Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Décembre 2024 | ||||||||||
L | M | M | J | V | S | D | ||||
1 | ||||||||||
2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | ||||
9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | ||||
16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | ||||
23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | ||||
30 | 31 | |||||||||
|
Un
jour, Adrien m'appelle pour me demander conseil. Ayant besoin d'un lieu pour une rencontre amoureuse un peu particulière, il souhaite mon aide : connaîtrais-je quelqu'un susceptible de lui prêter
un local, muni de crochets au plafond ?
La présence de ces crochets semble peut-être relever du détail.
Pas du tout. Ils sont au contraire d'une importance cruciale pour Adrien, car à eux il veut attacher sa soumise, l'écarteler afin de mieux profiter d'elle.
Je réfléchis. Non, je ne connais personne. Mais oui, je peux sûrement l'aider.
Pourquoi ne se servirait-il pas de mon appartement ? J'ai beau ne pas avoir de crochets au plafond, je possède de quoi les remplacer : une barre d'écartement à installer dans l'embrasure d'une
porte.
Si ça lui va, il n'a qu'à disposer du tout.
Ça lui va.
Marché conclu.
Quelques jours avant son escapade, Adrien vient chez moi reconnaître les lieux et voir mon matériel. Alors que nous bavardons, l'idée surgit : pourquoi ne fixerais-je pas deux crochets à la
poutre de mon salon ?
Le dispositif, en plus d'être commode, serait très discret.
J'accepte sans difficulté.
Sitôt dit, sitôt fait. Les crochets sont vissés de main de maître par Adrien (serait-ce d'ailleurs au vissage qu'on reconnaît un bon Maître ?). Passée entre eux, une corde terminée par des
menottes.
Ne reste plus qu'à en régler la longueur.
La soumise d'Adrien est plus petite que lui et plus grande que moi. Nous convenons donc de nous y attacher tour à tour pour déterminer la bonne hauteur.
Sur le papier, cela paraît simple. C'est compter sans les imprévus d'une telle situation...
Je me place sous les crochets, lève les bras.
Adrien, posté dans mon dos, referme les menottes sur mes poignets.
- Comment te sens-tu, là ?
- Prisonnière.
- Prisonnière... Vraiment ? souffle-t-il dans mon cou.
Soudain, je sens son corps collé au mien, son sexe en érection plaqué contre mes fesses. Je n'ai pas un geste pour fuir ou me défendre.
D'ailleurs, ainsi attachée, comment le pourrais-je ?
Adrien, posant ses mains sur mes hanches, m'attire davantage à lui et me murmure à l'oreille :
- Dès que je t'ai rencontrée, dès la première fois, j'ai eu envie de toi...
Je souris, d'un sourire qu'il ne voit pas.
Là, je m'attends à ce qu'il me tire les cheveux, arrache mes vêtements, m'oblige à écarter les cuisses et me gratifie d'une bonne fessée pour paiement de mon insolence.
Mais non, je projette.
D'abord, je ne suis pas la soumise d'Adrien. Trop timide, trop respectueux, il ne se permettrait jamais ces libertés.
Ensuite, Adrien n'est pas cet homme que j'attends et qui m'a promis mille châtiments. Lui, je sais qu'il tirerait avantage de ma position, jouirait de me voir ainsi rendue à lui, esclave de sa
volonté.
Je tourne la tête. Les lèvres d'Adrien se
posent sur les miennes.
Nous échangeons un baiser.
Nous échangeons nos positions.
C'est maintenant Adrien qui a les poignets enserrés par les menottes.
C'est maintenant moi qui suis dans son dos et pose mes mains sur ses hanches.
Nous nous regardons dans la grande glace du couloir. Sourions à nos reflets enlacés, rions d'avoir les mêmes pensées au même moment.
Bref aperçu :
- Drôle de rendez-vous, tout de même... Sa soumise adorera ce jeu de miroir, tant se voir prise décuple le plaisir d'être prise... Tiens, nous ne sommes pas mal assortis...
- L'image est belle, souffle Adrien.
Il a raison.
Mais bientôt, l'image se modifie, car je bouge.
Obligeant Adrien à se tourner dos au miroir, je ne joue plus le jeu de notre exhibition.
Se défaisant d'une menotte pour mieux me caresser, il ne joue plus celui du prisonnier.
Notre nouveau jeu se poursuivra dans l'autre pièce.
Une fois rentré, Adrien m'enverra un message pour me dire qu'il a encore mon parfum sur sa peau.
Et moi, je penserai que ces crochets resteront là où ils sont.
Parce que j'ai plein d'idées pour les utiliser... avec un autre.
Voilà longtemps que je n'ai pas alimenté cette partie... Mes "pires" accessoires sont remisés dans le tiroir de ma table de chevet. Certains servent encore, mais... chut !
Bizatoi.