Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
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Je l'avoue volontiers : après minuit, j'ai la manie des statistiques.
Lorsque je parcourais en simple lectrice les blogs des autres, j'étais loin de me douter qu'elles existaient. Mais maintenant que je suis passée de l'autre côté du décor, je scrute les courbes
des miennes en obsédée textuelle.
Ami lecteur (lectrice), tu es prévenu(e), Big brother is watching you. Car miracle ou horreur de la technologie, tout est consigné dans
cette rubrique indiscrète. À savoir, dans le désordre :
* les articles les plus - et les moins - lus. Ainsi, j'ai appris que mes lectures
n'intéressaient pas grand-monde, à la différence de ma vie sexuelle.
Vous avez dit surprise ? Je ne vous crois pas.
* le nombre de visiteurs quotidiens, selon une méthode qui se veut impartiale. Se connecter dix fois par jour avec la même IP compte pour
un. Du coup, les amis qui veulent du bien à vos stats n'auront qu'à repasser le lendemain. Et sans faute, s'il vous plaît, merci beaucoup la joie est mienne, chic tant mieux.
* la provenance desdits visiteurs, ou comment ils sont arrivés (ont échoué) sur vos carnets intimes.
Certaines visites ne doivent rien au hasard. D'autres, en vertu de google-est-mon-ami, lui doivent tout, et c'est pile là que ça devient drôle.
Celui (celle) qui a entré en mots-clés "corset+cadenas" y a, j'espère mais j'en doute, trouvé son bonheur.
Mon post sur les cadenas n'est guère croustillant, celui sur les corsets encore en préparation (oui, oui, j'y songe, j'adore ces instruments de torture).
Celui (celle, mais je penche pour le masculin), qui a tapé "blog+pute+cuissarde" y a, j'en doute fort, trouvé de quoi assouvir ses fantasmes.
Pourtant, il (elle) a cherché, et avec patience. Car lorsqu'à mon tour j'ai feuilleté GMA - Google Mon Ami -, je ne suis pas tombée sur mon blog. Il doit être pris en sandwich quelque part entre la page
dix-sept et quarante-douze, après "défonce anale suceuses" et avant "pompeuses expertes" (les titres sont véridiques, je n'ai pas cette licence poétique).
Pour ma part, j'ai calé à la page 18.
Celui (celle, pour la forme, cette fois), qui a entré "soumis bouche ouverte noyée de sperme" n'y a, j'en suis certaine, pas trouvé son compte du
tout.
D'ailleurs, si un jour tu repasses par là, soumis à la bouche ouverte noyée de sperme ou Maître aimant à contempler ton œuvre,
laisse-moi un commentaire.
Je te le jure sur mon premier fouet et mes pinces croco, ça me fera plaisir.
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