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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Jeudi 20 décembre 4 20 /12 /Déc 18:24

Dans mon travail, je suis carrée, je suis à l'heure, je suis maniaque. Les gens avec lesquels je traite me voient comme un bourreau de travail, doublée d'une perfectionniste.
Gentille, mais surtout exigeante. Ayant de l'humour, sans doute, mais pas très fun au fond.

À leurs yeux je suis organisée, jamais prise en défaut. Ils auraient un choc en rentrant chez moi, où règne souvent le plus parfait bordel.


Combien de fois ai-je entendu :
- Je ne t'imaginais pas comme ça !
- Ah, et comment, alors ?
Suit un silence embarrassé. Je me doute que la réponse me serait pénible. 
Je n'insiste pas.

Un jour, une collègue m'a avoué :
- Pour moi, tu étais une souris de bibliothèque, passe-partout avec une coupe moche et de grosses lunettes.
Je sais les a priori des gens sur moi.

Auparavant, ils me vexaient. Maintenant, ils m'amusent.

Comme tout le monde, j'ai dû faire des choix douloureux, prendre des décisions difficiles. Rassembler mon énergie et m'y tenir pour réussir. Tirer des plans et m'accrocher pour les suivre, alors que j'avais envie d'abandonner.
Mais souvent, je plane. Distraite et encore plus gauche que distraite.
Les grilles de métro me font des croche-pattes, les objets me tombent des mains, mes meubles m'écorchent les genoux. Je les soupçonne de se déplacer en mon absence, rien que pour me rentrer dedans.
Je ne pense qu'à un voyage et, le matin du départ, me trompe d'aéroport.

Je loupe l'avion et je pleure.
Je m'habille chic pour sortir et termine le repas vêtements tachés, visage constellé de miettes. Je sers de la sauce à mon voisin et manque son assiette. Je postillonne du vin dans le nez de mon vis-à-vis.

Je suis incapable de garder ma serviette sur les genoux. Je me baisse pour la ramasser, je me cogne la tête.
Je perds l'accessoire (gants, parapluie, briquet, courrier), j'oublie l'essentiel (mon code de carte bleue à la caisse des magasins, mon sac dans le métro, mon ordinateur au café).
Je jette mes clefs dans le bac à verre, je sors dans la rue poubelle à la main.
Je sais les gaffes à éviter et les commets une fois sur deux.
Gag-woman malgré moi, ridicule, je me déteste.
Ma meilleure amie m'a dit une fois :
- Vu ta maladresse, je me demande par quel miracle tu es encore vivante.
Moi aussi.

Je ne suis pas 2Je rêve de permanence, de stabilité. Mais les "toujours" et les "jamais" éveillent ma méfiance.

Je voudrais y croire, j'en ris.

Qui peut les avancer sans se tromper ? Et la bonne foi ne change rien à l'affaire.
Face aux hommes, je suis souvent tout l'un ou tout l'autre. Je provoque, je parle de cul avec des mots crus. 
On me regarde comme une allumeuse ou, qui sait, une pétasse.

Mais je peux aussi ne pas oser soutenir un regard, trembler de tous mes membres, rougir comme une collégienne.

Retour à la case départ, au degré zéro de la séduction.

En amour, je peux être douce. Mais je suis aussi brutale, cassante.

Un jour, je console. Le lendemain, je domine. Je suis la maman, je suis la Maîtresse, l'amoureuse et la peste, l'enclume et le marteau.
Souvent, les paroles entendues dans l'enfance remontent.
"Mais qu'est-ce que tu veux, à la fin ?"
"Oh, tu es bien trop compliquée à suivre !"
"Ma pauvre fille, tu n'es pas sortie de l'auberge..."


Bref. Je suis ceci et son contraire, ou plutôt cela et son contraire à la fois. Divisée, éparse, sans solution de continuité, je voudrais me saisir mais m'échappe. Je me fais l'effet d'un patchwork aux morceaux mal cousus ensemble, d'un puzzle dont les découpes ne s'assemblent pas, livré avec des pièces intruses et sans mode d'emploi.
J'envie ceux qui sont "un", qui se définissent avec assurance. Jeune, je les méprisais en les jugeant trop simples. J'en suis revenue.
Aujourd'hui, je préfère penser que toutes ces facettes m'enrichissent au lieu de m'appauvrir. Puisque je ne peux vivre qu'avec, autant les apprivoiser pour ne pas les subir.

 

 

Photo de Hugh Kretschmer. 

Par Chut ! - Publié dans : Bribes perso
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Commentaires

Celle que je crois... Celle que je crois connaître est maladroite. Mais l'est-elle vraiment? Avec les objets, sans aucun doute. Avec les idées, avec les personnes, certainement moins. Celle que je crois connaître brouille les pistes. Joue les Mr Bean pour ne pas être reconnue. Souvent, les a priori des gens sont vrais. Ils sont juste incomplets, pauvres et stéréotypés. Ils rassurent, ils simplifient. Le grand écart entre finesse d’analyse, délicatesse de pensée et maladresse leur est inaccessible. Celle que je crois connaître est insaisissable. Plutôt que de choisir d’être quelque chose, et donc aussi de choisir de ne pas être le contraire, elle est les deux. Et, à l’inverse de ceux qui ne sont rien parce qu’ils ne choisissent rien, elle est tout, tout à la fois, et intensément. Cela vous dirait de connaître celle que je crois connaître …
commentaire n° :1 posté par : FunnyLingus le: 21/12/2007 à 00h07
Quel commentaire, j'en suis toute retournée !
Et si l'on se voyait demain pour trancher le nœud gordien ? :)
Je ne te jure pas que je ne te renverserai pas mon plat sur les genoux, je risquerai de ne pas tenir mes promesses. Mais je jure que je ferai un effort... surtout si tu fais la cuisine !
réponse de : Chut ! le: 21/12/2007 à 01h40
Ok pour la cuisine. Et pour le noeud (forcément gordien!) :)
commentaire n° :2 posté par : FunnyLingus le: 21/12/2007 à 02h23
La femme patchwork, ou comment tenter de mettre du lien dans un puzzle incertain .
commentaire n° :3 posté par : Trekker le: 21/12/2007 à 04h43
Maladroite ? ce n'est pas ce qui frappe au premier regard mais une élégance innée, véritablement aristocratique, une beauté inactuelle et d'autant plus rare, une étrangeté délicieuse... Décidément, on ne se voit pas comme les autres nous voient !
commentaire n° :4 posté par : Une admiratrice le: 21/12/2007 à 16h26
"Feindre, c'est se connaître" de Fernando Pessoa (lui je ne l'ai pas oublié)
commentaire n° :5 posté par : Stannis le: 24/12/2007 à 14h52
Bonjour , Concernant votre chanson intérieure , il y a moyen de s'en dégager pour peu que vous le souhaitiez !-:)) Votre admirateur inconditionnel Jacques
commentaire n° :6 posté par : poncet le: 29/02/2008 à 19h06
Je teste actuellement la méthode Coué ! Pas la panacée mais ça donne des résultats !  Merci et bises, Jacques.
réponse de : Chut ! le: 29/02/2008 à 19h12
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