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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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Jeudi 16 octobre 4 16 /10 /Oct 03:22

Nuit blanche... Sexe, écriture ou insomnie ?
Aucun des trois, pour une fois.
Cette Nuit Blanche-là, c'est de l'art. Et contemporain, s'il vous plaît, disséminé pendant douze heures (19h-7h) aux quatre coins de Paris.
Enfin, de l'art... C'est censé l'être, car à parcourir au hasard des bouts du programme, on pourrait en douter :

Parking de la gare de Bercy
Près de la gare se trouve le parking. Sur le parking se trouve une voiture. Dans la voiture, se trouve un couple…


Suit, in the middle of nowhere, la photo d'une guimbarde cabossée avec deux mannequins posés sur les sièges avant. L'ensemble baigné d'une lumière crue à en déchirer la rétine.
Alléchant, non ?

N'empêche que l'aventure me tente.
Parce que l'art, j'aime bien.
Que Paris la nuit, j'adore.
Que les Vélib', c'est pas fait pour les chiens.
Et que voir de l'art, en pleine nuit, monté sur un vélo, ça tente aussi Paulien.
Marché conclu. Mon chez-moi sera notre base d'envol, ou plutôt de pédalage.

Nous nous préparons à cette aventure comme pour une expédition. D'abord, attaquer un solide dîner, au cas où nous crèverions de faim sur le pavé. Puis partager un verre de vin, voire deux - mais pas davantage sous peine de ne plus rouler droit -, pour se donner du courage.
Car mine de rien, il est déjà une heure trente passée et la flemme de sortir nous guette.
À ce stade-là, la couette moelleuse paraît mille fois plus accueillante que les trottoirs parisiens. D'autant que dehors, il ne fait pas chaud. On peut même dire qu'il fait très froid.
Aléa météorologique qui justifie à lui seul une fouille approfondie de mes placards.
Pédaler, volontiers. Mais pédaler en ressemblant à une matriochka, faut pas exagérer.

Un jeans, un pull, une paire de chaussettes et de bottes plus loin, je suis prête. Manque plus que le blouson coupe-vent. Si possible d'une couleur autre que sombre : aucune envie qu'un automobiliste me confondant avec un réverbère ne m'
emboutisse les fesses.

Paulien, en bon logicien, se moque :
- A priori, les réverbères ne bougeant pas d'un pouce et toi dépassant
la vitesse du surplace, le risque est infime.
Mais moi, décidée à le battre sur son propre terrain, je rétorque :
- Infime ne signifiant pas nul, je pare à toute éventualité.

Puis je rigole sous cape de mes raisonnements qui n'ont en vérité qu'un but : mieux habiller ma coquetterie.
Parce que mon blouson, je l'avais déjà choisi. Avant même que Paulien ne pose un orteil sur mon plancher.

Il est d'un vermillon qui pète et brille, d'un incarnat à incendier la nuit. D'un rouge de la couleur de tous les stops qu'on va ignorer, de tous les feux qu'on s'apprête à griller.
À propos de griller, justement... Une dernière cigarette avant d'affronter la Sibérie s'impose. La nuit est de toute façon si avancée que l'art nous attendra bien dix minutes de plus.

À la station Vélib', y a pas foule. Mais plus trop de vélos non plus. De fait, nous nous jetons sur les deux encore en état de rouler.
Et hop !
Direction le Point Éphémère, quai de Valmy, pour s'en mettre plein les mirettes.
L'installation s'appelle Plastic paradise, ou de quoi brailler un tube franco-français :
"Le plastique, c'est fantastique !"

Heureusement pour les riverains, je sais me tenir. Surtout à vélo, avec une selle qui me fusille le coccyx.
Sur le programme, le plastique, ça avait néanmoins l'air moins fantastique que rhétorique.
Un extrait ?

Au terme d'une collecte mise en place pendant l'été, l'artiste propose son Plastic paradise. Posant la question d'une société où règnent la surproduction et la consommation, l'installation, visible après la fermeture à travers la vitrine, s'accompagne d'un projet en extérieur, nature morte poétique sur les bords du canal.

Après une description pareille, on espère un truc grandiose, une pile phénoménale, un amoncellement d'objets qui crève le plafond.
Mais que découvre-t-on une fois nos vélos attachés ?
Un pauvre tas éparpillé à même le sol d'une salle nue. Dedans, trois Barbie se battent en duel avec un Ken, un bonhomme en plastoc manchot, un poupon unijambiste
, un camion de pompiers sans échelle, un livre déchiré, une paire de savates éculées, une batterie complète de petite marchande.
Le clou du fatras étant les cannettes que les buveurs de bière y ont jetées.
Aucun doute. Ces ignorants ont confondu le chef-d'œuvre de Jeong-Hwa Choi avec la plus proche poubelle.
"Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font..."

Paulien est plié de rire. Et si plié qu'il kidnappe en se penchant la réplique d'une mitraillette. Et qu'il passe, flingue au poing, dans la partie bar du lieu.
Les videurs n'ont pas bougé une oreille.
Aucun doute. Ils ont cru à un happening organisé par un garçon à casquette et une fille en blouson rouge dynamite.

Dans la salle, la mitraillette ne fait même pas sensation. L'extraterrestre du lieu, ce n'est pas Paulien mais un gars assis seul à une table. Alors que, plongés en plein maëlstrom sonore (magnitude
10 sur l'échelle de Richter), partout les gens s'agitent et braillent, lui, impavide et penché sur son mac, décalé comme un Schtroumpf grognon au pays de Goldorak, il travaille.
On le braquerait bien pour rire, mais ça risquerait de mal finir.
Schtroumpf n'a pas la tête d'un gars qui comprend la plaisanterie.

Tant pis. On s'est vengés en se faisant tirer le portrait par une antique cabine de photomaton. À la vue du flingue, ceux qui patientaient en rangs serrés se sont écartés pour nous laisser leur place.
On est sympas, on n'a grillé personne.

Clichés en poche, vélos dételés, cap sur la gare de l'Est où, le programme annonce :

sur le thème de la photo souvenir, un artiste vidéaste incontournable invite le public à prendre la pose. Seul fait étrange dans ces photos réalistes : l'apparition systématique de l'artiste dans divers rôles (ami, amant, mari, collègue...) aux côtés du public.

Sur le parvis serpentait une queue longue comme un Plastic paradise sans paradise.
Là, j'avoue, on n'a pas attendu.
Parce que des photos, on en avait déjà. Et qu'à mieux la regarder, notre mitraillette s'est révélé n'être qu'un vulgaire pistolet karcher.
On n'était plus trop motivés pour jouer avec, d
u coup.

Alors on est rentrés sur nos destriers, qui entretemps avaient perdu pour l'un sa chaîne, pour l'autre ses freins.
Par bonheur, aucune voiture ne nous a embouti les fesses.
Moi, j'dis que c'est grâce à mon blouson rouge.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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