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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Chut !
  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Jeudi 6 août 4 06 /08 /Août 00:46
J'aimerais que tu sonnes à ma porte sans t'être annoncé. Je t'ouvrirai et tu entreras sans un mot, marcheras dans le couloir en effleurant les tranches des livres.
Tu me tendras une bouteille de vin emballée dans du papier de soie. Je la placerai entre nous, sur le mini-bar. Tu lèveras la main comme pour te recoiffer, mais la posera sur mes yeux.
D'une caresse, tu effaceras la fatigue de trop de veilles.

Tu mettras du jazz, Miles Davis ou Keith Jarrett, allumeras une cigarette, t'assoiras à mes côtés, si près que je sentirai ton parfum. Peau, pluie et cuir.
Tu ne diras rien mais moi, je te parlerai des images qui tournent, tournent.

Des nourrices noires aux seins de madones blanches.
Des pampres enroulées sur des croix.
Des corps distordus dansant dans l'espace.
Des criquets racornis sous la cendre.
Des yeux crevés à coups de fourchette.
Des bouches cousues au fil barbelé.

Tu ne chercheras ni à comprendre, ni à analyser, ni à juger. Certains diraient que ces visions sont horribles et que je suis folle.
Toi, tu t'en fiches, tu les trouves poétiques. Ou platement vraies, puisqu'elles font partie de ma tête.

Je te dirai de me trépaner pour les laisser s'enfuir. Puis de me bourrer le crâne de coton pour les empêcher de revenir. Là, tu riras. Pas de joie mais d'impuissance. Malgré ton désir de m'aider, tu t'en découvres incapable : tu n'aimes ni le sang ni le sale. Et le sang sur un tapis, c'est sale.
Puis, surtout, tu te refuseras à me faire mal. J'aurai beau te jurer que je ne crierai pas, tu sais bien que le silence n'empêche pas plus la douleur que le risque n'évite le danger.

Alors je te parlerai d'autre chose. De la bâtisse où travaillait ma mère et où, enfant, j'ai passé nombre de mercredis. Elle avait une odeur particulière de vieilles pierres, de papiers archivés et de renfermé. L'odeur surette des grands-mères qui commencent à se négliger.
Dans l'escalier était accroché un grand tableau. Composé à la main, il présentait de gauche à droite tous les cycles d'étude, de la maternelle au doctorat.
Je m'amusais à poser un doigt sur CE2 et à le faire glisser loin, toujours plus loin le long des lignes noires.
Ce jeu me grisait. Je n'imaginais pas qu'un jour, arrivée au bout de ce long chemin, je serais devenue une adulte.
Mon futur me semblait abstrait. Le temps aussi. Recroquevillée sur un autre escalier, épaules entre les genoux, je comptais les secondes une à une, pensant que le passé s'appelait deux et le futur quatre.
Mais c'était mon secret.

Soudain, je n'aurai plus rien à te dire. Ma tête se sera tari comme une source. Tu m'enlaceras et me porteras comme une petite enfant, me déposeras avec délicatesse sur le lit, rabattras la couette sur moi.
Mes cheveux formeront sur l'oreiller une tache claire.
Tu me demanderas ce que je souhaiterai savoir : ton nom, peut-être ?
- Non, juste la couleur de mes rêves.
- Cette nuit, bleu cassis.

J'esquisserai un sourire ravi par le sommeil.

Tu partiras.
Un jour, nous boirons ensemble la bouteille que tu as apportée.
Par Chut ! - Publié dans : Nouvelles et essais
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