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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

Tic tac

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  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Vendredi 4 janvier 5 04 /01 /Jan 02:56
Luang Prabang (Laos)

undefined Laos, Cambodge, Thaïlande, Myanmar... Dans les pays bouddhistes d'Asie, une cérémonie immuable se déroule chaque jour au petit matin, alors que le soleil
se lève à peine.
Sortis de leur monastère, s'avançant en rangs serrés,
moines et novices collectent leur pitance quotidienne. Ils devront la manger avant midi puis s'abstenir jusqu'au lendemain.
Leur
bol à offrandes serré contre leur poitrine ou porté en bandoulière, ils cheminent pieds nus sur la terre ou les pavés, drapés dans leur robe safran.
Longue procession transie de froid en hiver, trempée à la mousson.

Un par un, les moines s'arrêtent soit devant les maisons, soit devant les fidèles agenouillés à même le sol. Ceux-ci, têtes courbées, déposent dans le bol tendu quelques mets simples : des boulettes de riz, des fruits de saison.

La cérémonie, solennelle et de toute beauté, s'accomplit un silence recueilli... et pour cause : donner à manger à un moine est un acte sacré. D'une grande générosité parfois, les plus pauvres se privant de nourriture pour l'offrir à ceux qui ont choisi de vivre dans le dénuement le plus complet.

Aussi fus-je bien étonnée de découvrir
des mises en garde glissées dans les cartes des restaurants de Luang Prabang... quand elles n'étaient pas placardées sur les portes des lieux fréquentés par les touristes.
Pour moi qui me considère comme simple invitée des pays que je traverse, elles énonçaient une évidence : respecter les coutumes et croyances des habitants.

Lorsque quelqu'un
vous convie à dîner, vous n'essuyez pas vos pieds dégoûtants sur la nappe. Ne jetez pas vos crottes de nez dans la soupière. N'insultez ni sa femme, ni sa religion, ni même son chien.
Votre hôte vous fait l'honneur de partager sa table et sa maison, vous n'allez pas lui cracher dessus en cadeau bonus.

C'est donc perplexe que je me suis levée à l'aube pour assister à la cérémonie.
J'ai choisi des vêtements amples et couvrants, pour masquer mes formes, mes épaules, mes jambes. J'ai pris mon appareil photo au cas où, décidée cependant à le laisser au fond de mon sac.
Une fois sur place, j'ai compris.
Le nombre de touristes excédait déjà le nombre de locaux. Affairés alors qu'il n'y avait rien à faire, ils discutaient bruyamment, riaient à gorge déployée, s'interpellaient de groupe à groupe.
- Hi, Johnny, how are you ?
- Fine ! Nice to meet here, fellow !

Heureusement qu'il faisait froid. Sinon, je parie que j'aurais assisté en avant-première au défilé du mauvais goût. Celui printemps-été du short effrangé, du débardeur transparent et de la minijupe ras-la-touffe.

Les moines sont arrivés. Dignes, grelottant, muets. Frisson d'excitation parmi les touristes. Ni dignes, ni grelottant sous leur polaire, ni muets. Bien au contraire, on se serait cru dans une volière.
Autour de moi, les cris redoublaient : les étrangers commentaient le spectacle, se poussaient pour mieux le voir en brandissant leurs appareils hérissés de zooms gros comme le bras.
Les flashes crépitaient sans répit.
Clic-clac dans les oreilles des novices.
Pan ! dans les yeux des vieux moines.
Moi, je bouillais de rage.
Cette rue était devenue un zoo, je n'y avais pas ma place.

Mais comment peut-on manquer de respect à ce point ?
Par Chut ! - Publié dans : Voyages, voyages
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Commentaires

bonjour chut, je me suis trouvé confronté au même problème au SRI LANKA et en INDE lors de la visite de temple. Bien que photographe amateur, j'ai décidé de ne pas le sortir l'appareil à l'intérieur des temples et/ou pendant des cérémonies. Que dirait un occidental, si pendant un office, une personne en SARI venait le mitrailler en poussant des "oh" et des "ah" ? Et je confirme qu'hélas l'occidental oublie bien souvent la culture et les traditions locales en adoptant une attitude que parfois même il ne reproduit pas chez lui.
commentaire n° :1 posté par : stannis le: 04/01/2008 à 17h12
Oui, Stannis, tout à fait d'accord avec toi... et plus du tout avec Descartes qui affirmait que "le bon sens est le bien le plus partagé au monde":.. Il suffirait de l'utiliser pour se comporter décemment. A moions que ce ne soit la plus élémentaire des politesses qui fasse défaut ?
réponse de : Chut ! le: 05/01/2008 à 01h10
Certes cela traduit une manque crasse de politesse, mais aussi et surtout un insondable mépris de nombre d'occidentaux pour les autres cultures, croyances et rites .
commentaire n° :2 posté par : Trekker le: 06/01/2008 à 04h27
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