Présentation

En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

Derniers Commentaires

C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

Mai 2024
L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    
<< < > >>

Recherche

Images Aléatoires

  • Monastere-de-Kong-Meng--Entre-les-arbres-bis.jpg
  • Envol.jpg
  • Ce-que-dit-la-bouche-d-ombre.jpg
  • Homme-du-bateau.jpg
  • Deux chapeaux et des lunettes

Syndication

  • Flux RSS des articles

Profil

  • Chut !
  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Samedi 17 octobre 6 17 /10 /Oct 01:18
Adrien voulait offrir un cadeau à Laïs, son épouse. Mais ni parfum, ni lingerie, ni sortie au théâtre ni voyage. Pour elle, il désirait le plus beau cadeau qu'un homme puisse faire à une femme : une après-midi de plaisir. De plaisir oui, mais plus encore : une plongée dans le cœur forcément trouble de ses fantasmes.
Offrir à l'autre ce qu'il n'a jamais osé demander ni ne se formule à lui-même, n'est-ce pas, tout compte fait, la plus belle preuve d'amour ?

La préparation de ce plaisir prit du temps et trois personnes : Adrien lui-même, Welles et moi.
Je n'avais jamais vu Welles. Laïs non plus, alors même qu'il s'approchait d'elle.
Il ne prit ni la peine de s'annoncer ni celle de la saluer. Ces politesses étaient inutiles, il le savait. Aussi, arrivé tout près d'elle, jusqu'à la toucher, lui glissa-t-il le bras sous le coude pour lui chuchoter :
- Bonjour, belle dame.
Laïs dut sursauter, tourner la tête et peut-être lui sourire.
Ce sourire n'était pas adressé à Welles mais au noir. Laïs,
un masque opaque d'avion glissé sous ses lunettes de soleil, était aveugle.

Welles la guida pas à pas dans les rues.
Laïs avait
confiance, forcément. Sinon, elle aurait arraché pour s'enfuir ce qui lui obstruait les yeux.
Elle avait peur,
aussi. Du moins je le crois. Quelle femme ne tremblerait pas de se confier ainsi à un parfait inconnu ?
Côte à côte, elle sûrement un peu tremblante et lui penché sur elle, ils cheminaient vers le plaisir. C'est-à-dire vers mon appartement.

Le couloir et le salon, dégagés de leurs meubles, n'offraient plus aucun obstacle. Un grand tapis donnait du moelleux au plancher trop froid, signe d'un printemps qui titubait encore dans l'hiver. Adrien sur le canapé avait la mine concentrée de ceux qui se repassent un film à créer.
Il était
prêt, moi non. Au dernier moment j'avais trouvé ma tenue de femme-garçon : une chemise et un pantalon enfilés sur une robe courte à fines bretelles.
Mes cheveux étaient retenus par un élastique, m
es jambes et mes pieds nus. Laïs ne devait ni deviner que j'étais une femme, ni m'entendre marcher.

Un coup bref, un coup long à l'interphone. C'était le signal.
Je déverrouillai
le sas de l'immeuble sans un mot. Laïs ne devait pas entendre ma voix. Elle aurait pu la reconnaître.
Traversant le couloir à pas de loup, j'entrebâillai ma porte et écoutai. Le silence d'abord. Puis, très vite, le frôlement d'une main sur la rampe d'escalier et un bruit hésitant, inégal, chancelant de talons. Ceux d'une femme qu'on aurait dit ivre et surtout seule.

Lentement l'écho montait, montait, plus fort, plus précis, plus synchrone avec celui qui résonnait sous ma chemise, gonflant le tissu, tirant sur les boutons.
Bientôt surgirent des marches une chevelure dénouée doublée d'une houppette poivre et sel.

Ils étaient sur le palier.

Laïs avait le menton porté un peu trop haut des aveugles, les gestes imprécis sous l'armure du manteau, la courbe bouleversante du cou battant contre l'écharpe. L'ovale de son visage et sa bouche fine étaient aussi beaux que dans mon souvenir.
Welles avait un visage que l'on aurait pu oublier si ses yeux n'étaient pas si vifs. Deux pointes noisettes déchiffrant le message tracé par Adrien :
Bande-lui les yeux.
Attache-lui les mains.

Saisissant l'épais foulard que je lui tendais, il ôta les lunettes de sa captive pour le nouer autour de son masque.
Laïs ne verrait rien. Pas même le ballet de nos bustes, de nos jambes, de nos pieds autour d'elle.

Welles l'escorta jusqu'aux crochets fixés à la poutre du salon. Laïs frémissait déjà de ce qu'elle ne voyait pas : une corde soutenant une barre prolongée de menottes.
Gibet de plaisir sur lequel elle serait crucifiée.

Dépouillée de son manteau, elle se tenait debout en émouvante statue de chair. Sage dans
sa robe grise aux genoux et sa veste boutonnée aux clavicules, avec en contrepoint ses bas filant sous ses escarpins rouges.


Par Chut ! - Publié dans : Classé X - Communauté : xFantasmesx
Ecrire un commentaire - Voir les 5 commentaires
Retour à l'accueil
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés