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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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Mercredi 8 septembre 3 08 /09 /Sep 18:41

Prémisses de l'enferD’abord, c’est un choc.

Malgré l’heure tardive, une foule compacte se bouscule dans la rue étroite. Si Ophélie et Feu mon amour ne semblent pas surpris, Martin et moi sommes stupéfaits. Depuis que nous fréquentons les Nuits Elastiques, jamais nous n’avons connu une telle affluence.

Gainée d’une minirobe en latex, une Domina perchée sur des talons compensés assure l’ordre en pointant sa cravache.

- Décalez-vous ! Avancez ! Stop !

Et l’attroupement de se mouvoir comme un seul homme.

 

Transbahuté de gauche et de droite, collé à l’avant et à l’arrière par nos voisins immédiats, notre petit groupe resserre ses rangs.

Je peste qu’on se croirait à l’école tout en affichant une obéissance de bonne élève. Surtout donner l’exemple pour peut-être progresser plus vite. Ma crainte est que nos invités regrettent de s’être aventurés dans cette galère où une Domina, elle-même soumise aux ordres stricts des organisateurs, vérifie à même le trottoir l’éligibilité des aspirants fêtards.

- Vous avez une tenue répondant au dress code ? Montrez-la moi.

Ça et là, des plaisanteries fusent :

- Je vous ouvre mon pantalon sur mon slip en vinyle… Là, tout de suite ?

- D’accord pour vous exhiber ma robe, mais sa quantité de tissu étant inversement proportionnelle au froid de canard, je vais m'enrhumer

 

Ignorant ces remarques sarcastiques, notre garde-chiourme marche emmitouflé dans sa superbe pour piler devant nous.

- Et vous, vos habits ?

Disciplinés, les garçons présentent leur sac. Celui, énorme, de Martin s’ouvre sur sa combinaison en latex, mon paddle et mes cuissardes. Celui, modeste, de Feu mon amour révèle la jupe d’Ophélie et son pantalon de cuir rouge, couleur d’enfer et de délices.

Un bouton, deux boutons de mon manteau sautent. Ma robe apparaît sous mon pull retroussé.

Non, la Domina n’aura pas droit à la face impudique. Peu lui importe, puisque de mon dos découvert, elle s’en cogne comme de sa première chambrière.

- Parfait, entrez !

 Nous court-circuitons la queue escortés d’un murmure de protestation.

« Pourquoi eux et pas nous ? » semblent mugir les refoulés.

« Parce qu’Altho a un sourire renversant, Ophélie une chevelure de sirène, Martin une stature qui en impose et moi de beaux yeux. Que l’injustice fait partie du monde en général et de notre petit monde en particulier.

Notre petit monde, vous vous rappelez ?

Celui où dix soumis se disputent l’intérêt d’une Maîtresse, s’affrontant à qui rampera le plus bas et s’affichera carpette le plus haut… »

 

Prémisses enfer 2 Une fois de plus, je me tais et j’ai raison. Ce qu’on nous envie dehors n’est pas si enviable dedans.

La porte voûtée à peine franchie, une chaleur d’étuve nous prend à la gorge. Âcre remugle sur fond d’exhalaisons de pieds sucés et d’aisselles transpirantes, de sexes raidis et de chattes ouvertes.

Odeur objective de sexe en relents de tabac froid qui agresse nos narines congelées. Sans compter que le monde battant le pavé n’est rien à côté du troupeau massé dans l’escalier.

 

Poussés par un flot de nouveaux admis, déportés par la marée inverse des gens sortant fumer une cigarette, nous nous heurtons les uns aux autres, rentrons dans des dos inconnus, butons contre des côtes anonymes dans un brouhaha de volière.

Une voix outrée hurle soudain par dessus le tumulte :

- Mais arrêtez de piétiner mon soumis !

 

Nous nous frayons un chemin vers le vestiaire. Vestiaire est d’ailleurs un grand mot pour ce réduit où se mélangent les participants. Pudiques s’abstenir : ici, ni paravent ni rideaux, tout le monde jouit de vues imprenables. Celle du tatouage zébrant les reins d’une jeune beauté. Des mamelles d’une femme mûre et des fesses flétries de son compagnon. Des couilles d’un soumis s’escrimant à les loger dans un micro slip. D’un soutien-gorge de travesti rembourré de coton.

Ophélie, occupée à se battre avec son corset, n’a pas un regard pour cette exhibition des chairs. Feu mon amour, en revanche, n’en perd pas une miette. Moi, c’est son déshabillage à lui qui m‘intéresse. Mais, pudique, je garde le menton baissé sur Martin qui, à genoux, lace mes cuissardes.

