Vendredi 19 décembre
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J'allumai une cigarette en disant :
- C'est ça qui me fera mourir.
- Je ne veux pas que tu meures, me dit Andrea.
Il fixa la fumée échappée de ma bouche, n'osant toutefois écraser le bout incandescent dans le cendrier.
- Je ne veux pas arrêter.
- Je te ferai la guerre, alors.
Et il me fit la guerre, mais la guerre tendre et douce sur le sommier.
À propos de moi j'ai toujours eu deux certitudes.
La première, que j'étais stérile.
La deuxième, que je mourrais jeune, à 32 ans.
Lorsque j'eus cet âge, ce fut ma mère qui mourut. Je mourus aussi, effleurée toutefois par le soupçon que je m'étais trompée.
- Nous mourrons tous un jour, tu sais.
Alors que j'éteignis mon mégot, je souhaitai que ma mort fût rapide.
Si je n'ai pas peur de mourir, j'ai celle de souffrir comme j'ai le désir de m'éteindre vite et bien, sans fioritures, sans vieillir ni déchoir, nuque brisée comme ma mère emportée dans le grand
blanc.
- Qu'as-tu pensé au moment où tu as compris que tu allais mourir, maman ? As-tu pensé à moi ou vu ta vie défiler ?
Je me suis posé cette question jusqu'à la torture, les yeux débordant de la mousson indienne derrière la vitre d'un bus, ruisselant de
la mer battant Hainan par pleine lune, asséchés comme du papier fatigué d'avoir trop bu mes larmes à Paris, lors de ces nuits d'insomnie où je savais qu'une fois endormie,
je la verrai, elle, dans mes
cauchemars ou mes rêves.
À mes questions jamais je n'aurai de réponse.
Alors je les ai abandonnées dans le grand blanc qui l'a prise en les rendant à lui.
Toutes mes peines dissoutes dans le grand blanc qui les lave et les emporte.
Allongée dans le
funerarium sur son cercueil dans l'odeur des bougies et des fleurs, bouche étreignant la plaque scellant son décès, je lui ai juré que tout irait bien. Que je tiendrais debout et serais
heureuse.
- Je ne veux pas que tu meures.
- Je ne veux pas être stérile.
Et Andrea me fit la guerre, mais la guerre tendre, douce et lente,
peut-être juste pour me faire mentir.
Ce blog a un an cette nuit.
Happy birthday et... longue vie à lui :)
Par Chut !
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Publié dans : Andrea d'ébène
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Anna, une question à laquelle tu n'es pas obligée de répondre ici, ni même du tout si tu le souhaites : ton blog est-il définitivement supprimé ? J'ai essayé de m'y connecter au cours des deux derniers jours, sans succès.
Si c'est le cas, je le regrette, tout en respectant évidemment ta décision.
Des bises !
Oui, tu as raison, évidemment. Mais c'est bizarre : j'étais certaine de l'être bien avant que le problème ne soit découvert. Du coup, je me suis interrogée : aurait-on une connaissance intuitive de soi, en dépit de toute logique apparente ? Ou est-ce une certitude banale, de celle que se forgent les nullipares, avant d'avoir la preuve du contraire (et le ventre qui va avec !) ? Sais pas...
2008, "année de la frite" qu'on avait dit, s'achève. Vive 2009, année du bluff ? De la teuf ? De la meuf (ah ah, pas pu m'empêcher) ?
Moi aussi. Pour tout.
Je t'embrasse. Tu sais où me joindre au cazou.
Compte sur moi le 26 :)
Bises, Belle Dame.
Je garde encore un peu les souhaits que je te destine... ainsi qu'une dette fort douce.
Bises du fauteuil.