Présentation

En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

Derniers Commentaires

C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

Mai 2024
L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    
<< < > >>

Recherche

Images Aléatoires

  • Solo--Portrait-acad-mique.jpg
  • Sandugo go !
  • Pick-up.png
  • Couple-avec-homme-et-face---main.png
  • Portrait.png

Syndication

  • Flux RSS des articles

Profil

  • Chut !
  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.

Eux

Jeudi 2 octobre 4 02 /10 /Oct 03:24

Quelques soirs plus tard, je traîne chez moi en vieux pyjama, le teint gris et la tête embrumée. Des restes de dîner se fossilisent sur le plateau que je n'ai pas débarrassé. Des vêtements éparpillés se pelotonnent en boule aux quatre coins du salon. Sur le canapé, une pile de journaux attend que je la lise ou ne la jette. Sur l'écran de l'ordinateur, une boxeuse immobile sautille.

Michelle Rodriguez dans Girlfight, festival de Sundance 2000.
Je l'ai fauchée
en plein élan, à la traître et d'un seul index appuyé sur le bouton pause. Mais bien que figée, Michelle irradie d'une vitalité consternante.
Superposés à ses poings de colère brute cisaillant l'air apparaissent mes ongles cassés.
Michelle se bat contre son adversaire, moi contre mes fantômes.
Elle a
la rage de vaincre, moi celle de ne pas sombrer.
Elle a l'énergie de la lionne, moi celle du poulpe accouplé à la limace.
F
orcément, ça déprime.

"2000... soupiré-je. C'était quand même le bon vieux temps."
Là, va falloir prendre les grandes mesures, la tangente ou un somnifère. Filer à l'anglaise ou au lit, et rapido, avant de chouiner ma nostalgie.

Un coassement sort soudain de mon sac à main.
Éberluée, je fixe Michelle comme si elle pouvait éclairer ma lanterne.
Évidemment, occupée qu'elle est à réduire une face en bouillabaisse, elle n'en a aucune.
Le coassement s'exaspère dans les graves. Pour un peu, je me croirais au bord d'un étang bourré de batraciens.
"Ça va, ça va, j'arrive..."
J'arrive... Vite dit.
Retrouver mon micro-sac dans l'immense chambard du salon est en soi un exploit.
Au début, les cris de grenouille aiguillent mes recherches. Mais bientôt, elles ne sont plus guidées par rien.
À quatre pattes, je retourne la pièce en aveugle en pestant contre cette intrusion d'un goût douteux. D'autant plus douteux qu'elle a celui, exécrable, de se taire au plus mauvais moment.

Enfin je le trouve, ce fichu sac. En extirpe le téléphone pour lire :
"Vous avez un nouveau message."
Un nouveau message ? À deux heures du matin ?
Je ne regarde même pas Michelle. Elle n'aura, je le sais, aucune explication à me fournir.
Alors j'enfonce au hasard les touches en songeant au pire. Ma grand-mère est morte d'un infarctus, mon beau-père d'un accident, mon père de son diabète. Une amie va mal, un copain a besoin de mon aide.
Pas du tout
.

Le message ne provient ni d'un infirmier, ni de la famille, ni d'une connaissance proche ou lointaine.
Le message vient d'Achille.
Ouf et mille fois ouf. Mais pour le coup, me voilà aussi soulagée que furieuse.
"Milady... Je pense si fort à vous en cette douce nuit emplie de promesses..."
Je rabats le clapet du téléphone d'un poing rageur. Tourne les yeux vers Michelle qui brandit ses poings.
Elle ne rigole pas. Moi non plus.
Tu m'as fait chanter les grenouilles ?
À nous deux, crapaud revêtu de ta défroque de Prince Charmant.

Connectée en deux clics sur le site de notre premier échange, j'interpelle Achille d'un furibard :
- C'est une heure pour envoyer un SMS ??? Et si je dormais, hein ?
Pas question de lui dévoiler la trouille qu'il m'a infligée. Le faire serait le laisser entrer dans ma vie d'un demi-pouce, alors qu'il n'est pas question qu'il y mette les doigts. Ni là ni dans mon
"moite réceptacle d'amour", au demeurant sec comme du papier crépon.
Sa réponse ne tarde pas à s'afficher :
- Et bien, si vous dormiez, Milady, à présent, vous ne dormez plus.
Mon humeur de dogue se fend d'un ricanement de hyène, puis d'un franc fou rire.
Cet homme-là n'en est pas assurément à sa foulée d'essai. Et malgré mes galops de
cavalière chevronnée, tant d'aplomb a de quoi désarçonner.

