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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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Lundi 16 décembre 1 16 /12 /Déc 17:42

SanukMa vie manque de sanuk. Cruellement.

Sanuk, prononcer sa-nouk, est un mot thaï. Il signifie s'amuser, rire, avoir du plaisir, mais son sens va bien au-delà du simple amusement : le sanuk est une certaine vision de l'existence, un condensé culturel en deux syllabes.

Voir ses amis, chanter, tenir une boutique, planter le riz... Quoique les Thaïs fassent, ils cherchent à y injecter du plaisir.

Tourner la contrainte en joie, rendre chaque moment drôle, unique et délectable, voilà une belle philosophie... et une sacrée gageure.


Le sanuk s'est absenté de ma vie depuis plusieurs mois. Je fais les choses parce que je dois les faire, sans plaisir particulier, davantage par obligation que par envie.

Cela ne me convient pas.

Les événements de cette fin d'année y sont pour beaucoup, bien sûr. Mais j'ai moi aussi ma responsabilité dans la disparition du sanuk. Fatigue, désintérêt ou usure, va savoir.

La faute en partie à ces longues semaines derrière l'ordinateur. Un livre à rédiger dans un délai trop court, projet mal ficelé aux corrections qui n'en finissaient pas. La crainte de ne pas terminer à temps et l'élan pour terminer, aiguillonnée par l'arrivée d'un homme.

Cet homme, je l'appelais le mien.

C'était lui dont mes oreillers, la nuit, mimaient le corps. Lui auquel je parlais en son absence, l'imaginant dans la chambre alors que je travaillais sur la terrasse. Lui auquel mes rêves et mes fantasmes avaient prêté domicile. Lui qui me faisait mordre davantage sur la nuit pour lui écrire des messages qu'il trouverait au matin. Parfois à l'aube, quand ses insomnies répondaient aux miennes.

Cet homme est arrivé avec le typhon. Drôle de période pour commencer une histoire...

Tous nos projets se noyèrent sous des trombes d'eau. Loin de plonger, de rire, de jouir, nous nous retrouvâmes coincés dans ma villa sans eau ni électricité. Malades, sans l'énergie de vraiment profiter l'un de l'autre.

 

Sanuk 2Le sanuk est aussi, voire surtout, une question de volonté.

C'est se forcer à descendre du train qui nous emporte sur fond de jours monotones, destination Grisaille-sur-Ciment.

C'est prêter attention à nos gestes et à l'instant au lieu de les vivre en robots, la conscience en léthargie.

C'est se contraindre à changer nos petites habitudes pour les rendre inhabituelles.

À ce jeu-là un simple détail fait toute la différence.

Par exemple m'allonger "à l'envers" sur mon matelas, tête tournée vers la fenêtre et non vers le bois de lit. Les yeux levés, je vois la terrasse au lieu du mur et un coin de ciel. La brise qui s'engouffre par la fenêtre me chatouille le dos.

Voilà qui est sanouk.

Pour moi qui traîne toujours un sac, m'obliger à sortir sans. Enfin avancer l'échine droite en m'étonnant de la sentir si libre, en savourant cette légèreté. Enfin me dépouiller du superflu pour ne conserver que l'essentiel et jouir, à mon retour, du superflu retrouvé.

Voilà qui est sanouk. Un sanouk de rien, qui réclame à peine de l'imagination.


S'efforcer au quotidien d'infléchir l'habituel est une gymnastique. Tenter d'apprendre chaque jour quelque chose de nouveau, même infime, est un exercice. Toutes les connaissances ne se valent pas mais chaque parcelle neuve embellit ma journée.

Découvrir le travail d'un photographe ou lire un bon article me réjouit, mais retenir chaque jour un nouveau mot d'anglais me suffit. À ce rythme-là dans un an, j'en saurai 365 de plus.

Curiosité et ouverture sont étroitement liées au sanouk. Au mien, du moins.

À Taïwan, une phrase de Pierrig m'avait frappée :

- Je ne rentre jamais par la même route.

Juchés sur une moto, nous hésitions à un carrefour. Fallait-il tourner à gauche ou à droite pour rejoindre l'hôtel ?

Choisir et peut-être se tromper est sanuk.

Sans sanuk je m'étiole et végète. Je ne vais ni bien ni mal, je vais.

Ce n'est pas assez.

 

Sanouk 3

Une vie vouée à la répétition m'effraie. J'ai besoin de neuf, de fantaisie. De surprendre et d'être surprise, d'être emmenée et d'improviser. De m'amuser, de me lever avec gourmandise et appétit. De bousculer les cadres poussiéreux et les idées trop bien rangées.

On n'affectionne pas les pays bordéliques par hasard...


J'aime marcher seule dans les rues, sans guide ni but, pour le simple plaisir de la balade.

M'arrêter dans un boui-boui quand j'ai faim, à une buvette quand j'ai soif.

Goûter des aliments bizarres.

Bouquiner sur un banc.

Héler un taxi pour revenir à l'hôtel, vu que je n'ai aucune idée de l'endroit où je me trouve. Sens de la désorientation aidant, je suis de toute façon perdue au premier coin.


J'aime suivre mes intuitions, mes coups de fantaisie, ma voix intérieure qui me souffle telle une mauvaise gamine : "Faisons ça, allons-y, on va rigoler !".

J'aime descendre d'un bus avant mon arrêt parce qu'un quartier bruissant m'attire.

