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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Jeudi 7 février 4 07 /02 /Fév 03:13

Souvent, j'ai la curieuse et désagréable certitude d'être à côté de ma vie. De passer la mienne en décalé, tout en lorgnant avec une pointe d'envie sur celle des autres. À mes yeux, la leur est forcément plus dense, plus riche, plus intense.


Je vois ce qu'ils font et ce que je ne fais pas. Leurs initiatives que je ne prends pas. Leurs bonheurs que je ne connais pas.
Hors la vie, je suis rejetée sur la grève alors qu'ils s'ébattent dans l'eau.

Je rêve de les rejoindre, tout en sachant que je n'y arriverai pas. Une vitre glacée, infranchissable, nous sépare.


Cette sensation a commencé dès l'enfance. Petite fille solitaire en vacances avec mes parents, je m'installais à l'arrière de notre bateau et regardais les gens déambuler sur le port.


Ils me semblaient affairés, joyeux, légers. Leurs pas les portaient vers des lieux animés, là où les lumières brillent.

Tapie dans l'ombre, je désirais plus que tout être à leur place. Abandonner mon rôle de guetteuse pour les suivre, me fondre au mouvement qui me propulserait au cœur des événements. D'une vibration qui accélèrerait mon souffle, ferait battre mon sang plus fort, plus vite.
J'appelais désespérément la vague qui m'emporterait. Je n'en goûtais que l'écume.

J'ai beau être adulte maintenant, j'ai toujours son goût sur mes lèvres.
La vie : un beau ballon à la fois chamarré et glissant, que je saute pour attraper. Mais à peine effleuré, il me file entre les doigts. Je le regarde s'éloigner alors que les autres le saisissent au passage. Et ils s'envolent, aériens, tandis que je reste clouée au sol. Pesante, inerte, lestée de poids morts qui m'entravent.
À eux les plaisirs, à moi la morne répétition des jours sans grâce.
L'imprévu est leur lot, l'ennui le mien.
Ils jouissent. Frigide, absente, retranchée, je les observe et les jalouse.

Vue de l'extérieur, je crois ne pas donner cette impression. Je suis souvent débordée de travail, je voyage loin, avec mon sac à dos pour seule compagnie. Certains me jugent d'une témérité folle. De mon point de vue, ils se trompent : je ne fais que reprendre en main les rênes de mon existence qui, au quotidien, m'échappent.
Cloîtrée à la maison, j'en vois
surtout les temps morts. Les longues plages de blanc, la paresse à laquelle je m'abandonne, les indécisions qui me minent.
Je rêve d'ailleurs, je suis ici. Et une fois ailleurs, je rêve d'être là-bas.
Je rêve d'être une autre, je ne suis que moi.

La vie des autres 2Ma vie ? Un long ruban qui se déroule à mon insu.

Parfois, mais seulement parfois, j'en saisis le fil. Le reste du temps, je le regarde se dévider. Impuissante, prisonnière des tâches que je dois accomplir mais que je repousse.
Finalement, je vis peut-être la même vie que les autres, entre regrets d'être et de ne pas avoir été.

La différence est que dans leur bouche, elle m'apparaît pleine ; dans la mienne, vide. Coquille de noix aux cerneaux racornis, qui sonne creux parce que je ne l'habite pas.

À mesure que j'écris, les paroles d'une chanson de Téléphone s'imposent. Normal, elles tombent à pic en conclusion :
- Qu'est-ce qu'il y a au bout, tout au bout du rouleau ?
- Y a encore du rouleau...

 

 

 

2e photo : Clarence John Laughlin.

Par Chut ! - Publié dans : Bribes perso
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Commentaires

La sensation d'être spectateur de sa vie ??? Je connais bien. A+ Stannis
commentaire n° :1 posté par : stannis le: 07/02/2008 à 20h09
Oui, je savais que ça t'évoquerait quelque chose... Je crois que pour cela, nous sommes assez similaires. A++, alors :)
réponse de : Chut ! le: 07/02/2008 à 21h42
Salut ma belle ! Je pense que ce sentiment du "c'est mieux ailleurs", nous le connaissons tous... Mais à y regarder de plus près, on se rend compte que tout n'est pas aussi rose qu'on croit, chez les autres ! Seulement, en société c'est bien vu de jouer le rôle de la personne épanouie, aimée et aimante, passionnée par son travail... Pour ma part à force de me dire "vivement demain" je ne profite pas de l'instant ! Mais il y a un moment que j'apprécie tout particulièrement, c'est celui où je lis ton blog ;)
commentaire n° :2 posté par : clarasan le: 07/02/2008 à 21h15
Coucou Clara ! Oui, peut-être qu'on s'arrête trop à la surface des choses, ou trop aux discours que nous tiennent les autres (?). Quant au "vivement demain", je connais aussi... On va pouvoir forger ensemble le concept de procrastination de la vie. :) Merci beaucoup pour tes mots gentils, je t'embrasse !
réponse de : Chut ! le: 07/02/2008 à 21h45
Que dire d’une femme qui fait tant d’expériences, qui goûte à tout, des voyages, des plaisirs de la vie, de l’art, des relations SM, de l’introspection, de la juste et fine compréhension des autres, qui s’intéresse à tout, qui multiplie les découvertes, qui peut être tour à tour violente et sensible, charmeuse et peste, sensible et inflexible, qui n’est jamais là où on l’attend, mais toujours plus loin, imprévisible, mais fidèle à elle-même, curieuse, touche-à-tout ? Que cette femme vit plus que les autres, qu’elle a une conscience plus aiguë des possibilités infinies de la vie, qu’elle ne se satisfait pas de la routine, des choses convenues, de la facilité. En perpétuelle recherche de ce qu’elle est, et de ce qu’elle pourrait être. Les autres, une vie plus intense ? Subjectivité de la part de Chut !, assurément…
commentaire n° :3 posté par : FunnyLingus le: 08/02/2008 à 13h53
J'adore la façon dont tu me vois... Je serais bien pimbêche de le nier ! Mais peut-être la subjectivité que tu m'attribues est-elle la tienne... De quelque bout que je prenne la question, j'en reviens à l'éternel débat, à l'éternelle fracture : nous ne voyons pas tel(le) que les autres nous perçoivent. Parfois (comme pour moi à tes yeux), c'est heureux. D'autres fois, c'est hélas dommageable. Mais à choisir, je préfère - et de loin - ma position, en croisant les doigts pour que tu ne changes pas la tienne, un jour... Que la femme adorable (au sens propre), ne devienne pas vulgaire poupée taxée d'inertie. Car à défaut de beaucoup marcher dans la nature, je marche beaucoup dans ma tête... D'ailleurs, je suis même championne du Tour de France pour la vitesse du petit vélo ! :) Énormes baisers.
réponse de : Chut ! le: 09/02/2008 à 04h00
Tu envies le ballon des autres, celui que tu effleures parfois, tu aimerais jouer avec leur jouet... Ce jouet là c'est leur vie, ils peuvent te le montrer, parfois te le prêter ou te le confier, mais jamais te le donner ! Ta vie c'est ton ballon, a toi de le guider vers la ou tu le souhaites. C'est difficile, mais tu sembles pourtant bien y parvenir. Et n'oublie pas, même bruler par le soleil, l'herbe semble toujours plus verte dans le champs d'a coté.
commentaire n° :4 posté par : DC le: 14/02/2008 à 09h34
N'est-ce pas ? ;) Je vais prendre des cours de navigation dirigeable, je crois...
réponse de : Chut ! le: 22/02/2008 à 03h46
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