Achille, mu par le flair des chiens de chasse, tente de pousser son avantage. Il me promet le champagne,
ses bulles légères comme du plaisir, son ivresse et son bouquet.
Je l'envoie, lui et sa boisson, à tous les diables.
Il me promet la lune.
Je lui rétorque qu'elle est pleine, comme ma coupe sur le point de déborder.
En désespoir de cause, Achille me mendie "de délicieuses photos, incapable qu'il est de trouver le repos."
Mon "non" laconique recueille un ampoulé :
- La raison est de votre côté, puisque Milady,
en vrai je préfère vous effeuiller.
Même Michelle transformée en statue de sel en rigole.
Moi, je vais me coucher.
Seule et en vieux pyjama.
C'est toujours mieux que mal accompagnée.


Par Chut ! - Publié dans : Eux
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Dimanche 28 septembre 7 28 /09 /Sep 02:59
Deux bras dansent comme des flammèches sur le noir.
Achille s'approche du pas assuré du gorille dominant et me gratifie du sourire carnassier du fauve.
Ni ses photos ni son style littéraire n'ont menti : cet homme est sans conteste un bel animal trop bien pommadé.

Il a la veste de smoking chantilly-crème coupée nickel. La pochette en soie chocolat du ton tranchant pile. La chemise blanche ouverte jusqu'au bouton qu'il faut. Le jeans un peu large du minet raccord avec la dernière mode, parfaitement à l'aise dans ses mocassins griffés.
De cap en pied, ce mélange d'apprêté et de décontracté sonne chic et toc. À l'image de son visage trop lisse pour son âge avoué, de ses cheveux gominés au gel ou de sa barbe de deux jours faussement négligée.
Le méticuleux travail de la tondeuse est passé par là, ça crève les yeux.

Le point d'achoppement de sa beauté est aussi mon point d'accroche : Achille a, près de la tempe, une profonde cicatrice blanchâtre.
C'est elle que je fixe alors que nous nous asseyons face à face. Elle que je me retiens d'effleurer alors qu'il détourne la tête pour héler le garçon.
La carte du bar entre les mains, nous hésitons : l'heure est celle du café ou du dernier cocktail.
Achille commande du chaud, j'opte pour du froid.
Il sucre largement sa boisson, je sirote l'amertume de la mienne.
Tandis que l
a discussion s'engage, la fracture entre nos mondes est consommée.

Achille est sûrement habitué à ce que les femmes boivent ses paroles. Moi, je ne bois que mon whisky. Et je l'écoute parler de lui, de son travail à la télévision, non avec l'engageante courbure des fleurs désirant être cueillies, mais avec la rigidité du chardon pas prêt d'être fauché.
Attentive mais pas extasiée, intéressée mais pas conquise.

Ceci expliquant - peut-être - cela, la préciosité a disparu de ses propos. Restées à quai, les formules de gare dévolues aux romans du même acabit. Remballés dans les cartons, les tendres signes d'une virtuelle complicité.
C
e ne sont plus des charmes frelatés qu'il cherche à me vendre, mais son intelligence.
Je ne peux qu'approuver car intelligent, il l'est.
À peu près autant que sûr de lui.

La nuit desserre l
entement son poing d'ombre sur la capitale. Un à un, les clients égrillards, le fêtard esseulé et les prostituées russes ont déserté le bar.
Achille et moi sommes les derniers résistants ou empêcheurs de baisser de rideau, dont le serveur exténué souhaite le départ sans oser le demander.
Pour nous y encourager, il pousse les tables et empile les chaises de la terrasse en commençant par les plus éloignées. Mais bientôt, il n'y a plus rien à mettre en ordre.
- Vous désirez autre chose ?
- L'addition, merci.

Voilà l'heure du coup de torchon, celle où l'on règle les comptes
.
Je barbote la facture sous le nez d'Achille. Il proteste de l'air offensé du mâle atteint dans ses prérogatives.
- Laisse, c'est pour moi !
- Non.

Mon refus ne s'adoucit pas de la promesse d'une réciprocité.
Il n'y aura pas d'autre verre, je veux rentrer.
- Je te dépose ?
Achille, faufilant une main sous mon bras, m'entraîne vers sa voiture.
À mes yeux, toutes les carrosseries montées sur quatre roues se ressemblent. Totalement incapable de les différencier, je ne les reconnais qu'à leur plaque, exceptions faites de celles que mon père, fou d'automobiles, collectionne.
Or, cette voiture m'est familière. Mais si mon paternel possède l'originale dans son garage, Achille n'en détient que la réplique : la tôle est trop lustrée pour dater du siècle dernier, le cuir des sièges pas encore patiné par le derrière des passagers.
Chic et toc... Cet ersatz de pièce de maître résume à lui seul l'homme qui accentue la pression sur mon coude.
- Alors... Je te raccompagne ?
Si une ficelle de la séduction consiste à montrer sa grosse bagnole à une femme, j'ai déjà le ciseau pour couper la corde.
Mais cela,
Achille l'ignore.

