Samedi 5 janvier
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Souvent, en rédigeant ce blog, je m'interroge : n'est-il pas impudique ?
Nombre d'articles relèvent de l'intime, de la confession (très) privée. J'y couche ce que je n'ai même pas révélé à des proches. Je m'y
expose au risque de déranger le visiteur. Étranger à mon histoire, il ne souhaite peut-être pas y entrer.
Bien sûr, il est libre de suspendre sa lecture, de quitter la page, de ne jamais revenir.
N'empêche... Ne se sent-il pas gêné d'avoir entrebâillé une porte qui, à ses yeux, aurait dû rester fermée ?
J'ai peur de lui causer
un embarras auquel il ne s'attendait pas. Ou de susciter une curiosité malsaine que je n'ai pas cherché à faire naître.
Son jugement m'est par contre égal. Qu'il me considère radoteuse, déraisonnable, dépressive, je m'en fiche. Je suis certainement tout cela à la fois, mais pas
assez pour qu'on m'en fasse le procès.
Bien sûr aussi, je dis beaucoup, mais je ne dis pas tout. Se
confier ne signifie pas se répandre, ouvrir les vannes sans contrôler le débit de ce qui jaillit. Certains actes, événements ou pensées resteront frappés du sceau du secret. Leur place n'est pas
ici, mais auprès de mon compagnon, de mes amies, ou enfouis dans mon cerveau.
N'empêche... Ce que j'écris n'est-il pas déjà trop ? Souvent, je me le demande.
Je crains d'indisposer les personnes qui me sont chères (et toi en particulier, S. mon adorée). De leur infliger des récits qui les heurtent, une violence dont elles préfèreraient se
garder.
De l'intime au sordide, la limite est ténue. Si ténue qu'elle n'est qu'une question de point de vue.
Je sais également que le contenu de mon blog est susceptible de se retourner un jour contre moi.
Que l'on perce mon anonymat n'est pas à mes yeux un réel problème : j'assume qui je suis et ce que je produis ; j'imagine mal quelqu'un me harceler au téléphone ou poireauter en bas de mon
immeuble.
De mon côté, cela supposerait une importance que je n'ai pas ; du sien,
beaucoup de temps à perdre...
Probable, en revanche, que mes confessions me mettent en porte-à-faux par rapport à ceux que je fréquente de loin. Ils ont un accès à moi que je n'ai pas à eux. Je les crois cependant assez
délicats pour ne pas le mentionner ni en tirer avantage.
Plus embêtant : elles pourraient servir de leviers à des âmes mal intentionnées. Tous les lecteurs ne sont pas bienveillants, l'expérience des forums me l'a prouvée.
En dépit de tout cela, je pense (j'espère) garder assez de recul. D'abord pour ne pas me livrer au point de me vider, de me perdre, de me nuire. Ensuite pour m'exposer en me gardant malgré tout à
couvert.
L'écriture est pour moi un exercice duel et salvateur : à la fois transcription au plus juste et mise à distance. Ma vie a
beau m'appartenir, dès le moment où je la publie, elle m'échappe. J'ai beau être seule à la vivre, tout d'un coup, je la partage.
Forcée, cette dépossession serait un pillage. Consentie, elle est source de richesse.
Par Chut !
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Publié dans : Bribes perso
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tes retours me sont aussi précieux ! Ce que je trouve fascinant dans l'aventure blog, c'est justement ça : ce phénomène de reconnaissance et le tissage de liens avec des inconnus, qui le deviennent forcément moins. Et il y a parfois de très jolies rencontres à la clef.
Ca me fait penser au célèbre "on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde". Là, pareil : on peut tout partager, mais pas avec tout le monde. Pour Stendhal, c'était les happy few (mais je n'aurais ni la prétention d'en faire partie, ni celle d'écrire pour eux).