Présentation

En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

Derniers Commentaires

C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

Avril 2024
L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          
<< < > >>

Recherche

Images Aléatoires

  • Les trompettes et la grue
  • Trois-par-trois.png
  • Gili-Air--Plage.jpg
  • Hommes d equipage

Syndication

  • Flux RSS des articles

Profil

  • Chut !
  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Vendredi 8 août 5 08 /08 /Août 03:04

Pochette surprise 2Ce jour-là, Paulien et moi avions rendez-vous pour parler de nos écrits (enfin, surtout des miens). Nous ne devions nous reconnaître qu'à notre air, "celui de gens qui attendent quelqu'un" (lui dixit).

Pour précipiter un timide été, je choisis une robe courte et sans bretelles, coupée de biais dans la couleur des filles : rose, très rose. Mais mon choix n'avait peut-être rien à voir avec l'été ni la couleur des filles. Il tenait davantage au compliment d'un homme :

- Avec cette robe, tu as l'air d'un bonbon... On a envie de te croquer.
"Pourquoi pas, à condition d'avaler les épines ?", me retins-je de répondre.
Que Paulien traversât tout Paris pour discuter littérature avec une fille habillée en bonbon à épines m'amusait.
Amusons-nous donc, puisque cela ne fait de mal à personne.
La robe enfilée, je me précipitai en direction du café.

Je marchais d'un pas rapide, fixant de loin les gens attablés à la terrasse, espérant y repérer un homme qui aurait l'air d'attendre quelqu'un. Un homme qui, loin de s'absorber dans sa lecture, jetterait
 des coups d'œil aux alentours ; un homme paraissant stressé ou indécis, peut-être.
Les premières rencontres, ça impressionne toujours.
J'espérais surtout qu'il n'y en aurait qu'un comme ça. Aucune envie d'aborder tous les mâles en tête-à-tête avec leur verre :
- Bonsoir... Vous êtes Paulien ?
- Nan !
Je relevai la tête pour enfin regarder devant moi. Avisai un homme debout, téléphone en main. Il me sourit. Je lui rendis la pareille mais me détournai vite. C'est alors qu'il m'adressa un signe joyeux et m'appela par mon prénom.
Je me figeai, incrédule.
 Il devait y avoir une erreur. Les universitaires, les chercheurs, les philosophes n'ont ni cette prestance ni cette décontraction.
Non, aucune erreur.
Cet homme me dépassant d'une bonne tête était bien, comme sa voix me l'affirmait, Paulien.
Je ne m'attendais pas à son visage. Ou plutôt à sa beauté. À ses traits affirmés de statue m'évoquant tout à la fois Suryavarman, le roi d'Angkor, Jules César et les masques olmèques. À ses yeux obliques, couleur de noisettes détrempées de miel et de fougère. À sa bouche charnue, délicatement ourlée, dont je fus aussitôt tant admirative que jalouse.
Cette bouche-là, si féminine et sensuelle, c'est celle que j'aurais aimé porter sur mon visage.

 

Pochette surpriseDans toute rencontre, on sait dès le premier regard si l'autre nous plaît. Et, à condition d'être attentif ou perspicace, si nous lui plaisons en retour. On peut ne pas être venus pour se plaire - pour discuter littérature, par exemple - que cette règle demeure.
Ni Paulien ni moi n'y dérogeâmes.
Mes yeux furent incapables de lui mentir. Et les siens me dirent la vérité lorsqu'ils se posèrent sur moi, juste avant ses lèvres sur mes joues.

Pendant le repas, nous parlâmes longuement en faisant mine de rien. Décidés à ignorer cette attirance qui sourdait néanmoins par à coups : entre deux phrases, mon pied effleurait ses jambes, sa main mon poignet. Petit ballet timide d'un désir qui ne s'avouait pas encore. Et nous rîmes aussi, penchés l'un vers l'autre, de la conversation de nos voisins de table, consacrée à... l'ornithorynque (un monotrème, pour ceux qui en doutent encore).

Plus tard, j'embrassai la belle bouche dont je suis jalouse.
Et Paulien m'enleva ma robe couleur de fille.
Lovée dans ses bras sur le lent tempo de la nuit, je devins un bonbon sans épines.

 

 

Photo : Sarah Moon.

Toile : David Delamare.

Par Chut ! - Publié dans : Eux
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Retour à l'accueil
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés