avortés.
J'ai également mes petites manies. Sauf en voyage, faute d'accès facile au net, je ne rédige pas sous Word. Je préfère l'interface du blog pour insérer les photos. Leur choix - maniaque - est une pause dans la rédaction, parfois l'occasion de réfléchir à ce que je veux vraiment dire, au tour imprévu que prend un billet. Certains s'animent d'une vie tellement propre qu'ils m'échappent. Plus qu'auteur, je deviens trancripteur de leur volonté utilisant mon cerveau et mes doigts pour se dire.
À mes yeux, les images n'accompagnent pas seulement le texte mais font corps avec lui.
Souvent, j'ai envie de raconter de brèves histoires, de petits faits qui m'ont réjouie ou attristée, des moments décrochés du quotidien. Souvent je m'abstiens en pensant qu'ils n'auraient pas leur place ici. Ces anecdotes, je les réserve à mon journal de bord, avatar de mes carnets intimes.
Bientôt sa couverture cartonnée s'avachit aux coins, s'orne des cicatrices de bords de table trop aigus, d'empreintes de cailloux, de taches de café, de graisse et de doigts sales.
Ses pages noircies dans différents pays me rappellent comment c'est, le voyage. Comment c'était, cette époque. Si je l'avais oubliée, les tickets de transport ou de sites touristiques, les cartes de visite, les factures, les mots griffonnés en hâte, tous collés en un apparent désordre, m'y ramèneraient.
Ces derniers jours, j'étais à Cebu pour Sinulog. Hier, avant de quitter la ville, une de mes plus précieuses possessions manquait à l'appel : mon dernier journal de bord. J'ai dû l'oublier quelque part et quelqu'un le ramasser. Quelqu'un qui probablement n'en aura jamais l'usage et ne comprend pas le français, mais a été attiré par le défilé coloré des vignettes encollées.
Neuf mois d'écriture entre la France, la Thaïlande, Taïwan et les Philippines partis en fumée.
J'ai fouillé de fond en comble mon étroite chambre d'hôtel. Soulevé les matelas. Refait pas à pas le chemin parcouru la veille. Stoppé dans tous les lieux où je m'étais arrêtée : une épicerie foutraque, un bar sans serveur, un petit supermarché, un restaurant indien.
Personne n'a aperçu mon cahier. Personne ne l'a trouvé.
Moment d'espoir lorsqu'une serveuse m'a vu le remporter à l'hôtel. Déception : elle l'a confondu avec mon Kindle flambant neuf et sa gaine fuschsia.
La perte est irréparable. Rien ne me rendra ces souvenirs si ma mémoire vient à flancher. Et ce grand cahier presque achevé était un tel fourmillement d'anecdotes, de juxtaposition d'humeurs et de paroles collectées que j'en perdrai de toute façon la plupart.
Ainsi va la vie, main dans la main avec l'oubli...
L'idée est née de là : faire de ce blog déjà intime un substitut d'un journal de bord. Un reflet plus fidèle de mon quotidien, émaillé d'anecdotes et de faits sans importance. Préférer plus souvent des billets courts à des textes longs.
Cette évolution s'enrichit d'une nouvelle catégorie : "Une vie aux Philippines". Titre dépourvu d'originalité mais parlant de lui-même.
Un petit tournant sur la route de l'écriture.
J'espère qu'il vous plaira.
Photos : DR, William Wegman.
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