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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Dimanche 19 juillet 7 19 /07 /Juil 01:05
Salut mon pote,

je pourrais t'écrire que j'ai
longtemps cherché une image pour cet article. Comme souvent, j'avais une idée précise en tête. Mais contrairement à d'habitude, je n'ai pas trouvé.
S'il ne tenait qu'à moi, il y aurait en illustration un comédien sur scène, tout de blanc vêtu et plié en deux, une main sur l'estomac, l'autre agitant un haut-de-forme.
Les mots-clés "salut d'acteur", "révérence de théâtre", "fin de pièce" n'ont rien donné malgré Gogol qui, lui, n'est plus tant mon pote.
Je me suis arrêtée avant de taper "bye bye de clown" parce que, vraiment, ça t'irait comme une salopette à un taureau béarnais.

À un moment, j'ai caressé l'idée de mettre une de tes photos
publiques en ligne. Bien que tu m'aies dit, à la publication de mon premier article sur toi, "Prends les images que tu veux, je te fais confiance", je me voyais mal abuser de ta permission.
Et encore moins t'appeler à une heure indue pour te demander si tu me la renouvelais.
Entre montrer une de tes créations et ton visage, il y a quand même un précipice.
Mon blog n'a beau être qu'une crotte de mouche dans l'immensité de la toile, avec moins de lecteurs que d'étudiants en latin-grec seconde langue, sait-on jamais ?
Une horde de filles aurait pu te localiser et entamer le siège de ta boutique, tellement tu es mignon en photo. Ce qui ne sous-entend pas que tu es vilain en vrai.
Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas écrit.
Remarque, à présent, l'adresse de ta boutique n'a plus aucune importance.

Néanmoins, je t'en ai choisi une, d'image.
Apparue quand j'ai tapé un simple "révérence", elle fait aussi écho à ma manie d'entendre de travers.
Tu te souviens ? C'est quand aujourd'hui tu as dit "J'ai besoin de neuf" et que moi j'ai compris :
- J'ai besoin de meufs.
Avec toi, pas besoin de feindre d'être désolée. On a trop plaisanté sur ta défonceuse pour ne pas en rire.

Elle va d'ailleurs me manquer, ta défonceuse. Mais pas elle seulement, car dans la liste je compte aussi la perceuse que tu tenais comme un pistolet en me sommant d'approcher.

Les chiffons que, prévenant, tu maniais pour me dégager une place nette dans la poussière. Et quand la peinture s'adjoignait à la crasse, tu passais tes doigts pour vérifier qu'elle était bien sèche.
- Faut pas que tu te salisses, tu me disais.
- M'en fous, j'suis déjà sale.

Les tournevis grâce auxquels tu me réparais quand j'arrivais bien déglinguée. Toi, t'as jamais cru que j'étais trop de traviole pour ne jamais être redressée.

Les stylos qui traînaient partout et que tu saisissais au hasard pour dessiner ou écrire.
Aujourd'hui, c'est moi qui t'en ai pris un, parce qu'une fois tu m'as fait un aveu : dans tes créations,
tu aimes cacher des messages. Griffonnés là où le propriétaire ne fourrera jamais son nez, entre deux pièces encollées, sous une poignée ou au dos d'un tiroir.
Si le meuble casse, il peut certes tomber dessus par hasard. Mais tes meubles ne cassent jamais. C'est d'ailleurs pour ça que tu les garantis à vie.
Moi, fascinée par ta manie, je songeais à toutes ces phrases perdues, à tous ces mots lancés sans personne pour les lire, à toutes ces histoires qu'on compose avec des radeaux jetés à la mer.

Aussi, lorsque tu enlevas la charnière de la table qui fermait mal, je reluquai l'espace vacant. Deux centimètres sur un, découpés comme une invite claire sur un noir nuit laquée.
- Tu n'écris rien ici ? t'interrogeai-je en effleurant le bois.
Tu secouas la tête. Ta commanditrice ne t'inspirant pas, tu imaginais mal quoi lui coucher là.
Je te demandai alors de m'offrir cette place car j'avais une phrase à y écrire. Une qui ne concernait pas ta cliente, puisque je ne la connaissais pas. Une qui me concernait moi ou nous, mais en te retirant le droit de la lire.
- D'accord. Vas-y.
- Tu vas la lire e
n replaçant la charnière, ai-je objecté.
- Non, promis. Tu replaceras toi-même la charnière et je la visserai.
- Mais demain, tu la dévisseras.
- Non. Ensuite, je la collerai sous tes yeux.
- Dans ce cas... Marché conclu !


Je m'emparai d'un stylo, me fourrai la tête dans le meuble et commençai à écrire. Tu tournais curieux autour de moi, essayant de grappiller quelques syllabes.
- Ca a l'air long, ton truc...
- Non, juste une phrase. Tssss... Arrière ! Tu triches.

Quand j'eus fini, le métal se rabattit sur mes mots. Ensuite vint la colle coulée tel un sceau.

Après une cigarette, tu éteignis les lumières parce que tu devais partir. Ton téléphone avait déjà sonné trois fois, chaque appel t'indiquant à quel point ton retard prenait de l'avance.
Ce soir, tu avais un dîner et peu de motivation pour t'y rendre. Peut-être parce que, tapis dans l'ombre, nous avions commencé à parler de tes projets.
Que nous en étions tous deux au même point, celui des choix et carrefours de vie.
Que nous savions que cette soirée-là était l'une de nos dernières.

Bientôt tu pars. Et tu n'es pas encore parti que j'ai déjà la nostalgie de ta boutique si ouverte à tous les vents que tu as dû poser des stores anti-intrus.
De tous les après-midi que j'y ai passés, appuyée contre mon pilier, tellement rivée à lui que j'ignorais qui, de lui ou de moi, soutenait l'autre.

De ton sourire qui m'accueille, de tes yeux qui pétillent de me voir, de la tendresse dont tu m'enveloppes comme un châle.
De tes compliments et de tes silences, de tes messages en bouteille auxquels je n'ai pas tous répondus.
De nos fous rires d'adolescents et de nos confidences d'adultes.

Un soir, je t'ai bercé pour que tu t'endormes et bordé alors que tu dormais. Et je t'ai embrassé, pour de vrai, avant de partir comme une voleuse.
Bientôt, je t'aiderai si tu le veux à emballer tes affaires dans des cartons, puis je te dirai "au revoir" alors qu'on ne se reverra peut-être plus.
La lumière s'éteindra sur la boutique.
Le rideau de fer s'abaissera sur une tranche de vie.
La clé tournera une
dernière fois sans que tu ne la ranges dans ta poche.
Tu me serreras contre ton blouson, vite, parce qu'il y aura du monde.
J'écraserai de petites larmes sous mes cils en te souhaitant bonne chance. Ou plutôt en te soufflant un gros merde.

Bientôt tu ne reviendras pas.
Salut, l'artiste.





Par Chut ! - Publié dans : Eux
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