Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Décembre 2024 | ||||||||||
L | M | M | J | V | S | D | ||||
1 | ||||||||||
2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | ||||
9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | ||||
16 | 17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | ||||
23 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 | ||||
30 | 31 | |||||||||
|
Il est installé à la table voisine, entre une fille et un garçon. Métis, la petite trentaine, des cheveux coupés ras et un charme qui éclabousse la terrasse.
Je bavardais avec Ethan et parfois il se retournait vers moi d'un air complice. Lorsque nous interrompîmes la conversation d'un simple clic, je me levai. Besoin de paracétamol pour effacer cette fichue migraine.
Je revins avec les cachets emballés. Il m'observait tandis que je cheminais, hésitante, sur le sable. Ses yeux sautaient de mes pieds nus à mes clavicules barrées par les bretelles de mon maillot. Trop lâche, mon tee-shirt en dévoilait les pois blancs. Je pensai que la fille à ses côtés était sa petite amie et qu'on ne regarde pas les autres femmes comme il me regardait.
Mais peut-être, après tout, ne lui était-elle qu'une étrangère et qu'il avait raison de me regarder ainsi.
Je tirai ma chaise. Il me lança avec un sourire radieux :
- J'ai ramassé le briquet que vous avez fait tomber.
Je me penchai stupidement sur le sable.
- Non, non, sur votre table. Il est sur votre table.
- Oh, celui-là ne marche plus, dis-je, consciente que ce n'était pas une réponse.
Depuis quand laisse-t-on les briquets, même vides, par terre ? Comme confus d'avoir accompli un geste inutile, il écarta les bras en une excuse.
- Pardon... Enfin, merci... me rattrapai-je.
Je saisis le briquet, en actionnai la mollette. Une flamme s'éleva aussitôt.
- Ca alors !
Je me rassis enveloppée de son regard éclatant. Portai une cigarette à mes lèvres en brûlant de lui demander :
- Vous avez du feu ?
Evidemment, je ne dis rien, pas même :
- J'ai mal à la tête. On va chez moi ?
Dans mes oreilles, Lauryn Hill murmure lors du MTV concert unplugged :
"Fantasy is what people want, but reality is what they need."
Sûrement serait-il plus juste de dire :
"Fantasy is what people want, but reality is what they get."
Derniers Commentaires