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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

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  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Mardi 11 novembre 2 11 /11 /Nov 03:19
Au numéro 30 de la rue, elle tire brutalement le frein à main. Le véhicule a une embardée qui le projette sur le trottoir, où il s'arrête. Elle tombe contre lui, s'abat sur ses cuisses.
Il enclenche les feux de détresse pour laisser libre cours à la lutte.

Les cheveux glissent sur son sexe tandis qu'il empoigne au hasard le volant, le cuir du fauteuil, le levier de vitesse, il ne sait plus très bien.
Devant, à côté, dessus ne sont que des mots sans importance, des configurations abstraites.
Seul en dessous compte, car en dessous les cheveux continuent leur va-et-vient le long de son ventre, ça le chatouile, c'est chaud, sucré et monotone comme le bruit des essuie-glaces.
À gauche, à droite, en avant, en arrière, à gauche puis à droite, en avant puis en arrière.

Il s'affale contre du plastique dur et une grande clameur perce la nuit.
Le klaxon...
Et ça continue, le bruit et le glissement contre sa verge, et ça se fond ensemble, sexe et klaxon, klaxon ou sexe, bruit, succions, cris...
Des volets claquent et des fenêtres s'allument. Une tête sortie du noir hurle avant de disparaître :
"Silence ! On dort, bande de cons !!"

Quelque chose lui vrille le dos. C'est inconfortable mais bon quand même. Elle tente d'arracher sa chemise alors qu'il force sur la fermeture récalcitrante de la jupe, les doigts emprisonnés dans la résille d'un bas rouge. Il tire et le bas vient. Et plus il tire, plus il semble s'allonger.
Il lève la main jusqu'au sommet de l'habitacle. Ce n'est plus un bas mais une longue coupure saignante sur son poignet. Et la femme à demi-nue rit, et sa bouche est comme emplie de sang.

Quelque part, un chien aboie.
"Ta gueule, ta gueule, couche-toi !" braille son maître, "Couche-toi, Lechat !" ordonne-t-elle en écho, mais lui ne veut pas se coucher, il ne peut d'ailleurs plus bouger et cette paralysie est délicieuse.
"Couche-toi, je te dis...", maugrée-t-elle.
"Non...", "Si !",
"Non...", "Si !", et comme il reste immobile elle le plaque contre la portière, et ses doigts commencent une course lente puis rapide.
Maintenant, ça va être maintenant, ça vient, ça monte.
Il tourne un peu la tête. Pousse un cri d'effroi.
Un visage, lèvres ouvertes en un horrible sourire, est collé à la vitre. Il entend des mots obscènes, voit des gestes orduriers, un doigt dressé tout droit en l'air. La bouche de la femme lui ferme la sienne, ça allait venir mais ça ne vient plus, c'est tout tassé dans son ventre alors que la femme adresse un clin d'œil au visage derrière la vitre et brandit le poing en signe de victoire.

Vite, partir, se dégager. Mais elle monte sur lui à quatre pattes, ôte tranquillement la clé de contact du tableau de bord et, d'un tir précis, l'envoie rouler dans le caniveau.
"Viens, chéri", l'implore-t-elle alors que le visage se penche sur eux avec des yeux exorbités, non il ne rêve pas, un filet de bave coule le long du carreau.
Affreux, horrible, ils s'enfoncent dans le creux du siège, les boutons de sa chemise cèdent, son tissu se déchire.
Affreux, horrible, ce visage blafard qui ricane, se moque de lui, "Vas-y, prends-la, vite, imbécile, idiot, vite !". Elle lui tord les tétons, "Vite, vite !" reprend-elle, "Viens vite", appuie la bouche dégoulinante, "pour danser le tango il faut être deux, et cha cha cha et cha cha cha", et leurs pieds s'emmêlent aux pédales, et les essuie-glaces marmonnent, et son poignet saigne, et la voiture redémarre toute seule, "Viens vite, vite viiite !", vite la voiture avance, "Boum boum" crie-t-elle, "Boum la belle bleue !" beugle le fou baveux, boum sa semence jaillit, boum la voitre s'enfonce dans l'arbre.


"Aaaaaah !..."
Une femme penchée sur lui, il se débat.
"Réveil, réveil !"
Par Chut ! - Publié dans : Nouvelles et essais
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Commentaires

Vécu ou fantasme ?
commentaire n° :1 posté par : Léo le: 14/11/2008 à 04h15
Ni l'un ni l'autre, en fait. Pour la petite histoire, j'ai rédigé ce texte il y a trèèèèèèès longtemps (je pense que ça se sent à l'écriture, mon style a changé depuis), en m'inspirant de ce que je vivais à l'époque : une liaison prolongée, en tant que maîtresse, avec un scénariste. Le personnage de Mathieu est inspiré de lui, ainsi que la fin programmée de notre histoire.
Faut que je publie les dernières parties... Je ne peux pas m'empêcher de corriger le texte à mesure, du coup, c'est plus long. Et je pense franchement qu'il a vieilli (le texte... remarque, mon ex-amant aussi, sûrement !). Ou c'est mon regard qui a changé. Mais je continue à bien l'aimer, ne serait-ce qu'à titre anecdotique.
réponse de : Chut ! le: 14/11/2008 à 20h33
lol joli recit
commentaire n° :2 posté par : yohann le: 14/11/2008 à 10h17
Merci !! T'évoquerait-il donc des souvenirs ? :p
réponse de : Chut ! le: 14/11/2008 à 20h41
oui petit souvenir fort agréable a la pensée mais que ce fut génant sur le coup....bref moment calin a part....
commentaire n° :3 posté par : yohann le: 14/11/2008 à 22h44
Je crois que je visualise. :)
réponse de : Chut ! le: 15/11/2008 à 16h04
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