J'hésite c
oincée entre deux feux.
Je
prendrais bien, seule, un bol d'air et de nostalgie dans le froid âpre du matin. Longerais ce boulevard qui mène au jardin de mes années d'étudiante. Attendrais l'ouverture des grilles pour remonter l'allée conduisant au lac. Regarderais les chaises abandonnées par les promeneurs en imaginant les dialogues de leurs fantômes. Avalerais un café brûlant près du kiosque à musique avant de me traîner chez moi.

Mais je prendrais bien, aussi, cette voiture. M'y vautrerais pour économiser mes jambes. Dériverais dans un demi-sommeil réchauffé par la clim, bercé du ronronnement conjugué du moteur et de la radio.

Les lèvres d'Achille, soudain pressées sur les miennes, m'évitent de répondre. Si agréables lorsqu'elles se taisent, elles pansent ma mélancolie d'une piquante douceur au menthol.
Je recule d'un demi-pas.
La cicatrice qui bat à sa tempe m'invite à ouvrir la portière.

Nous traversons Paris en silence.
- Arrête-toi sur la place, s'il te plaît.
Mon lit est à dix minutes à pied.
J'embrasse Achille une dernière fois, sors de sa voiture et lui tourne le dos, persuadée ne plus jamais avoir de ses nouvelles.
Je me trompais.

Par Chut ! - Publié dans : Eux
Ecrire un commentaire - Voir les 3 commentaires
Mercredi 24 septembre 3 24 /09 /Sep 01:10

Loin d'échanger nos numéros de téléphone, Achille et moi en sommes encore aux préliminaires virtuels. Il désire me séduire et s'y emploie. Je ne suis pas contre mais il y a un hic. Un gros.
Son style.
À des kilomètres des joutes piquantes que j'affectionne, Achille déverse sur moi le sirop de ses phrases bien tournées. À intervalles réguliers, de petits pavés indigestes mêlant
"langoureux baisers charnels", "affolante griserie d'épidermes" et "ivresse totale des sens" s'impriment sur mon écran.

Les fesses collées à mon tabouret, je pouffe sans retenue, mise en joie et boutée en train à l'impression de plonger en plein Harlequin rouge passion.
Oui, oui, rouge passion... Cette déclinaison mièvrement cochonne de la célèbre collection, où une chatte n'est pas une chatte mais un "réceptacle d'amour", où un coït ne saurait être un
coït mais "l'introduction d'une virilité triomphante, érigée entre les lèvres incarnats d'une moite intimité".

Aussitôt, Magritte et sa fameuse pipe me chatouillent le cortex.
N'empêche que poésie et peinture en moins, je suis littéralement pétée de rire.
Et d'autant plus hilare qu'Achille, croyant pousser son avantage, parsème ses répliques de moult "sourires tendres" et autres "clins d'œil complices" alignés en toutes lettres.
Aucun doute : soit cet homme est né un millénaire après l'ère smiley, ce qui ne le rajeunit point ; soit aucun smiley en stock ne correspond au degré de tendresse et de complicité qu'il désire insuffler à notre échange - ce qui est méritoire mais ridicule.
Ses contorsions linguistiques, trop contournées pour être franches du collier, n'abuseraient
même pas une Cendrillon en quête de Prince Charmant.

Le summum du savoureux est atteint lorsqu'Achille me promet "des moments d'exception entre un gentleman et une Milady".
N'a-t-il donc pas lu Alexandre Dumas pour oser une telle comparaison ?
Si marquée au fer rouge je suis, ce n'est point pour un larcin mais pour une dépossession.
Achille, lui, se fiche bien de cette différence que je ne mentionne d'ailleurs pas, puisque sans conteste je serai "la voleuse de son cœur, si notre discussion de haute tenue a l'heur de se dérouler en un lieu plus propice".

Je rétorque platement :
- Autrement dit, tu veux aller boire un verre ?
Une pause interloquée suit.
- Euh... Oui.
- Parfait. Rendez-vous dans une heure où tu veux. Mais je te préviens : on boit ce verre et je rentre chez moi... seule. À prendre ou à laisser. Sens-toi libre, je ne serai pas vexée si tu refuses.
Nouvelle pause, cette fois réflexive. Scrutant le banc de son espace-réponse, j'entends les rouages du cerveau d'Achille tourner à plein régime pour s'ordonner en un adage :
"Femme te voyant tard à moitié dans ton plumard."
Dix secondes plus tard, il me propose un bar à la mode. J'acquiesce puis me déconnecte pour filer droit vers ma penderie.

