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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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Bribes perso

Vendredi 21 décembre 5 21 /12 /Déc 16:20
En haut du cou, sous la naissance des cheveux, j'ai une tache de naissance : une plaque rouge aux contours indéfinis. Placée sur une autre partie du corps, elle aurait été disgracieuse. Là, elle est invisible. Tellement invisible que j'ai grandi avec sans m'en apercevoir. Ce n'est d'ailleurs pas moi qui l'ai découverte.
Mais qui donc ? Je ne m'en souviens plus.

Ma mère, ma grand-mère avaient la même, exactement au même endroit. Mystère couplé de la généalogie et de la génétique, c'est notre "tampon de fabrique" hérité d'une lointaine aïeule.

J'aime penser que je porte, gravé sur le corps, le sceau de mon appartenance aux femmes de ma lignée. Sans que je ne l'ai désiré ni demandé, une de leurs bizarreries m'a marquée au fer rouge.
Toutes ensemble réunies, nous formons les rangs d'une société secrète. Si elles vivaient encore, nous pourrions même nous reconnaître grâce à cette marque cachée.

Si j'ai une fille un jour, j'espère qu'elle la portera aussi.
Estampillée et sous le signe du lien placée.
Par Chut ! - Publié dans : Bribes perso
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Vendredi 21 décembre 5 21 /12 /Déc 02:51

Là-bas, c'est une maison à la façade sans charme, perchée en haut d'une impasse dans une ville grise.
Le quartier est triste : des maisons basses, avec courette ou jardin, quelques immeubles. À mesure des années, les commerces ont disparu. La quincaillerie d'abord, le boucher ensuite. Après son départ à la retraite, personne ne l'a remplacé.

Il n'y a pas si longtemps, la coiffeuse s'est pendue chez elle. L'affaire a fait la une de la gazette officieuse du quartier, ces commères qui passent leur temps à le tuer.

Il faut dire que le salon d'Anne-Marie, c'était le dernier rendez-vous où l'on cause. Les mamies à cheveux bleus s'y retrouvaient pour une mise en plis en commentant les nouvelles. Anne-Marie les connaissait toutes, avait un mot aimable pour chacune. Pour fidéliser sa clientèle ou lui donner un coup de peigne, elle était à sa main.

Heureusement que le petit Casino, lui, restait ouvert. Ilôt de résistance, il tenait tête aux super et hypermarchés de la grande ville voisine. Y faire ses courses, c'était l'assurance de payer chaque article deux fois plus cher, mais aussi de croiser une voisine. D'échanger avec elle quelques mots sur la météo, puis de les répéter près de la caisse à la gérante qui donnerait la réplique.
Un jour, faute de clients ou de repreneur, le Casino a lui aussi fermé. Placardé à l'entrée, un panneau annonce toujours les heures d'ouverture et les jours de congé. Les prospectus glissés sous la porte ont fini par former un tapis épais. Limon bariolé de réclames et de promotions, toutes périmées.
Les grands-mères ont dû partir aux commissions ailleurs. Les plus chanceuses étaient conduites par leurs enfants, qui portaient aussi leurs sacs. Les autres se débrouillaient par elles-mêmes, parfois avec l'aide des voisines.
La mienne s'en arrangeait seule. Un panier glissé sous son bras, elle descendait l'impasse à pas menus, attaquait la grande côte menant au supermarché le plus proche. Vingt minutes aller, trente retour, les voyages ont fini par peser lourd sur ses jambes fluettes.
À présent, ne restent plus dans le quartier qu'un bar-tabac fermé la moitié de la journée, un coiffeur qui vivote, une boulangerie qui vend des gâteaux rassis.

L'année en plusCe là-bas ne me manque pas. Pourtant, j'y reviens encore, par obligation et non par envie.

Mais en étant sincère, j'ai la nostalgie de la maison à la façade sans charme, perchée en haut de l'impasse.

Cette bâtisse fut l'un de mes deux lieux d'enfance. Elle m'a protégée gamine, abritée ado, accueillie adulte. Je m'y revois en pyjama, à quatre pattes, tambourinant sur les casseroles ; vautrée sur les canapés, à fumer en sifflant le whisky de l'armoire à alcools ; allongée sur le lit de la grande chambre, à réviser en urgence des partiels ; assise à la cuisine, dans la serre, dans la baignoire, sur les tapis...
Mes souvenirs de trente ans de vie y sont attachés. Futiles, drôles ou tristes, il m'y enracinent, me soudent aux murs et au plancher.
De la cave au grenier, cette maison fait partie de mon être. Ce n'est plus moi qui l'habite, c'est elle qui m'investit. Ses meubles pourront être déménagés, ses tapisseries décollées, ses cloisons abattues, elle continuera à faire de moi son domicile fixe.

Je n'ai pas le choix de l'accepter ou de le refuser. C'est ainsi.
Ma grand-mère, après y avoir passé plus de la moitié de son existence, l'a quittée le 1er janvier dernier. Depuis, sa maison vit dans ma mémoire. Aujourd'hui, j'ignore si je suis capable d'y mettre les pieds. J'aimerais, cependant, au moins une dernière fois avant qu'on ne me l'arrache, qu'on ne la sépare de moi à mon corps défendant.

Un jour sa maison sera vendue. Ce jour-là je sais que je la perdrai tout à fait, comme j'ai perdu auparavant ceux que j'aimais.

Les territoires de l'intime sont fragiles. Balayé par le souffle du temps, leur ciment devient sable puis cendre. Et les passants marchent dessus sans s'en apercevoir, réduisant notre cœur en bouillie.

Par Chut ! - Publié dans : Bribes perso
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Jeudi 20 décembre 4 20 /12 /Déc 18:24

Dans mon travail, je suis carrée, je suis à l'heure, je suis maniaque. Les gens avec lesquels je traite me voient comme un bourreau de travail, doublée d'une perfectionniste.
Gentille, mais surtout exigeante. Ayant de l'humour, sans doute, mais pas très fun au fond.

À leurs yeux je suis organisée, jamais prise en défaut. Ils auraient un choc en rentrant chez moi, où règne souvent le plus parfait bordel.


Combien de fois ai-je entendu :
- Je ne t'imaginais pas comme ça !
- Ah, et comment, alors ?
Suit un silence embarrassé. Je me doute que la réponse me serait pénible. 
Je n'insiste pas.

Un jour, une collègue m'a avoué :
- Pour moi, tu étais une souris de bibliothèque, passe-partout avec une coupe moche et de grosses lunettes.
Je sais les a priori des gens sur moi.

Auparavant, ils me vexaient. Maintenant, ils m'amusent.

Comme tout le monde, j'ai dû faire des choix douloureux, prendre des décisions difficiles. Rassembler mon énergie et m'y tenir pour réussir. Tirer des plans et m'accrocher pour les suivre, alors que j'avais envie d'abandonner.
Mais souvent, je plane. Distraite et encore plus gauche que distraite.
Les grilles de métro me font des croche-pattes, les objets me tombent des mains, mes meubles m'écorchent les genoux. Je les soupçonne de se déplacer en mon absence, rien que pour me rentrer dedans.
Je ne pense qu'à un voyage et, le matin du départ, me trompe d'aéroport.

Je loupe l'avion et je pleure.
Je m'habille chic pour sortir et termine le repas vêtements tachés, visage constellé de miettes. Je sers de la sauce à mon voisin et manque son assiette. Je postillonne du vin dans le nez de mon vis-à-vis.

