Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Décembre 2024 | ||||||||||
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Les pays sont mes amants. J'en quitte un pour retrouver l'autre en me promettant de
revenir vers celui que je délaisse. Dans un mois, un an, peu importe. Je sais que mes pas m'y ramèneront et qu'aussitôt, je me trouverai en terrain connu. Que des souvenirs que j'y ai déposés,
souvent à mon insu, remonteront.
Une enseigne familière qui clignote, une devanture que je reconnais et voilà... Je suis presque chez moi.
En attendant, je suis dans un entre-deux. A l'aéroport. Devant un comptoir d'enregistrement. Avec un chariot et trois sacs.
Le gros sac que ma combinaison de plongée, mes palmes, mon masque dans sa boîte et ma pharmacie suffisent presque à remplir. Bourrés dans les interstices, des chemises légères, des maillots de
bain, quelques sarouels.
Déjà un mois que je m'habille pareil. Dans mes tenues, il n'y a guère que les couleurs qui changent. Et je me surprends,
de plus en plus, à rêver de toutes ces jolies robes restées sur "mon" île.
Le petit sac, rempli à craquer lui aussi. Comme il me suit en cabine, j'y entrepose tout ce que je ne veux pas perdre. A lui seul il me permettrait de poursuivre mon voyage. De façon spartiate,
certes, mais le compte honnête du nécessaire est finalement si peu...
Le sac en plastique, garni des provisions glanées la veille au supermarché. Je n'ai pu me résoudre à les jeter. Gaspiller la nourriture m'est toujours difficile, surtout dans cette zone pauvre du
monde. Aussi ai-je ce soir une assurance : je mourrai peut-être dans un crash aérien, mais sûrement pas de faim.
Un regard au sac et je glousse.
Un concombre de taille respectable ballote au fond. Seule dans la queue, je le fourbis du doigt. L'écorche. Le malaxe. Lui dédie des usages à faire pâlir toutes les femmes voilées qui
m'entourent.
A propos de queue, d'ailleurs, la mienne n'avance pas. J'ai comme d'habitude pris la mauvaise, celle à problèmes et récriminations, qui tarde au démarrage. En changer ne servirait à
rien. Je sais d'expérience que les problèmes se déplacent avec moi, comme le nuage de pluie au-dessus des personnages de bande dessinée.
Il suffit que je bouge pour que la naguère coincée se fluidifie d'un coup.
Question transit,
d'ailleurs, ça bouchonne un peu partout. A se demander si la moitié de la Malaisie ne déménage pas pour d'autres cieux.
Devant moi, un gars à quatre pattes transfère le contenu d'un énorme sac dans de multiples pochettes en plastique. Il a dû vider ses placards parce que, surprise, il n'a que de la nourriture en sachets.
Je lui proposerais bien mon concombre mais je m'abstiens. Il pourrait mal le prendre.
A ma gauche on rivalise à coup d'écran plasma et d'ordinateurs emballés. Là, c'est la salle à manger qui a morflé. Ou la
carte bleue parce que c'était les soldes.
A ma droite on ne rivalise pas. Il n'y a pas de file, juste un agrégat humain qui attend. Quoi au juste ?
Soudain, un choc sourd me perfore les talons. Je me retourne d'un bloc pour buter sur le sourire d'un employé de l'aéroport.
- Sorry, Ma'am. The line.
La ligne ? Quelle ligne ?
Puis je comprends. L'homme déplace un à un les chariots des passagers pour former une file impeccable. Roulettes contre roulettes, aucun centimètre
ne doit se perdre, aucun côté dépasser. Il faut que ce soit droit. Carré. Ordonné avec une précision maniaque.
J'approuverais bien si tout autour, ce n'était pas un joyeux bordel d'enfants et de sacs jetés pêle-mêle, la foire
d'empoigne de qui arrivera le premier au guichet.
Pour la peine, je vais après l'enregistrement fumer une cigarette. Dehors, avec mon petit sac et mon concombre, en
compagnie d'un flic sous un grand panneau rouge : "Dilarang merokok" (Interdit de fumer).
A Manille, j'ai jeté le concombre dans une poubelle. L'importation de légumes étant interdite, je me voyais mal expliquer au douanier l'usage que je lui réservais.
Dommage, j'aurais pu le manger en salade. Ca m'aurait pour un soir changé du riz blanc.
Petite note : il semble que l'accès aux commentaires ait été en rade pendant un moment.
Aucune idée de la raison (overblog si tu m'entends !) mais le problème est apparemment résolu.
Alors, champagne et concombre pour tout le monde !
:)
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