Pour être raccord avec l'endroit et notre conversation, il me faut une tenue simple mais chic, un brin sexy mais pas salope.
J'opte pour une robe sage mais moulante, noire mais rehaussée de compliqués entrelacs de paillettes. Pour des bottes sobres mais à talons vertigineux. Pour du noir très noir sur mes cils, du rouge très rouge sur mes lèvres.
Du presque incarnat d'Harlequin pour une fille avançant masquée dans un jeu de dupes.

Dernier coup d'œil au miroir. Fin prête.
Sautant dans un taxi, je rejoins Achille au lieu dit.

Il ne bruit pas de l'effervescence d'une soirée animée mais de la torpeur d'une gueule de bois. Mes talons réveillent le bitume et quelques âmes fatiguées. Le serveur me gratifie d'une courbette lasse. Une tablée d'hommes me coule des œillades égrillardes sur fond de rires gras.
"Si vous saviez... Vous rirez deux fois plus ou deux fois moins..."

Des touristes anglais
gagnent en titubant leur hôtel. Un fêtard allume une énième clope entre deux whiskies. Une prostituée russe toute en jambes et cernes décanille de sa chaise et cingler, d'un dandinement vaguement chaloupé, vers les toilettes.
Cherche-t-elle un client qui ne viendra plus ? Une improbable passe pour s'assurer son ordinaire ?
Restée assise, sa copine potelée rentre frileusement ses épaules dans son cou. Sa bouche, souriante une seconde plus tôt, devient triste, froissée par une main invisible.

Mon regard caresse ces visages éreintés encore accrochés à la nuit.

J'ai peut-être l'air pimpante dans ma robe brillante mais ne le suis pas. Fraîche en apparence, au fond en lambeaux, griffée comme eux par les morsures de l'aube, éreintée par mes nuits sans sommeil, fuyant mes cauchemars et mes doutes comme d'autres leur mort.
Ici, notre part d'ombre est notre partage. Et si je dois trinquer à la santé, à la vie, à l'amour, aux autres choses qui nous remplissent, nous crèvent et finissent par avoir notre peau, c'est bien avec eux, mes comparses de petit jour blafard, et non avec Achille et ses mots mitonnés à la sauce romantique.

Ce rendez-vous est dérisoire. Achille est dérisoire. Je le suis aussi.
Mais du dérisoire comme du chaos peut parfois jaillir une étincelle.


Par Chut ! - Publié dans : Eux
Ecrire un commentaire - Voir les 6 commentaires
Mercredi 3 septembre 3 03 /09 /Sep 03:27
Je corresponds depuis quelques minutes à peine avec Achille qu'il me propose sa photo.
J'acquiesce mollement :
pour discuter avec un homme, nul besoin de voir son visage. Au contraire, j'aime échanger portée par mon imagination, sans image pour faire écran.
Mais Achille insiste. Si, si, sa photo.

Tant d'empressement me paraît suspect. Si suspect que je n'y vois que deux raisons possibles.
Soit Achille, pas terrible ou même très laid, souhaite d'emblée évacuer l'embarrassante question de son physique. Peut-être craint-il, si nous nous rencontrons en vrai, que je ne m'étouffe avec ma boisson ou ne me sauve.
Soit Achille, très mignon ou même fort beau, cherche à m'en mettre plein la vue. Dans ce cas-là, pour moi dont la zone la plus érogène est le cerveau, c'est pas gagné.
Cette particularité-là, Achille l'ignore. Rien de plus normal d'ailleurs, puisqu'il ne me connaît pas.
En revanche, il semble décidé à me connaître davantage, et encore plus à m'envoyer sa photo.
Moi beaucoup moins, mais qu'importe.
Va pour la photo.

Une poignée de secondes plus tard, elle atterrit dans ma boîte. Enfin, elles atterrissent. Parce qu'Achille, sous ses allures de jouer la transparence, est un fieffé menteur : ce n'est pas une photo qu'il m'a envoyé, mais quatre.
Dans ma boîte de réception, elles s'affichent en taille gommettes. Pas de quoi se faire une idée du bonhomme, en somme.
Je choisis au hasard le timbre-poste du milieu. Qui s'agrandit format enveloppe mais que je ne regarde pas. Emportée par mon élan, je clique en tir groupé sur toutes les autres icônes.
Tchac-a-tchac-a-tchac.
La souris changée en mitraillette, je me prends à espérer qu'Achille ne me foudroie. Que son visage ne me transperce, ses pupilles ne me fichent une bonne volée de plomb ou de bois vert, ses maxillaires ne me donnent des envies de riposte et sa bouche des velléités de légitime défense.

J'entr'ouvre les cils.
La dernière photo d'Achille, écrasant les autres de toute son envergure, squatte plus qu'une bonne moitié de mon écran.
- Arf... Cet homme prend de la place ! me dis-je en reluquant les bords de l'image.
Et alors que je reluque au milieu, en plein dans le mille du visage d'Achille, je vois... un bonobo.
Autrement dit, un beau primate.

