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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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Au jour le jour

Mercredi 9 janvier 3 09 /01 /Jan 20:05
Depuis que je me suis lancée dans la blog aventure, ma vie a marqué un sérieux coup d'arrêt.
Les soirées, je les passe désormais chez moi à
écrire ou raccrocher les wagons pour le travail.

J'en oublie presque qu'il y a des gens dehors, des cafés, des restaus. Le planning de mes sorties se réduit à l'essentiel : des incursions au supermarché pour remplir le frigo. J'achète des plats surgelés que je grignote devant mon écran ; des plateaux de sushis que je mange avec les doigts, en collant du riz gluant sur la souris ; des gâteaux que j'engloutis en transformant mon clavier en champ de miettes.

L'écriture et ce blog, ou plus justement l'écriture de ce blog, me hantent.
Je réfléchis aux thèmes que j'aimerais y développer. À la meilleure façon de les aborder. Je les note sur des feuilles volantes que je ne retrouve pas. Pas grave, mon inspiration se déjoue de mes listes : chaque jour, un sujet s'impose sans que je l'aie choisi. C'est lui qu'il me faut séance tenante convertir en mots. Si j'y coupe, je me sens frustrée.

J'ai la chance énorme d'être avec quelqu'un qui comprend mes obsessions ; qui les subit sans s'en plaindre et pousse l'abnégation jusqu'à les encourager. Parce qu'il veut que je m'épanouisse, bien sûr. Mais aussi parce qu'il sait à quel point l'écriture est vitale pour moi, à quel point j'ai usé de ruses pour la contourner et toujours y revenir, mais sans conclure. P
our avoir les moyens de mes ambitions, la ténacité me manquait autant que les mots.

Mais dimanche soir, ras-le-bol. L'heure de la relâche avait sonné, celle du bon temps était arrivée. J'avais trop envie d'une soirée à deux, tranquille, reposante, agréable. Un thé bien chaud, un film, divertissant... et pourquoi pas le reste ?
Au début, nos retrouvailles se sont déroulées comme prévu. Le thé était bon, le film (The Dish) loin d'être mauvais. La situation s'est gâtée au moment de notre dernière cigarette, quand j'ai eu la mauvaise idée de relever mes mails.
Un message p
as très plaisant m'attendait. Aussitôt, ma pression artérielle est montée en flèche.
La nuit portant conseil, j'ai décidé de remettre ma réponse au lendemain.

Nous sommes allés nous coucher. Lovés l'un contre l'autre, puis l'un sur l'autre
, en amoureux.
Je fermais les yeux pour mieux goûter le moment. Rien à faire, je me sentais mal. Les phrases du mails dansaient la farandole sous mes paupières.
Je les chassais, agacée. Elles revenaient s'inscruster.
Je leur ordonnais de se tirer vite fait bien fait. Elles s'installaient en camp retranché.
À un moment critique, j'ai craqué. Me suis brusquement dressée sur le sommier. Ai repoussé chéri et couette dans un geste brutal, en lançant :
- Désolée, j'ai un mail à envoyer.
C'est sorti tout seul. Air effaré de mon ami et triple idiote que je suis.
Impossible de rattraper la bourde. Ce mail, je devais à présent l'écrire et le poster, sous peine de simuler ou de ne pas dormir.

En dix minutes, il fut rédigé. Je retournai au lit apaisée. Repris les choses au point où nous les avions laissées. Enfin presque. Car en pleine action, je ne sais quelle mouche est venue me piquer pour me changer en furie.
Sans préavis, j'ai mordu mon ami au sang ;
lui ai enfoncé mes ongles dans les flancs et collé une magistrale fessée.
Douche froide assurée pour tout homme non préparé. Ce fut la débandade sur fond d'égalité restaurée : un partout pour ruiner la fête.

Finalement, les histoires de migraine, c'est dépassé. Grâce à Internet, les filles en mal d'excuse (ce que je n'étais pas ce soir-là, attention) disposent d'une toute trouvée :
- Chéri ? Désolée, j'ai un mail à envoyer.
Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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Jeudi 3 janvier 4 03 /01 /Jan 01:30
Comme nombre de gens, j'ai plusieurs adresses mails.
L'une, ancienne, avec mon nom et prénom, me servait surtout pour le travail.
L'autre, plus récente, pour les amis, les connaissances... et tous ceux auxquels je n'avais pas envie de communiquer ma véritable identité.
La ligne de partage était claire et mon affaire roulait : une place pour chaque mail, chaque mail à sa place. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes virtuels... jusqu'à l'été dernier.

Ce fut d'abord un grain de sable intitulé Viagra. Il avait dû ricocher sur un caillou pour atterrir dans ma boîte. Je me suis étonnée sans m'inquiéter. L'ai supprimé sans le lire ni oublier de ricaner :
- Hin hin, bien essayé ! Tu pensais ptêtre m'avoir comme ça ?

Le lendemain, le grain s'était dédoublé. Le surlendemain, démultiplié.
Au bout d'une semaine, à force de
tomber avec une régularité de métronome, il avait transformé ma messagerie en plage déserte : la petite pilule aussi bleue que les flots y avait planté son parasol et déplié son transat. Et pour mieux occuper le terrain, elle avait sournoisement changé de maillot. Mais à mes yeux excédés, vilagra, V*agra, c'était blanc bonnet (de bain) et bonnet blanc (de bain, toujours).
Quel que soit le nom, je m'en cognais tout pareil.
Non, je n'ai pas de pénis. De verge à surdimensionner. De femme à contenter.
Rien à faire élargir, même pas mes idées.
Et toc.


N'empêche qu'à force, ma boîte avait pris des allures de décharge publique (ce qui, pour un médoc luttant contre l'érection molle, peut être considéré comme un gage de succès).
Les messages intrus y fleurissaient comme des fleurs de pavé. Je les arrachais une à une, mais obstinées, toujours elles repoussaient. J'oubliais un jour de séparer le bon grain de l'ivraie ? J'en avais pour des heures à remettre mes plate-bandes d'équerre. Étouffés par la luxuriance de la jungle publicitaire, mes mails de boulot dépérissaient. Si j'en crois les coups de fil impatientés, la machette vengeresse de ma souris a même dû en décapiter quelques-uns.

Je croyais être au bout de mes peines, je me trompais. Après le v**gra ont rappliqué les replica. Les Re:, Hi ! et Good news émanant de parfaits inconnus au bataillon.
De guerre lasse, j'ai fini par transvaser ma boîte pro sur ma boîte perso. Elle, au moins, est dotée d'un anti-spams qui ne se confond pas avec une passoire.

Monde mercantile, je n'aurai que trois lettres à ton endroit : STM (Spam Ta Mère).
À l'envers et dans le privé, je les préfère sans T...

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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Samedi 29 décembre 6 29 /12 /Déc 18:57

Quand on vit en appartement, c'est forcément la grande question : mes voisins baisent-ils aussi ?


Certains soirs, on a la réponse alors qu'on s'en passerait bien. Des hurlements à vous vriller les tympans traversent vos murs. Tranquillement installé devant votré télé, vous vous emparez de la télécommande pour les couvrir en montant TF1 (France2-3, Arte, le porno de Canal) à plein volume.
Peine perdue.

Les cris de bête s'obstinent en un crescendo  /descrescendo qui vous cloue au canapé. Bientôt, des "Oui, oh oui encore, OUIIIIIIII !" viennent enrichir la bande son.
Les mains sur les oreilles, vous priez pour que Madame la lui coupe ou que Monsieur soit un éjaculateur précoce. Prématuré, pardon, c'est plus politiquement correct.

Lorsqu'ils en ont enfin terminé, c'est vous qui jouissez... du silence.
Vous pouvez enfin passer à l'horizontale avec un bon bouquin. Ignorer ces gêneurs qui vous marchent sur la tête et vous courent sur le haricot.
Mais pervers comme ils sont, ils remettent ça dans la nuit ou à l'aube, vous tirant des rêves où bien sûr, ils ne sont pas : vous les avez tués en vous endormant.

Vos voisins sont de chauds lapins, votre prouesses à vous se résument à peau de chagrin ? Vous vous sentez le laissé-pour-compte de l'immeuble. Le plus moche, le plus nul, le plus minable de la cage d'escalier.
Vos voisins n'ont pas de vie sexuelle, vous non plus ? Un partout la balle au centre.
Rassurant. Vous voilà bercé par l'idée qu'un jour néanmoins, votre tour viendra (avant le leur, si possible).

