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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Mardi 13 mars 2 13 /03 /Mars 15:56

Habal habalLa route, la nuit.

Le noir dense qui s'écarte devant nous, violé par la lueur des phares.

La végétation sombre, luxuriante, oppressante, soudain teintée de vert tendre.

Les pétarades du moteur qui boivent les bruits nocturnes. Les cigales, les grenouilles, la musique disco jouée, pourtant à plein volume, au front des saris-saris*.

Les autres motos, vaisseaux zigzaguants chargés d'une, deux, trois, quatre personnes. Un homme au volant et des femmes à l'arrière, un enfant juché debout contre le guidon. Les "gamins pare-chocs", comme je les appelle.

À ras de bitume, les chiens en maraude, les chèvres attachées à un piquet. Les Philippins qui marchent sans lampe de poche. Ceux qui s'y assoient pour discuter, s'y reposer, s'y endormir parfois.

Le Tanduay* est traître. La mestiza* encore plus.

 

La musique, trop forte, entre mes oreilles. Souvent la même, refrain de route fondue au paysage. Le prolongeant, le densifiant, ricochant sur les palmiers, s'agrégeant aux collines, dansant dans l'air moite pour se confondre aux gifles du vent.

"Friday night I'm going nowhere / All the lights are changing green to red..."

Aujourd'hui encore, Babylon a pour moi les accents de la traversée de l'île. Du soleil sur mes épaules nues. Des parfums de mes chauffeurs.

À portée de main, interdite et si proche, la ligne de leurs cheveux jais coupés raides sur leurs nuques. Leurs corps penchés au même rythme que le mien, étreintes disjointes mêlées de métal, de plastique et de cuir.

 

Les injonctions en plaisanteries d'avant départ :

Hold the driver !

- Sit down closer !

Et les rires. Visages tannés fendus comme des pêches sur des dents manquantes.

Et mon mollet qui passe par dessus de la selle. Et mes jambes qui s'écartent.

Une fois tant que j'en ai craqué ma jupe. Et que je me suis assise, l'air de rien, en culotte.

Et les sacs de courses qu'il faut caler. À l'avant, à noeuds serrés sur le guidon. À plat sur mon dos, mes genoux.

 

Et la franche impulsion qui nous fait jaillir du parking, chargés comme des mules cherchant leur équilibre. Vacillant d'abord puis, prodige de la vitesse, solide, droit, plein comme un oeuf dévalant un tronçon d'autoroute.

Habal 2

La vue du pont. Sublime, panoramique, à perte de vue sur la pleine mer. Un choc d'immensité après les ruelles crasseuses de la ville.

Des bangkas aux longues jambes posées sur le bleu telle des araignées.

Des enfants jouant dans l'eau sale du port.

Des pêcheurs trempant leurs lignes à deux pas des voitures climatisées aspirant le macadam. Leurs tenues débraillées en bras d'honneur à la modernité.

Ceux-là ne sont pas de la même époque, ils cohabitent.


Le casque bat la breloque sur mon front. Coquille trop grande qui ne sert à rien, qu'on enlève souvent avant ou après le pont, là où se tient le poste de police.

Il y a de l'inchallah dans nos voyages, la conscience d'un danger qui fait rouler à petite allure allié à un mépris du risque. Ou peut-être au respect de la fatalité.

Si c'est ici, ainsi, que ma course doit s'achever... Ainsi soit-il.

Et toujours, intense, vertigineux, le vent de la liberté qui bat à mon cou.

 

 

Habal-habal : moto-taxi en Visayas.

 Saris-saris : petits magasins tenus par une famille, qui vendent de tout. L'épicerie à la philippine, en quelque sorte.

Tuanday : la marque de rhum la plus consommée aux Philippines.

Mestiza : cocktail mêlant Tuanday, bière (forte) locale, Coca-Cola et glace.

Bangka : bateau à moteur et à balanciers.

Par Chut ! - Publié dans : Une vie aux Philippines
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