Achille a sans conteste les yeux un peu trop rapprochés mais très clairs, les sourcils un peu
trop broussailleux mais parfaitement dessinés, le nez un peu trop fort mais très bien proportionné, le menton un peu trop proéminent mais très volontaire.
Achille flirte en tout avec la ligne du
"trop" menaçant d'être un "pas assez" mais s'en déjouant.
Son "trop" à lui, c'est un "très", et sans conteste, il a une belle gueule.
Une de celles à vous coller des envies inavouables de redresser son col de chemise pour mieux en faire sauter les boutons, d'effleurer ses joues pour mieux les souffleter,
d'embrasser ses lèvres pour mieux les mordre, de caresser ses cheveux pour mieux les tirer à pleines mains.
Une gueule à l'enfourcher sur un tapis.
Une gueule à lui montrer vos fesses.

Autrement dit, Achille sent le sexe. Il l'empeste, même.
E
t ça, il le sait. Et le sachant, il s'étale, il déborde de tous ses pixels, alors qu'au fond, vous ne lui avez rien demandé.
Pas même encore son numéro de téléphone.

(À suivre... seulement si vous le voulez !)
Par Chut ! - Publié dans : Eux
Ecrire un commentaire - Voir les 5 commentaires
Mardi 2 septembre 2 02 /09 /Sep 03:16
Sven fait partie de mon "armée des ombres". Un jour, je prendrai sûrement le temps de développer davantage ce que ce terme représente pour moi ; et puis j'aimerais aussi écrire un billet sur chacun d'eux. Mais pas cette nuit.
Cette nuit, j'ai envie de parler de Sven.

Sven a été un de mes premiers lecteurs. Il a atterri ici plus ou moins par hasard alors qu'on ne se connaissait pas. Un bref message par ci, un autre par là... L
a curiosité a été réciproque, je crois. Et, de fil en aiguille, de petits mots en longs échanges, on s'est découverts, appréciés.
Puis, un jour, j'ai mis
ce texte en ligne, sans me douter une seconde de ce qui suivrait le lendemain.
Ce fut un texte de Sven dans ma boîte. Dur, poignant, intense, à fleur de peau, le genre de texte qui vous colle l'eau aux paupières et un direct à l'estomac en même temps. D'ailleurs, en le lisant, j'avais les yeux embués et la respiration toute courte. Et après aussi.


Il est comme ça, Sven. Sous ses airs de ne pas y toucher, il a les mots qui touchent et les attentions qui vont avec : quelques phrases semées en bouées quand je ne vais pas bien, comme autant de rappels amicaux signifiant qu'il est là. Et si jamais je chavirais pour de bon, il me jetterait sûrement l'ancre du bateau (mais pas sur la tête, hein... ce garçon a trop de savoir-vivre !).

Il est aussi pudique, Sven. Pas du genre à faire étalage de ses sentiments et pensées intimes, alors que je soupçonne que parfois ben... ça vibre, ça remue, ça bout même là-dedans. Mais ce qu'il a à exprimer, il le dit à sa manière.
Par ses écrits, parce qu'il a du talent - et certainement autant de réticences que de talent, mais aux dernières nouvelles, les premières ont décidé de lâcher la bride qui retenait le second.
Puis par ses yeux à travers un objectif, ou par ses yeux tout court.
C'est d'ailleurs
l'intensité de son regard qui m'avait marquée en découvrant son visage.
Ce regard-là, c'est une vraie fournaise de charbon pur jais.
Et ce soir-là, je fixais Sven qui me fixait, immobile. Et plus je le fixais, plus je racornissais à vue d'œil, en me disant que si je le rencontrais un jour, je me liquéfierai sur place s'il me fixait de cette façon.

Heureusement pour moi, ce ridicule m'a été épargné. Je n'ai pas fondu comme un sucre dans ma tasse, ne me suis point changée en petite flaque sur mon siège.
Non que Sven eût de moins beaux yeux que sur la photo. Mais il n'était pas intimidant, ce qui est une qualité.

Depuis ce jour de sauvegarde de ma cohésion moléculaire, nous dînons ensemble de temps à autre. Pour ces plaisirs futiles mais qui comptent tant de plaisanter, partager un bon repas, nous raconter nos histoires.
Enfin, à dire vrai, Sven écoute beaucoup les miennes, d'histoires, car j'ai beau avoir pris Chut ! pour pseudo, dans la vraie vie, je suis drôlement bavarde.
Et Sven drôlement adorable. Et bel homme, aussi.
Là, je pense qu'il a rougi.


Note : Sven, j'aurais bien mis en illustration un groupe entier, mais impossible. Les photos étaient vraiment trop vilaines. :)
Pour te venger, tu as le droit de m'envoyer tes potes murer nuitamment la porte de mon appart', mais pas (je te l'interdis !) de jouer de la musique sous mes fenêtres. Inutile... il pleut déjà.


Précision : conformément à ma bonne (?) habitude, Sven n'est ni son prénom, ni son pseudo. Je n'aurais pas pris la liberté de citer l'un ou l'autre sans son autorisation. Puis Sven, ça lui va bien, parce que c'est follement nordique.
Là, je pense qu'il me déteste.

Par Chut ! - Publié dans : Eux
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Dimanche 31 août 7 31 /08 /Août 22:44
Nous venions de passer une excellente soirée. De grignoter des Apéricubes mélangés à du champagne, puis du champagne arrosé de jambon de Parme (ou était-ce l'inverse ?). De parler de films complètement inconnus mais que, surprise, nous avions vu tous les deux.
- Incroyable ! Mais comment tu le connais, ce film ??
- Ben, je l'ai vu au cinéma...
- Moi aussi, et nous étions deux dans la salle.
- Tu vois... Quand je te dis qu'on s'est déjà rencontrés quelque part !
Paulien et moi nous étions déjà rencontrés quelque part, en effet. Au lycée, précisément, alors que j'achevais - laborieusement - la terminale et qu'il était en classe prépa.
Pour les term', les classes prép', c'est déjà presque des vieux.
Pour moi à l'époque, les
classes prép', c'était un autre monde.
Un monde d'intellos
de l'autre côté de la barrière du bac. Un monde auquel je n'appartenais pas pour un diplôme que j'ai failli ne pas passer.

- Eh, minute ! T'étais pas brune à l'époque ?
- Si, si, mais ça m'arrangerait que tu ne te souviennes pas de moi. J'étais vraiment trop moche.
- Pfff... Allez, je n'en crois pas un mot !
- Parfois, tu devrais. Puis il agaçant, ton présupposé. Je ne raconte pas que des conneries !

E
nlacés sur son minuscule balcon, nous avions ri à gorge déployée.
En cette toute fin de juillet, Paris était désert. Mais avec l'effet d'écho sur
les façades d'en face, nos rires rebondissaient sur les briques pour nous revenir, amplifiés.
- Des conneries, ah ah ah !
On aurait juré que c'était la grosse poilade du quartier. Que tous les voisins assemblés, bien planqués derrière volets, nous faisaient chorus pour se désopiler eux aussi la rate.
- Trop moche, ah ah ah !
Ben si, trop moche.
Et puis vos gueules. On veut dormir, maintenant.

Derrière la girouette du toit le plus proche, l'aube commençait à poindre. Rassasiés d'Apéricubes, de champagne, de jambon et de fous rires, Paulien et moi rentrâmes dans l'appartement.
Les baies vitrées se fermèrent sur le silence des immeubles, les stores sur le petit jour.
Le clic-clac
déplié du salon nous attendait. Nous nous fourrâmes en vrac sous les couvertures, roulâmes l'un sur l'autre, ma main sous son tee-shirt, la sienne sous ma jupe.
Nos lèvres se cherchaient,
s'épousaient, s'éloignaient, se bécotaient, reprenaient du champ, se retrouvaient, se mordillaient en excitantes prémisses d'un vrai baiser de cinéma.
Mais pas un cinéma classé B ou Z, comme les films que nous étions les seuls à avoir vus. Notre lettre à nous, c'était le X. Le X avec la langue, la salive, la gaule, la mouille, le désir de prendre et d'être prise.
C'est à la faveur d'une brève séparation que la scène se gâta.
Paulien haleta sur ma nuque une phrase que je ne compris pas.
En vérité et toute honnêteté, je la compris parfaitement, sa phrase. Mais elle me frappa si fort, si loin, d'une façon et avec une violence si inattendues que j'en restai abasourdie.

Brusquement, ma main s'immobilisa sur son torse. Brusquement je me redressai d'un bloc, dégrisée, échevelée, avec l'indignation et la colère d'une fille en butte à un terrible malentendu.
- Pardon ? Tu peux répéter ?
Décontenancé, Paulien s'exécuta néanmoins en toute innocence :
- J'aime beaucoup t'embrasser, ma chérie.

Ma main décolla de sa poitrine pour se rassembler en un poing compact. Un poing duquel émergeait un index menaçant, vengeur, pointé vers sa bouche.
Je m'entendis vociférer d'une voix blanche, d'une voix mauvaise, d'une voix qui n'était pas la mienne :
- Ce mot-là... ma chérie... Hors de question, tu m'entends ? Tu n'en as pas le droit ! Pas le droit, c'est compris ?
Paulien me fixait, étonné, conciliant, alors que je me renfrognai dans un mutisme de glace.
- D'accord, je ne te le dirai plus.
- Dormons, il est tard
, conclus-je.