Je suis incapable de garder ma serviette sur les genoux. Je me baisse pour la ramasser, je me cogne la tête.
Je perds l'accessoire (gants, parapluie, briquet, courrier), j'oublie l'essentiel (mon code de carte bleue à la caisse des magasins, mon sac dans le métro, mon ordinateur au café).
Je jette mes clefs dans le bac à verre, je sors dans la rue poubelle à la main.
Je sais les gaffes à éviter et les commets une fois sur deux.
Gag-woman malgré moi, ridicule, je me déteste.
Ma meilleure amie m'a dit une fois :
- Vu ta maladresse, je me demande par quel miracle tu es encore vivante.
Moi aussi.

Je ne suis pas 2Je rêve de permanence, de stabilité. Mais les "toujours" et les "jamais" éveillent ma méfiance.

Je voudrais y croire, j'en ris.

Qui peut les avancer sans se tromper ? Et la bonne foi ne change rien à l'affaire.
Face aux hommes, je suis souvent tout l'un ou tout l'autre. Je provoque, je parle de cul avec des mots crus. 
On me regarde comme une allumeuse ou, qui sait, une pétasse.

Mais je peux aussi ne pas oser soutenir un regard, trembler de tous mes membres, rougir comme une collégienne.

Retour à la case départ, au degré zéro de la séduction.

En amour, je peux être douce. Mais je suis aussi brutale, cassante.

Un jour, je console. Le lendemain, je domine. Je suis la maman, je suis la Maîtresse, l'amoureuse et la peste, l'enclume et le marteau.
Souvent, les paroles entendues dans l'enfance remontent.
"Mais qu'est-ce que tu veux, à la fin ?"
"Oh, tu es bien trop compliquée à suivre !"
"Ma pauvre fille, tu n'es pas sortie de l'auberge..."


Bref. Je suis ceci et son contraire, ou plutôt cela et son contraire à la fois. Divisée, éparse, sans solution de continuité, je voudrais me saisir mais m'échappe. Je me fais l'effet d'un patchwork aux morceaux mal cousus ensemble, d'un puzzle dont les découpes ne s'assemblent pas, livré avec des pièces intruses et sans mode d'emploi.
J'envie ceux qui sont "un", qui se définissent avec assurance. Jeune, je les méprisais en les jugeant trop simples. J'en suis revenue.
Aujourd'hui, je préfère penser que toutes ces facettes m'enrichissent au lieu de m'appauvrir. Puisque je ne peux vivre qu'avec, autant les apprivoiser pour ne pas les subir.

 

 

Photo de Hugh Kretschmer. 

Par Chut ! - Publié dans : Bribes perso
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Mercredi 19 décembre 3 19 /12 /Déc 13:57

Mon travail dépend uniquement du désir des autres. Je l'exerce seule, chez moi, en toute indépendance.
Mon lien avec le monde extérieur ?

Le cordon du téléphone.

Selon les périodes, il sonne beaucoup ou pas du tout.
À moi de cerner ce que mes clients attendent. Leur poser les bonnes questions pour être certaine de les satisfaire. Éclaircir les zones d'ombres de leurs demandes, leur proposer du neuf s'ils sont lassés de l'ordinaire.
Ma connaissance du métier m'a apporté une clientèle qui me suit en dépit de mes nombreux voyages. Il arrive que certains habitués disparaissent sans crier gare et me recontactent des mois, voire des années plus tard.
Qu'ils ne m'aient pas oubliée me flatte : dans le milieu, la concurrence est rude.

Souvent je me réjouis de refaire affaire avec eux.

Parfois je décline leur proposition car vraiment, elle ne me tente pas.

 

Quand j'ai commencé, j'acceptais tout. Expérience et réputation aidant, me voilà désormais plus libre de choisir. Parce que je fuis l'ennui, la répétition. Parce que je suis persuadée que pour cette attente-là, je ne suis pas - ou plus - la bonne personne.
Le bouche à oreille m'apporte de nouveaux clients.

Toujours ils s'enquièrent de mes tarifs.