Du noir sur mes cils, du rouge sur mes lèvres. Je suis prête. Prête à fermer collier et cadenas autour du cou de Martin. Prête, laisse et paddle en main, à guider nos invités entre béton et vieilles pierres. Un décor bien minimaliste pour les cercles de l’enfer.

 

D’abord, le bar.

En face, une première cave tendue en son milieu d’un rideau pourpre.

Derrière, la backroom pour les scènes les plus chaudes, quoique le spectacle se tienne aussi dans la salle. Ici, le séant d’un gringalet à quatre pattes rougit sous les coups de battoir d’une Maîtresse charpentée. Là, les mamelons d’une docile dépoitraillée se distordent sous les pinces de son Maître.

Ce ne sont toutefois pas ces instantanés de soumission qui frappent Ophélie et Feu mon amour, mais l’excentricité débridée des guêpières, jarretières, perruques, paillettes, loups vénitiens, masques et cornettes portés par des écolières, des gendarmes, des ecclésiastiques et des soubrettes.

 

Prémisses d'enfer 3Près de nous piaffe un homme-cheval prisonnier d’une combinaison noire et feu, le visage dissimulé par une cagoule opaque.

Trois trous - deux pour les yeux, un pour la bouche - lui assurent un contact avec l’extérieur. Minimum, cependant, car il ne peut ni voir sur les côtés, ni prononcer un mot : ses œillères et son mors l’en empêchent.

Le sommet de son crâne s’orne d’un plumet de parade, son anus d’un godemiché serti d’une gerbe de crins. Ses jambes harnachées de chaînes peinent à se mouvoir dans ses bottes surélevées.

Lorsqu’enfin il esquisse quelques pas, la terre battue se grave de l’empreinte de ses sabots.

« Impressionnant… », murmure Feu mon amour.


Oui, impressionnant. Cette cave hors monde est un appendice du vice, transgressif comme cette robe cardinalice de laquelle émergent deux solides mains. La droite, ornée de l’anneau pastoral, s’abat avec une régulière vigueur sur la croupe d’une fille en extase.

 

Saisissant Feu mon amour par la taille, hâlant Ophélie et Martin, je me dirige vers une ouverture percée à même la roche. De l’autre côté, la deuxième cave aménagée en piste de danse. Ses parois tremblent d’une musique assourdissante : des tubes des années quatre-vingt mixés par un DJ à la crête d’Iroquois. Aussitôt une marée de corps en transes nous encercle bras levés, nous ordonnant de l’imiter, de nous étourdir, de nous fondre dans la folie qui l’emporte.

Et nous dansons, fous, insouciants, accordés au sein même du chaos de sons et de lumières.

 

 

"Viens, ma lionne, viens te faire les griffes sur ma peau.,

 Ployer ta nuque tendre, offrande au bourreau,

Sous l'orage anthropophage de mes crocs..."

(J. Higelin)

 

Photos, respectivement : Gilles Berquet, Dan Witz,

Ellen Von Unwerth.

 

Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour
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Commentaires

C'est du vécu ou du délire???

commentaire n° :1 posté par : Ordalie le: 09/09/2010 à 06h01

Du pur vécu ! Ce fut la 1re soirée avec Feu mon amour, après notre rencontre... au sex-shop.

On dirait que c'est inventé, mais pas du tout... La réalité dépasse souvent (blablabla, tu connais la connais la suite) :)

réponse de : Chut ! le: 09/09/2010 à 07h37

Y a pas à dire, c'est un autre monde. A la fois intrigant, attirant, irréaliste, un peu fou...

Tout à coup, on plonge dans une autre vie. Un autre "nous", aussi, un peu...

commentaire n° :2 posté par : Ombres et Caresses le: 21/09/2010 à 23h42

Oui, un autre nous, c'est exactement cela. J'y ai exprimé des facettes de moi absolument non montrables ailleurs, et même difficiles à verbaliser sans se heurter à l'incompréhension de ceux qui ne fréquentent pas cet univers. J'y ai aussi fait des choses que je n'aurais pas imaginées, sans les regretter un seul instant. La "morale" du dehors n'est pas celle du "dedans". Non pour dire que ces soirées sont exemptes de morale, tout dépend d'ailleurs de la définition qu'on donne à ce mot...

Ces soirées un peu folles, oui, étaient des parenthèses ouvertes et refermées, totalement décrochées de la "vie réelle". Un espace de liberté et de jeu où tout était permis - tant que les protagonistes sont consentants, bien sûr.

Quand je repasserai par la France, je pense que j'y retournerai. Cette totale liberté me manque, parfois. :)

réponse de : Chut ! le: 24/09/2010 à 19h36
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