Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Décembre 2024 | ||||||||||
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Le soleil est brûlant. À peine un souffle de vent agite les palmiers.
Sur la route je suis un point bleu, outremer coton au dos dénudé.
Sur mon épaule mon sac pèse lourd.
Une pause. Une gorgée d'eau.
J'attache mes cheveux.
De chaque côté de la route, des Philippins me souhaitent le bonjour.
- Maayong hapon*, Mââm !
J'agite la main. Je souris. J'avance encore.
Mes yeux filent le long de l'asphalte. L'horizon fume sous un brouillard de chaleur.
Je guette un habal-habal pour m'emmener au centre de plongée. Cinq minutes en moto mais bien trop loin à pied, surtout par une pareille canicule.
Un minivan déglingué s'arrête. À l'intérieur, deux passagers.
Le conducteur me demande :
- Vous allez à la plage, Mââm ?
- Oui.
- Montez, je vous emmène !
Je grimpe dans l'habitacle. Les trois Philippins connaissent Olüg, mon propriétaire. Cela nous fait au moins un sujet de conversaton.
Puis, à brûle-pourpoint, le chauffeur me dit :
- Normalement, je ne prends pas de passagers. Mais puisque vous êtes jolie, je me suis arrêté.
- Ah ? Merci.
- Oui, insiste-t-il. Les jolies femmes, je les prends. Mais les moches, je les laisse marcher !
Nous arrivons à la plage. Je m'enquiers du prix de la course.
- Non, Mââm, pour vous, c'est gratuit !
Je me retiens de questionner :
- Et pour les moches, c'est combien ?
Tant de galanterie m'a laissée sans voix.
* Maayong hapon : "bonne après-midi" en visayan. Il n'y a pas moins de 5 façon de saluer selon l'heure de la journée.
Photo de Cartier-Bresson.
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