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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Samedi 22 décembre 6 22 /12 /Déc 15:33

Double agressionJ'ai rendez-vous avec Mathilde, une amie de passage à Paris.
C'est l'été, il fait beau, j'ai envie d'être jolie. Devant ma penderie, j'hésite. Oserais-je étrenner ma nouvelle robe ? Coupée au-dessus du genou, sans bretelles, elle est rose bonbon, traversée d'une bande noire à la poitrine. Pas de quoi fouetter un matou, sa matière exceptée : du latex mat hyper moulant, une vraie seconde peau.
De loin, on la croirait en tissu. De près, le doute n'est plus permis.
Dans la rue, je ne passe pas inaperçue. Les femmes me scrutent, les hommes me sifflent. Ma tenue serait-elle trop ?

Face au miroir, avant de partir, je ne la trouvais ni vulgaire ni provocante. Juste un brin plus sexy que la moyenne de belle saison, qui pousse les filles à découvrir leurs jambes et les attaches de leur soutien-gorge.

Mathilde et moi nous séparons. Je rentre chez moi comme je suis venue : à pied, de la musique à fond dans les oreilles. Dans ma rue, un homme gare sa voiture. Il me lance un sourire, je le lui retourne. Après avoir posté un courrier, j'arrive à ma porte cochère, en compose le code, la pousse. Au moment où je vais entrer, l'homme de la voiture - appelons-le X - m'adresse la parole. Je sursaute. Isolée dans ma bulle de musique, je ne l'ai pas entendu arriver.
Je coupe le son du baladeur pour lui répondre gentiment :
- Merci de me proposer votre numéro de téléphone, mais je n'en ferai pas usage.
Nous échangeons encore une ou deux phrases, pas plus. Et là... deux gars qui remontaient la rue s'arrêtent à notre hauteur. Un très grand, posté en retrait, auquel je ne prête pas attention. Un plus petit, look baggy, dans les 20 ans, presque collé à nous.
Il nous lance :
- Salut, ça va ?
X et moi répondons en choeur :
- Oui, merci.
Je suppose qu'il s'agit de potes qui viennent de le croiser par hasard. Mais le jeune insiste :
- Alors, ça va ?
Je réponds, seule, cette fois :
- Ca va, merci.
Les yeux de X croisent les miens. Tout à coup, je sens un truc qui cloche. Quoi exactement, aucune idée, mais un signal d'alarme retentit dans ma tête. Puis, soudain, la certitude : X ne les connaît pas, il a supposé comme moi que ces gars me connaissaient.
Moment de flottement, très court.
Dans un rictus, le jeune reprend, plus nerveux, plus abrupt :
- Alors, vous faites quoi ce soir ?
Je réplique en me forçant au naturel :
- Rien, et là, on rentre.
- Ah ouais ?
Son intonation est devenue menaçante. Ça va très mal tourner, j'en suis certaine.
Je dis à X, comme si je le connaissais de longue date :
- Allez, viens.
J'ouvre grand pour le laisser passer. Me faufile derrière lui à toute allure, pèse contre la porte de tout mon poids. Le bras du type surgit dans l’ouverture pour la bloquer. Trop tard, elle s'est déjà refermée. Il enfonce tous les boutons du digicode. En vain, il n'a pas la combinaison de chiffres pour entrer.
Ivres de rage, les deux gars tentent de défoncer la porte à coups de poings et de pieds.
- Ouvre-nous, connard, enculé !

X et moi nous dévisageons, abasourdis, effrayés. Je lui chuchote :
- Ne restons pas là, suis-moi.
J'ouvre la deuxième porte avec ma clé. Dans la cage d'escalier, nous serons en sécurité. Plus de risque qu'un locataire distrait ne leur ouvre pour qu'ils déboulent sur nous comme des chiens.
Coincés dans la rue, ils braillent à tue-tête :
- Fils de pute ! On va la baiser, ta meuf !
X réalise d'un coup ce à quoi nous venons d'échapper : si nous étions restés dehors, ils m'auraient empoignée et l'auraient mis à mal ; si je l'avais laissé seul, il lui aurait défoncé la tête.
Il me remercie chaleureusement, ose l'humour :
- C'est la première et dernière fois que je drague une fille dans la rue... Trop risqué, comme sport !

Enfin, il m'annonce qu'il va repartir. Je lui conseille d'attendre encore. Il y a des bruits suspects derrière la porte, un sifflement strident dans la cage d'escalier. Les types ont abîmé le digicode à force de taper dessus.
Sans réfléchir, je lui propose de monter chez moi, le temps de nous calmer et de boire un remontant.
Il accepte. Je m'excuse par avance pour le désordre, pas pris la peine de ranger hier...
Il s'en fiche : par rapport ce qui vient d'arriver, c'est plus qu'un détail.

Je traverse le couloir de mon appartement, X sur mes talons. Soudain, le rouge me monte aux joues. Éparpillés sur mon coffre, inratables, mes achats de la veille : des robes en vinyle, une jupe en latex, une paire de cuissardes... sans compter les menottes, les pinces et le fouet qui ont servi pour une joyeuse soirée.
Gloups.
Je me précipite, lui bloque la vue, ramasse le tout l'air innocent. Me persuade, avec la mauvaise foi des coupables, qu'il n'a rien remarqué. Mais... Adroite comme je suis, au moment où je soulève le paquet, on entend un BING ! sonore.
Je me fige. Je regarde à mes pieds.
Ouille ! Tombés sur le plancher, pile à côté de ses chaussures, un bâillon-boule et un godemiché rose !

On a quand même bu un verre. Il est parti au bout d'une demi-heure.
Qu'a donc raconté X aux amis qu'il rejoignait ?

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour - Communauté : xFantasmesx
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