Présentation

En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

Derniers Commentaires

C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

Avril 2024
L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          
<< < > >>

Recherche

Images Aléatoires

  • Blood on feathers
  • Yangon-Oiseau-de-feu.png
  • Reflets-du-soir.jpg
  • Monastere-de-Kong-Meng--Entre-les-arbres.jpg
  • Vendeuse-de-cartes-3.png

Syndication

  • Flux RSS des articles

Profil

  • Chut !
  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Samedi 20 décembre 6 20 /12 /Déc 20:20
Depuis le temps qu'on en parlait, il fallait bien le faire un jour. Alors on s'était fixé rendez-vous sur le boulevard Pigalle.
- Pas de problème, c'est un supermarché, avais-je assuré à Salomé.

Salomé est ma meilleure amie. Vingt ans qu'on se connaît, par cœur maintenant. Premières soirées en boîte de nuit alors qu'on n'avait pas encore l'âge d'entrer, premières cuites
, premiers copains, premières peines et premières joies... Ensemble mais aussi séparément, en se le racontant ensuite, on a tout vécu.
Vingt ans de secrets partagés, un bail au cours duquel j'ai souvent précédé Salomé.
Elle est réservée, j'ai le contact facile. Elle est sage, moi fofolle. Et plus d'une fois je l'ai entendue s'étonner, avec un large sourire ou
au front un pli d'inquiétude :
- Impossible. Tu n'as pas fait ça, quand même ? Si ? Ne me fais pas languir, explique !


Du coup, l'idée du sex-shop était probablement la mienne. Mais à mieux y réfléchir, pas sûr. On en plaisantait
depuis si longtemps que répondre à la question "de qui venait l'idée ?" était devenu impossible.
Le fait est qu'on s'est retrouvées face au magasin en plein après-midi.
Enfin, le terme de magasin est inexact. Le lieu se présentait plutôt comme un temple. Un temple dédié au sexe
sur trois étages, surmonté d'un immense néon clignotant d'un rouge de stupre.
SEXODROME, qu'elles disaient, les lettres.

S
ur le trottoir, Salomé, engoncée dans son manteau, voulut fumer une cigarette. À peine avait-elle jeté le mégot que je sonnai la traversée du boulevard :
- Bon, on y go, au Sexodrome ?
- Chuuuuuut, moins fort...
ordonna-t-elle, jetant alentour des regards désespérés. Oui, on va y aller, au Sexodrome. Mais minute ! Avant, j'en grillerais bien une autre. Puis j'ai repéré un joli haut dans la vitrine là-bas
(signes en direction d'un point éloigné). Si on y passait ?
Je me figeai, surprise.
- Maintenant ?
- C'est que...

A y est, j'avais compris. La cigarette, le joli haut à perpète ? Des excuses.
- Oh oh, la taquinai-je. Toi, tu te dégonfles !
- Nan. Du tout. Mais si tu t'y rendais seule, au Sexodrome ? Tu fais un tour, tranquille, tu prends ton temps puis... tu me racontes.
- Tss, tsss. En route, y a que le premier pas qui coûte. Sexodrome, nous voilà !
Salomé soupira. Alors qu'elle
traînait des pieds pour fendre le flot des véhicules, elle avait l'air d'une coupable convoquée au tribunal pour attentat à la pudeur.
L'air de tout, sauf d'une fille guillerette en virée shopping.

Nous stoppâmes devant la double porte d'entrée. Des vitres opaques dressaient leur barrière entre la rue et l'intérieur, empêchant les badauds de distinguer le moindre bout de moquette ou coin de présentoir.

A
rrimée à moi, Salomé se dandinait :
- T'es certaine que c'est un supermarché ?

- T'inquiète, j'ai vérifié sur Internet !

-
On dirait plutôt un cinéma ou un... bordel. T'es vraiment certaine, hein ?
- Oui oui !
- Mais tu crois qu'on nous laissera entrer ?
-
Évidemment !
- Mais si ça se trouve, y a que des hommes dedans...
- On verra bien !
- Mais...

Trop tard. J'avais déjà posé un talon sur le tapis d'entrée. La double porte s'ouvrit. Sur deux vigiles en costard.
- Bonjour ! claironnai-je toutes dents dehors.
- B'jour, 'sieurs... mâchouilla Salomé.
- Bonsoir, mesdames.
- Mon amie et moi venons faire des courses, leur précisai-je à toutes fins utiles. Il faut prendre des paniers là, je suppose ?
J'attrapai
les deux premiers de la pile, en calai un sous mon épaule, collai l'autre au bras d'une Salomé écarlate.
- 'Ci, c'est gentil, mais...
La fin de sa phrase se perdit dans le col de son manteau.
- À quel étage est le supermarché, siouplaît ?
Un vigile leva un sourcil :
- Le supermarché pour... ?
"... Se ravitailler en poireaux, pardi ! C'est donc pas un Monop', ici ?" brûlai-je de rétorquer.
- ... Pour acheter des godemichés, Monsieur, assurai-je de mon ton le plus docte.
- Non, désolé, vous faites erreur. Le Sexodrome est avant tout un cinéma.

Salomé me décocha mentalement une rafle assassine.
"Un supermarché, hein ! Et tu as vérifié sur Internet, hein !"
- Pour assister à une séance,
poursuivit le vigile, montez au premier étage. Change de trou, ça fume débute en cabine 12. Autrement, il y a... Gérard, on a quoi en projection ?
Et Gérard
de compléter, imperturbable :
-
Cordier suce des flics, L'Arrière-train sifflera trois fois...
Salomé reposa son panier pour amorcer une prudente retraite.
-
Gastbite le magnifique, L'Armée des douze salopes, Le Saigneur des anus...
Elle recula sans cesser de sourire ni de me tirer par le coude.
- Juranal Park, Les Tontons Tringleurs...
- Merci beaucoup, mais... nous les avons déjà vus
, fis-je sous le regard horrifié de mon amie.
- Sinon, pour les godes, remontez le boulevard jusqu'aux Folies de Lili. Là, vous trouverez des sex-toys.

Aux Folies de Lili a peu de points communs avec le Sexodrome. Le lieu est petit, l'ambiance feutrée, presque intime. Avantage de taille, il regorge aussi de ce que nous venions chercher.
À la porte, Salomé n'hésita d'ailleurs point. Elle me précéda dans la boutique d'un pas allègre et je voyais déjà le moment où, aguerrie, elle me remorquerait sur le boulevard pour en écumer tous les sex-shops.
Comme quoi une projection ratée des Tontons Tringleurs suffit parfois à balayer la plus grande des réserves.
Enfin, presque. Parce qu'une fois devant les présentoirs surchargés d'objets non identifiés, sa timidité resurgit.
- À ton avis, c'est quoi, ce truc ? la questionnai-je toutes les trois minutes.
Et on le met où ? Devant ? Derrière ?
- Je... sais... pas. Moins fort... On va nous... entendre.

En effet, on nous entendit.
- Puis-je vous aider ? proposa une accorte vendeuse.
- Volontiers. Voyez-vous, je m'interrogeai sur la destination de cette chose.
- Les boules de geisha en acier chromé ?
- Non, à côté.
- Le plug vibrant à cinq vitesses avec rabbit en option ?
- Cela même.

Alors que la dame se répandait en explications en décrochant les boîtes, Salomé se replia prudemment à l'autre bout du magasin.
- Je te laisse deux secondes, OK ? On se retrouve plus tard, d'accord ?
- Mmmh. Et ce latex-là, il est plus doux que l'autre ?

Une heure plus tard, le ding de la caisse résonna.
- Un gode MaxiPlaisir, deux doigt chinois TaTouBon, une badine Soupledur... Excellents choix, approuva le patron en débipant nos articles. Je vous les emballe, c'est pour offrir ?
- Pas la peine.
- Z'avez raison. Ce genre de plaisir, ça se consomme de suite entre filles.
Son œillade nous couva en connaisseur.
- Je vous rajoute les piles,
mesdemoisellesDes extra longue durée, offertes par la maison. Vous m'en direz des nouvelles.
Sourire à s'en décrocher les mâchoires. Puis remontée de son avant-bras, mimant en direction du plafond une géante érection de latex.
-
Bonne soirée, mes jolies !

Salomé et moi retînmes notre fou rire. Surtout ne rien répondre, ne pas se regarder. Sinon, nous nous effondrerions en hoquets sur le comptoir.
Nous sortîmes chargées de nos paquets.
- Bonne soirée,
mes jolies ! répéta mon amie en levant un bras vers le ciel.
L'hilarité fut totale.
- N'empêche qu'au Sexodrome, tu m'as collé la honte du siècle...
Le Saigneur des anus, Juranal Park, déjà vus... J'y croyais pas ! Puis chez Lili, toutes tes questions sur le rabbit en option... Au secours ! Et planque mieux ce sac, tout le monde va s'apercevoir qu'on sort d'un sex-shop ! Délurée, va !
-
Délurée... Délurée toi-même, ma jolie !

Soudain, Salomé pila.
- Mince.
- Quoi, mince ? Tu as oublié un truc ?
- Oui
, répondit-elle en ouvrant grand son sac sous la barbe des passants.
- Ton gode MaxiPlaisir ?
- Non, non. Pire. La garantie. Je fais quoi s'il marche pas, mon gode ?

Par Chut ! - Publié dans : Elles...
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Retour à l'accueil
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés