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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Samedi 1 mars 6 01 /03 /Mars 23:38

Désirer et être loin. Tendre les bras et ne pas étreindre. L'absence est une brûlure tour à tour tendre et cuisante, apprivoisable ou insupportable. Un mouvement de bascule continu, entre douce torture et supplice chinois : la goutte qui me rafraîchit le front finit par le perforer. Incrustée dans ma chair comme mes pensées dans mon cerveau.

Et dans mes pensées, il y a toi. Ton sourire, tes mains, tes yeux d'ailleurs, ton demi-sang dans le mien. À fleur de peau, accordés, battant au même rythme.
Ce rythme, c'est le nôtre... ou peut-être le mien seulement, parfois.
Va savoir, tant le doute s'insinue au travers de mes certitudes, affolant la boussole de mon intuition.

Alors que je te crois marcher à tes côtés, n'es-tu pas en retrait ? Glissant dans un espace retranché, une anfractuosité de roche où j'aimerais me couler sans pouvoir t'atteindre, parce que malgré toi, tu t'y es emmuré ?

Dans l'absence, parfois, on se figure tout. Le moindre (non-)événement devient un cataclysme. La moindre incompréhension un mur à déconstruire pierre après pierre, privés de l'essentiel : l'expression, les gestes, le regard. Ta main qui se pose sur ma joue pour me réconforter, tes baisers qui effacent ma peur de la distance, de l'impuissance, de la perte.
Puis notre lien se tend à nouveau, chassant les malentendus. Les mots qui coulent de tes lèvres ferment celles de ma brûlure en cicatrice invisible.
Tes mots, mes mots. Prononcés, écrits, tus aussi. Nos blancs, nos ellipses en disent souvent plus longs que nos discours.

Pour moi, ton absence est duelle. À la fois pleine et vide, remplie de tes phrases mais retirée de ta peau. Et ce vide même est certains soirs une brûlure.
Je pourrais m'en défendre que cela n'y changerait rien. Je pourrais le nier que je mentirais : de toi, de si peu et de tant, je suis marquée. De fer rouge et de cuir. De grogs au rhum et de hot-dogs (cela, toi seul peux le comprendre, et je te vois déjà sourire).
Dans l'attente du tien, mon corps se creuse, mon sexe te réclame. Béant d'être comblé. Remplie de toi jusqu'à en jouir, enlaçant les oreillers qui miment si bien les courbes de ton dos.

La brûlure 3Le corps ici, l'esprit ailleurs, je vis désormais coupée en deux. Partagée entre l'espace que j'occupe et celui dont je rêve.
Un pied dans le quotidien, un dans l'imaginaire.
Une main dévouée au travail, l'autre au plaisir. De celle-là je me caresse et te dessine toi, chantier de mes rêves, en perpétuelle construction dans ma tête. Toujours recommencé et jamais achevé, tant tu te livres et tu m'échappes.
Ciment sous mes paumes et sable entre mes doigts, si solide et fragile à la fois.


Ce soir encore, j'irai me coucher seule. Mais ce soir encore, je visiterai t
a chambre. Ses carreaux de mosaïque détachés sur le carrelage blanc de l'absence, son rideau ouvert sur le théâtre de mes fantasmes... ou des nôtres, si privés et si partagés.
Lentement, comme une ombre, je m'approcherai du lit où tu es couché. Pousserai ton corps qui repose de biais ou me loverai dans la place que tu laisses pour ne pas te déranger. Te rejoindrai pour faire l'amour ou dormir. Pour me soumettre à toi ou te dominer.
À moins que ce ne soit l'un puis l'autre... ou aucun des deux.
Qu'importe l'ordre, qu'importent les actes, seul le moment compte.
Ce moment où les contraintes se taisent, où les barrières s'abattent. Ce moment où notre seule fantaisie nous mène.


L'absence a beau me blesser, elle est nécessaire. Oscillant entre poison et remède, entre douleur du manque et nécessité de la séparation. Car si elle ne nous était pas imposée, sûrement la demanderions-nous : pour qu'il y ait une suite, encore faut-il avoir tordu le cou au passé, aux histoires qui nous alourdissent. À leurs échecs qui lestent nos valises, à leurs spectres qui se logent dans nos placards.
Il est des deuils dont on ne peut faire l'économie.
Des impasses dont on ne peut se détourner qu'en s'y enfonçant, au risque de se faire égorger.
Se perdre soi, et du même coup perdre l'autre, tel est l'enjeu terrible et inévitable : se placer au pied du mur pour éviter de se faire
rattraper au tournant.
Le "déchoisir" est une douleur, mais aussi une condition de libération.

undefined Une fois passés par tous les cercles de l'enfer (et Dieu sait combien il compte de kilomètres...), nous pourrons enfin nous choisir. Pleinement et non par hasard, simplement parce tu as croisé ma route et toi la mienne, et que le désir s'en est mêlé.
Nous choisir en toute connaissance de cause, pour ce que nous sommes : imparfaits, fêlés, brûlés mais pas encore calcinés.
Ta brûlure n'est pas la mienne et je ne prétends pas chasser tes ombres.
Si je les apprivoise, c'est déjà beaucoup.


Ton absence me brûle, certes. Mais pour rien au monde je ne troquerais ma place.
Si tu es en retard, je t'attendrai.
Parce que c'est toi. Parce que c'est moi et que sous le signe du lien je me suis placée.

L'image à elle seule est un symbole. Mais cela, tu l'avais déjà deviné... n'est-ce pas ?

 

 

Photo de Jan Saudek, Deep Devotion.

Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour
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