Présentation

En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

Derniers Commentaires

C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

Avril 2024
L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          
<< < > >>

Recherche

Images Aléatoires

  • Les trompettes et la grue
  • Trois-par-trois.png
  • Gili-Air--Plage.jpg
  • Hommes d equipage

Syndication

  • Flux RSS des articles

Profil

  • Chut !
  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Mercredi 27 mars 3 27 /03 /Mars 18:50

L'épisode précédent ici.

 

RV escort 15Warren est nu, à l'exception de ses bottes et du châle vert qui ceint sa taille.

Sous l'étoffe ajourée sa peau se devine.

Autre chose aussi, une protubérance qui oscille à chacun de ses pas.

Je fronce les paupières pour mieux voir.

Oui, le tissu forme bien une bosse. Une grosse, me semble-t-il.

Soudain de profil, Warren en exhibe la taille plus que respectable. On jurerait un faune priapique rivés dans des santiags.

Moi qui m'attendais à un sage strip-tease, me voilà soufflée.

Warren utilise-t-il un accessoire ? Un godemiché, peut-être ? Une banane coincée dans un slip couleur chair ?

Mais d'ailleurs, en porte-t-il un, de slip ?


On a dark desert highway...

Mon cerveau récite en vain les paroles des Eagles. Celles-ci ne viennent pas. Le show sera purement instrumental, et durant sa totalité je rétablirai les paroles manquantes.

Warren ondule au rythme des guitares, me présente son dos musclé, agite sa croupe, gonfle ses biceps. Sous l'arceau de ses coudes ses yeux cherchent les miens. S'y rivent alors qu'il se retourne, transfiguré.

Ce n'est plus le jeune homme un peu timide qui évoquait ses chasses aux oursins dans un sourire de gosse.

Ce n'est plus le fils sentimental montrant le tatouage gravé au nom de son père.

Ce n'est plus l'escort butant contre ma chaise, touchant mon épaule en se retenant de l'étreindre, frôlant mon dos sans oser le caresser.

Ce n'est plus le compagnon d'alcool trinquant avant chaque gorgée, le non-fumeur allumant une cigarette pour se donner une contenance.

C'est un homme mûr, provocant, sûr de ses gestes, de son pouvoir sexuel et de sa verge érigée. Un homme à l'affût de mes réactions tandis qu'il écarte ses lèvres, darde sa langue et la promène sur ses dents. Qu'il lèche ses doigts et agace ses tétons. Qu'il tend un bras dans ma direction et feint de me remorquer jusqu'à la scène. Qu'il engouffre une main entre ses cuisses, en sort à demi son chibre et le coince sous la frange de son châle.

Rouge contre vert, hypnotisée je fixe ce gland congestionné. Et je redoute, oui, une brutale intervention du vigile.

 

 

RV escort 16Warren a-t-il le droit de se dénuder entièrement ? En public et dans un pays ausi conservateur que les Philippines ?

Je croyais que le spectacle avait pour limites celles de la bienséance.

Le buste, le ventre, les jambes, passe, il n'y a pas de quoi fouetter un chat.

Les fesses, pourquoi pas.

Mais une érection ?

Naïve je supposais que la partie explicite était réservée à l'obscurité du fond de salle, à l'intimité d'une chambre d'hôtel.

Je me trompais. Sauf si le vigile ne se décide à violemment arracher Warren du podium.

Rien ne se produit.


Soudain je comprends pourquoi la préparation à cette danse fut si longue. Et me demande, forcément, si Warren tiendra la distance.

Hotel California dure six bonnes minutes. Planté sur une scène surchauffée, trempé de sueur, aveuglé par les spots, un homme peut-il sans faiblir rester six bonnes minutes dur comme un tronc, un caillou, une clef à molette ?

Warren le peut, en effet, mais il triche. Se tripote au détour d'un accord, s'astique sur un solo, le tout sans cesser, jamais, de me contempler.

Aguicheur, insolent, obscène, il semble vouloir me donner un avant-goût de notre nuit si je l'invitais à l'hôtel. Un aperçu de notre débauche par un étalage de virilité, une démonstration de ses talents, une preuve de sa capacité à bander encore et encore pour me satisfaire, quitte à devoir relancer la machine.

Mais ai-je envie de l'inviter ?

Telle sa verge oscillante je balance entre oui et non. Et n'ai pas le temps de me fixer qu'il s'éclipse de la scène.

Pour foncer droit sur moi.

 

Deux notes électriques et mes lèvres font face à son ventre nu.

Je me dandine gênée. Loin de me réconforter, mes furtifs coups d'oeil alentour confirment mon intuition : tous les clients, tous les escorts, tous les serveurs d'El Navigator m'observent. La mine intriguée pour certains, amusée pour d'autres.

Sûr qu'ils spéculent, tous, sur mon prochain mouvement.

Moi aussi.

Que suis-je censée faire ? Qu'ai-je d'ailleurs envie de faire ?

La présence de ces spectateurs curieux me dérange. Il y a trop de monde, trop de lumière, trop d'attentes auxquelles je suis sommée de répondre.

Warren dénoue son châle qui tombe sur le sol.

Me voilà nez à nez avec sa bite.