Chez moi, je ne rencontre aucun de ces problèmes. J'habite le seul
immeuble d'abstinents du quartier. Ou de frigides, mais puisque je n'entends pas la différence, elle m'importe peu.
Le cul entre mes voisins du dessous tient en un mot : rien.
Celui entre mes voisins du dessus en trois : pas grand chose.
À leur décharge, ils sont frère et sœur. Plutôt avantagés de leurs personnes, au passage. Je les soupçonne de fait d'aller s'éclater ailleurs que sur mon plafond.
Non, non, je ne m'en plaindrai pas. Les soupirs
non équivoques que j'ai déjà perçus certains petits matins m'ont suffi.

Il est très embarrassant de croiser ses voisins après les avoir entendus jouir : invité malgré vous à leurs ébats, vous êtes entrés par effraction dans leur jardin secret.
Certaines portes doivent rester fermées. C'est préférable pour le droit à la jouissance des occupants de la communauté.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour - Communauté : xFantasmesx
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Vendredi 28 décembre 5 28 /12 /Déc 16:35

Un message perso à faire passer ?

Dites-le avec du parfum.
En manque d'inspiration pour Noël ou un anniversaire ?

Offrez du parfum, cadeau chic mais pas cheap, banal mais apprécié.
Seul écueil : bien le choisir.

Vu qu'il en existe des milliers, dégoter le bon sans avoir un nom en tête revient à chercher de nuit une aiguille dans une meule de foin.
On ne sait jamais, non plus, comment la peau qui le reçoit l'exprimera. Des arômes délicieux virent au faisandé sur certains épidermes.

Ami pervers, voilà le moyen d'assener tes quatre vérités sous couvert de générosité :
"Toi, je ne peux te sentir !"
Puis, entre un parfum et celui qui le porte, il existe un lien aussi impalpable qu'entêtant. Sucrées ou aigrelettes, légères ou vénéneuses, masculines ou capiteuses... Nos odeurs d'élection parlent de nous parfois plus justement que nos mots.
Pire qu'une faute de goût, ignorer cette correspondance intime
est un aveu de méconnaissance, une véritable erreur sur la personne.
Pour ma part et malgré quelques infidélités, deux parfums composent mon panthéon olfactif.

 

Le premier, Moschino de Moschino se marie parfaitement à ma peau.

Ma demi-sœur m'en avait parlé sous une guirlande de Noël. On le lui avait offert et elle l'imaginait sur moi, peut-être parce qu'elle ne l'aimait pas.
Elle voulait me l'apporter avant mon départ. On ne s'est pas revues.
Elle voulait me l'envoyer par la poste. Elle a dû oublier le colis en cours de route.
Qu'à cela ne tienne. En bonne écolo, selon le principe de "rien ne se perd, rien ne se crée", elle recycla l'idée : la bouteille m'attendait
au pied du sapin l'année suivante.
Sur le coup, je jugeai ça fort de café.
Puis je versai de l'eau dans mon vin. Ma demi-soeur et moi avons beau peu nous connaître, elle avait eu du nez.

Ce parfum, je l'adorais. Transmutation du plomb en or : son cadeau par défaut devenait un présent de qualité.
Quand la bouteille fut aux trois quarts vide (ou au quart plein, c'est selon), je cherchai sa jumelle. Déception. 
Dans les parfumeries, Moschino de Moschino n'est pas référencé, plus vendu. Seul le net me permit de flairer sa trace, de remonter la filière espagnole pour me procurer un flacon de contrebande.

Hier, ma meilleure amie m'en offrit une bouteille dénichée au pays des chocolats. Autant dire que je la savourerais comme une gourmandise.

Parfumée 2Opium d'Yves Saint-Laurent est le second. Je suis accro à ses effluves enivrants, obsédants, grisants de cocotte ou de femme fatale
. Je le porte sur le lobe des oreilles pour sortir, au creux des poignets pour dormir.

À mes narines, une formule le résume : invitation au plaisir.
Mon chéri voulut un jour me faire une surprise. Nous étions en voiture lorsqu'il me tendit un paquet.
Poison.
Poison... gloups... Interloquée, je fixais la bouteille.
- Ce n'est plus ton parfum préféré ?
Confuse, j'avouai que jamais cela n'avait été le cas.
Lui se traita d'idiot.
- Désolé, je me souvenais juste d'un rapport avec la drogue...
Poison, opium, erreur de came !

