Présentation

En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

Derniers Commentaires

C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

Mai 2024
L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    
<< < > >>

Recherche

Images Aléatoires

  • Kyaiktiyo-Rocher-d-or.png
  • Photos-voyage-154.jpg
  • P4300422.jpg
  • Son truc en plumes 2
  • Femme-au-cigare.png

Syndication

  • Flux RSS des articles

Profil

  • Chut !
  • Le blog de Chut !
  • Femme
  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Vendredi 4 janvier 5 04 /01 /Jan 20:11
Myanmar, novembre 2007.
undefined
Mon ami et moi sommes à Mandalay, au nord du Myanmar. Notre prochaine étape est Bagan, un site réputé pour ses innombrables temples et stupas.
Comme nous ne voulons pas prendre l'avion, la seule solution est le bus. Et comme nous ne voulons pas perdre une journée en trajet, il nous faut voyager de nuit.
Le réceptionniste de l'hôtel nous prévient :
- It's better for you to take the day bus... The night one is very uncomfortable !
(Vous feriez mieux de prendre le bus de jour... Celui de nuit est très inconfortable !)
Inconfortable ? Pas grave, on en a vu d'autres.
Il sert aussi au transport de marchandises ? Aucune importance, nous ne reculerons pas devant quelques sacs de riz.

Un pick-up nous emmène à la gare routière.
Première vision du bus : un amas de tôle antédiluvien, à la peinture écaillée, affaissé sur ses roues arrière.
La cause ? L'ahurissante masse de caisses, paquets et ballots qu'il contient. À l'arrière, à l'avant, collés aux fenêtres, amassés sur le toit... Ils débordent de partout.
Mais la touche finale, ce sont les "ballots" surprise. À savoir, deux militaires en uniforme, à l'air patibulaire et aux fusils longs comme le bras. Ils établissent leur camp sur le toit, scrutant les voyageurs sous la visière de leur casquette.
Seuls Blancs parmi les locaux, cibles parfaites pour l'armée, nous commençons à regretter notre témérité...

L'heure de départ est plus que dépassée. Mais pour l'instant, personne n'est encore autorisé à bouger. Nous squattons un tas de gravats. Cherchons celui qui nous entaille le moins les fesses.
Voilà dix minutes d'écoulées.
Enfin calés sur nos cailloux, nous zyeutons alentour. Une conclusion s'impose : pour entrer dans ce bus, ça sera la foire d'empoigne. J'estime au jugé le nombre de sièges à 20, nous sommes au moins 40. Mais en tant que touristes, nous allons jouir d'odieux privilèges : avoir une place numérotée et le droit de s'asseoir avant les autres.

Nous nous hissons à bord. J'inspire un grand coup et manque de m'étrangler. L'odeur est infâme... Mélange de merde, de vomi et de pourriture saturée de chaleur.
On n'a pas démarré que j'ai déjà la nausée. Et pour atteindre notre "banquette", bonjour la grimpette : il faut escalader les ballots amoncelés dans l'allée, marcher sur les caisses de bouteilles sans les briser.
Les Birmans nous suivent. S'entassent sur les sièges. Se poussent pour laisser de la place aux nouveaux arrivants. Le bus est archi-complet mais il y a encore des voyageurs.
Les derniers seront casés aux forceps dans l'allée.
Sans accoudoir ni dossier, le derrière à même les goulots de bouteilles.
Personne n'a d'espace pour respirer.

Le conducteur s'installe au volant a
vec plus d'une heure de retard. Nous quittons la gare au pas, en zigzags, dans un bruit tonitruant de ferraille.
J'ai cru qu'on ne dépasserait
jamais le kilomètre un. Erreur ! Notre épave roule tant bien que mal et nous secoue plus mal que bien.
Virage à gauche. Mes voisins me tombent dessus, m'écrasant contre la vitre.
Virage à droite. Je me venge en leur rendant la politesse.
Sur les routes défoncées, je suis un pop-corn pris entre une poêle brûlante et un couvercle en fer-blanc.

Le vacarme de la tôle mise au supplice est bientôt couverte par un autre : celui d'une télé tressautante. Désynchronisées par rapport à l'image, les voix des chanteurs birmans en vogue voudraient égayer notre voyage. Il n'en sera que pire... Le crin-crin de leurs chansons pop p
oussées à plein volume nous vrille les tympans, finissant de nous assommer.

Dans de telles conditions, le temps avance aussi vite que notre bus. Soit à une allure d'escargot. Et pour l'allonger encore, on peut compter sur les multiples
check-points.
Dix fois, nous nous désencastrerons pour mettre pied à terre et présenter nos papiers à l'armée. Puis nous réencastrerons en attendant de repartir. Le tout sans moufter. Protester serait un acte de rebellion. Pas franchement recommandé en dictature.
Seul point positif : le chauffeur met ces haltes à profit pour inonder d'eau fraîche le moteur surchauffé. Ce serait bête, en effet, qu'il nous lâche en cours de route...

Arrêt
au milieu de nulle part en pleine nuit. Tout le monde descend, c'est la pause dîner. Enfin, la pause brouet. Une serveuse sourde-muette nous gratifie d'une écuelle de riz surmontée d'un truc non identifié.
Le mode d'ingestion en est simple : se boucher le nez, fermer les yeux et prier pour ne pas le rendre sur la table en plastique.

La fin du parcours se déroulera comme le début. Dans la joie, la bonne humeur et la sueur partagées.
Non, vraiment, ces 9 heures furent de purs moments de plaisir masochiste.
Pour nous rendre au lac Inle, à plus d'une demi-journée de route, on a pris l'avion.
Faut pas abuser des bonnes choses.

Par Chut ! - Publié dans : Voyages, voyages
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Retour à l'accueil

Commentaires

Ton récit me replonge dans mes lectures d'adolescent : Jean Hougron, Catherine Lamour, Jean Lartéguy, etc.... Comme si rien dans ce quotidien n'avait changé en quelques décennies . Un petit reproche, l'utilisation comme titre celui du sublime film de Michael Cinimo me gène .
commentaire n° :1 posté par : Trekker le: 06/01/2008 à 04h15
Je crois vraiment que rien n'a changé, tellement ce pays fermé semble avoir peu évolué au fil du temps. Ceci dit sans cynisme, avec une pensée sincère pour ses habitants martyrisés. Le titre ? Oui, j'y ai réfléchi à deux fois (et changé trois). Puis je le suis arrêtée sur celui-ci, peut-être par clin d'oeil déplacé. Un pis-aller, en quelque sorte.
réponse de : Chut ! le: 06/01/2008 à 05h08
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés