Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Janvier 2025 | ||||||||||
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Hier, dure soirée. Du travail à boucler, un appel à passer, des mails à écrire... Les minutes défilent à
l'horloge et moi, je cours après le temps.
C'est déjà le milieu de la nuit. Je me décide enfin à aller me coucher, épuisée.
Une fois sous la couette, j'allume mon I-Pod. Besoin de musique pour me bercer et faire venir les rêves. En lecture aléatoire, Susheela Raman. Je n'ai pas dû dépasser la deuxième chanson, j'ai
été happée avant.
Combien d'heures se sont écoulées ? Aucune idée.
Moi qui ai le
sommeil si lourd soudain, je me réveille, l'esprit parfaitement clair. Les écouteurs sont encore rivés à mes oreilles, mais je n'entends rien. J'en déduis que j'ai dû éteindre l'I-Pod sans m'en
apercevoir, parce qu'il me dérangeait pour dormir, ou que la batterie est à plat.
Je me trompe. Ce silence est le blanc de quelques secondes qui sépare deux chansons. Tout à coup me parvient une musique que je reconnais pas. Lente et douce, voletant sur les notes d'une guitare
acoustique.
Puis, venant se poser sur la mélodie, la voix de Susheela :
Oh my love for the first time in my life,
My eyes are wide open,
Oh my lover for the first time in my life,
My eyes can see...
En dépit de toute logique, j'ai l'étrange certitude qu'elle me parle. Que ces mots qu'elle égrène ne sont destinés rien qu'à moi. Que c'est un message inattendu qui m'est adressé parce que j'en
ai besoin, une réponse évidente aux questions qui m'agitent.
I see the wind,
Oh I see the trees,
Everything is clear in my heart,
I see the clouds,
Oh I see the sky,
Everything is clear in our world...
La chambre est noire. Il n'y a aucun autre murmure que cette voix que j'écoute, intensément. Ses paroles, mot après mot, se déposent.
Je ferme les yeux et je souris.
Oh my love for the first time in my life,
My mind is wide open,
oh my lover for the first time in my life,
My mind can feel...
Je pense à deux absents très près de mon cœur, si loin et si proches à la
fois. L'une que je ne reverrai jamais, l'autre que j'attends de revoir.
J'ai l'impression, ou plutôt la certitude, qu'ils sont là, juste à côté. Immatériels mais pourtant réels, comme s'ils venaient m'adresser un signe.
Tout à coup, la sensation d'une caresse qui effleure ma joue.
Puis un grand calme qui descend sur moi comme si, un à un, mes nœuds s'étaient défaits.
I feel the sorrow,
Oh I feel dreams,
Everything is clear in my heart,
Everything is clear in our world,
I feel the life,
Oh I feel love.
La chanson se termine. J'éteins l'I-Pod, me retourne et replonge aussitôt dans le sommeil.
Apaisée. Heureuse.
PS / Toi mon amie, te souviens-tu de mercredi, de ce moment très spécial où tu m'as parlé de John Lennon, sans en être
certaine ?
Cette chanson est de lui. Susheela Raman n'a fait que la reprendre sur son dernier album intitulé... 33 one-third.
Tu avais raison. Il n'y a pas de hasard.
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