Ce Noël, l'ex-compagnon de ma mère m'a envoyé un parfum. Et cette année comme les précédentes, j'aime à interpréter ses choix à la façon de signaux codés - tout en me doutant qu'il n'y met pas l'intention que j'y lis.
Deux fois de suite, il opta pour Fragile.
Cette fois-ci, ce fut Trésor.
Je ne suis pas folle de cette fragrance, mais je la porterai : en 2008, je veux être parfumée à l'amour et au bonheur.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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Vendredi 28 décembre 5 28 /12 /Déc 02:51

Provenances incongruesJe l'avoue volontiers : après minuit, j'ai la manie des statistiques.
Lorsque je parcourais en simple lectrice les blogs des autres, j'étais loin de me douter qu'elles existaient. Mais maintenant que je suis passée de l'autre côté du décor, je scrute les courbes des miennes en obsédée textuelle.

Ami lecteur (lectrice), tu es prévenu(e), Big brother is watching you.
Car miracle ou horreur de la technologie, tout est consigné dans cette rubrique indiscrète. À savoir, dans le désordre :
* les articles les plus - et les moins - lus. Ainsi, j'ai appris que mes lectures n'intéressaient pas grand-monde, à la différence de ma vie sexuelle.
Vous avez dit surprise ? Je ne vous crois pas.

* le nombre de visiteurs quotidiens, selon une méthode qui se veut impartiale. Se connecter dix fois par jour avec la même IP compte pour un. Du coup, les amis qui veulent du bien à vos stats n'auront qu'à repasser le lendemain. Et sans faute, s'il vous plaît, merci beaucoup la joie est mienne, chic tant mieux.

* la provenance desdits visiteurs, ou comment ils sont arrivés (ont échoué) sur vos carnets intimes.
Certaines visites ne doivent rien au hasard. D'autres, en vertu de google-est-mon-ami, lui doivent tout, et c'est pile là que ça devient drôle.

Celui (celle) qui a entré en mots-clés "corset+cadenas" y a, j'espère mais j'en doute, trouvé son bonheur.
Mon post sur les cadenas n'est guère croustillant, celui sur les corsets encore en préparation (oui, oui, j'y songe, j'adore ces instruments de torture).

Celui (celle, mais je penche pour le masculin), qui a tapé "blog+pute+cuissarde" y a, j'en doute fort, trouvé de quoi assouvir ses fantasmes.
Pourtant, il (elle) a cherché, et avec patience. Car lorsqu'à mon tour j'ai feuilleté GMA - Google Mon Ami -, je ne suis pas tombée sur mon blog.
Il doit être pris en sandwich quelque part entre la page dix-sept et quarante-douze, après "défonce anale suceuses" et avant "pompeuses expertes" (les titres sont véridiques, je n'ai pas cette licence poétique).
Pour ma part, j'ai calé à la page 18.

Celui (celle, pour la forme, cette fois), qui a entré "soumis bouche ouverte noyée de sperme" n'y a, j'en suis certaine, pas trouvé
son compte du tout.
D'ailleurs, si un jour tu repasses par là,
soumis à la bouche ouverte noyée de sperme ou Maître aimant à contempler ton œuvre, laisse-moi un commentaire.

Je te le jure sur mon premier fouet et mes pinces croco, ça me fera plaisir.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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Samedi 22 décembre 6 22 /12 /Déc 15:33

Double agressionJ'ai rendez-vous avec Mathilde, une amie de passage à Paris.
C'est l'été, il fait beau, j'ai envie d'être jolie. Devant ma penderie, j'hésite. Oserais-je étrenner ma nouvelle robe ? Coupée au-dessus du genou, sans bretelles, elle est rose bonbon, traversée d'une bande noire à la poitrine. Pas de quoi fouetter un matou, sa matière exceptée : du latex mat hyper moulant, une vraie seconde peau.
De loin, on la croirait en tissu. De près, le doute n'est plus permis.
Dans la rue, je ne passe pas inaperçue. Les femmes me scrutent, les hommes me sifflent. Ma tenue serait-elle trop ?

