Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Décembre 2024 | ||||||||||
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Welles saisit le poignet droit de Laïs et le leva vers une menotte. Lorsque le cuir mordit sa peau, elle
cria de surprise.
À la seconde morsure, ce fut une plainte étouffée, mélange d'appréhension et de plaisir qui la clouait là, oiseau pris au piège, soulevant sa poitrine par
saccades.
Hormis cette pulsation à peine visible sous la veste, Laïs ne bougeait pas. Concentrée et comme absente, repliée en elle-même mais attentive au moindre son, elle tentait de percer le mystère que
lui dérobait le bandeau.
Où se trouvait-elle ?
Qui était là ?
Combien de personnes l'entouraient ?
D'un signe, Adrien m'ordonna de m'avancer. J'obéis en me demandant comment un homme toucherait une belle femme offerte. D'un contact franc et appuyé ou légèrement, à petites touches ?
Je pensai à mes amants puis à ces scènes entrevues dans un club libertin.
À l'empressement des mâles avides de chair, à leurs gestes durs, précis, exigeants. À cette folie qui les emportait, volontaires et crispés alors que leurs fesses luisaient sous la lumière.
Enserrant les hanches de Laïs, je les comprimai jusqu'aux os, cheminai à rebours le long de ses reins, contournai ses fesses et pinçai ses cuisses.
Elle gémit.
Un pas en arrière et je déboutonnai sa veste. Le décolleté de sa robe apparut, si profond que son soutien-gorge se détachait, rouge sang, sur sa peau blanche. Ses seins formaient deux
montagnes jumelles séparées par un vallon. Je humai son parfum, vanille et sueur, avant d'y glisser mon menton, ma bouche, ma langue.
Welles entra dans notre danse. Il épousa d'une enjambée la courbe de son échine, avançant, reculant sans la toucher au
rythme de ses oscillations. Lorsqu'il posa une paume sur sa taille, Laïs, comme cabrée sous la mèche d'un fouet, sursauta.
Qui était là ?
Adrien, se faufilant entre nous, glissa ses mains sur ses côtes.
Combien de personnes l'entouraient ?
La tête de Laïs tournait.
Entre tous ces doigts qui s'enhardissaient, s'immisçaient sous ses vêtements, couraient le long de ses mollets et remontaient à son soutien-gorge, le tirant, l'abaissant, le dégrafant pour en faire poindre, sourdre, jaillir les tétons, elle perdait le compte.
Compte perdu comme celui des bouches, des dents, des langues qui l'embrassaient, la léchotaient, la
mordillaient, habillée mais déjà nue, flageolante et debout, lèvres mordues au sang.
Adrien remonta sa robe sur son bassin.
Les bas coupaient d'une rayure sombre ses cuisses charnues. Au-dessus de la jarretière s'ourlait un renflement adorable, enchaîné en pente douce à ses fesses imposantes.
Laïs n'était pas une femme. Elle était la femme dans sa splendeur, l'amante, l'épouse et la mère au bassin triomphant, la divinité fertile des moissons du plaisir.
Lové entre son entrejambe se dessinait le triangle d'un tissu humide. J'y égarai mes doigts, les retirai pour les porter à mon visage, les sentir, les lécher, résistant à l'envie de m'agenouiller
pour la boire.
Le temps de redevenir femme avait sonné.
Je m'éclipsai pour me dépouiller de ma chemise et de mon pantalon, détachai mes cheveux, me parfumai et
enfilai une paire d'escarpins. Revenant au salon, je les fis à dessein claquer sur le parquet.
Un frisson secoua Laïs de haut en bas.
Combien de personnes l'entouraient ?
Ployée
sous les caresses des deux hommes, jambes écartées, robe rabattue sur les épaules, bas plissés sur les chaussures,
elle était plus nue que nue.
S'apercevait-elle seulement de son impudeur ?
Protégée par le voile de la cécité, elle aurait pu s'en effrayer ou en jouir, au moins autant que nous
qui jouissions de la voir rendue sans réserves à notre pouvoir.
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