Je pourrais l'embrasser, la branler, la sucer que son propriétaire ne me repousserait pas. Sûrement même est-ce ce qu'il souhaite.

Je pourrais faire tout ce que je veux, oui, sauf une chose : me ruer sur mon portefeuille pour gratifier mon stripteaseur d'un pourboire.

D'abord parce que ses cuisses collées à mes rotules m'empêchent de bouger.

Ensuite parce qu'il n'a nul endroit où coincer un billet. Ni pantalon à poches ni slip moulant comme dans les effeuillages à la télé. Ni même l'élastique d'une longue chaussette, puisque Warren n'en porte pas.

Alors que suis-je censée faire ?


RV escort 17Warren m'a laissé carte blanche. Je ne l'ai pas jouée, il tranche à ma place. Penche le menton vers mes iris, s'empare de mes paumes et les pose sur ses tétons.

Puis, comme son collègue un peu plus tôt, les pousse le long de ses côtes. Jusqu'au rêche de ses poils publiens, jusqu'au velouté de sa hampe.

Mains recroquevillées sur les miennes, il leur imprime un lent va-et-vient.

Sa verge se raidit encore tandis que je me dérobe.

Warren déplace la table qui dans son dos le gêne. Aussitôt un serveur se précipite pour l'enlever.

Ma chaise, un îlot égaré dans un océan de musique.

Mon corps, une brique flanquée toute droite.

J'ai trop de bras, trop de jambes, trop de pieds. Un duo de cuisses crispées que Warren soudain enfourche bottes écartées, coudes amarrés à mon échine.

Que ressent-il à étreindre une femme de marbre ? À embrasser une gisante ?

Je l'ignore. À sa place je n'apprécierais pas.

Une brusque avancée de bassin projette sa bite au creux de mon estomac.

Un brusque recul la fait heurter mon entrejambe.

Avant, arrière, Warren ondule et se déchaîne. Mes genoux supportent un automate remonté à bloc, un lapin Duracell dopé aux pilules bleues, une machine à forniquer ma robe.

Une impression d'irréalité doublée de ridicule me submerge.

J'ai envie de rire, aux éclats. De crier pour de faux. De m'ébrouer comme une pouliche. De me reculer au risque de précipiter mon fardeau sur le plancher. De lui ordonner d'arrêter parce que décidément, il faut que ça s'arrête.

Hotel California est encore long. Bien trop.

Une paume ferme contre son coeur suffira.

Mon galant se lève, me sourit, frôle ma joue et regagne la scène. Le sillage blanc des spots l'accompagne.

Le serveur remet prestement la table en place.

Et moi, je respire.

 

Un autre danseur a succédé à Warren. Lui m'a rejointe. Il porte son short et son T-shirt. Il sent le savon et le parfum. Il me pelote le bras. Il me picore de baisers. Il m'enlace. Il rigole.

- Vraiment, tu ne t'y attendais pas ?

- Du tout !

- Mais c'est ça, mon métier...

Ça quoi ? je me retiens de dire. Les bandaisons déhanchées ? Les cavalcades sur les jupes des filles ?

Je lui explique que les spectateurs m'embarrassent. Que certains gestes, trop privés, supportent aussi mal la clarté des lustres que la promiscuité. Dans un club libertin, pourquoi pas. Mais là, à côté du bakla et de la tablée de Philippins...


RV escort 18bisJe ne m'aperçois pas que mon discours équivaut à une invitation. Qui n'échappe pas à mon vis-à-vis, bien sûr.

- Tu me voudrais dans ta maison ?

- Non, dis-je spontanément.

Warren opine du chef, déçu. Je comprends alors que j'ai peut-être mal compris : ma maison, c'est pour moi ma villa sur un îlot, pas l'hôtel de cette grande ville de passage.

Warren l'entend sans doute différemment.

Tant pis.

- Mais vraiment, tu ne t'attendais pas à mon show ?

Ma surprise et ma gêne le mettent en joie. Je m'en amuse aussi, d'autant qu'il me promet une seconde danse.

Je pouffe.

- Chiche !

La seconde sera identique à la première. Enfin, pas tout à fait.

Pour venir à moi Warren gardera son châle. En étendra les pans pour cacher mes paumes à l'assemblée. Gémira alors qu'elles courront, tour à tour légères et appuyées, sur son ventre, ses fesses, son sexe. Mêlera sa langue à la mienne avant de refermer le tissu sur notre secret.

Longtemps mes doigts retiendront ses effluves.

 

Lorsque je quitterai la salle, mon escort refusera de lâcher ma main. C'est pressé contre mes flancs qu'il m'accompagnera jusqu'au taxi et m'embrassera une fois, deux, dix, comme si je partais pour un long voyage. Recommandera au chauffeur de conduire avec prudence. Me soufflera par la vitre ouverte avec une tendresse, un désir peut-être authentiques :

- Come back, I'll be waiting for you !

Revenir à Cebu, c'est en effet pour bientôt.

Mais à El Navigator ? Je l'ignore. Je crois que oui.

 

 

Photos : 1re : Vincent Bousserez ; 2e : Christer Strömholm, 3e : Araki.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour - Communauté : les blogs persos
Ecrire un commentaire - Voir les 8 commentaires
Retour à l'accueil
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés