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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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Feu mon amour

Mardi 18 mars 2 18 /03 /Mars 03:31
Cette lettre, je ne l'ai pas été postée, car elle ne serait sûrement jamais arrivée. J'ai profité d'un engagement pris envers lui pour la remettre à un intermédiaire. C'était dans une banlieue de Paris il n'y a pas si longtemps, même si aujourd'hui, cela me paraît des siècles.

Je me souviens pourtant parfaitement des locaux anonymes de cette "société". Du sourire de C., aussi chaleureux que sa voix au téléphone. Des gens qui travailllaient derrière leur ordinateur, se demandant bien ce que cette fille au manteau fuchsia, débarquée comme un chien comme un jeu de quilles, fichait là. De l'expression mesurée, surprise et un peu méfiante, de "mon" intermédiaire alors que je lui ai tendu mon enveloppe demi format en papier kraft.
- Pourriez-vous lui remettre ceci, s'il vous plaît ?
Il a tâté la lettre des doigts, perplexe, en éprouvant la résistance et le contenu :
- D'accord... Mais qu'est-ce que c'est ?

Soudain, je me suis retrouvée très conne. Je ne pouvais pas lui dire ce qu'il y avait dans cette enveloppe, c'était mon secret. Et ce secret, je ne voulais le partager qu'avec lui.
Alors, j'ai bafouillé :
- C'est... de ma part.

Cette lettre a transité par différents points du globe. Affronté
des douanes, des détecteurs de métaux, des fouilles peut-être, bringuebalée dans un sac ou oubliée au fond d'un bagage.
Tous ces obstacles, elle les a passés haut la main, car elle ne contient rien de compromettant, du moins aux yeux des autorités.
Pour moi, elle signifie beaucoup, mais le reste du monde, comme les lois les plus sourcilleuses, s'en balancent.

Cette lettre devrait être ce soir entre ses mains.
J'ai emballé ses éléments dans un ordre précis, calculé d'avance, à mesure de mon dévoilement. Le centre en est une partie dure, dont lui seul a la clef.
Une autre partie se sera peut-être effacée en cours de route.
Tant pis.

Il a à présent l'enveloppe, le contenu et la clef.
Et moi, je suis soulagée qu'elle soit enfin parvenue à destination... même si elle reste lettre morte.

Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour
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Lundi 17 mars 1 17 /03 /Mars 23:50

Il arrive que les regards, même indifférents, me soient insupportables. J'ai envie de me cacher car ils m'agressent. Et plus ils s'attardent sur mon visage et plus ils m'agressent.
Certaines fois parce qu'ils me soupèsent. En un clin d'œil, une place m'est assignée dans une catégorie : la jeune ou la vieille selon l'âge de celui (celle) qui m'envisage, la revêche ou la sympa selon la tête que je présente ou que je tire
... et une foule de critères impossibles à déterminer, peut-être parce qu'ils sont propres à chacun.
Puisqu'on est toujours le con de quelqu'un, pourquoi ne pas en être la moche ?

D'autre fois, ces regards me heurtent parce qu'ils me percent à jour, s'infiltrant à travers la carapace que je me suis forgée. Soudain, je suis vulnérable, ça saute aux yeux comme le nez au milieu du visage. Et cette fragilité encombrante que je voudrais cacher n'est soudain plus dissimulable.
Impossible de tricher, je suis déshabillée. Mais pas forcément par les yeux que j'aurais choisis, moi.
Ceux des très proches qui me connaissent déjà et déjà me pardonnent. Ceux des moins proches mais des bienveillant(e)s, prêt(e)s à sourire de
mes erreurs et de mes manques, peut-être parce qu'ils ne les atteignent pas.
Aux autres regards je préfère me dissimuler.
Trop peur qu'ils ne s'effraient et ne se sentent du même coup écrasés, tant la responsabilité est une charge lourde à porter.
Trop peur qu'ils ne m'accolent l'étiquette de "petite chose fragile à ménager". Fragile, d'accord, mais pas en sucre pour autant. Si c'était le cas, j'aurais déja fondu sous la dernière pluie... de laquelle je ne suis pas tombée.
Trop peur qu'ils n'en abusent aussi, tant il est facile de jouer de la corde sensible une fois qu'on la connaît. Offrir des prises à la malveillance, non merci. Si je veux être prise par les sentiments - ou prise tout court, d'ailleurs -, j'ai le droit de choisir par qui.

