Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Décembre 2024 | ||||||||||
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La solitude...
Avec ses airs d'ennui, de face à face contraint avec soi-même, de désert sans présence pour l'habiter, elle effraie beaucoup de gens. Elle sonne creux, inutile, comme un vide à remplir de toute
urgence ou une épine dans le pied à s'arracher... quitte à se couper le pied.
Mon père, par exemple, fait partie de cette catégorie. La solitude, plus que pénible, lui est insupportable. Pour se sentir vivre (vivant ?), il a besoin de témoins, d'yeux qui le regardent et
d'oreilles qui l'écoutent, même s'il radote. Et quand il n'y a personne alentour, il lui reste ses dévoués compagnons attachés à ses traces. Si fidèles qu'a-t-il lâché en plein dîner, sous forme
de "boutade", c'est eux qu'il remercierait sur sa pierre tombale.
Son épitaphe ?
Il fut aimé de ses chiens.
No comment, même pas drôle.
Bref. N'avoir rien à faire, pas âme qui vive à voir, ça le panique. Du coup, il passe son temps à le remplir, multipliant les loisirs, remplissant son agenda à ras-bord. Le moindre trou est une
angoisse, un blanc à affronter, la perspective d'un horrible moment à passer dans le huis-clos de son cerveau.
L'enfer n'est pas les autres pour tout le monde.
Pour certains, l'enfer, c'est soi-même.
Moi, au contraire, j'aime me retrouver seule. Pour me ressourcer, j'en ai même besoin.
Le tourbillon des sorties, des multiples rendez-vous, des activités qui s'enchaînent me fatigue vite. À peine m'a-t-il happée que j'ai envie de me retrouver chez moi, au calme, téléphone coupé.
Dans une bulle de musique, plongée dans un bouquin ou un film, occupée à écrire ou à rêver, sans avoir à parler ni à faire d'efforts.
J'ai beau être sociable, je tiens au fond de l'ermite retranché dans sa cellule, replié dans son antre, en-deçà du monde réel.
Le mien, intérieur, me suffit. D'autant de mon ermitage, je peux en sortir quand il me plaît, puisque j'ai les clés.
Mais la solitude qui m'habite en ce moment, surtout depuis mon retour de "là-bas", n'a rien à voir avec ça.
C'est un sentiment, ou plutôt un état, ni agréable, ni désiré. Loin de m'apaiser, il m'écorche, me laisse à nu, désemparée, me fait monter des boules d'angoisse dans la gorge, me plie en deux par
surprise.
Je voudrais le fuir ou, à défaut, négocier afin qu'il me fiche la paix. Parce que lui tordre le cou, j'ai beau essayer, je n'y arrive pas...
Pourtant, y a des heures où ça va : l'ennemi, sous contrôle, se tait et reste tellement discret que je crois en être débarrassé.
Erreur : il s'est caché pour mieux revenir en traître.
Là, ça ne va plus du tout. Je n'ai plus l'impression d'être seule, j'en ai la certitude. Et je me sens petite, si petite, écrabouillée quelque part entre le mur et le canapé. Étrangère au monde,
à tout le monde, à commencer par moi-même, remplie de larmes, d'aiguilles, d'échardes et de chardons.
Je ramperais pour un peu de douceur, de bienveillance et de tendresse. Pour m'allonger tout contre l'homme que j'aime et nicher ma tête au creux de son épaule. Pour qu'il m'entoure de ses bras et
passe sa main dans mes cheveux. Même pas besoin de parler. Juste sentir sa présence.
S'il n'y avait qu'un mot pour décrire ce que je ressens, ce serait orpheline.
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