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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Dimanche 26 avril 7 26 /04 /Avr 17:41
J'ai une piètre opinion de moi en tant que photographe. Plus que la pro du cadrage, je suis la championne du doigt devant l'objectif. Du flou pas très artistique. Du scalpage de tête, du contrejour et de la surexposition.

Pourtant, mon oeil voit le parti à tirer d'une scène, d'un visage, d'un détail. Mais une fois dans la boîte, la photo me déçoit. Elle me paraît sans reliefs, sans saveur ni odeur.
Un cliché de vacances insipide de plus à verser au dossier des photos ratées.

Je sais pourtant que des photos, il faut en prendre cinquante pour n'en garder qu'une, se désespérer d'être mauvais pour se surprendre d'être bon.
Il faut travailler la technique, aussi. Jusqu'alors, la sensibilité ISO m'évoquait une avancée psychanalytique, la balance des blancs une pesée réservée aux Caucasiens, et l'ouverture du diaphragme, un truc carrément salace.

Il était donc grand temps que je m'y mette, et surtout que j'acquière de quoi m'y mettre.
Keith Jarrett sans son piano ? Il n'est rien.
Picasso sans ses pinceaux ? Il n'est rien non plus.
Moi sans un appareil digne de ce nom ? Idem.
Aussi ai-je arpenté aujourd'hui Sim Lin Square, le shopping center singapourien de l'électronique. Et de pied ferme, encore, car hors de question que je repasse les portes bredouille. A mon retour, mon sac serait lesté du prolongement de mon index connecté à mon oeil droit (celui qui voit le mieux).
Quelques heures et centaines d'euros plus tard, je sortais triomphante d'avoir accompli un nouveau bond technologique.
Après ma bécane, tombée en rade moins d'un an après achat, et mon Time Capsule asthmatique, j'aurais dû me méfier.

La pluie avait entretemps séché sur les trottoirs. Tant mieux. Cela m'éviterait de me gaufrer comme à l'aller à cause de mes sandales dotée de l'éjection automatique. Sûr que mon reflex tout beau tout neuf n'aurait pas plus apprécié que mon genou la rencontre avec le pavé.
Une fois à l'hôtel, j'avoue avoir capitulé à la page 4 de la notice en anglais.
- On va y aller au feeling, je me suis dit. Ca avait l'air drôlement simple dans le magasin.
Sitôt pensé, je suis debout, nez au vent, prête à m'aligner pour le prix Albert Londres.

Ici commencent les stupides aventures d'une fille qui aurait dû dépasser la page 4 de la notice.

La mosquée près de mon hôtel est vraiment belle. Je décide donc de la transformer en cliché inaugaural. J'allume l'appareil, le lève à la rencontre du dôme doré.
Rien.
Ah si, là, en petit dans le coin, un message tout en chiffres qui clignote.
Une nouvelle langue, peut-être ? Du martien ? La voix de Dieu ? Bad news from the stars ?
Je peste, j'insiste.
Pas de bol. La connexion avec l'au-delà est brutalement interrompue par un gros trou noir.
Je peste, agite les bras, insulte in petto le vendeur qui m'a refourgué de la camelote.
Furieuse, je retourne l'appareil pour le ranger. Eclate de rire.
J'avais oublié d'enlever l'obturateur.
(Ben quoi ?)

L'hôtel Raffles* est vraiment splendide. L'enfilade des arcades avec les lampes suspendues et la silhouette du portier à l'horizon, je les veux. Sauf que j'ai dû trop trifouiller les boutons entretemps. L'appareil s'insurge, zoome, dézoome, n'en finit plus de me promener en avant, en arrière.
Je tangue comme une vieille chaloupe, j'ai le tournis, je perds pied, je sombre, je renonce.
(Pas encore trouvé la solution.)

Les petits pavés devant l'hôtel Raffles sont vraiment jolis. Parfaits pour une photo abstraite, genre extérieur nuit en énigme. Je les veux aussi mais là encore, autant négocier une demi-jambe avec un crocodile affamé.
L'appareil, lui, ne veut pas.
Je m'acharne, je m'escrime, je m'évertue. Au beau milieu de mes efforts, on me tapote sur l'épaule.
Le portier.
- Excusez-moi, Mademoiselle. Vous êtes au beau milieu de la file des taxis et s'il en arrive un, il va vous écraser.
Oui, bon, d'accord. C'est si gentiment dit que je m'en vais.
(Et tant pis pour les pavés.)

Je passe vite sur la suite, qui pourrait s'intituler :
- hallus auditives ou Comment traiter son engin de moulinette en confondant son bruit avec un skate-board ;
- grand moment de solitude ou Comment shooter au flash un prêtre en plein sermon.
Pour me venger de ces avanies, j'ai rebaptisé mon appareil Gogol, sans me faire d'illusion sur lequel de nous deux l'est plus que l'autre.

Ici s'interrompt le combat pour cause de batterie vide.

Verdict : Keith Jarret sans son piano, Picasso sans ses pinceaux, moi sans appareil photo, on n'est peut-être rien. Mais moi avec, je ne suis pas toujours grand-chose.
Pas grave. J'ai toujours pensé que les plus belles photos étaient dans ma tête.


* L'hôtel Raffles est LE palace historique de Singapour, un lieu mythique fréquenté en son temps par des écrivains et artistes (Rudyard Kipling, Joseph Conrad, Somerset Maugham, Charlie Chaplin...).
Le comble du chic est bien sûr d'y loger dans une suite (gloups). Sinon, à défaut d'être milliardaire, on s'y rend pour déguster un Singapour Sling : ce célèbre cocktail a été créé là, derrière le bar en bois.

J'ai adoré siroter ma boisson dans ce cadre magique, dans les coques de cacahuètes qui traînaient partout. Ca, c'est drôle : le lieu a beau être très chic, on jette sans complexes ses pelures par terre. Inutile de chercher une poubelle de table, il n'y en a pas.
Détonant mélange !
Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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