Mais dans ces moments de désarroi, mon visage, mes yeux trop clairs me trahissent et je les déteste. J'ai envie de leur ordonner de me foutre la paix, de la boucler pour me laisser jouer mon jeu d'indifférence et de détachement, ne serait-ce que cette fois-là.
Faire croire que je m'en fous, alors que c'est tout l'inverse.
Pour que mon visage, mes traits, mon expression m'obéissent, je suis prête à leur promettre qu'ensuite, je ne leur demanderai plus rien. Plus rien ni plus jamais, pourvu qu'ils me sauvent la mise, là, maintenant.

Car plus que nue, je suis mise à nu, avec une violence qui m'est insupportable.
Fermer les yeux,
détourner la tête, la baisser, la coller contre la vitre du métro, me plonger dans un livre...  Toutes les parades sont bonnes pour me soustraire à ces regards. Et alors que je tente de les ignorer, je me rêve terrée chez moi, dans le noir, sous la couette, porte fermée à triple tour.
Verrouillée sur mon impudeur, tremblant qu'on ne la viole.

Lorsque l'homme qui est entré brutalement dans ma vie a dû partir, j'ai voulu faire comme si de rien n'était. Comme si son absence prévue ne m'atteignait pas, ou juste assez pour qu'il sache deux choses essentielles : qu'il allait me manquer et que je ne lui serais pas un boulet. Le genre de fille encombrante dont on traîne la présence accusatrice dans ses valises et à laquelle on doit rendre des comptes.
Rendre des comptes... Rien que l'expression me fait frémir. Trop police, interrogatoire et serrages de poignets à mon goût, moi à qui les liens forcés font horreur.
Si je passe les menottes, ce n'est qu'après consentement, par et pour un plaisir librement consenti.
Si l'on m'aime, je souhaite - j'espère - que c'est parce que l'on me choisit, et non parce que j'aurai su occuper le terrain, m'y "déployer", m'imposer par la force ou la ruse.
De peur d'être encombrante, je me fais toute petite. Parfois trop, mais c'est un autre sujet...

Le visage nu 2Le jour où cet homme est parti, mon visage était nu malgré mes sourires. Et lui, pas tombé de la dernière pluie, y lisait tout mon désarroi, mon inquiétude et ma peur, alors même que je tentais de faire bonne figure.
La bonne figure... N'est-ce pas le semblant de savoir-vivre qu'on doit défendre, alors que le reste de nos codes a éclaté ?


Tout était si fragile, à commencer notre relation. Me laisser submerger par la tristesse et pire, la lui montrer, c'était déjà la gâcher un peu.
Ternir son départ, si important pour lui, d'une fausse note qui sonnerait comme un reproche ou une attente à combler, qu'il ne pourrait - ou souhaiterait - pas forcément remplir. Alourdir de sel ce qui devait rester léger, si léger.
Une parenthèse enchantée, on la remercie juste d'exister. La seule ponctuation qui vaille sont les trois petits points dans lesquels se glissent tous les possibles. Le meilleur comme le pire, quand on désire moins que tout mettre le point final.

L'impôt de la gabelle, c'est bon pour les bouseux du Moyen Âge. On a parcouru pas mal de chemin depuis, pas vrai ?
Tandis qu'il montait dans le taxi qui l'emmenait vers son ailleurs, les paroles d'Higelin se sont imposées dans ma tête :
Pars, surtout ne te retourne pas,
Pars, et surtout reviens-moi, vite...


Ça, je ne lui ai jamais dit.
C'est chose faite maintenant.

Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour
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Dimanche 16 mars 7 16 /03 /Mars 01:10
Qu'est-ce que vous avez, vous, comme image en fond d'écran ?
Moi, c'est ce dessin-là : un simple mannequin de couturière, vêtu d'un corset rouge, dupliqué sur toute la largeur et la hauteur.
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L'image me plaît, peut-être parce qu'à mes yeux, elle résume la féminité. Rondeur de la poitrine, finesse de la taille,
courbe des hanches... C'est toute la beauté du corps sinueux de la femme enclose en deux traits.

Peut-être, aussi, parce qu'elle suggère davantage qu'elle ne montre : les seins naissent de deux ombres, le sexe se devine à peine entre les cuisses absentes.

Peut-être,
encore, parce qu'elle est double. Le blanc pur des liserés tranche sur le pourpre du tissu, couleur des rideaux de théâtre ou des lupanars à cocottes. Et la pruderie victorienne des boutons alignés est démentie par la fantaisie des rubans.
Chasteté et impudence, vierge et putain...
Ce que disent les premiers, les seconds le démentent : la rigidité n'est que de façade, affichée pour mieux être amollie, pétrie par les mains d'un amant. Bientôt, ce
corset caché par les vêtements dévoilera la chair avant de rouler au bas du lit.

Peut-être, enfin, parce que cette femme me ressemble. Forme en devenir, au corps morcelé sans tête, ni bras, ni jambes,
traversée de part en part par une armature en fer forgé. Sans le métal qui la contraint à se tenir droite, debout, elle ploierait.

J'ai choisi ce fond d'écran il y a longtemps, pour toutes ces raisons que je ne me formulais pas encore. D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment compris ceux qui optent pour la photo de leur chéri(e) ou d'un de leurs baisers. En ont-ils besoin pour se rappeler les traits de l'être aimé ou la force de leurs sentiments ?
Jusqu'à une date récente, je pensais que les plus beaux clichés étaient ceux de la mémoire. Ces images capturées de moments vécus, qui n'existent plus ailleurs que dans notre cerveau. Tellement privés que personne n'y a accès.
Fouillez ma maison, pillez-la,
détruisez-la, torturez-moi, vous ne pourrez jamais me les arracher. Dépossédez-moi, je serai toujours riche de mes souvenirs. Et si un jour je perds la tête, ils s'éteindront avec moi.

Mais voilà... Comme les vieilles photos jaunies par le temps, ces images s'effacent. Leurs contours jadis si nets se diluent, leurs couleurs jadis si vives déteignent.
Notre mémoire n'est plus un épais tissu chatoyant, seulement une guenille qui laisse voir sa trame. Délavée, transparente, immatérielle. Prête à être emportée par le vent de l'oubli.


Ce vent aurait pu effleurer ma joue à mesure de ton absence. Mais tu l'avais prévu, je crois. Car chaque jour, je peux te voir autant qu'il me plaît. Tu as beau ne pas bouger, ton immobilité ne me dérange pas.
D'ailleurs, lorsque je suis très fatiguée, j'ai même l'impression que tu t'animes. Que tes yeux bougent et que tu sors du cadre qui te retient prisonnier.
Oui, je sais, j'ai souvent de drôles de visions... Mais comme tu le sais, elle ne sont qu'assorties à mes pensées.

D'autres fois, au gré d'une fausse manip, d'une erreur de touche sur le clavier, tu surgis sans crier gare en gros plan.
J'en ai le souffle coupé, ce qui ne m'empêche nullement de te dire bonjour.
Certains peuples refusent de se laisser photographier, persuadés qu'un cliché volerait l'âme de son modèle. Bien que n'ayant pas cette superstition-là, je leur donnerais pour le coup presque raison : cette combinaison de pixels, c'est toi entièrement.
Si entièrement que soudain, tu n'es plus là-bas mais ici.
Et je te souris, et je te salue.

Il faut toujours bien accueillir les âmes lorsqu'elles vous rendent visite.
Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour
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Mercredi 12 mars 3 12 /03 /Mars 22:21
Le premier baiser fut volé. Le deuxième fut rêvé. Le troisième fut interrompu.
Le quatrième fut encore plus délicieux que les trois premiers.
Du cinquième, du sixième, du septième, je ne me souviens plus. Ils se sont tous confondus en un seul, immense, sans limites, étiré comme une longue bande de plage sous le soleil. Petits galets polis soudain assemblés en un océan liquide. Et son ressac ricoche sur moi, résonne dans ma tête, accélère le flux de mon sang dans mes veines.

Timides, fougueux, tendres ou fatigués, avec ou sans la langue, avec ou sans les dents, la mosaïque de nos baisers sont devenus le baiser. La caracole de notre désir alors que nos corps se cherchent sous les draps. Aussi spontané que le mouvement qui nous pousse l'un vers l'autre, aussi naturel que la respiration que l'on prend sans y penser.

Le baiser, le vrai, le nôtre, est un pur moment d'intimité. Effaçant les murs de mon appartement, le bruit des klaxons sur le boulevard, abolissant le monde autour, les regards posés sur nous. Certains s'en fichent, d'autres nous
jugent ; certains nous envient, d'autres s'en offusquent.
Parmi tous ceux-ci, seuls ceux-là ont raison : notre baiser est de la dernière indécence, aussi impudique que si nous portions nos sexes sur notre visage. Aussi pornographique que si nous étions soudain accouplés à la terrasse du restaurant.

