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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Lundi 17 mars 1 17 /03 /Mars 23:50

Il arrive que les regards, même indifférents, me soient insupportables. J'ai envie de me cacher car ils m'agressent. Et plus ils s'attardent sur mon visage et plus ils m'agressent.
Certaines fois parce qu'ils me soupèsent. En un clin d'œil, une place m'est assignée dans une catégorie : la jeune ou la vieille selon l'âge de celui (celle) qui m'envisage, la revêche ou la sympa selon la tête que je présente ou que je tire
... et une foule de critères impossibles à déterminer, peut-être parce qu'ils sont propres à chacun.
Puisqu'on est toujours le con de quelqu'un, pourquoi ne pas en être la moche ?

D'autre fois, ces regards me heurtent parce qu'ils me percent à jour, s'infiltrant à travers la carapace que je me suis forgée. Soudain, je suis vulnérable, ça saute aux yeux comme le nez au milieu du visage. Et cette fragilité encombrante que je voudrais cacher n'est soudain plus dissimulable.
Impossible de tricher, je suis déshabillée. Mais pas forcément par les yeux que j'aurais choisis, moi.
Ceux des très proches qui me connaissent déjà et déjà me pardonnent. Ceux des moins proches mais des bienveillant(e)s, prêt(e)s à sourire de
mes erreurs et de mes manques, peut-être parce qu'ils ne les atteignent pas.
Aux autres regards je préfère me dissimuler.
Trop peur qu'ils ne s'effraient et ne se sentent du même coup écrasés, tant la responsabilité est une charge lourde à porter.
Trop peur qu'ils ne m'accolent l'étiquette de "petite chose fragile à ménager". Fragile, d'accord, mais pas en sucre pour autant. Si c'était le cas, j'aurais déja fondu sous la dernière pluie... de laquelle je ne suis pas tombée.
Trop peur qu'ils n'en abusent aussi, tant il est facile de jouer de la corde sensible une fois qu'on la connaît. Offrir des prises à la malveillance, non merci. Si je veux être prise par les sentiments - ou prise tout court, d'ailleurs -, j'ai le droit de choisir par qui.

Mais dans ces moments de désarroi, mon visage, mes yeux trop clairs me trahissent et je les déteste. J'ai envie de leur ordonner de me foutre la paix, de la boucler pour me laisser jouer mon jeu d'indifférence et de détachement, ne serait-ce que cette fois-là.
Faire croire que je m'en fous, alors que c'est tout l'inverse.
Pour que mon visage, mes traits, mon expression m'obéissent, je suis prête à leur promettre qu'ensuite, je ne leur demanderai plus rien. Plus rien ni plus jamais, pourvu qu'ils me sauvent la mise, là, maintenant.

Car plus que nue, je suis mise à nu, avec une violence qui m'est insupportable.
Fermer les yeux,
détourner la tête, la baisser, la coller contre la vitre du métro, me plonger dans un livre...  Toutes les parades sont bonnes pour me soustraire à ces regards. Et alors que je tente de les ignorer, je me rêve terrée chez moi, dans le noir, sous la couette, porte fermée à triple tour.
Verrouillée sur mon impudeur, tremblant qu'on ne la viole.

Lorsque l'homme qui est entré brutalement dans ma vie a dû partir, j'ai voulu faire comme si de rien n'était. Comme si son absence prévue ne m'atteignait pas, ou juste assez pour qu'il sache deux choses essentielles : qu'il allait me manquer et que je ne lui serais pas un boulet. Le genre de fille encombrante dont on traîne la présence accusatrice dans ses valises et à laquelle on doit rendre des comptes.
Rendre des comptes... Rien que l'expression me fait frémir. Trop police, interrogatoire et serrages de poignets à mon goût, moi à qui les liens forcés font horreur.
Si je passe les menottes, ce n'est qu'après consentement, par et pour un plaisir librement consenti.
Si l'on m'aime, je souhaite - j'espère - que c'est parce que l'on me choisit, et non parce que j'aurai su occuper le terrain, m'y "déployer", m'imposer par la force ou la ruse.
De peur d'être encombrante, je me fais toute petite. Parfois trop, mais c'est un autre sujet...

Le visage nu 2Le jour où cet homme est parti, mon visage était nu malgré mes sourires. Et lui, pas tombé de la dernière pluie, y lisait tout mon désarroi, mon inquiétude et ma peur, alors même que je tentais de faire bonne figure.
La bonne figure... N'est-ce pas le semblant de savoir-vivre qu'on doit défendre, alors que le reste de nos codes a éclaté ?


Tout était si fragile, à commencer notre relation. Me laisser submerger par la tristesse et pire, la lui montrer, c'était déjà la gâcher un peu.
Ternir son départ, si important pour lui, d'une fausse note qui sonnerait comme un reproche ou une attente à combler, qu'il ne pourrait - ou souhaiterait - pas forcément remplir. Alourdir de sel ce qui devait rester léger, si léger.
Une parenthèse enchantée, on la remercie juste d'exister. La seule ponctuation qui vaille sont les trois petits points dans lesquels se glissent tous les possibles. Le meilleur comme le pire, quand on désire moins que tout mettre le point final.

L'impôt de la gabelle, c'est bon pour les bouseux du Moyen Âge. On a parcouru pas mal de chemin depuis, pas vrai ?
Tandis qu'il montait dans le taxi qui l'emmenait vers son ailleurs, les paroles d'Higelin se sont imposées dans ma tête :
Pars, surtout ne te retourne pas,
Pars, et surtout reviens-moi, vite...


Ça, je ne lui ai jamais dit.
C'est chose faite maintenant.

Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour
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