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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Vendredi 9 mars 5 09 /03 /Mars 07:32

AmateursOlüg, le propriétaire de ma villa, s'avança sur ma terrasse. Me proposa d'un air gêné les services de sa nounou-cuisinière-femme de ménage, une très jeune Philippine toujours souriante et débordée.

- Je te vois si occupée à écrire que j'ai pensé... bredouilla-t-il dans son anglais mêlé de turc et d'allemand.

Façon polie de dire qu'en tant que fée du logis, je ne valais pas un clou.


Il avait raison. Malgré mes efforts, la villa n'était jamais bien rangée ni récurée. Mes affaires traînaient toujours en paquets dans une mince couche de sédiments.

- D'accord, dis-je.

Les yeux d'Olüg s'éclairèrent.

Comme décidé à pousser son avantage, il enchaîna : 

- Alors je te l'envoie... demain ? Une fois par semaine, chaque vendredi, ça te va ?

Marché conclu.

 

Le lendemain, Conception se présenta les mains vides. En tenue de travail, un ample tee-shirt masquant son buste et un short si court qu'on lui devinait la naissance des fesses. Timide, effacée, arborant en laisser-passer un sourire chancelant.

Impressionnée de pénétrer dans l'antre de l'étrangère, sans doute.

Je l'invitai à entrer. Elle laissa ses sandales devant la terrasse. Se faufila pieds nus dans le living-room, regarda la vaisselle abandonnée dans l'évier, puis le carrelage sur lequel se détachait, zigzaguante, l'empreinte de mes pas.

- Je dois partir, dis-je en lui tendant mes clés.

Conception me gratifia d'une mimique perdue. Elle attendait de moi ce que je répugnais à lui donner. Des ordres ou un plan d'action, chambre, salon, deuxième chambre et salle de bain.


Vendredi 2- Et si vous commenciez euh... par la bibliothèque ?

Son cou suivit la direction de mon doigt, se tordit et s'immobilisa face aux étagères couvertes de moisi et chargées de livres. Transfuges de mon appartement parisien ou trésors de voyage patiemment choisis sur les étals des bouquinistes, ceux-ci venaient de France via la Thaïlande ou les Philippines.

Conception approuva soulagée :

- OK, Mââm, I will.

Elle ne s'approcha pas du meuble ni ne commenta son apparent désordre. Alignées côté tranches, à l'horizontale, à la verticale ou de biais, les couvertures éclataient en un patchwork de couleurs, tous formats, épaisseurs et tailles confondus.

Pourtant, ce pêle-mêle ne devait rien au hasard : en haut, les titres que je n'avais pas encore lus.

En bas à gauche, ceux qui m'étaient tombés des mains.

À droite, ceux qui valaient peut-être un deuxième essai.

Autant dire que personne ne pouvait les reclasser à ma place.

- Enlevez-les des étagères mais ne vous embêtez pas à les remettre. Je m'en occuperai. Merci, Day*.

Elle opina de la tête.

Je partis.

 

À mon retour, je retrouvai la maison brillante comme un sou neuf et les étagères pleines. Conception les avait nettoyées une à une pour, croyant bien faire, y replacer l'intégralité des bouquins.

Empilés par ordre de grandeur, côté pages apparent, toutes leurs tranches soigneusement collées au mur.

Impossible de lire un seul titre.

 

 

* Day : mademoiselle, jeune fille en Bisayas. S'utilise pour s'adresser à une femme moins âgée.

 

Montage de Thomas Allen ; pin-up de Gil Elvgren.

Par Chut ! - Publié dans : Une vie aux Philippines
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