Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Décembre 2024 | ||||||||||
L | M | M | J | V | S | D | ||||
1 | ||||||||||
2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | ||||
9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | ||||
16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | ||||
23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | ||||
30 | 31 | |||||||||
|
Puerto Princesa, Casa Linda Inn, nuit du 30 avril.
Avant que les contours ne se brouillent, écrire sur Adrien.
La mémoire est faillible, parcellaire, et après quelques jours, le temps a déjà entamé son oeuvre d'oubli.
Déjà les couleurs de cette nuit fauve s'affadissent, les sensations se ternissent, des détails s'effacent, des reliefs s'abrasent.
Alors me souvenir de la chambre, du miroir et de mes mains posées sur le ventre d'Adrien. De sa soudaine transformation en une étrange divinité à plusieurs bras. De mes paumes qui serpentaient sur ses flancs, sa poitrine, effleurant le tatouage qui l'ornait.
Un drôle de dessin avec une longue histoire. Une histoire qu'Adrien me tut cette nuit-là.
Qu'il me taira peut-être à jamais car de nuits, nous n'en avions qu'une.
Par dessus son épaule je distinguais mes yeux. Bleu liquide malgré la demi obscurité, ils coulaient sur le visage de mon amant, ses souples boucles jais, ses grands yeux si peu asiatiques et sa large bouche métisse.
Qui dans le miroir me sourit pour réaffirmer notre alliance.
Je lui rendis un sourire qu'il ne put voir.
Mes paumes remontèrent contre son coeur. Et restèrent là, agrippées à sa peau si merveilleusement, incroyablement douce qu'on jurerait de la soie.
Jamais je n'en avais caressé une plus onctueuse que de la crème fouettée, plus soyeuse que les narines d'un poulain.
Giuseppe avait raison. Les peaux asiatiques possèdent ce je-ne-sais-quoi qui affole les sens, totalement.
Je nous regardais dans le miroir qui me montrait ce que déjà, je savais.
Adrien est beau. Et jeune, très. De cette jeunesse qui d'abord l'écarta de mon champ des possibles. Jusqu'à ce qu'il me fixe avec cette intensité qui brutalement me révéla sa beauté. Et une attirance que j'osais à peine m'avouer.
J'en eus un choc intérieur. Un que je masquai en saisissant mon verre.
Adrien se pencha vers mon oreille. Y fit rouler quelques phrases sans importance. Je souris à travers le rideau de mes cheveux, mince protection que je devinais inutile.
Il était si près de mon épaule, le cou si incliné, qu'une de ses mèches se mêla aux miennes. Du blond serti de brun, mariage de France et d'Asie mêlée d'Europe.
Et le ballet de notre conversation courbée reprit, bouche contre oreille, oreille contre bouche, doigts, genoux et mollets nonchalamment heurtés au gré des mots.
Adrien désirait cette nuit avec moi.
Moi aussi.
C'était aussi simple que ça.
Par dessus une autre table, la musique trop forte, le tumulte des corps enchaînés à la danse, Adrien me regardait.
Sans ciller.
Tout entier absorbé par la mèche qui barrait ma pommette brune, mon nez froncé et mes lèvres entrouvertes.
Fichées dans ses prunelles, les miennes lui parlaient.
Lui, muré dans un égal silence, me répondait.
Dialogue muet éclatant du désir de nous toucher. De renverser cette stupide table pour nous ruer l'un sur l'autre. De nous débarrasser, sauvages, affamés, ivres, de nos vêtements.
Tracey, ma voisine australienne, gloussa. S'exclama que le fil tendu de notre regard était obscène. Qu'elle se sentait de trop, forcément. Qu'elle aimerait qu'un homme la contemple aussi de cette façon. Magnétique, bouleversée, effrontée, si explicite que la suite ne laissait planer aucun doute.
Nous l'ignorâmes.
Tracey se leva et partit.
Plus tôt, c'est elle qui enveloppait Adrien d'un regard suintant le désir, tout en détaillant une histoire de tuba prenant l'eau. Adrien étant en passe de devenir instructeur de plongée, son avis lui apparut soudain essentiel.
Ne sachant que répondre, celui-ci questionna :
- Mais de quel côté du masque mets-tu ton tuba ? À gauche ou à droite ?
Tracey écarta alors ses lèvres pour y enfourner ses doigts. Doigts qu'elle lécha avec application avant de minauder :
- Dans ma bouche... Je me le mets... dans la bouche...
Une offre si directe, grossière, m'effara. Je partis d'un rire immense. Adrien m'imita.
Tracey se rembrunit et insista :
- Then what ? My snorkel ? In my fucking mouth... !
Respiration coupée par nos hoquets, Adrien et moi nous tenions les côtes, incapables d'articuler la moindre syllabe.
