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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Mercredi 5 août 3 05 /08 /Août 13:03

Sawasdee guesthouse, Bangkok, 1re semaine de mai.

Ma chambre était un rectangle surchauffé dans une bâtisse sans âme. Un lit, une petite table suffisaient à la remplir. J'avais à peine la place de caser mon gros sac et encore moins celle de le vider.
Il fallait pourtant que je sorte mes affaires une à une pour retrouver, tout au fond coincés dans la doublure, mes billets thaïlandais.

J'avais en ma possession des euros, des ringgits malaisiens, des roupies indonésiennes et des dollars singapouriens. Tout un tas de pièces et de coupures qui, à cette heure de la nuit, ne me serviraient à rien.
J'aurais pu les changer en arrivant à l'aéroport mais, certaine de retailler la route dans l'autre sens, les avais gardées.

Ce jour-là, la perspective d'allonger mon périple avait pris du plomb dans l'aile. La faute à un rendez-vous, qu'en France, je n'attendais pas si tôt et ne pourrais peut-être pas décaler.
La faute aussi au remplissage des avions. Resterait-il un siège pour moi à six semaines de là ?
Dans cette chambre minuscule, j'avais le cafard. Je tournicotai, soulevai des affaires au hasard, me collai le tournis et, entravée par la bride de mon sac, tombai sur le lit.
Et là, je recommençai mon voyage à l'envers.


Zakia Hostel, Medan (Sumatra)
L'hôtel était miteux, la chambre aussi. Aucune envie d'y entrer et pourtant, je m'y précipitais à cause de mon voisin. Cet Indien obèse au débraillé malpropre, que j'avais d'abord pris pour un employé, me dévisagea avec une lueur salace, chuchota mon nom sur le ton d'un mot ordurier et me tendit une main molle que je serrais du bout des doigts, oubliant ainsi la coutume indienne : aucun contact direct entre hommes et femmes mais les mains jointes à hauteur de gorge, de poitrine ou de visage, selon le respect témoigné à l'interlocuteur.
À l'européenne ou à la traditionnelle, j'aurais gardé mes mains dans mes poches. C'est à la fatidique question « Are you alone ? » que la situation devint franchement déplaisante. Le monsieur, ayant bien vu que j'avais échoué seule dans ce rade, pensait s'échouer sur mon lit.
Quand il s'approcha trop près, dévoilant une bedaine striée de plis, je me levai, lui claquai ma porte au nez et m'enfermai à triple tour.


Cauchemars 2Berlian Hotel, Kuta (Bali)
Le bungalow payait de mine jusqu'à ce qu'un soir, vautrée sur le lit, je me trouve face à un gros rat. Puisque j'avais demandé une single room, moins une que je ne me plaigne à la réception. Finalement, mon invité surprise eut la délicatesse de s'éclipser dans la salle de bain, et moi la méchanceté d'en bloquer la porte.
Je ne l'ai jamais revu. Ce qui ne signifie pas qu'il n'a point remontré ses moustaches.
Il devait bien aimer, ce rat, ma manie de laisser traîner des paquets de biscuits ouverts.


Gita Gili Pension, Gili Air (Indonésie)
Facile de repérer mon bungalow à sa porte : dessus s'étalait, toute rouge sur fond blanc, une large croix.
- Le bungalow du docteur, m'annonça-t-on fièrement. Il loge ici la moitié de l'année.
Nous nous trouvions évidemment dans la moitié où j'étais ici et lui ailleurs.
Qu'importait. Vu mon attachement particulier au corps médical, séjourner dans l'antre d'un homme de science me mettait du baume au coeur.

En vérité, ce bungalow aurait davantage eu besoin d'un charpentier que d'un docteur. Le plancher incliné gondolait sous mes pas. Quant aux fenêtres, sauf à s'appeler Hulk, elles refusaient obstinément de se fermer (embêtant, ça, pour les moustiques).
La porte sans serrure connaissait elle le souci inverse, incapable qu'elle était de rester ouverte. Un jour de mauvaise humeur, elle se claqua plus brutalement que d'habitude en faisant basculer le loquet.
Résultat : je me trouvai dehors en petite tenue, obligée d'appeler un employé à la rescousse.
Il ne vint d'ailleurs pas seul mais avec un copain. Hilares tous deux à force de regarder mes jambes et la porte, babillant des phrases auxquelles je ne comprenais pas un traître mot.
Dans un cas pareil, un zéro pointé en balinais évite les blessures à l'amour-propre.


Zakia Hostel, Penang (Malaisie)
Ma chambre niche à l'étage d'un bordel. Percés depuis la porte pour mener au lit en droite ligne, se multipliant face au sommier, il y a des trous. Une multitude de trous.
- Idéal pour épier... pensai-je. Mais les voyeurs doivent-ils payer pour le spectacle ?
Il me fallut une heure pour les boucher un à un. Et dix minutes pour récupérer du fou rire qui me cloua au sommier en imaginant, le soir venu, la tête des mateurs déconfits.

Ici ou ailleurs, j'ai toujours préféré dormir sans témoins.

 

 

Toile de Botero.

Par Chut ! - Publié dans : Voyages, voyages
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