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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Mardi 26 mai 2 26 /05 /Mai 17:46

A Koh Tao, je descends du bateau, déjà baignée de bleu. Bleu mer, bleu ciel, bleu parasol claquant en étendard.
Ca sent l'iode et l'huile solaire. Ca sent les vacances.

Le ponton tremble sous le poids des centaines de passagers largués au paradis. Je brûle de les semer là, en pleine ligne droite, pour enfin marcher pieds nus. J'aime le contact du bois chaud autant que les pichenettes du vent capricieux.
Mais à peine ai-je pris le tournant que je suis déjà à destination.


Derrière le comptoir du centre de plongée, un homme me sourit.

Il parle l'anglais que je comprends le mieux et ne parlerai jamais, celui des Londoniens huppés, coulant en bouche comme une glace à la pistache.


Souscription d'assurance. Je signe.

Personne à prévenir en cas d'accident. Je remplis et je signe.

Questionnaire médical. Je ne coche que des non et signe encore.

Motus sur ma claustrophobie, sur mes cauchemars tissés d'enfermement, sur les espaces sombres où je tremble de me trouver piégée, sur ma terreur d'être ensevelie vivante.
Je suis là pour plonger, non pour tourner un remake d'un film d'horreur ou entamer une psychanalyse.

J'ai décidé que mes peurs, somme toute banales, ne seraient pas une contre-indication.

En échange de mon silence, Edwin me remet mon passeport pour l'autre monde : un livre de formation à la couverture bleu océan.

A peine suis-je installée à l'hôtel que je débroussaille la théorie en élève studieuse. M'enfile des séries de termes barbares. Tremble, un chouilla, devant les risques pourtant faciles à éviter. M'amuse de revenir, par un autre biais, à une porte jusqu'alors close : photographie ou plongée, même combat, faut bosser.

Jamais, depuis des années, je n'ai tant dû apprendre.

 

Une phrase que je répétais jadis à mes étudiants me revint avec force :

- Pour jouer, il faut apprendre les règles. Sinon, vous resterez hors de l'échiquier.

Je leur enseignais alors une matière qu'ils détestaient. Beaucoup ont fait l'effort de l'apprivoiser, certains de l'aimer.
Moi, j'aimais l'idée que le travail comme l'amour demandent du temps car, comme dit le renard au petit Prince :

- Chaque jour tu pourras t'asseoir un peu plus près.


Femme poisson 2

 

Coup d'œil à ma montre.

Il est tard, bien trop tard si je veux être en forme demain. Je referme le livre bleu océan, me ravise et le rouvre pour rechercher une phrase de l'introduction.

Une seule.

Voilà, je l'ai.

"La première goulée d'air sous la surface est inoubliable."


Affalée en étoile de mer, je soupire de satisfaction. Mais l'inoubliable avant le naufrage du sommeil n'est pas ce soir la première goulée d'air sous la surface.

C'est la dernière d'entre deux eaux pulsée par le ventilateur.

Et je dors d'un trait lourd, sans rêves ni cauchemars.

Par Chut ! - Publié dans : En profondeur... passion plongée
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