Lorsque je retrouvai ma voix, elle se cassa légèrement, filet peinant à se frayer une voie au travers du chaos :
- Tu viens avec moi, Adrien ?
- Bien sûr que je viens.
Dehors, il ajouta que si je n'avais pas franchi ce premier pas, il l'aurait fait, lui.
Sans hésiter.
Dans la voiture je jouais avec ses cheveux, m'attardais sur sa nuque et paressais sur son dos. Si heureuse que j'en ratais par deux fois l'embranchement de l'hôtel. Qu'Adrien, amusé par ma distraction, dut opérer une marche avant puis arrière.
J'avais la sérénité de ce qui doit arriver, la tranquille assurance de ce qui doit être.
Cette nuit était certainement écrite quelque part. Dans le livre de mon (bon) plaisir. Dans un tome de mes mille et une nuits pour un chapitre de celles qui comptent.
De cela je ne me doutais pas encore. Tout au plus en eus-je l'intuition lorsque, sur le chemin de terre qui menait à l'hôtel, Adrien m'embrassa.
Baiser-oiseau léger comme un châle puis plus appuyé, dents mordillant mes lèvres, langue faufilée entre mes dents.
Je l'enlaçai pour un court instant de tendresse.
- Je regrette que tu partes demain... dit-il. J'aurais aimé...
- Me connaître mieux ?
- Oui.
Je n'eus pas le temps de penser "moi aussi" que déjà, notre étreinte s'était brisée.
Une haute grille bloquait l'entrée de l'hôtel. Autour de ses barreaux, un cadenas impossible à crocheter. Vautré face à la télévision allumée, le veilleur de nuit dormait.
Nous l'appelâmes.
Il n'eut pas un mouvement.
Nous réessayâmes plus fort.
Aucun résultat.
L'homme semblait hors d'atteinte, évanoui au pays des songes.
- Euh... Tu crois qu'il est sourd ? Ou mort ? m'étonnai-je.
En réponse, Adrien pesa de tout son poids contre la grille et cria :
- Até ! Até !! ATÉ* !!!
À ce régime-là, c'était tout la maisonnée que nous allions tirer du sommeil.
L'employé enfin sursauta. S'éveilla. S'étira. Couva d'une mine ahurie la clé que j'agitais entre les barreaux. Nous souhaita bien le bonsoir, discuta avec Adrien en tagalog* et... se recoucha.
Nous éclatâmes de rire.
Dérangé en plein rêve, le brave homme avait juste oublié un détail : nous ouvrir la porte.
Le reflet d'Adrien plaça ses paumes sur mes mains, puis les écarta pour pivoter contre ma poitrine.
Sur sa joue gauche, deux grains de beauté dupliqués par le violet de sa boucle d'oreille.
Sur la droite, deux griffures, cicatrices en souvenir d'une mauvaise chute.
Et toujours ses paupières immenses et sa bouche bombée, charnue, découvrant un sourire blanc qui murmura :
- Jamais je n'aurais deviné... Tes baisers sont si tendres...
Non, jamais il n'aurait soupçonné le fauve en moi. Ni mes goûts particuliers si j'avais décidé de les lui cacher.
Mais à quoi bon ? Dans quel but ?
Plus les années défilent et plus je m'approche de moi-même. Plus je deviens, ou plutôt m'autorise à devenir celle que je suis. Dans mes joies si pleines qu'elles me perforent les os, mes tristesses si profondes qu'elles me crucifient.
Dans le voyage, la plongée, la steppe.
Dans la découverte ou la routine, la solitude ou l'échange.
Dans un lit ou sous la douche.
Cataractes qui ruisselaient sur nos corps nus, auxquelles Adrien tenta brusquement de se soustraire.
- Désolé... pipi.
- Sur moi, chuchotai-je.
- Pardon ?
Il avait parfaitement compris. Mais sûrement en est-il ainsi des propositions aussi inattendues que perturbantes : le besoin de se les faire répéter, différemment sans doute, pour s'assurer qu'aucun malentendu ne s'y est glissé. Pour s'accorder le temps de la réflexion, d'y adhérer ou de les refuser.
Adrien ne déclina pas mon offre. Peut-être pour vivre une expérience nouvelle. Peut-être pour m'accorder ce plaisir. Peut-être pour se l'accorder à lui-même.
Ne rien rejeter a priori, cette philosophie-là me séduit.
Mon amant eut au contraire ce crépitement d'iris que j'aimais tant, union de malice, de ravissement et d'impudeur.
- D'accord.
Sans effort ni gêne il inonda mes cuisses tandis que je l'embrassais. Passionnément de la langue, des lèvres et des dents.