Face au miroir, avant de partir, je ne la trouvais ni vulgaire ni provocante. Juste un brin plus sexy que la moyenne de belle saison, qui pousse les filles à découvrir leurs jambes et les attaches de leur soutien-gorge.

Mathilde et moi nous séparons. Je rentre chez moi comme je suis venue : à pied, de la musique à fond dans les oreilles. Dans ma rue, un homme gare sa voiture. Il me lance un sourire, je le lui retourne. Après avoir posté un courrier, j'arrive à ma porte cochère, en compose le code, la pousse. Au moment où je vais entrer, l'homme de la voiture - appelons-le X - m'adresse la parole. Je sursaute. Isolée dans ma bulle de musique, je ne l'ai pas entendu arriver.
Je coupe le son du baladeur pour lui répondre gentiment :
- Merci de me proposer votre numéro de téléphone, mais je n'en ferai pas usage.
Nous échangeons encore une ou deux phrases, pas plus. Et là... deux gars qui remontaient la rue s'arrêtent à notre hauteur. Un très grand, posté en retrait, auquel je ne prête pas attention. Un plus petit, look baggy, dans les 20 ans, presque collé à nous.
Il nous lance :
- Salut, ça va ?
X et moi répondons en choeur :
- Oui, merci.
Je suppose qu'il s'agit de potes qui viennent de le croiser par hasard. Mais le jeune insiste :
- Alors, ça va ?
Je réponds, seule, cette fois :
- Ca va, merci.
Les yeux de X croisent les miens. Tout à coup, je sens un truc qui cloche. Quoi exactement, aucune idée, mais un signal d'alarme retentit dans ma tête. Puis, soudain, la certitude : X ne les connaît pas, il a supposé comme moi que ces gars me connaissaient.
Moment de flottement, très court.
Dans un rictus, le jeune reprend, plus nerveux, plus abrupt :
- Alors, vous faites quoi ce soir ?
Je réplique en me forçant au naturel :
- Rien, et là, on rentre.
- Ah ouais ?
Son intonation est devenue menaçante. Ça va très mal tourner, j'en suis certaine.
Je dis à X, comme si je le connaissais de longue date :
- Allez, viens.
J'ouvre grand pour le laisser passer. Me faufile derrière lui à toute allure, pèse contre la porte de tout mon poids. Le bras du type surgit dans l’ouverture pour la bloquer. Trop tard, elle s'est déjà refermée. Il enfonce tous les boutons du digicode. En vain, il n'a pas la combinaison de chiffres pour entrer.
Ivres de rage, les deux gars tentent de défoncer la porte à coups de poings et de pieds.
- Ouvre-nous, connard, enculé !

X et moi nous dévisageons, abasourdis, effrayés. Je lui chuchote :
- Ne restons pas là, suis-moi.
J'ouvre la deuxième porte avec ma clé. Dans la cage d'escalier, nous serons en sécurité. Plus de risque qu'un locataire distrait ne leur ouvre pour qu'ils déboulent sur nous comme des chiens.
Coincés dans la rue, ils braillent à tue-tête :
- Fils de pute ! On va la baiser, ta meuf !
X réalise d'un coup ce à quoi nous venons d'échapper : si nous étions restés dehors, ils m'auraient empoignée et l'auraient mis à mal ; si je l'avais laissé seul, il lui aurait défoncé la tête.
Il me remercie chaleureusement, ose l'humour :
- C'est la première et dernière fois que je drague une fille dans la rue... Trop risqué, comme sport !

Enfin, il m'annonce qu'il va repartir. Je lui conseille d'attendre encore. Il y a des bruits suspects derrière la porte, un sifflement strident dans la cage d'escalier. Les types ont abîmé le digicode à force de taper dessus.
Sans réfléchir, je lui propose de monter chez moi, le temps de nous calmer et de boire un remontant.
Il accepte. Je m'excuse par avance pour le désordre, pas pris la peine de ranger hier...
Il s'en fiche : par rapport ce qui vient d'arriver, c'est plus qu'un détail.

