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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

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  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Mercredi 12 mars 3 12 /03 /Mars 22:21
Le premier baiser fut volé. Le deuxième fut rêvé. Le troisième fut interrompu.
Le quatrième fut encore plus délicieux que les trois premiers.
Du cinquième, du sixième, du septième, je ne me souviens plus. Ils se sont tous confondus en un seul, immense, sans limites, étiré comme une longue bande de plage sous le soleil. Petits galets polis soudain assemblés en un océan liquide. Et son ressac ricoche sur moi, résonne dans ma tête, accélère le flux de mon sang dans mes veines.

Timides, fougueux, tendres ou fatigués, avec ou sans la langue, avec ou sans les dents, la mosaïque de nos baisers sont devenus le baiser. La caracole de notre désir alors que nos corps se cherchent sous les draps. Aussi spontané que le mouvement qui nous pousse l'un vers l'autre, aussi naturel que la respiration que l'on prend sans y penser.

Le baiser, le vrai, le nôtre, est un pur moment d'intimité. Effaçant les murs de mon appartement, le bruit des klaxons sur le boulevard, abolissant le monde autour, les regards posés sur nous. Certains s'en fichent, d'autres nous
jugent ; certains nous envient, d'autres s'en offusquent.
Parmi tous ceux-ci, seuls ceux-là ont raison : notre baiser est de la dernière indécence, aussi impudique que si nous portions nos sexes sur notre visage. Aussi pornographique que si nous étions soudain accouplés à la terrasse du restaurant.

Notre baiser, c'est notre mise à nu. Que nous gardions ou non nos vêtements importe peu. Le tempo, la douceur, la frénésie de notre lèvres mêlées se déjouent bien de l'enveloppe des tissus qui nous recouvrent. Et cette gangue, bientôt arrachée comme la peau d'un fruit trop mûr, laissera place à l'essentiel : ta salive qui coule sur mon menton, à moins que ce ne soit l'inverse...

Notre baiser, c'est l'expression épurée de notre désir, plus parlante que nos mots incapables de dire l'évidence. Parfois, les mots ne savent pas expliquer mais juste trahir. Dire, c'est déjà retrancher, appauvrir, enfermer la courbe dans une ligne droite, en briser le délié d'un coup de machette.
La vérité est en creux, mais il ne faut pas creuser.

Le baiser, le vrai, le nôtre, se charge d'un intense pouvoir érotique. À peine m'as-tu effleurée que mon corps devient brasier, volcan en éruption dont le magma sourd entre mes cuisses.
Prends ma bouche que je t'offre, prends-moi tout entière.
Mais je t'en prie - je t'en conjure, même ! -, que ta langue n'arrête pas de caresser la mienne, à la tienne
enroulée comme le lierre au tronc, comme la licorne attachée à sa pâture, comme Excalibur enserrée dans son fourreau.
Le sexe comblé du tien, défaillante, au bord de cette jouissance dont tu m'interdis les cris en collant tes lèvres aux miennes. Puis ta main si tes lèvres ne suffisent pas à contenir mes plaintes.

Si je jouis, c'est par ta bouche.
Le "si" t'embête, n'est-ce pas ? Je te vois déjà froncer les sourcils, t'indigner avec tous ces petits plis qui se dessinent sur ton front, et ta ride du lion prête à rugir :
- Quoi, scélérate, ce n'est que ma bouche qui te donne du plaisir ?
Je pourrais à loisir jouer les coquettes ou les insatisfaites.
- Oui, mon chéri, tu l'ignorais donc ?
Mais non... Remplace à ta guise le "si" par un "lorsque", mais surtout, ne touche pas à ta bouche.
Je l'aime trop pour en changer, la troquer contre un autre terme... ou un autre, tout simplement.

Et ce soir comme tous les soirs, je donne mon empire de papier pour un baiser.
À une condition : qu'il soit de toi.
Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour - Communauté : xFantasmesx
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