Chaud, froid, brûlant, tiède, l'arc-en-ciel des températures scella notre partage.
- C'est la première fois qu'une femme me demande de...
Mais des partages, Adrien en avait connu d'autres. Bien d'autres et bien plus que ne le laissait supposer sa jeunesse.
Avant la douche, j'avais ôté sa ceinture. Laissé son short filer au bas de ses jambes. Caressé son sexe raide à travers le fin tissu de son caleçon. Enlevé ce dernier rempart qui nous séparait.
Puis, levant le menton, plongé dans ses iris avec insolence.
L'ampoule du couloir projetait sa lumière crue sur mon front.
Adrien ne pouvait ignorer ni ma provocation ni mon désir. Ni ma hâte que j'essayais pourtant de dissimuler.
Je brûlais qu'avec violence il s'empare de ma bouche. Qu'il me la baise. Qu'il me force à suffoquer, appuie sur mon crâne, m'empoigne les cheveux, me les tire à les arracher.
Je brûlais qu'Adrien me change en poupée docile, m'utilise au gré de sa fantaisie.
Prête à me couler, ductile, dans les méandres de son plaisir pour entièrement en occuper l'espace. En révéler les replis insoupçonnés. Emplir sa tête, vider son cerveau et le mien de tout ce qui, à cette minute, n'était pas nous. N'était pas nos chairs ni nos halètements ni nos sueurs mélangés.
Et je le suçai. Longtemps. Très longtemps. À genoux contre le mur. À quatre pattes sur le sommier. Allongée en virgule sur son torse. Couchée toute droite sur le dos.
Tour à tour l'éloignant et l'attirant, me livrant et me dérobant.
Mais en l'intimant, toujours, de ne pas jouir. Pas encore. Pour que cette nuit n'en finisse pas. Comme si notre étreinte avait le pouvoir de repousser l'aube qui bientôt s'inviterait entre les persiennes.
Je le suçai si longtemps que mes muscles s'endolorirent.
Si longtemps que, lorsque résonna un nouvel "attends", Adrien protesta :
- Mais je n'en peux plus d'attendre !
Je devais prendre conscience, grimaça-t-il, de la torture que je lui infligeais. Odieusement douce et cruellement interminable, supplice qui le contraignait à puiser au tréfonds de sa volonté et de son self-control, à masquer son visage de ses poings, à presser les oreillers, à peut-être les mordre pour ne pas exploser contre mon palais.
Finalement je cédai. L'habillai d'un préservatif, rampai sur lui et, adorant ses traits parfaits, ses boucles trempées collées à ses tempes moites, ses longues paupières à demi closes, lentement guidait son sexe dans le mien, lentement me penchait sur son corps jusqu'à le recouvrir.
- Oui... soupirai-je de bonheur.
Par Adrien je fus surprise. Comblée lorsque, lui réclamant une fessée, il s'exécuta.
- Plus fort ! suppliai-je.
Au bout de trois prières, Adrien comprit. Que ce n'était pas pour de faux. Que j'implorais vraiment sa sécheresse sur ma croupe, non l'hésitation d'un geste retenu. Une force de frappe qui m'obligerait à me raidir et me tortiller.
À tenter de lui échapper, même.
Une claque à l'exacte mesure de ma faim s'abattit sur mes reins. Je gémis de saisissement et de gratitude.
C'était fort, c'était délicieux et trop court.
Nous basculâmes en roulé-boulé sur les draps.
Lèvres, langue, jambes, seins, chatte enchâssés à Adrien, je me redressais, me rehaussais, m'abaissais, me déhanchais.
Possédée et me repaissant de l'accueillir si profondément en moi.
Prisonnière et jouissant de ses mains qui, fouaillant mon ventre, me repoussaient sur ses cuisses, loin, jusqu'à ce que je sente sa queue heurter, au moindre de ses soubresauts, les parois de mon sexe.
En sueur, pantelants, épuisés, nous nous épousions à bout de souffle.
- Viens... dis-je simplement.
À bout de souffle je le pris à fond de gorge.
Et Adrien vint dans un cri.
Étendus sur la pelouse de l'hôtel, lui paré d'une serviette, moi d'un ample tee-shirt, nous parlâmes. Retournâmes au lit afin de parler encore. Bulle de confiance et d'apaisement entrecoupée de silences et emplie de mots choisis.
Réflexions partagées, éclairages croisés, échange d'opinions, de ressentis, de sentiments.
Partage.
Adrien me livra des bouts de son histoire. Évoqua sa double culture, ses héritages, ses choix, ses blessures. Lignes d'espoirs et de failles entre ses mots tracées, cadeau qui n'eut hélas pas le pouvoir de différer l'aurore.
Adrien a la gravité des enfants grandis par force trop vite et trop jeunes livrés à eux-mêmes.