Notre baiser, c'est notre mise à nu. Que nous gardions ou non nos vêtements importe peu. Le tempo, la douceur, la frénésie de notre lèvres mêlées se déjouent bien de l'enveloppe des tissus qui nous recouvrent. Et cette gangue, bientôt arrachée comme la peau d'un fruit trop mûr, laissera place à l'essentiel : ta salive qui coule sur mon menton, à moins que ce ne soit l'inverse...

Notre baiser, c'est l'expression épurée de notre désir, plus parlante que nos mots incapables de dire l'évidence. Parfois, les mots ne savent pas expliquer mais juste trahir. Dire, c'est déjà retrancher, appauvrir, enfermer la courbe dans une ligne droite, en briser le délié d'un coup de machette.
La vérité est en creux, mais il ne faut pas creuser.

Le baiser, le vrai, le nôtre, se charge d'un intense pouvoir érotique. À peine m'as-tu effleurée que mon corps devient brasier, volcan en éruption dont le magma sourd entre mes cuisses.
Prends ma bouche que je t'offre, prends-moi tout entière.
Mais je t'en prie - je t'en conjure, même ! -, que ta langue n'arrête pas de caresser la mienne, à la tienne
enroulée comme le lierre au tronc, comme la licorne attachée à sa pâture, comme Excalibur enserrée dans son fourreau.
Le sexe comblé du tien, défaillante, au bord de cette jouissance dont tu m'interdis les cris en collant tes lèvres aux miennes. Puis ta main si tes lèvres ne suffisent pas à contenir mes plaintes.

Si je jouis, c'est par ta bouche.
Le "si" t'embête, n'est-ce pas ? Je te vois déjà froncer les sourcils, t'indigner avec tous ces petits plis qui se dessinent sur ton front, et ta ride du lion prête à rugir :
- Quoi, scélérate, ce n'est que ma bouche qui te donne du plaisir ?
Je pourrais à loisir jouer les coquettes ou les insatisfaites.
- Oui, mon chéri, tu l'ignorais donc ?
Mais non... Remplace à ta guise le "si" par un "lorsque", mais surtout, ne touche pas à ta bouche.
Je l'aime trop pour en changer, la troquer contre un autre terme... ou un autre, tout simplement.

Et ce soir comme tous les soirs, je donne mon empire de papier pour un baiser.
À une condition : qu'il soit de toi.
Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour - Communauté : xFantasmesx
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Jeudi 6 mars 4 06 /03 /Mars 04:07
undefined Enlacé à moi, tournant en boucle dans ma tête, tu es l'ourobouros de mes pensées.
Créature fabuleuse sur moi refermée,
ressac d'une marée toujours recommencée, symbole d'éternel retour et de continuité.
Cercle magique enroulé à mes poignets, lesté de bronze et serti de pierres, si lourd et si léger.
Blason de mon héraldique, armorié de ta peau et de tes yeux, bruns et sur moi gravés.

Suis-moi, je vais rejoindre la chambre.
Et viens demain dénouer le serpent de mes rêves.


Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour
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Mardi 4 mars 2 04 /03 /Mars 02:31

Moi que tu sais Domina, ta soumise je veux être.
Pardon... Je voudrais, tant cette place m'ôte le droit d'exiger.

À toi livrée. Pieds et poings liés. Entravée. Écartelée sur le lit par les liens noués à mes chevilles et mes poignets.
Attachée et ouverte, impuissante et impudique. Rougissant de cette impudeur et la désirant encore.
Sous tes yeux exposée. Nue, entièrement, pour ne rien te cacher. Ni les pointes de mes seins durcissant sous tes ongles. Ni mon ventre se creusant d'être délaissé. Ni mon sexe trempé, douloureux d'un désir inassouvi.
Suppliant en silence tes mains de s'y attarder, de le caresser, de s'en emparer.
Phalange après phalange, doigt après doigt, pour le sentir peu à peu se remplir de toi.

Incapable de
fermer les cuisses pour stopper la montée du plaisir. Lente puis fulgurante, montant en vagues imprécises pour mieux me cribler de flèches.
Incapable de réfréner les plaintes qui me montent à la gorge. Autant d'aveux que je brûle de retenir, mais qui franchissent malgré moi mes lèvres.
Celles que tu lèches, celle que tu mords. Celles qui voudraient parler mais qui se taisent.
Ce n'est pas à moi d'ordonner. C'est à moi de subir ta douce torture.

Et me torturer est ton jeu. Et que tu me tortures est mon plaisir. Frustré, violent. D'autant plus violent qu'il est frustré, car d'un seul regard, tu as deviné mes attentes. T'emploies à les déjouer. Ôtes les mains de mon corps pour les poser sur le tien. Inaccessible alors que je me tends pour l'atteindre. Pour réclamer ta peau, ta langue, ton sexe dans ma bouche.
Te goûter, ne serait-ce qu'un instant.
Sueur, salive, sperme, un peu de toi entre mes dents.
Mais tu te recules, me refusant ta peau, me dérobant ton sexe.
Rejetée sur les oreillers, je te maudis.

Je
voudrais te hurler d'arrêter, de me prendre maintenant. Doucement, violemment, tes pupilles rivées, tes lèvres pressées aux miennes. Mais tu le sais, ma punition serait que tu t'arrêtes. Que tu te lèves. Que tu ailles prendre ta douche.
Tu m'en as menacée et je te crois capable de tout. Même de cela.

Alors, une fois de plus, je me tais.

Cheveux détachés, tête baissée, je ne suis qu'une chair pétrie par tes doigts. Seins et cuisses trempés, qu'un jouet abandonné à ta fantaisie.
Tout ceci à la fois, mais plus qu'une soumise, l'objet de ta convoitise. Car dans ton regard-miroir je lis ce que tu lis dans le mien : un désir sans limites. La même folie qui nous porte alors que tu me murmures
des mots tendres, des mots lubriques.

Et je m'ouvre encore, et je me donne encore.
Sachant que tu n'abuseras de rien, tu peux tout me faire. Introduire entre mes lèvres l'objet auquel tu penses, me cingler des lanières de mon fouet, m'enserrer les tétons de mes pinces.
Ma fierté peut souffrir mais non, tu me forces pas : je l'ai déposée à tes pieds quand tu m'as attachée.

Lorsque tu me prendras, je jouirai. Et tu jouiras aussi, en me regardant.
Ensemble totalement. Soudés, unis, assemblés.
Fusionnés
.

Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour - Communauté : xFantasmesx
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Mardi 4 mars 2 04 /03 /Mars 00:36
Premier baiser, premières caresses, premier doigt qui se glisse à l'intérieur du sexe, première pénétration, premier plaisir, premier orgasme...
Une vie sexuelle comporte beaucoup de premières fois.
Chacune est un cadeau que le partenaire n'apprécie pas toujours (hélas !) à sa juste valeur.
Mais ce qu'on a donné, ou ce qu'il a pris, ne pourra jamais être rendu.

Lorsque l'acte coïncide avec le désir, c'est de peu d'importance.
Lorsqu'il coïncide avec l'amour, c'est le paradis.
Mais lorsqu'il ne coïncide avec ni l'un ni l'autre,
ce n'est qu'un acte.

Finalement, qu'est-ce qui compte : la première fois sur laquelle on ne peut revenir, faute de remonter le cours du temps ? Ou la première fois sur laquelle on ne voudrait pas revenir, même contre une montagne d'or ?
Sans hésiter, je choisis la deuxième solution.
Certaines de mes premières fois ont été des secondes fois, des troisièmes, des dixièmes... ou des énièmes fois.

De plus, avec l'âge qui avance,
l'expérience croît et les chances d'être le premier s'amenuisent.
Mais avoir la primeur d'un acte, d'une pratique, est-ce là l'important ?
D'un côté, oui : on se dit qu'ainsi, on imprime sa marque sur l'autre.
Nous voilà donc dans le rôle de l'initiateur, condamnant le suivant à repasser sur nos traces. Et tant pis s'il les prolonge ou les grave plus profondément, peut-être mieux : la voie est déjà ouverte.
Par nous.
Fierté du défricheur. Narcissique mais tellement compréhensible.
Qui, même l'espace d'un court instant, n'a jamais eu envie de marquer un être pour toujours ?

D'un autre côté, non : le don de soi ne dépend pas de la répétition.
Si c'était le cas, il faudrait se limiter à une unique fois. Refuser les autres nécessairement moins fortes, moins savoureuses, moins jouissives.
Faux, évidemment. Restrictif, sûrement. L'essentiel est que l'on se livre, là, en oubliant tout. Le passé, les autres, l'expérience... On s'en balance.
Le "déjà fait" n'est pas un programme de cases cochées ; le "à faire" pas une suite de rubriques en attente d'être remplies.
L'essentiel est l'instant, son souffle, sa magie. Tellement plein et décroché du reste qu'il ne souffre aucune mesure, aucune comparaison.


À ce titre, quand on aime, c'est toujours la première fois.
Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour
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