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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Lundi 29 décembre 1 29 /12 /Déc 05:19
- On a dit qu'on regardait le film !
- Oui, oui. Mais je préfère te regarder, toi.

Je fixai Andrea comme s'il était fou. Il faut dire qu'à l'écran, il y avait
Carole Bouquet et dans ma bouche, un morceau de pizza. Celle que nous avions commandée alors que nous devions dîner dehors.
Nous devions, oui. Mais le lit était trop chaud, l'heure trop tardive et l'envie de rester là, juste l'un contre l'autre, trop douce pour affronter le froid de la rue.

Charlotte Rampling entra dans le cadre.
- Elles sont vraiment belles, ces deux femmes, glissa Andrea.
Je me tournai vers lui. Dans ses yeux attachés à mon visage, il y avait parfois une drôle de lueur.

La première fut lors de notre première nuit. C'était l'étincelle de ceux qui vont faire une bêtise ou l'ont déjà faite sans penser que c'en est une.
Là, aucun rapport. C'était l'éclat tremblant de ceux qui espèrent vieillir aux côtés de leur femme et la regardent se rider en la trouvant toujours belle.

- L'idée que tu partes pour un long voyage m'est insupportable. Celle de te perdre encore plus. Tu comprends ?
Bien sûr que je le comprends. Certainement mieux qu'il ne le pense, car ses mots rejoignent ceux de Feu mon amour :
-
À cause de l'éloignement j'ai peur de perdre les gens et surtout la femme que j'aime. Qu'elle ait trop changé pour que je la retrouve. Trop grandi, évolué sans moi pour me laisser encore une place dans sa vie. Les absences détruisent et j'en ai assez de détruire.
Je lui donnai raison avant de penser, plus tard, que les absences servent aussi de révélateurs.

- Avec toi je me découvre jaloux, m'avoua Andrea. Tu comprends ?
Bien sûr que je le comprends, comme je sais que pour un homme en quête de stabilité je ne suis guère rassurante. Flexible et poreuse, je n'ai rien de la minéralité des ports d'ancrage. Pourtant, je peux être aussi têtue que le marin de garde mourant en pleine tempête, les mains agrippées au gouvernail, les yeux rivés sur un phare qu'il est le seul à voir.

- Arrête le film, veux-tu ?
Je lui obéis. Andrea m'enlaça.
Une fois de plus, il partit très en retard, emportant dans ses cheveux mon parfum, ma peau et mon sexe.
- Tant pis si elle est déjà à la maison. Il faudra bien un jour que ce mensonge s'arrête.
Elle fut encore plus en retard que lui, confirmant ainsi ce que je pensais : lorsque l'autre est décidé à l'effacer, un aveu n'est rien. Il n'existe même pas.
Par Chut ! - Publié dans : Andrea d'ébène
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