La maturité d'un homme, l'intelligence et la finesse d'une âme sensible.
La franchise de ceux qui ne s'embarrassent plus de mensonges.
La candeur, parfois, qui perce l'écorce.
Vaincus par l'épuisement, nous sombrâmes enlacés.
Quelques heures de sommeil et il quitterait la chambre.
Quelques heures après son départ, je quitterais la ville. Plus riche d'une nuit et détrompée d'une erreur.
Avant Adrien je prêtais aux très jeunes hommes inexpérience et immaturité. Un manque de profondeur souvent constaté, faute d'assez d'années de vie. Je me les représentais comme des esquisses, des êtres en devenir que le temps ne pourrait que bonifier. Des vins encore trop verts en somme, même si sous l'âpreté de la robe affleurait déjà le grand cru.
Mon amant me délogea de mes certitudes. Et, comme à chaque fois que mes convictions se trouvent bousculées, j'eus l'impression de grandir un peu. Pour une fois sans chagrin ni souffrance, mais dans la violente tendresse de ses bras qui, une poignée d'heures, m'aimèrent.
Adrien est une très belle personne.
Je souhaiterais vraiment le revoir.
J'espère que lui aussi.
* Mot utilisé pour s'adresser à une personne plus âgée.
* Une des langues officielles des Philippines (la plus largement parlée hormis l'anglais).
Le titre de ce billet est un hommage à ma lecture du moment :
Les Nuits fauves de Cyril Collard.
1re photo : Daido Moriyama ; 2e et 3e : Hosoe ;
4e : Jacob Aue Sobol ; 5e : Reinhard Scheibner.
Un récit haletant qui "sent" le réel et donne drôlement envie.
D'être à sa place.
Pour tout. C'est infiniment séduisant et rauque. Nuit fauve, sans doute. Je nai pas d'indulgence pour Collard qui me sembla en son temps plus irresponsable et moins poete baroque comme on nous l'a survendu. Mais il ya un aspect rauque dans le désir qui ne me laisse pas indifférent. Merci Chut.
Mais merci à vous, Stan.
J'ai essayé de transcrire cette nuit au mieux, et vous avez le mot juste pour la définir : rauque. Et tendre aussi, de cette alliance entre le fauve et l'apaisement qui laisse des traces.
Collard est irresponsabe, oui. Je ne suis pas encore très avancée dans le bouquin mais c'est très clair... En revanche, je m'attendais à une écriture bâclée, un épiphénomène de mode dû surtout au contexte de la fin des années 80/début 90. Son style est une heureuse surprise. C'est âpre, cru et ça coule à la fois. J'aime beaucoup, même si le contenu est hum... plus que discutable.
Sur CC, j'avoue que tout ceci est assez loin dans mon souvenir si ce n'est que je n'aimais guère le bonhomme, ayant peu de goût pour le sordide des pissotières. (je n'ai pas parlé de champagne, hein...) Phénomène de mode, je ne sais plus. Il y eut le film avec Romane, il y eut sa disparition. Je le vois comme un vénéneux. MAis il faudrait relire peut-être...
En tout cas, c'est prétexte à un titre, une histoire de vous et et à des envies pimentées, osées, rauque, avec le souffle des envies les plus âpres, de celles qui entraîenent vers l'animalité et l'abandon. On est là dans le baroque. J'adore...
Merci Stan, et pardon pour le retard de réponse. Il y aura bientôt une suite à cette nuit fauve... Adrien et moi allons (vite) nous revoir. J'espère que la magie sera encore au rendez-vous.
Bien des envies assaillent au sortir d'un tel texte. L'une est particulièrement forte ; celle de pouvoir dire un jour "je connais cette auteure". Et de sortir de la librairie, le livre sous le bras, en se disant tout bas je vais lui écrire un mot en rentrant, l'avertir que je l'ai devant moi et que j'attendrai ce soir pour l'ouvrir. J'aime qu'un livre dont j'ai très envie, me guette, là, au coin de la petite table, le savoir pour cette nuit, maintenir l'envie de ses pages, pour plus tard, et quand il sera temps, glisser lentement le doigt sous sa couverture, puis remonter, léger, le long de la page de garde, en ourler délicatement le coin en haut à droite en appuyant doucement ; premier froissement, sentir le grain en lissant vers le bas – doigts lentement écartés- le pli tendre des deux feuilles mises à nues. Une pause, l'exergue, avant goût, un frisson déjà, et ce petit bout de langue que mon index va chercher avant de commencer la nuit dans le chuintement de la première page.
Superbe et tellement évocateur.
De l'érotisme des commencements... :) Une bien belle rencontre, en tout cas.
Des baisers de début de nuit, cher Sev.