Nous nous allongeâmes épaule contre épaule, cuisse contre cuisse, front contre front.
Mais les paupières grandes ouvertes sur le noir, je ne pouvais trouver le sommeil. Les pointes et aiguillons de la tendresse et du remords venaient tour à tour me piquer, me transpercer, me pourfendre.

Alors, comme si ma vie en dépendait, comme si j'allais crever pétrifiée sur place, je murmurai à son visage si tranquille et si beau :
- Je t'aime... beaucoup, tu sais.
- Moi aussi,
répondit-il, un regard coulé
de biais entre ses cils.

Je me détournai en enserrant l'oreiller pour mieux le mordre. Brûlant d'agripper en naufragée son bras soudain glissé sur ma taille ou de le repousser pour le lui claquer à la figure.
Le cœur en bataille, je lui assenai du haut de ma tristesse :
- Sauf que bien t'aimer, voilà une excellente raison de me barrer. La meilleure, même.
- Sûr que sans culotte et à six heures du matin, ça aurait de la gueule
, m'objecta-t-il du tac au tac.

S'il était besoin de raisons pour rester avec Paulien, en voilà une excellente. Pas la meilleure, toutefois, juste une de celles qui ont compté : jamais Paulien n'a pris ma rudesse pour de la méchanceté. Il l'a d'emblée située à sa juste place. D'abord parce qu'il est d'une rare finesse, ensuite parce que je compte pour lui, je crois.
"Tu comptes pour moi..." ne sont pas, prononcés par lui à mon oreille, des mots interdits.
Au contraire, j'aime à les entendre, en confidence de sa bouche sur ma nuque.
Par Chut ! - Publié dans : Eux
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Jeudi 28 août 4 28 /08 /Août 00:58
J'ai déjà parlé, très incidemment, d'Emmanuel.
Depuis que je le connais, j'ai envie d'écrire sur lui. Cet article fut cent fois repoussé faute de temps, de disponibilité et même d'inspiration. Car Emmanuel est si complexe qu'il n'y a probablement aucune bonne façon de "l'aborder".
Ce sera donc la mienne, imparfaite, avec les mots tels qu'ils me viennent et les images telles qu'elles se bousculent.

Quand je pense à Emmanuel, je vois son visage au nez aigu et la chemise blanche, légèrement déboutonnée, qu'il portait lors de notre premier rendez-vous.
Je vois
sa peau blanche parsemée de discrètes rousseurs et son sexe dressé entre ses cuisses.
Je vois sa main branler son sexe et le plaisir dans ses yeux.
Je vois son salon, le canapé gris sur lequel nous devisons, les guitares posées sur leur socle, le masque d'inspiration africaine accroché au mur.
Je vois l'horloge pétrifiée à la même heure, les persiennes qu'il ferme alors que nous sommes tous les deux.
Je vois le long couloir qui mène à sa chambre, le bureau où nous ne faisons que passer, nus l'un derrière l'autre, pour rejoindre
son lit.
Je vois sa chambre spartiate, son immense salle de bain, spartiate elle aussi, et le miroir dans lequel nous nous voyons.
Quand je pense à Emmanuel, ma mémoire est en partie réflexive.
Et quand je pense à Emmanuel, je pense à son appartement.

L'appartement d'Emmanuel est comme le prolongement de son propre corps. Un espace débarrassé du superflu, une coquille qui le protège et dans lequel je me sens libre d'être moi.
Libre de parler de sujets jugés ça et là inconvenants, libre de boire jusqu'à l'ivresse si je désire m'enivrer, de ramper sur son plancher, la jupe remontée sur les cuisses, si l'envie me prend d'être honorée à genoux.
Libre en paroles comme en actes, sachant que rien ne le choquera.
Cette certitude est en elle-même une libération.

À bien y réfléchir, rares sont les personnes devant lesquelles je me montre totalement nue. Pas dans la nudité du corps mais dans celle de l'esprit, parce que je ne crains aucun jugement ni retour en boomerang au cours d'une discussion.
Sur ce plan-là, Emmanuel est à mille coudées au-dessus de moi.
Il est sans tricher, sans faux-semblants, dans ses failles et névroses.
Il est.
Et étant, il m'autorise du même coup à être. Dans mon instabilité, mes folles envies, mes douleurs, mes contradictions, mon écartèlement entre Maîtresse et soumise.


À ce titre, notre première fois fut une lutte.
Less is more... Pour ce rendez-vous inaugural, je misai sur ma tenue préférée : mes bottes fétiches et une robe simple rehaussée de quelques bijoux.
Une fois arrivée à sa porte cochère, je l'appelai. Mon message tenait en une phrase :
- Je suis en bas, je t'attends.