Me faire tirer les cartes dans le Chinatown de Bangkok, le jour du Nouvel An chinois. Essayer de comprendre les paroles de ce vieux Thaï à l'accent si prononcé. Acquiescer lorsqu'il affirme que ma vie se place sous le signe du voyage.

- Travels, many many !

J'aime rencontrer des gens, parler à des inconnus, partager un bout de discussion ou de journée.

J'aime les hommes, et certains plus que d'autres. Et plus ils sont sanuk, plus ils me sont nécessaires.

 

Dans la nuit de demain direction la Malaisie. Je quitte enfin ma villa pour tailler un bout de route. Je me la souhaite sanuk.

J'en ai cruellement besoin.

 

 

Dessin de Mucha ; 2e photo d'Irène Suchocki ; 3e photo de Saudek.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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Commentaires

étonnant... je suis dans le Penang et à KL dans 2 jours....

:D

commentaire n° :1 posté par : P. le: 17/12/2013 à 18h08

Éronnant... Je suis à KL jusqu'à demain et à Penang ensuite...

:D

réponse de : Chut ! le: 18/12/2013 à 08h13

Sanuk, voilà qui ferait un joli nom de bateau. Il shuinte comme un sillage dont il porte aussi la symbolique du mouvement perpétuel, sinon rien. Le moment est venu de plier bagage, tu le sens, donc tu le sais, et ... tu le fais. Une qualité d'écoute de soi, une attention aigue aux signes de "coïncidence", une volonté certaine, tu fais ta trace. Je crois vraiment que le contraire de la liberté, c'est l'ennui, et que du coup une bonne habitude se reconnait à la facilité avec laquelle on la perd. Si tu t'es allégée d'un poids en mettant ton sac à dos, nul doute que la route sera belle, et la prochaine escale sanuk.

commentaire n° :2 posté par : Slevtar le: 18/12/2013 à 14h58

Merci cher Slev...

La route n'est pas aussi sanuk qu'attendue, mais le principal demeure : j'ai trouvé une maison sur mon nouveau point de chute.

Une nouvelle maison qui n'a rien à voir avec la précédente (enfin, l'actuelle !) confortable et moderne.

Une maison qui respire l'histoire de ses habitants et le soleil de l'après-midi.

Une maison qui ressemble à une vieille demeure du Cantal entourée de gratte-ciels, une véritable incongruité à 14 000 kilomètres de distance.

Ca, c'est sanuk !

réponse de : Chut ! le: 30/12/2013 à 07h36

donc tu es à KL ce jeudi 19 ?

on va boire un verre? ... ou pas... comme tu veux :)

commentaire n° :3 posté par : pierrick le: 19/12/2013 à 00h09

Non, je suis à Penang ce jeudi. Il est 14h05, je suis posée sur un siège du LCCT (à KL, donc) avec un café et j'attends qu'on appelle mon vol pour embarquer.

On va se passer à côté... à l'aéroprot !

réponse de : Chut ! le: 19/12/2013 à 07h07

je bossais dans le penang et je retourne sur KL dans l'aprem.... si jamais tu as envie qu'on se dise bonjour...

Pierrick

ps... j'avais lu vite le eronnant... j'aime :)

commentaire n° :4 posté par : pierrick le: 19/12/2013 à 03h18

ok... dommage... bon café et bon vol... bonne continuation ....

commentaire n° :5 posté par : pierrick le: 19/12/2013 à 07h13

Je t'ai envoyé un mail il y a quelques jours. Je suis à Bangkok à partir de de vendredi, le 24 (enfin, si les aéroports ne sont pas bloqués entretemps par les manifestants).

Tu y seras aussi ?

réponse de : Chut ! le: 20/01/2014 à 06h02

en fait, j'suis mauvais pour les noms de lieu... et je n'étais pas à Penang, mais à Sungkai dans l'état de Perak (les 2 premières lettres de bon) à 2h de KL

Bon vol Miss Aldaway :)

commentaire n° :6 posté par : pierrick le: 19/12/2013 à 07h22

Merci !

"Dans le Penang" sonnait en effet très bizarre (limite retardé, j'ai pensé, mais je t'ai fait grâce de ce commentaire !).

Je retourne à KL tout à l'heure. Un peu de boulot en perspective mais le 31 sera là-bas.

Bon vol à moi ! :)

réponse de : Chut ! le: 30/12/2013 à 07h25

Est ce qu'il faut se forcer à être Sanuk ?

Ou bien Sanuk vient-il de lui même accompagner le bien être ?

Sanuk, c'est le symptome ou la cause ?

En tout cas tu le décris très bien. 

commentaire n° :7 posté par : Coldbear le: 19/12/2013 à 16h52

Bonjour Coldbear,

Bonnes questions... je crois qu'il y a des deux !

Le "bon fun" comme disent les Québécois, il faut parfois aller le chercher... S'efforcer de penser positivement, de tourner en dérision les mésaventures susceptibles de nous gâcher une journée, faire preuve de recul pour en rire.

D'autres fois ça vient tout seul (tout dépend aussi de la compagnie : certaines ont le chic pour rendre n'importe quelle sortie/activité/déboire sanuk, avec d'autres on a juste envie de se pendre !).

Amitiés îliennes et malaises !

réponse de : Chut ! le: 30/12/2013 à 07h22
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