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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
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Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Vendredi 1 mai 5 01 /05 /Mai 19:28

Suite de Empreinte, Ministry of Pain.

La journée, j'ai flâné dans les rues en regardant ma cheville. Dernière fois que je la voyais à nu. Dernières caresses du soleil sur une peau qu'il me faudrait à présent protéger du soleil, des bains, du sel.

Je savais que les précautions d'après tatouage compliqueraient ma route et m'en moquais. Peu m'importait de souffrir de la chaleur en pantalon, de perdre le billet d'avion qui devait m'emmener sur une île, de différer mon baptême de plongée.

Il y a des choses qui peuvent attendre et d'autres pas. Comme cette seconde d'un cliché magique qui, faute de la capturer, ne se représentera jamais.


La vie, et plus encore le voyage, pose la question des priorités : vais-je rester ici en sacrifiant un là-bas ? Ou filer vers un là-bas en me détournant d'un ici ?

Au cours de mon périple, ma seule question a été :

- De quoi ai-je vraiment envie ?


La question a beau être simple, les réponses le sont rarement.
Souvent tiraillée entre l'activité et le repos, le farniente ou le travail, la totale solitude et le désir de communiquer, j'ai tissé mes petits arrangements. Drôle de patchwork entre moments miel et souvenirs hauts en couleurs, ennui gris clair et mélancolie gris foncé.
Bouts d'étape mal cousus ensemble, jusqu'à me demander si je ne me trompais pas de route. Naviguant à vue, je la surfilais en zigzags, bâtarde, à la recherche de mon nord magnétique.

J'ignorais qu'il se trouverait au Sarawak.
Et que, comble d'ironie, les clefs des chambres de Tracks s'alourdiraient d'un compas.

Ernesto a pour moi le goût des rencontres décisives. Celle de la croisée des chemins à laquelle je suis arrêtée depuis trop longtemps. Et depuis trop longtemps, aussi, je pense que nos plus grandes limites se trouvent en nous-mêmes, prenant racine dans notre éducation et nos peurs, se nourrissant d'elles non pour nous faire grandir mais dépérir sur pied.


A la mort de ma mère j'ai éprouvé la paniquante sensation que plus rien ne me retenait. Que j'étais un ballon lesté de chagrin, mais un ballon libre de m'envoler. Par le suicide en sautant de mon quatrième étage, par les paradis artificiels en me fusillant la tête, par un avion pour sillonner la planète.

La totale liberté a à la fois le goût excitant du fruit défendu et âcre de l'angoisse.

Que faire maintenant que tout est à construire ?

Après l'explosion de mon univers bordé de clôture, je me tenais au milieu d'un champ de ruines, ravagée par l'onde de choc mais encore sur pied.

J'ai réempilé les pierres, parfois dans le désordre. Les angles accrochaient, les fêlures s'emboîtaient mal, les lézardes gagnaient du terrain. A la fin, mon puzzle avait côté cour l'apparence d'une bâtisse branlante, côté jardin celle d'une jungle à élaguer.

Roc et sève. Sous la mousse et les branches mortes se tenaient, cachés, la dureté minérale et le foisonnement végétal.
Il m'a fallu descendre dans ma mine pour les trouver.


Aussi, le soir où Ernesto frappa à ma porte ai-je à peine senti l'excitation des décisions irréversibles. Son visage iban me disait d'ailleurs que je n'avais rien à craindre, si ce n'était de me trouver.

- On y va ? me questionna-t-il.
Dans son ton il y avait la possibilité de me laisser reculer tête haute, sur un "j'ai finalement changé d'avis". Comme il me l'avait dit en boutade absurde :
- Tu ne seras jamais sûre jusqu'au moment où tu seras sûre.
Je regardai, penchés sur mon lit, son sourire, ses yeux, ses cheveux effleurant les tatouages de ses épaules. Je lui souris et repoussai le drap, l'ordinateur, sautai à pieds joints sur le carrelage et lui tendis la main.
- Oui, on est déjà partis.

Je n'avais pas à me préparer, j'étais déjà prête.

A suivre.

Par Chut ! - Publié dans : Eux
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Commentaires

Pas de celle que la mer efface sur le sable ... l'empreinte qu'il laissera te sera pour le moins chevillée au corps.
commentaire n° :1 posté par : Slevtar le: 06/05/2009 à 17h13
Il y en a aussi d'autres, moins visibles. Certaines rencontres marquent... dans tous les sens du terme.
réponse de : Chut ! le: 29/05/2009 à 17h10
Pas de celle que la mer efface sur le sable ... l'empreinte qu'il laissera te sera pour le moins chevillée au corps.
commentaire n° :2 posté par : Slevtar le: 06/05/2009 à 17h14
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