Toujours, je suis embarrassée pour leur répondre. Difficile d'évaluer ce qu'un travail me coûtera en investissement personnel, efforts, nuits blanches.


Mon travail 2Il est des "missions" que j'accepte de bon cœur, car elles s'annoncent comme de pures parties de plaisir.

D'autres que j'accepte en les pensant faciles, alors qu'elles ne le sont pas.

D'autres en sachant qu'elles me laisseront sur le flanc.
Attachée au plaisir du client, je déteste travailler par dessus la jambe, bâcler une prestation en arguant que "ça suffira bien comme ça", que "personne ne verra la différence." J'essaie toujours de donner le meilleur de moi-même, quitte à y laisser des plumes.

Satisfaits ou remboursés, telle pourrait être ma devise.
Non, je ne suis pas escorte.
Ce que je loue n'est pas mon corps mais mes mains, ma plume, du temps disponible de cerveau.

Par Chut ! - Publié dans : Bribes perso
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Mercredi 19 décembre 3 19 /12 /Déc 02:58

undefined J'aime les cadenas.
Pourtant, il n'y a pas plus bête que cet objet simple, utilitaire : un bloc de métal qui se loge dans la paume, en attendant que l'anse vienne s'y ficher. Mais le clic quand elle y pénètre pour le fermer a pour moi des airs de trop tard. Comme un mail terrible qu'on écrit en pleine nuit, qu'on regrette aussitôt et voudrait rattraper juste après l'avoir envoyé.

J'aime la symbolique, aussi. Pour qui n'en connaît pas la combinaison ou ne possède pas la clef, il est inviolable, à moins d'user de la force.
Un cadenas posé sur une porte, c'est comme une femme portant une ceinture de chasteté. On a envie de la forcer, on ne peut pas. Et si on le pouvait, peut-être serait-on déçu, tant les trésors que l'on se figure n'existe souvent que dans notre imagination. Mais notre désir, lui, est une réalité.

Au Népal, les fidèles accrochent des cadenas sur les rampes qui mènent à certains temples. Sur chacun est écrit un vœu.
Persistance du désir, encore.
Personne ne s'avisera jamais de les enlever, ce serait un sacrilège. Au contraire, à mesure du temps, des cadenas seront ajoutés à ceux déjà en place, formant une chaîne compacte de souhaits imbriqués.
J'ai hésité à en acheter un et à y faire graver le nom de ma mère, pour qu'une partie d'elle soit là, au pied d'un temple, bercée par le vent, caressée par le soleil, déjà entourée de mille souhaits, bientôt recouverte de cent autres. Noyée dans la masse, mais tellement présente.

Un jour, quelqu'un avec lequel je me suis brouillé m'a écrit que cet objet me représentait bien. Quand je décide de me fermer, je suis verrouillée, inaccessible, rebutante. Il avait sûrement pensé me blesser. Il avait simplement tapé juste : j'avais avalé la clef.

Le cadenas est aussi le complice de mon plaisir. Glissé au cou de mon ami, il le transforme en soumis. Nous ne sommes plus alors nous-mêmes, ou à l'inverse, complètement nous-mêmes. Et lorsque je le détache, le jeu s'achève.
En un tour de clef, nous revenons à la vie normale, si tant est qu'il y en ait une.

J'avais commencé ma collection de cadenas il y a plusieurs années, en Inde, à une époque où je ne pensais plus aux rapports BDSM. Mais ce choix n'était pas anodin : je signais ainsi ma préférence, tout en me verrouillant la possibilité d'y revenir.
Maintenant, je manque de place à la maison pour les stocker. De plus, j'en trouve rarement de jolis. Je préfère les porter en bijoux, muets mais tellement parlants pour ceux qui partagent mes goûts.

Sous le signe du lien, toujours.

 

 

Perso personnelle, prise au Népal.

Par Chut ! - Publié dans : Bribes perso - Communauté : xFantasmesx
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