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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • 02/03/1903
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  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Vendredi 4 juin 5 04 /06 /Juin 20:32

Tendre-est-la-nuit.pngJe me coulai contre lui. Nos lèvres se trouvèrent comme si jamais elles ne s’étaient désunies. Souffles pressés, paupières closes, contre mon nez sa courte barbe rêche et entre nos peaux, malgré nos caresses, cette distance nécessaire aux lieux publics.


Reculant, j’eus alors ce geste si impudique pour moi : yeux rivés aux siens, je passai tendrement la main sur son front, suivit l’arc de son sourcil pour m’arrêter sur sa pommette, épousait sa joue et encerclait son menton. Lentement, à petits chemins, comme un sculpteur aveugle graverait un modèle aimé dans sa mémoire.

Geste apparemment de rien mais qui signifie tout. Le désir comme la peur de perdre, l’amour comme la nécessité de la perte.

 

Il nous restait si peu de temps. Si peu avant l’avion, demain. Si peu avant, le soir même, l’arrivée de Salomé chez moi. Aurais-je été libre que Dorian, attendu pour un dîner, ne l’était pas.

Je lui offris de me rejoindre au milieu de la nuit. Qu’importait la fatigue puisque nous aurions pu être ensemble, une dernière fois, pour quelques heures. Heures peut-être volées à elle, sa compagne, même si à aucun instant, au cours de nos quelques nuits, je ne m’en fis le reproche.

 

Pour moi, c’était des heures que nous nous accordions. C'était notre histoire commencée bien avant elle, un amour juxtaposé à leur relation compliquée, un lien très spécial qui ne la regardait pas et dont, à ce titre, elle semblait jalouse.

Pour le peu que je l'ai vue, elle ne m’appréciait pas, je crois. En retour, je ne l’appréciais pas davantage. Non pour la percevoir comme une rivale, mais parce qu’elle le rendait, lui, malheureux.

Jamais, malgré leurs qualités, je n’ai pu chérir ceux ou celles qui blessaient, ou pire, détruisaient mes proches à petit feu. Accordaient-ils leur permission, puisqu’il n’est pas de victimes sans bourreaux, que cela changeait peu à la donne : les heurter eux, c’était m’attaquer moi.

A ma proposition de me rejoindre, une lueur tremblota dans les yeux de Dorian puis s’éteignit. Il aurait fallu trouver des prétextes. Inventer des excuses. Expliquer ou plutôt mentir.

Certaines absences sont plus justifiables que d’autres. Celle-ci ne l’était évidemment pas. Tout à tour me blottissant dans ses bras et m’en arrachant, je soufflai contre son cou :

- Allons-nous-en.

 

Nous sortîmes de L’Imprévu. La nuit était déjà tombée. Mon dernier crépuscule parisien avait le goût de l’ombre et la chaleur de sa paume. Enlacés, pressés, nous enfilâmes la rue piétonne jusqu’au boulevard en quête d’un taxi.

Plusieurs passèrent sans s’arrêter. Regardant leurs phares disparaître dans la file des véhicules, je songeai aux minutes qu’ils nous dérobaient, si précieuses alors que nous avions déjà perdu tant de temps.

Une voiture stoppa enfin à notre hauteur. Nous nous y engouffrâmes. Je lançai mon adresse au chauffeur, tremblant qu’il ne refuse la course sous prétexte que nous n’allions pas assez loin.

De carrefours en feux rouges, la route jusqu’à chez moi sembla pourtant interminable.

 

Mon immeuble, enfin. Je composai fébrilement le code, écrasant chaque touche de peur d’en rater une. Il arrivait parfois que le mécanisme se grippât pour m’interdire l'accès.

Hall, baisers, deuxième porte, main sous ma robe, escaliers, cavalcade dans les marches, palier, troisième porte. La mienne qui, repoussée d’un violent coup de pied, claqua derrière nous.

A l’entrée du couloir nos manteaux tombèrent. Puis le long des livres nos autres peaux inutiles, traçant du salon à la chambre le chemin rectiligne de notre désir.

 

 

 Parce que ces mots s'accordent à merveille ici et que c'est beau, tout simplement.

La suite sur ce lien

Par Chut ! - Publié dans : Dorian, un amour particulier
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