Je traverse le couloir de mon appartement, X sur mes talons. Soudain, le rouge me monte aux joues. Éparpillés sur mon coffre, inratables, mes achats de la veille : des robes en vinyle, une jupe en latex, une paire de cuissardes... sans compter les menottes, les pinces et le fouet qui ont servi pour une joyeuse soirée.
Gloups.
Je me précipite, lui bloque la vue, ramasse le tout l'air innocent. Me persuade, avec la mauvaise foi des coupables, qu'il n'a rien remarqué. Mais... Adroite comme je suis, au moment où je soulève le paquet, on entend un BING ! sonore.
Je me fige. Je regarde à mes pieds.
Ouille ! Tombés sur le plancher, pile à côté de ses chaussures, un bâillon-boule et un godemiché rose !

On a quand même bu un verre. Il est parti au bout d'une demi-heure.
Qu'a donc raconté X aux amis qu'il rejoignait ?

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour - Communauté : xFantasmesx
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Samedi 22 décembre 6 22 /12 /Déc 14:14

Joyeux Noel bisLes fêtes approchent à grands pas. En mon absence (je reviens d'Asie), les rues du quartier se sont refaits une beauté.

Des guirlandes illuminent les façades des immeubles. Des loupiotes colorées se détachent sur le ciel.

La nuit, c'est calme, c'est joli.

Mais le jour, à ras de terre, c'est la cohue.

Une foule compacte traîne sur les boulevards, se presse dans les magasins. Chacun essaie de trouver la solution au casse-tête annuel : qu'offrir à des gens qui ont déjà tout ?
À des enfants dont les placards croulent déjà sous les jouets ?
À l'obscure tante de province, la parasite du réveillon ?


Des arrangements se concluent, des disputes éclatent, des rancœurs resurgissent :
- L'objet vaut tant, je mets la moitié, tu complètes. Comment ça, c'est trop cher ?
- Quoi, tu offres ce truc minable ?
- Vu son cadeau de l'an dernier, à cette vieille rosse, pas question de me ruiner !
Moi, à la question "Tu les as achetés, tes cadeaux ?", je réponds :

- Ben non, désolée.
J'ignore encore où je passerai Noël, ce qui pourrait être une excellente raison : on n'offre pas la même chose aux parents de son chéri qu'à sa meilleure amie. Mais ce ne serait pas la bonne.
Je suis en vérité un éteignoir, une immonde pisse-froid, un vrai bonnet de nuit.

Noël m'ennuie, le 31 décembre m'horripile. Les huîtres et les embrassades forcées me collent des boutons ; le saumon et le foie gras me donnent la nausée.

Pour un peu, je renverrais ses marrons à la dinde, collerais la bûche au grand-marnier dans la cheminée.
Voilà, c'est dit.

Pas plus cette année que les précédentes je n'ai envie de faire la fête.

Joyeux noel 2Pourtant j'adore faire des 
cadeaux. Mais pas à date fixe. Et encore moins par obligation.

J'aime tomber par hasard sur une babiole qui plairait à un(e) ami(e). Simple gadget à valeur sentimentale et non marchande, qui lui souffle que je connais ses goûts, que j'ai pensé à lui ou elle.

Rappel du lien tissé entre nous, de mon souhait de le tresser plus serré.
Si je le pouvais, je n'emballerais que des cadeaux nommés désirs.

Ou des contre-cadeaux, pour me venger : une brassée de gratte-cul à un oncle, Le Guide du savoir-vivre pour les Nuls à sa femme.

Il y a des cadeaux pires que des insultes.

Un exemple ?

Il y a trois ans, j'ai fêté Noël en compagnie de cette tante.

Elle est arrivée au repas avec son mari, en retard et en habits de tous les jours. Passe encore, je ne suis pas tant à cheval sur les convenances.

Mais j'ai vu rouge lorsqu'elle a lancé sur la table, pile dans l'assiette de ma grand-mère, une mauvaise boîte de chocolats. Fraîchement achetée à l'hyper du coin et même pas emballée.
Et la félonne de claironner :
- C'est pour vous, Mamie, j'espère que ça vous plaira !
Mon oncle a opiné sans desserrer les dents.
Ma grand-mère a pris la boîte. A remercié son fils et sa femme. Leur a tendu en échange son traditionnel chèque à plusieurs zéros, glissé dans une jolie enveloppe.
Des perles donnés aux cochons, je vous dis.


Pin-up de Gil Elvgren.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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