Une minute plus tard, il était là. Si j'en crois son regard, celui qui avoue tout en se passant de mots, il sembla apprécier mon choix.
Nous remontâmes une rue à pic en causant gaiement. La discussion se gâta un brin à la terrasse du café.
- C'est parce que la réalité est plate que j'écris.
- La réalité est plate ? Ah ah, comme tu te la pètes !
railla-t-il.

À ces mots, j'eus brusquement envie d'allonger mon bras par dessus la table et de le gifler à la volée. De bousculer son
harmonieux visage de mon poing pour lui faire admettre que oui, la réalité est plate comme la Terre est ronde.
Que la succession des actions quotidiennes est inintéressante comme une liste de courses.
Que peu de faits valent en soi d'être reportés, noyés dans la masse d'une pesanteur sans intérêt. Et que si ce plomb-là est susceptible d'être changé en or, c'est bien grâce à la transmutation de l'écrit qui lui tisse un écrin.
- Si peu vaut d'être sauvé, mais tout peut valoir le détour à condition d'être bien raconté, plaidai-je.

Nous ergotâmes sur cette question sûrement plus que nécessaire. Mais ce superflu-là n'était en vérité point accessoire, il était essentiel : Emmanuel et moi joutions avec plaisir, avec délectation, et nos passes d'armes rhétoriques, nos joutes verbales n'étaient que préludes à une bonne baise.
La tension du verbe ?
Une annonciatrice de la tension de la verge, à un genre et une lettre près.

M'abandonner à des hommes dont je ne salue pas l'intelligence m'a toujours été difficile.
En bonne pétasse littéraire, j'ai toujours prétendu que la zone la plus érogène de mon être résidait en mon cerveau, et ce n'était pas en cette occasion que j'allais me désavouer.
Autant dire qu'à cette terrase, la controverse apportée par Emmanuel me faisait trembler d'excitation.
Ou qu'en termes crus, je mouillais.

Plus tard dans la soirée, assise sur son canapé gris, je sirotais un verre de vin aussi vermeil que mes lèvres. Mon regard tomba soudain sur mon décolleté. Un bouton de ma robe s'était défait. Je souris d'un air mutin en le remettant en place, plaisantant sur le peu de fiabilité des vêtements d'aujourd'hui.
- Voilà embarras qui ne serait point arrivé avec les camisoles de nos grand-mères... dis-je, faussement prude.
- Certes, mais en le fermant, tu m'insultes, me répondit-il.
Et s'il me laissa me rajuster, ce fut pour mieux me désajuster. D'un sûr tranchant de main, il fit sauter tous les boutons et je me retrouvai face à lui, en guêpière. Puis les agrafes de ladite guêpière cédèrent à leur tour pour dévoiler mes seins. Lesquels furent caressés, pétris, leurs tétons titillés, mordillés, excités, comme il se doit par tout bon amant.
À mon tour, j'enlevai les boutons de sa chemise et de son pantalon. Puis la mince barrrière de tissu qui restait entre sa peau et la mienne.
- Viens !...
Sa voix était à la fois souffle, ordre et requête. Les pupilles plantées droit dans les siennes, je me levai du canapé.
- Tu as beau ordonner, c'est moi qui commande... et je t'obéis parce que là est mon plaisir... pensai-je en le suivant, main dans la sienne, le long du couloir.

Une fois sur le lit, Emmanuel et moi nous battîmes comme deux ennemis.
Peau contre peau, poing contre poing.
Il empoignait mes cheveux, je me débattais lèvres serrées. Ces mêmes lèvres qu'il aurait voulu sentir enserrer son gland et glisser le long de sa verge.

J'avais beau mourir d'envie de le prendre dans ma bouche,
obstinément je me refusais.
Sous ses assauts je luttais pied à pied, alors même que j'avais décidé de capituler.

Il savait que j'allais rendre les armes mais feignait de l'ignorer, tant mes dérobades et notre combat sur le sommier décuplaient son plaisir et le mien.
Nos regards rivés l'un dans l'autre s'affrontaient en un dialogue muet :
- Cède !
- Va te faire foutre !
- Suce-moi !
- Crève !

Farouche, je lui décochai un coup de talon pour le repousser, les poignets prisonniers de sa paume, tordus jusqu'à la douleur de la rupture.
- Aïe !
Ce cri venait de lui, ce cri venait de moi.
Lorsque la joute eut assez duré, je pliai l'échine et avalai son sexe.
Emmanuel eut un sursaut.
Il jouit plus tard en s'excusant de venir trop vite.

Depuis, il y a eu d'autres nuits, très blanches, avec Emmanuel.
Je les raconterai ici... peut-être.
Par Chut ! - Publié dans : Eux - Communauté : xFantasmesx
Ecrire un commentaire - Voir les 3 commentaires
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés